Les Boliviens à Buenos Aires : présence dans la ville, repères de la ville - article ; n°3 ; vol.17, pg 119-146
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Revue européenne de migrations internationales - Année 2001 - Volume 17 - Numéro 3 - Pages 119-146
Bolivians in Buenos Ayres : their place and markers in the city.
Genevieve Cortes.
Metropolisation of international migrations, in the South American triangle, is one of the striking facts of the past twenty years. Emigration from the Andes, especially that of Bolivians to Argentina, is concerned by that context. This paper suggests an exploration of the processes of identification to the city and in the city by the migrant community, from a larger interrogation on the possible construction of a « bolivian » territory in the Argentinian capital. Crossing several sources (stories, observations, Bolivian press), the analysis of the migrants's spatial framing, referring both to residential and circulation areas (shopping centers, ethnic marketplaces, meeting places and religious offices) reveals on the one hand, logics of appropriation and inscription in the urban landscape, on the other hand, a paradoxical geography of dispersion and diffuse incursion in the key places of the city. Similarly, ways of identifying and knowing the city reveals an often contradictory and painful relationship to urban space. For the Bolivian migrants, Buenos Ayres, even more so than its historical and commercial centre, is an ideal spot, much coveted, to be conquered but often ignored and dreadful. In this labyrinthine city where one gets lost, the migrant community marks out the territory with places of common and familiar uses. The analysis thus reveals the formation of a loose and diffuse territory of « bolivianity », the physiognomy of which reflects a reluctance to form a ghetto and to achieve socio-spatial segregation more than a tendency to ethnic urban space.
Les Boliviens à Buenos Aires : présence dans la ville, repères de la ville.
Geneviève Cortes.
La métropolisation des migrations internationales, au sein du cône sud américain, est un des fait marquant de ces vingt dernières années. L'émigration andine, et plus particulièrement celle des Boliviens vers l'Argentine, n'échappe pas à ce phénomène. Dans ce contexte, l'article propose une exploration des processus d'identification à la ville et dans la ville de cette communauté migrante, à partir d'un questionnement plus large sur la construction éventuelle d'un territoire de la « bolivianité » dans la capitale argentine. À partir du croisement de plusieurs sources (témoignages, observations, dépouillement de la presse bolivienne ..), l'analyse de l'inscription spatiale des migrants, faisant référence à la fois aux lieux d'implantation résidentielle et de fréquentation de la ville (commerces et marchés ethniques, lieux de sociabilité, lieux de cultes ...) fait émerger, d'un côté, l'existence de logiques d'appropriation et de marquage du paysage urbain et, de l'autre une géographie paradoxale de dispersion et d'incursion diffuse dans les lieux clés de la ville. De la même manière, les modes d'identification et de connaissance de la ville révèlent un rapport souvent contradictoire et douloureux à l'espace urbain. Pour les migrants boliviens, Buenos Aires - et plus encore le centre historique et commercial de la capitale - est un lieu rêvé, désiré, à conquérir mais souvent ignoré et redouté. Dans cette ville dédale où l'on se perd, la communauté migrante jalonne un territoire de lieux d'usage communs, connus, familiers en se créant ses propres modes de repérage. L'analyse révèle ainsi la formation d'un territoire de la bolivianité lâche et diffus, dont la physionomie bien plus une résistance à l'enclave.
Los bolivianos en Buenos Aires : presencia en la ciudad, referencias de la ciudad.
Geneviève Cortes.
La « metropolización » de las migraciones internacionales en el cono sur del continente americano se erige como uno de los hechos que han marcado estos últimos veinte años. Así, la emigración andina, particularmente la de los bolivianos que se dirigen a Argentina, no escapa este fenómeno. Bajo este contexto, el artículo propone una exploración de los procesos de identificación con y en la ciudad desarrollados por esta comunidad emigrante. Dicha exploración se articula sobre un cuestionamiento más amplio a propósito de la eventual construcción de un territorio de la « bolivianeidad » en la capital argentina. A partir del cruce de diferentes fuentes (testimonios, observaciones, prensa boliviana...), el análisis de la inscripción espacial de los emigrantes respecto al lugar de implantación residencial así como la frecuentación de la ciudad (comercios y mercados étnicos, lugares de sociabilidad, lugares de culto...) hace emerger una serie de elementos. Por un lado, se constata la existencia de lógicas de apropiación de marcaje del paisaje urbano ; por otro lado, se identifica una geografía paradójica de la dispersión de la incursión difusa en los lugares claves de la ciudad. Del mismo modo, las formas de identificación y de conocimiento de la ciudad revelan una relación a menudo contradictoria y dolorosa con el espacio urbano. Para los emigrantes bolivianos, Buenos Aires - y aún más el centro histórico y comercial de la capital - es un lugar de sueño, deseado, por conquistar y, sin embargo, a menudo ignorado y temido. En esta « ciudad laberinto » en la que uno se pierde, la comunidad emigrante jalona un territorio de lugares de usos comunes, conocidos y familiares creándose sus propios modos de orientación. El análisis desvela la formación de un territorio de la « bolivianeidad » liviano y difuso cuya fisonomía refleja más una resistencia al enclavamiento y a la segregación socio-espacial que la evolución hacia un espacio urbano étnico.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 64
Langue Catalan
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Geneviève Cortes
Les Boliviens à Buenos Aires : présence dans la ville, repères
de la ville
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 17 N°3. pp. 119-146.
