Le syllabaire saussurien. Introduction à la phonologie des groupes - article ; n°129 ; vol.32, pg 76-88
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Description

Langages - Année 1998 - Volume 32 - Numéro 129 - Pages 76-88
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 26
Langue Français

Extrait

M. Jacques Coursil
Le syllabaire saussurien. Introduction à la phonologie des
groupes
In: Langages, 32e année, n°129, 1998. pp. 76-88.
Citer ce document / Cite this document :
Coursil Jacques. Le syllabaire saussurien. Introduction à la phonologie des groupes. In: Langages, 32e année, n°129, 1998. pp.
76-88.
doi : 10.3406/lgge.1998.2146
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1998_num_32_129_2146Jacques COURSIL
GEREC, GIL-UAG
LE SYLLABAIRE SAUSSURIEN
INTRODUCTION À LA PHONOLOGIE DES GROUPES
1. Phonologie des groupes
Le Cours de linguistique générale de F. de Saussure consacre deux chapitres
distincts à la phonologie. Le premier, « Définition des phonèmes », traite de
catégories phonologiques et de la définition distinctive des phonèmes. Le second,
« Les phonèmes dans la chaîne parlée » , traite de chaînage des phonèmes dans
la syllabe. Le premier chapitre est une phonologie (proprement dite), le second,
une phonématique appelée par Saussure « des groupes ». Les deux
systèmes décrits sont différents, mais interdépendants ; ensemble, ils forment le
système phonologique d'une langue 1.
Critiquée dès 1930 par les théoriciens de l'Ecole de Prague, la phonologie des
groupes proposée par Saussure est tombée dans l'oubli. La critique des pragois
est à la fois élogieuse et sévère. Tout en se réclamant de son caractère fondateur,
ils reprochent à la théorie saussurienne d'être contradictoire. Selon leurs ana
lyses, elle met en amalgame deux disciplines devant demeurer distinctes, la
phonétique et la phonologie 2 .
En confrontant les critiques pragoises aux notes de Saussure, on découvre, à
la place des contradictions attendues, les prémisses d'un double modèle algébri
que du phonème et de la syllabe. Ce modèle, dont la méthode est claire, très
élégante et d'une remarquable effectivité, maintient strictement la distinction
entre phonétique et phonologie contrairement aux allégations pragoises.
Pour des raisons d'histoire des sciences du langage, mais aussi d'efficacité
systémique dans le traitement automatique du il semble important
d'exposer ce modèle inutilement discrédité et resté inachevé [Coursil 95]. Dans
cet article nous proposons une analyse du second modèle, la phonologie des
groupes.
1. Saussure présente cette problématique double en ces termes « A côté de la phonologie des espèces
(phonologie proprement dite), il y a une place pour une science qui prend pour point de départ les groupes
binaires et les consecutions de phonèmes (phonologie des groupes), et c'est tout autre chose » [CLC 78].
2. On Ut dans les Principes de phonologie de Troubetzkoy ce qui suit : Ferdinand de Saussure, qui a
reconnu l'importance de la distinction entre langue et parole et l'a formulée expressément, reconnaît aussi
l'essence immatérielle selon son expression du « signifiant » delà langue. Malgré cela, il n'a pas proclamé
la nécessité de distinguer une science des sons de la parole » et « une science des sons de langue » :
dans son Cours de Linguistique Générale, cette idée n'est qu'indiquée. [Troubetzkoy 1938]. Dans Six
leçons, sur le son et le sens, Jakobson écrit : En dépit des nombreuses contradictions dans la doctrine de
Saussure, c'est à lui et à son école que nous sommes redevables. . .de la notion de rapport entre les
phonèmes, bref de la notion de système phonologique. — Le Cours lance laformule devenue depuis célèbre
les phonèmes sont avant tout des entités oppositives, relatives et négatives. Saussure va jusqu'à affirmer
que le système phonologique est la seule réalité qui intéresse le linguiste. Maie d'autre part, nous
retrouvons dans ce même cours de Saussure l'empreinte d'un psychologime naïf... il revient aux
procédés de la phonétique motrice. [Jakobson 1941].
76 phonologie des groupes est un système de règles qui interprète le signal en La
