Le thème chypriote dans la presse turque (mars 1996-février 1997) : une rupture du consensus nationaliste ? - article ; n°1 ; vol.31, pg 207-219
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Le thème chypriote dans la presse turque (mars 1996-février 1997) : une rupture du consensus nationaliste ? - article ; n°1 ; vol.31, pg 207-219

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Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen - Année 2000 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 207-219
This paper presents an analysis of the main chronicles that appeared in the Turkish press in 1996-1997, and points out the existence of two main discourses. On the one hand, in that of the nationalist, Greece, the Greeks and the Greek Cypriots are seen as puppets of the West, and the island – at least its northern part – is considered as being beyond the scope of Turkish irredentism. On the other hand, authors writing in center-right or leftist newspapers seem uneasy and do not approve the Turkish way of acting, especially during the crises; Cyprus is often perceived as a burden. All condemn the political and military choices in the recent past; but since Cyprus became a matter of national honour, a consensus has appeared, against which public opposition would be criticized as treacherous.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Étienne Copeaux
Le thème chypriote dans la presse turque (mars 1996-février
1997) : une rupture du consensus nationaliste ?
In: Chypre et la Méditerranée orientale. Formations identitaires : perspectives historiques et enjeux contemporains.
Actes du colloque tenu à Lyon, 1997, Université Lumière-Lyon 2, Université de Chypre. Lyon : Maison de l'Orient et
de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2000. pp. 207-219. (Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen)
Abstract
This paper presents an analysis of the main chronicles that appeared in the Turkish press in 1996-1997, and points out the
existence of two main discourses. On the one hand, in that of the nationalist, Greece, the Greeks and the Greek Cypriots are
seen as puppets of the West, and the island – at least its northern part – is considered as being beyond the scope of Turkish
irredentism. On the other hand, authors writing in center-right or leftist newspapers seem uneasy and do not approve the
way of acting, especially during the crises; Cyprus is often perceived as a burden. All condemn the political and military choices in
the recent past; but since Cyprus became a matter of national honour, a consensus has appeared, against which public
opposition would be criticized as treacherous.
Citer ce document / Cite this document :
Copeaux Étienne. Le thème chypriote dans la presse turque (mars 1996-février 1997) : une rupture du consensus nationaliste
?. In: Chypre et la Méditerranée orientale. Formations identitaires : perspectives historiques et enjeux contemporains. Actes du
colloque tenu à Lyon, 1997, Université Lumière-Lyon 2, Université de Chypre. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée
Jean Pouilloux, 2000. pp. 207-219. (Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_1274-6525_2000_act_31_1_1861LE THÈME CHYPRIOTE DANS LA PRESSE TURQUE
(mars 1996-février 1997)
UNE RUPTURE DU CONSENSUS NATIONALISTE ?
Etienne COPEAUX *
ABSTRACT
This paper presents an analysis of the main chronicles that appeared in the Turkish press in 1996-
1997, and points out the existence of two main discourses. On the one hand, in that of the nationalist,
Greece, the Greeks and the Greek Cypriots are seen as puppets of the West, and the island - at least its
northern part - is considered as being beyond the scope of Turkish irredentism. On the other hand,
authors writing in center-right or leftist newspapers seem uneasy and do not approve the Turkish way
of acting, especially during the crises; Cyprus is often perceived as a burden. All condemn the
political and military choices in the recent past; but since Cyprus became a matter of national
honour, a consensus has appeared, against which public opposition would be criticized as treacherous.
La sensibilité au thème chypriote, en Turquie, est paradoxale. En effet, la mémoire turque
concernant l'histoire de l'île, ou même les événements dramatiques qui se sont succédé depuis
1955, est faible, car elle n'est pas entretenue par l'école, comme l'est la mémoire du passé turc en
Asie ; la place accordée à Chypre, dans les ouvrages d'histoire, est dérisoire ; les publications ne
sont pas très nombreuses, à tel point qu'on a bien du mal à trouver, dans les librairies ou chez les
bouquinistes d'Istanbul, des ouvrages concernant Chypre ; pour ces raisons, entre autres, les
événements antérieurs à l'intervention turque de 1974 semblent assez confusément perçus par les
Turcs de moins de trente ans. Pourtant, d'autre part, la sensibilité est forte, dans la mesure où tout
ce qui se passe à Chypre a une répercussion immédiate dans la presse, et la question chypriote,
malgré la faiblesse de sa représentation dans le monde des publications, est devenue une millî dâva,
une cause nationale, une de ces questions qui n'admettent aucune discussion.
