Le monde vu du Canada (1970-1990) - article ; n°1 ; vol.31, pg 51-64
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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1991 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 51-64
The world as seen from Canada (1970-1990), Jacques Portes.
Are the Canadians interested in world affairs ? The answer is doubtful if one looks at the space devoted to world affairs by the press and TV. The study of opinion poils and surveys reveals even more the clear limitation of their international horizon to the US and to a lesser extent to Great Britain, and to France for the Québécois. But behind this relative indifference lies in fact a sort of reverse image of Canadian identity whose contradictions and ambiguities are based on a feeling of widely shared national pride.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Portes
Le monde vu du Canada (1970-1990)
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°31, juillet-septembre 1991. pp. 51-64.
Abstract
The world as seen from Canada (1970-1990), Jacques Portes.
Are the Canadians interested in world affairs ? The answer is doubtful if one looks at the space devoted to world affairs by the
press and TV. The study of opinion poils and surveys reveals even more the clear limitation of their international horizon to the
US and to a lesser extent to Great Britain, and to France for the Québécois. But behind this relative indifference lies in fact a sort
of reverse image of Canadian identity whose contradictions and ambiguities are based on a feeling of widely shared national
pride.
Citer ce document / Cite this document :
Portes Jacques. Le monde vu du Canada (1970-1990). In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°31, juillet-septembre 1991. pp.
51-64.
doi : 10.3406/xxs.1991.2412
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1991_num_31_1_2412LE MONDE (1970-1990)* VU DU CANADA
Jacques Portes
Entre des racines britanniques et fran au pouvoir depuis 1968 et désireux de donner
çaises plus ou moins intériorisées et la une nouvelle image de son pays 2. Il s'agit
proximité massive de l'omniprésent voi pour les Canadiens de nouer des relations
sin américain, les Canadiens manifestent- nouvelles avec la Communauté européenne
ils un réel intérêt pour l'horizon inter et le Japon afin d'échapper quelque peu au
national ? L'étude des sondages et autres poids écrasant des Etats-Unis dont la poli
enquêtes d'opinion semble bien dessiner tique économique a été particulièrement brut
l'image d'une population peu encline à ale et que Trudeau a comparés à un éléphant
suivre de près les affaires du monde, auprès duquel une souris, le Canada, devrait
manifestant en cela son sentiment diffus passer ses nuits. Cette politique ambitieuse
de fierté nationale. Ne faut-il pas y voir n'a guère eu de résultat concret en dépit de
le signe d'une identité collective aujour la signature d'accords de coopération, vidés
d'hui à la recherche d'elle-même ? de réelle substance en raison de l'inertie de
l'administration canadienne, du peu de sen
sibilisation de l'opinion et du désintérêt final En 1970 paraît un opuscule du minis
du Premier ministre. tère des Affaires extérieures du Ca
A partir de 1976, le Canada a participé nada, Politique étrangère au service des
Canadiens"1 avec régularité aux sommets des Sept pays , cherchant à redéfinir une action
les plus industrialisés, accueillant même celui figée dans la tradition des années 1950,
de 1981 à Montebello, vaste cabane en bois marquée par un profil bas au service des
fort luxueuse aux alentours d'Ottawa. Le grandes causes internationales, dans l'ombre
Canada dispose alors d'une excellente image des Etats-Unis. Deux ans plus tard, est
à l'étranger où il est souvent perçu comme formulée la « Troisième Option », sous l'im
le pays le plus heureux, comme celui dans pulsion du ministre Mitchell Sharp soutenu
lequel on aimerait émigrer3. Cette position par le Premier ministre Pierre E. Trudeau,
lui donne une stature internationale surdi-
mensionnée, même si sa voix reste relati- * La recherche correspondant à cet article n'a été possible
que grâce à une bourse des services culturels du ministère des
Affaires extérieures du Canada, par l'entremise du Centre culturel
canadien à Paris, auxquels va toute ma gratitude, je tiens 2. J.L. Granatstein, Robert Bothwell, Pirouette, Pierre Tru
également à remercier mes nombreux interlocuteurs qui n'ont deau and Canadian foreign policy, Toronto, University of Toronto
ménagé ni leur temps, ni leur suggestions ; je mentionnerai Press, 1990, p. 158-177.
tout simplement Pierre Anctil (Université McGill), Arthur Silver 3. Ces données apparaissent clairement dans un sondage
(Université de Toronto), Sylvain Simard, (Université d'Ottawa) international, effectué à l'occasion du sommet économique de
et Louis Sabourin (ENAP). Versailles en 1982. Il a été publié, en France, dans Paris-Match,
1. Ottawa, Ministère des Affaires extérieures, 1970 ; voir, 11 juin 1982 ; il n'a pas été diffusé au Canada. Voir, à ce sujet,
particulièrement, le chapitre 2 : «Nouvelles perspectives cana j. Portes, «Le Janus canadien», Revue d'histoire moderne et
diennes », p. 14-34. contemporaine, 37, avril-juin 1990, p. 337-348.
