Le rôle du contexte dans la lecture : comparaisons entre lecteurs plus ou moins compétents - article ; n°1 ; vol.80, pg 63-82
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Description

Langue française - Année 1988 - Volume 80 - Numéro 1 - Pages 63-82
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Abdelhamid Khomsi
Liliane Sprenger-Charolles
Le rôle du contexte dans la lecture : comparaisons entre
lecteurs plus ou moins compétents
In: Langue française. N°80, 1988. pp. 63-82.
Citer ce document / Cite this document :
Khomsi Abdelhamid, Sprenger-Charolles Liliane. Le rôle du contexte dans la lecture : comparaisons entre lecteurs plus ou
moins compétents. In: Langue française. N°80, 1988. pp. 63-82.
doi : 10.3406/lfr.1988.4761
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1988_num_80_1_4761Sprenger-Charolles Liliane
INRP et UA 1031 CNRS
Abdelhamid Khomsi
Université de Nantes
LE ROLE DU CONTEXTE DANS LA LECTURE
COMPARAISONS ENTRE LECTEURS
PLUS OU MOINS COMPÉTENTS
Trois questions principales, qui sont fortement reliées, sont au centre des
débats actuels sur la lecture et son apprentissage, à savoir : quelles sont les
stratégies utilisées par les lecteurs pour identifier les mots, comment évoluent
ces au cours de l'apprentissage et quel rôle joue le contexte à ce niveau ?
Ces différentes questions, et plus particulièrement celle concernant le rôle du
contexte, peuvent être abordées, par exemple, à partir de l'observation des stratégies
de lecture d'énoncés contenant des ambiguïtés lexicales insérées dans un contexte
désambiguïsateur (cf. Dubois et Sprenger-Charolles, 1988; Sprenger-Charolles,
1988). Mais il est également possible d'examiner les hypothèses sur le rôle du
contexte en observant les stratégies de lecture mises en œuvre par des lecteurs
plus ou moins compétents. On peut, en effet, supposer que les composantes qui
entrent en jeu dans le processus de lecture se structurent différemment selon le
niveau d'expertise - ou de maîtrise - du savoir-lire. C'est dans cette seconde
perspective que se situe le présent article dans lequel la question du rôle du contexte
dans la lecture sera abordée en relation avec des expériences portant sur des enfants
en cours d'apprentissage de la lecture, dont certains, que nous appellerons les
« experts », ou « bons lecteurs », ont un comportement voisin de celui des lecteurs
adultes compétents, alors que d'autres, « novices », « mauvais lecteurs », ou encore
lecteurs « en retard », se différencient des experts par leur âge (les sujets les plus
jeunes, étant en début d'apprentissage de la lecture, lisent moins bien que les plus
âgés) ainsi que, à l'intérieur d'une même classe d'âge, par leur niveau en lecture.
1. Quelques résultats d'expériences
Les comparaisons entre lecteurs plus ou moins compétents ont porté mas
sivement sur les effets — ou l'absence d'effets — du contexte linguistique dans le
processus d'identification des mots au cours de la lecture.
Ainsi Perfetti, Goldman et Hogaboam (1979) ont observé les effets du contexte
dans des tâches de lecture sur une population contrastée de lecteurs de 10 ans :
un groupe de bons lecteurs et un groupe de lecteurs en retard. Les sujets devaient
lire une liste de 20 mots dans trois conditions. Dans les deux premières conditions
63 il n'y avait pas d'aide contextuelle pour la lecture: les mots étaient présentés
soit un à un en isolât, soit dans une liste — sans liens sémantiques entre les
mots. La différence entre la condition « mots en isolât » et « liste » tenait uni
quement au fait que dans la « liste » l'expérimentateur lisait à haute
voix au sujet, avant l'expérience, l'ensemble des mots. Dans la troisième condition
les mots étaient intégrés dans une histoire.
Cette expérience a permis de constater que les lecteurs en retard ont des
difficultés dans les deux premières conditions et qu'ils réussissent mieux la tro
isième tâche. Cette meilleure réussite dans la tâche de lecture de mots en contexte
se retrouve également dans la population des bons lecteurs. Cependant, dans cette
population, la différence de résultat entre les trois conditions de lecture est peu
importante.