Grâce à sa vitalité, la presse quotidienne turque, qui compte plus de quarante titres, fournit au
chercheur des données et un discours abondants, dont l'analyse peut mettre en lumière certains
aspects et certaines étapes du processus de formation de l'opinion publique. Le contrôle de l'État sur
cette presse n'est ni constant ni étroit ; au contraire, l'impertinence vis-à-vis du pouvoir est souvent
de mise. Mais, malgré cette liberté de ton, le poids du pouvoir se fait sentir lorsque, dans la relation
de certaines questions sensibles, les rédacteurs s'abritent prudemment derrrière les textes de
l'agence officielle Anadolu ; la menace de sanction induit une auto-censure, qui n'est d'ailleurs pas
forcément consciente, lorsque les grands problèmes nationaux sont en jeu.
Pour tenter d'appréhender la vision turque de la question chypriote, j'ai réuni un ensemble
d'une centaine d'éditoriaux, de chroniques et de commentaires 1 publiés entre mars 1996 et février
Institut Français d'Études Anatoliennes, Istanbul.
Türkiye (La Turquie, extrême-droite), Zaman (Le Temps, islamiste), Sabah (Le Matin, modéré laïciste à fort
tirage), Cumhuriyet (La République, kémaliste de gauche, laïciste), Yeni Yiizyil (Le Siècle Nouveau, gauche
intellectuelle) ; s'y ajoutent des articles de Milliyet (La Nation, modéré laïciste), Radikal (gauche
intellectuelle, paraissant depuis octobre 1996) et Turkish Daily News, qui s'adresse aux étrangers vivant en
Turquie.
Chypre et la Méditerranée orientale,
TMO31, Lyon 2000. :
208 É. COPEAUX
1997 dans cinq quotidiens; la période inclut deux crises graves, celle des manifestations
dramatiques d'août 1996, et celle qui fut provoquée par la commande de missiles S-300 à la Russie
par la République de Chypre, en janvier 1997. Alors que les informations elles-mêmes sont plus ou
moins semblables d'un quotidien à l'autre, les articles de fond réunis reflètent des opinions assez
nuancées et diverses. Certains quotidiens traitent plus volontiers du thème chypriote : c'est le cas de
l'ultra-nationaliste Tiirkiye, dont sont extraits environ un tiers des articles analysés ; ce journal
s'intéresse de près aux « Turcs de l'extérieur », et son chroniqueur de politique étrangère, Mustafa
Necati Özfatura, se signale par son esprit vindicatif, son ressentiment à l'égard de l'Occident, et son
discours très répétitif utilise une rhétorique spécifique, qu'on retrouve à propos d'autres thèmes de
l'actualité ; ce sont les propos de commentateurs sûrs d'eux et de leurs idées simplistes 2.
Dans le discours de la presse modérée ou de gauche, Chypre apparaît au contraire comme un
problème épineux qui ébranle les certitudes et permet de remettre en cause, dans une certaine
mesure, certains choix politiques passés et récents. Le populaire Sabah, lui aussi, fournit une
matière abondante, peut-être en raison de la personnalité de Mehmet Ali Birand, commentateur
prestigieux et influent, auteur de deux ouvrages sur Chypre, journaliste et homme de télévision
respecté. Il existe aussi un discours plus modeste, mais courageux, d'un quotidien de la gauche
modérée, Yeni Yiizyil- Quant à Cumhuriyet, quotidien considéré comme le plus sérieux et souvent
pris comme référence, il reste, de manière inébranlable, fidèle au dogme de l'idéologie kémaliste
qui est, on ne doit pas l'oublier, un nationalisme.
On peut faire une remarque d'ensemble en ce qui concerne le lieu où apparaît la question
chypriote : celle-ci est toujours traitée en page « étranger » en tant que sujet de politique extérieure.
Ce caractère contraste avec la sémiologie qui prévaut dans le nord de l'île, et qui suggère une
appartenance à la Turquie. Indique-t-il une volonté officielle de faire vivre la fiction de l'État
indépendant de la « République turque de Chypre du Nord » (« RTCN », « KKTC » en turc), ou est-
il, plus simplement mais plus profondément, le signe d'une véritable extranéité des questions
chypriotes dans la conscience collective turque, il est difficile de répondre à ces questions pour
l'instant 3.
Dans mon analyse de ces articles, j'ai cherché à cerner la vision de Chypre dans les
représentations de Γ ultra- nationalisme turc, à évaluer le contenu du consensus observable dans la
presse, et à en estimer les limites. Pour conclure, j'évoquerai quelques signes d'une certaine
lassitude engendrée par la question chypriote.
La question chypriote et le nationalisme
Im place paradox

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