51 PORTES JACQUES
vement timide. Enfin, depuis le 1er janvier O UN ASSEZ MEDIOCRE INTÉRÊT
POUR LE MONDE EXTÉRIEUR 1989, le pays symbolisé par la feuille d'érable
est entré dans le libre-échange avec les Etats-
Chez aucun peuple, sauf en cas de crise Unis, à la suite d'un débat qui a renouvelé majeure le concernant, l'intérêt pour l'étransa perception du grand voisin et, peut-être,
ger n'est dominant ; toutes les enquêtes le celle du reste du monde. prouvent en Europe, et encore plus aux Durant toutes ces années, les Canadiens
Etats-Unis3. Le Canada n'échappe pas à se sont-ils intéressés à cette évolution, se cette règle, d'autant qu'il n'a qu'un voisin sont-ils passionnés pour cette politique étran
immédiat et n'est menacé directement par gère, pour les pays qui en sont les parte
personne, et qu'il n'exerce des responsabilités naires ? La question est importante dans la internationales qu'au sein d'organismes multmesure où une telle politique ne peut réussir
ilatéraux. Ce postulat se vérifie en dépouilsans l'appui des citoyens, sans qu'ils soient
lant les sondages Gallup qui, presque conscients des enjeux. L'opinion des Cana
quotidiennement, publient le résultat d'endiens sur des pays étrangers n'a guère attiré quêtes d'opinion concernant les Canadiens. l'attention \ le thème paraissant secondaire
Durant les vingt dernières années4, une à nombre de Canadiens préoccupés par le
trentaine environ se rattachent au sujet étudié problème lancinant de l'unité nationale. et encore environ la moitié sont consacrées
Pourtant, il est nécessaire d'élucider cette aux seuls Etats-Unis. Les données d'autres situation, de comprendre quelles idées les
instituts de sondage viennent confirmer cette Canadiens se font des principaux pays qui
tendance, avec de temps à autre des enquêtes les entourent, au cours de ces années ré
plus complètes mais sporadiques et jamais centes. L'historien accoutumé aux ouvrages suivies5. Cette évaluation ne suffit pas dans et aux revues du 19e siècle d'où il faut extraire
la mesure où les instituts de sondage l'opinion2 peut espérer trouver dans les
obéissent à des commandes d'entreprises sondages omniprésents de quoi satisfaire sa dont l'intérêt pour l'étranger n'est pas la
curiosité. Toutefois, la plus grande prudence première préoccupation. Par ailleurs, il ne est de mise dans l'utilisation de données semble pas que le ministère des Affaires souvent hétérogènes et difficilement compar
extérieures ait jugé nécessaire de mener de ables. Pourtant, elles doivent permettre de telles enquêtes, les seules disponibles s'in-
mesurer, dans un premier temps, la place téressant aux grands problèmes internatiotenue par l'étranger, avant de voir comment naux, ce qui correspond à une approche l'opinion a évolué, en tenant toujours compte
différente6. de l'omniprésence des Etats-Unis.
3. La politique étrangère n'occupe pas une grande place
dans les programmes électoraux, ni dans les discours politiques ;
en Europe, l'importance des enjeux entretient un certain intérêt ;
en revanche, en Amérique du Nord, toutes les études prouvent
un grand désintérêt pour ces questions. qui 1.n'apparaît En effet, pas aucune dans étude les ouvrages synthétique consacrés n'a abordé à la politique le sujet, 4. Le « Gallup Report » de Gallup Canada Inc. est un
outil pratique et fiable, bien que les résultats soient souvent étrangère, ni dans les banques de données de la Bibliothèque
nationale du Canada ou du Québec. D'ailleurs, la question généraux, sans réelle précision. Le chercheur se doit de remercier
étonne, tellement elle entre peu dans les préoccupations des l'Institut Gallup à Toronto qui a tout fait pour faciliter sa
Canadiens. t&

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