Citer ce document / Cite this document :
Cortes Geneviève. Les Boliviens à Buenos Aires : présence dans la ville, repères de la ville. In: Revue européenne de
migrations internationales. Vol. 17 N°3. pp. 119-146.
doi : 10.3406/remi.2001.1798
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_2001_num_17_3_1798Abstract
Bolivians in Buenos Ayres : their place and markers in the city.
Genevieve Cortes.
Metropolisation of international migrations, in the South American triangle, is one of the striking facts of
the past twenty years. Emigration from the Andes, especially that of Bolivians to Argentina, is concerned
by that context. This paper suggests an exploration of the processes of identification to the city and in
the city by the migrant community, from a larger interrogation on the possible construction of a «
bolivian » territory in the Argentinian capital. Crossing several sources (stories, observations, Bolivian
press), the analysis of the migrants's spatial framing, referring both to residential and circulation areas
(shopping centers, ethnic marketplaces, meeting places and religious offices) reveals on the one hand,
logics of appropriation and inscription in the urban landscape, on the other hand, a paradoxical
geography of dispersion and diffuse incursion in the key places of the city. Similarly, ways of identifying
and knowing the city reveals an often contradictory and painful relationship to urban space. For the
Bolivian migrants, Buenos Ayres, even more so than its historical and commercial centre, is an ideal
spot, much coveted, to be conquered but often ignored and dreadful. In this labyrinthine city where one
gets lost, the migrant community marks out the territory with places of common and familiar uses. The
analysis thus reveals the formation of a loose and diffuse territory of « bolivianity », the physiognomy of
which reflects a reluctance to form a ghetto and to achieve socio-spatial segregation more than a
tendency to ethnic urban space.
Résumé
Les Boliviens à Buenos Aires : présence dans la ville, repères de la ville.
Geneviève Cortes.
La métropolisation des migrations internationales, au sein du cône sud américain, est un des fait
marquant de ces vingt dernières années. L'émigration andine, et plus particulièrement celle des
Boliviens vers l'Argentine, n'échappe pas à ce phénomène. Dans ce contexte, l'article propose une
exploration des processus d'identification à la ville et dans la ville de cette communauté migrante, à
partir d'un questionnement plus large sur la construction éventuelle d'un territoire de la « bolivianité »
dans la capitale argentine. À partir du croisement de plusieurs sources (témoignages, observations,
dépouillement de la presse bolivienne ..), l'analyse de l'inscription spatiale des migrants, faisant
référence à la fois aux lieux d'implantation résidentielle et de fréquentation de la ville (commerces et
marchés ethniques, lieux de sociabilité, lieux de cultes ...) fait émerger, d'un côté, l'existence de
logiques d'appropriation et de marquage du paysage urbain et, de l'autre une géographie paradoxale de
dispersion et d'incursion diffuse dans les lieux clés de la ville. De la même manière, les modes
d'identification et de connaissance de la ville révèlent un rapport souvent contradictoire et douloureux à
l'espace urbain. Pour les migrants boliviens, Buenos Aires - et plus encore le centre historique et
commercial de la capitale - est un lieu rêvé, désiré, à conquérir mais souvent ignoré et redouté. Dans
cette ville dédale où l'on se perd, la communauté migrante jalonne un territoire de lieux d'usage
communs, connus, familiers en se créant ses propres modes de repérage. L'analyse révèle ainsi la
formation d'un territoire de la bolivianité lâche et diffus, dont la physionomie bien plus une résistance à
l'enclave.
Resumen
Los bolivianos en Buenos Aires : presencia en la ciudad, referencias de la ciudad.