chaînes de syllabes et définit le syllabaire d'une langue. Sa structure est formée
par deux conditions acoustiques (une catégorie type et une fonction type). La
catégorie type s'appelle « aperture » (tension-laxité) et la fonction type
« double-plosion » (consonance-sonance). Les catégories et les fonctions s'a
ssemblent en matrices de règles, les catégories jouent le rôle d'arguments logiques
pour les fonctions.
On procédera en deux temps, d'abord par une présentation intuitive des
données, qui permet de se familiariser avec la problématique saussurienne, puis
par traitement algorithmique et systémique.
2. Présentation intuitive de la phonologie des groupes
Catégorie phonologique des apertures ( tension/ laxilé)
Saussure classe les phonèmes selon leur rang d'aperture. Ce classement
inhabituel, que les stucturalistes pragois vont ignorer, constitue le point de
départ de la construction systémique saussurienne 3. Saussure propose pour le
français un modèle à sept rangs d'aperture A(0123456), nombre qu'on peut (par
procédures expérimentales) optimiser à quatre, trois pour les consonnes et le
dernier pour les voyelles : A(l,2,3,4).
Quoi qu'il en soit, les rangs d'aperture varient entre deux bornes fixes (deux
limites extrêmes), de A(l) à A(4(ou dernier)). A(l) est une limite mécanique
correspondant à Vocclusion complète de l'appareil vocal, par exemple les occlu
sives [p, t, k, etc.]. A(4(ou dernier)) correspond à une limite symbolique (laxité
maximale), au-delà de laquelle la voix peut aller, mais non pas les langues : par
exemple les voyelles [â, a].
Les rangs de la catégorie type Aperture, A(l), A(2), A(3), A(4), entrent dans
un calcul. Pour illustrer et tester ce calcul, on se donne un inventaire des
phonèmes du français contemporain classés selon ces quatre rangs.
3. П écrit : On classe généralement les sons d'après le lieu de leur articulation. Notre point de départ
sera différent. Quelle que soit la place de l'articulation, elle présente toujours une certaine aperture,
c'est-à-dire un certain degré d'ouverture entre deux limites extrêmes qui sont l'occlusion complète et
l'ouverture maximale. Sur cette base, et en allant de l'aperture minimale à l'aperture maximale, les sons
seront classés en sept catégories désignées par les chiffres 0,1,2, 3, 4, 5, 6. C'est seulement à l'intérieur de
chacune d'elles que nous répartirons les phonèmes en divers types d'après le lieu de leur articulation
[GLG 70]. Prenant appui sur des analyses nombreuses et des implementations informatiques testées, nous
n'avons pas hésité à corriger les données chiffrées de Saussure tout en préservant rigoureusement sa
méthode.
77 A catégorie ď aperture illustrations API i
consonnes 1 p tk b dgmnfif J в v3z liquides 2 lr
semi-consonnes 3
4 voyelles iyueeÊ3oo50œâa
Selon les termes de l'inventaire, représentons les variations d'aperture dans
le signe [particulièrement].
1 j
V
signal Le à graphe l'échelle des la apertures plus élémentaire. ci-dessus Cette correspond notation à illustre une image le caractère linguistique articulé du
de la distribution de la catégorie (A) dans la chaîne parlée. Nous verrons que ce
mode d'articulation est un code.
Fonctions phonologique de chaînage
Le concept saussurien de fonction est issu à la fois de la mécanique analyti
que et de l'algèbre de Boole. Du point de vue mécanique, « fonction » se définit
en termes de « double effet ». Saussure indique : « double effet acoustique, le
mot « fonction » ne veut pas dire autre chose » [CLG 89]. Ce double effet,
emprunté à la mécanique de Watts, est appelé aujourd'hui « feed back » (retro
action) dans la théorie de l'information [Armstrong 1914 et Ashby 1952]. Du
point de vue formel, on note que ces fonctions sont binaires. Elles s'assemblent
en matrices et relèvent d'une algèbre combinatoire 4.
La fonction de double-plosion
Les phonèmes sont chaînés au moyen d'une fonction de plosion dont le
double effet se note par deux phénomènes acoustiques opposés « explosion » et
« implosion » 5.
4. Saussure propose cette algèbre en ces termes : Pour rendr

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