Si, comme semblent l'indiquer les résultats de Perfetti et al., la présence
d'un contexte n'a qu'un effet très limité sur les performances des bons lecteurs
ont peut s'attendre à observer dans cette population, et non chez les
novices ou en retard, une absence de différence dans la lecture de mots intégrés
dans des contextes et cela quelle que soit la nature de ce contexte : congruents
ou non congruents par rapport au mot sur lequel sera évaluée la performance
des sujets.
C'est sur cette hypothèse que porte l'expérience de Stanovich (1981). Dans
cette expérience on présentait aux sujets, des enfants de la 4e à la 6e année du
primaire (de 9 à 11 ans) et aussi des adultes, des phrases non terminées qu'ils
devaient lire à haute voix. Le dernier mot, toujours précédé par l'article défini,
n'est affiché sur l'écran qu'au moment où le lecteur prononce the (l'expérience
est en anglais). Le mot qui apparaît alors peut être soit congruent, soit non
congruent, par rapport au contexte précédent. Est mesuré le temps de latence
de la réponse, c'est-à-dire le délai qui s'écoule entre le moment où le mot est
présenté et celui où il est prononcé par le lecteur. Si le contexte joue un rôle
de premier plan cet effet devra être fort dans le cas de congruence puisque
le lecteur aura pu, en quelque sorte, anticiper sa réponse. Par contre dans le
cas de non-congruence, lorsque le mot qui s'affiche n'est pas compatible par
rapport au contexte linguistique précédent, le temps d'identification de l'item
devra être plus long.
En fait, Stanovich constate un effet significatif du contexte dans la situation
de congruence mais cet effet n'augmente pas avec l'âge : au contraire il a même
légèrement tendance à diminuer. Ainsi ce sont les lecteurs les moins habiles
(d'après l'expérience les plus jeunes) qui semblent profiter au mieux des effets
facilitateurs du contexte (p. 243). De plus, lorsqu'il y a incompatibilité entre le
dernier mot et le reste de la phrase, on observe une augmentation du temps de
réponse chez les enfants, mais pas chez les adultes (p. 243). Ces résultats ', souligne
l'auteur, sont fortement en contradiction avec les hypothèses avancées par Good
man (1976) qui considère que la lecture est un « jeu de devinette ».
Perfetti et Roth (1981) avec des sujets plus jeunes (scolarisés en 3e et 4e année
du primaire) qui se différencient, en outre, par leurs performances en lecture
(bons lecteurs et lecteurs médiocres) obtiennent, dans une tâche similaire, des
1. Mitchel et Green (1978), avec une technique similaire et des lecteurs adultes, constatent également
qu'il n'y a que peu d'effets du contexte en « lecture normale » et que ces effets s'expliquent par des
processus automatiques d'activation lexicale - et non par des « prédictions » conscientes.
64 résultats proches de ceux de Stanovich. Ces auteurs font varier la contrainte
contextuelle de telle sorte que dans leur expérience un tiers des items sont
fortement prédictibles, un tiers non prédictibles, un tiers anormaux.
Par exemple, l'item cible est choux et, dans le contexte non congruent
(anormal), il est question d'une femme qui, avant son départ pour une excursion,
recherche dans sa bourse son billet d'avion et trouve de l'argent et des «.?.».
Dans le contexte non prédictible il s'agit d'un jardin dans lequel sont plantés
des «.?.», et dans le contexte fortement prédictible on parle de cuisine, de corned-
beef et de « . ?. ». Il faudrait à ce propos rappeler que l'expérience est en anglais
et que les exemples sont relatifs aux habitudes alimentaires anglo-américaines.
Bien entendu la plus ou moins grande prédictibilité des items avait été préala
blement testée : de 0 % de prédiction correcte dans le cas de non-congruence, à
3 % dans le cas de congruence mais non prédictibilité, à 80 % dans la troisième
situation.
Perfetti et Roth observent des différences dues à l'âge des sujets ainsi qu'à
leur niveau en lecture à l'intérieur d'une même classe d'âge. Ainsi, dans les
groupes des plus âgés, seuls les moins bons lecteurs sont affectés par un contexte
non congruent, c'est-à-dire par les incompatibilités sémantiques (dan

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