Geneviève Cortes.
La « metropolización » de las migraciones internacionales en el cono sur del continente americano se
erige como uno de los hechos que han marcado estos últimos veinte años. Así, la emigración andina,
particularmente la de los bolivianos que se dirigen a Argentina, no escapa este fenómeno. Bajo este
contexto, el artículo propone una exploración de los procesos de identificación con y en la ciudad
desarrollados por esta comunidad emigrante. Dicha exploración se articula sobre un cuestionamiento
más amplio a propósito de la eventual construcción de un territorio de la « bolivianeidad » en la capital
argentina. A partir del cruce de diferentes fuentes (testimonios, observaciones, prensa boliviana...), el
análisis de la inscripción espacial de los emigrantes respecto al lugar de implantación residencial así
como la frecuentación de la ciudad (comercios y mercados étnicos, lugares de sociabilidad, lugares deculto...) hace emerger una serie de elementos. Por un lado, se constata la existencia de lógicas de
apropiación de marcaje del paisaje urbano ; por otro lado, se identifica una geografía paradójica de la
dispersión de la incursión difusa en los lugares claves de la ciudad. Del mismo modo, las formas de
identificación y de conocimiento de la ciudad revelan una relación a menudo contradictoria y dolorosa
con el espacio urbano. Para los emigrantes bolivianos, Buenos Aires - y aún más el centro histórico y
comercial de la capital - es un lugar de sueño, deseado, por conquistar y, sin embargo, a menudo
ignorado y temido. En esta « ciudad laberinto » en la que uno se pierde, la comunidad emigrante jalona
un territorio de lugares de usos comunes, conocidos y familiares creándose sus propios modos de
orientación. El análisis desvela la formación de un territorio de la « bolivianeidad » liviano y difuso cuya
fisonomía refleja más una resistencia al enclavamiento y a la segregación socio-espacial que la
evolución hacia un espacio urbano étnico.Revue Européenne des Migrations Internationales, 2001 (17) 3 pp. 119-146 1 19
Les Boliviens à Buenos Aires :
présence dans la ville, repères de la ville
Geneviève CORTES
« Buenos Aires est la seconde ville de Bolivie » écrivait l'anthropologue
bolivien J. Albo en 1976. Les migrations boliviennes en Argentine1 s'inscrivent dans
une vieille tradition régionale remontant au début de ce siècle, mais elles ont pris une
ampleur nouvelle dans les années soixante au sein du système migratoire du cône sud
latino-américain (Balan, 1992 ; INDEC, 1997-a). Tandis que la migration nette en
Argentine se ralentit, celle en provenance des pays limitrophes est en forte croissance2.
La Bolivie, vivement touchée par la crise des années quatre-vingts (crise économique,
fermeture des mines, mauvaises conditions climatiques...) a été particulièrement
concernée par ce processus, puisque l'émigration des Boliviens a connu une
progression, de l'ordre de 24 % au cours de la décennie 1980-903. La métropolisation
des migrations boliviennes en Argentine constitue un autre changement majeur des
trente dernières années. Selon A. Maguid (1997), 39 % des Boliviens recensés en 1991
sont localisés dans l'aire métropolitaine de Buenos Aires contre 36 % dans le Nord
ouest et le reste dans les autres régions du pays.
* GRAL (Groupe de Recherche sur l'Amérique Latine), UMR 51 35, Université de Toulouse-Le
Mirail, 5 allée Antonio Machado, 31000 Toulouse, France.
1 Cet article a fait l'objet d'une communication à la troisième rencontre du réseau international
PRISMA (Processus d'identification socio-spatiale dans les métropoles d'Amérique), 23-24
mars 2000, Toulouse.
2 Le recensement argentin de population de 1991 enregistre environ 1 655 000 étrangers présents
dans le pays, ce qui représente 5 % de la population contre 13 % en 1960 {Banco de la Provincia
de Buenos Aires, 1997). La part des migrants « limitrophes » (venant d'un pays frontalier) dans
l'ensemble des étrangers passe de 17,9 % en 1960 à 52,1 % en 1991 (INDEC, 1997-a).
3 Bien que ces chiffres soient largement sous-estimés, on comptabilise environ 143 000
Boliviens en Argentine en 1991 pour seulement 118 000 en 1980. Sa progression (+ 25 %)
place la Bolivie au second rang parmi les pays limitrophes, derrière le Pérou (+94 %) (Banco
de la Provincia de Buenos Aires, 1997). La part des Boliviens da

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