Les Chinois en Indonésie  - article ; n°4 ; vol.17, pg 738-749
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Description

Revue française de science politique - Année 1967 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 738-749
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Madame Françoise Cayrac
Les Chinois en Indonésie
In: Revue française de science politique, 17e année, n°4, 1967. pp. 738-749.
Citer ce document / Cite this document :
Cayrac Françoise. Les Chinois en Indonésie . In: Revue française de science politique, 17e année, n°4, 1967. pp. 738-749.
doi : 10.3406/rfsp.1967.393036
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1967_num_17_4_393036Revue Française de Science Politique 738
LES CHINOIS EN INDONESIE
Alors que, jusqu'au coup d'Etat du 30 septembre 1965, les relations
entre la Chine et l'Indonésie semblaient évoluer vers une alliance de
plus en plus étroite, les deux pays paraissent aujourd'hui au bord de
la rupture. L'existence d'une importante minorité chinoise en Indonésie
et la discrimination violente dont elle est l'objet depuis plusieurs mois
pourraient suffire à expliquer cet état de choses. Mais ce n'est pas la
première fois que des mouvements antichinois se produisent en Indo
nésie et jamais ils n'avaient affecté de façon aussi grave les relations
entre les deux pays. La cause profonde de la tension entre Djakarta
et Pékin n'est-elle pas plutôt l'orientation politique adoptée par les
nouveaux dirigeants militaires indonésiens ?
I
LA PLACE DE LA MINORITÉ CHINOISE EN INDONESIE
Composition de la minorité
Selon une estimation récente, on compte en Indonésie entre 3 et
3,5 millions de Chinois, soit à peu près 3 % de la population totale 1.
On les trouve surtout à ]ava, à Sumatra (côte est et Centre), à Bornéo
(Ouest et Sud) et aux Celebes. Environ 1 250 000 d'entre eux sont de
nationalité chinoise (Chine populaire). L'immigration s'est trouvée à
peu près arrêtée à partir de 1950.
Ces immigrants chinois sont pour la plupart originaires des pro
vinces du Fukien et du Kwantung. Ils se divisent en quatre groupes
linguistiques principaux : les Hokkiens, les Tepchius, les Hakkas et les
Cantonais. Les Hokkiens qui, traditionnellement, ont des dispositions
commerciales, furent le groupe le plus important jusqu'au xix* siècle.
On les trouve à Java centre et est, dans l'Indonésie de l'Est et sur
la côte ouest de Sumatra.
Les Teochius sont regroupés sur la côte est de Sumatra (ouvriers
de plantations), dans l'archipel des Riau, à l'Ouest de Bornéo (Pon-
tianak). Par tradition, ils sont orientés vers l'agriculture, mais aussi
vers le commerce.
Les Hakkas, parmi les plus pauvres, furent d'abord ouvriers dans
les mines (Bornéo ouest, Bangka, Billiton) . A la fin du XIXe siècle, ils
1. Far Eastern Economie Review, 15 dec. 1966, p. 563. Conflits Internationaux 739 Les
commencent à se fixer à Java ouest et forment aujourd'hui le groupe le
plus important dans la région de Djakarta.
Les Cantonais affluent au xix* siècle ; ils travaillent aux mines
d'étain de Bangka. Ils viennent à Java en même temps que les Hakkas ;
excellents artisans, ils se taillent une place de choix dans la petite
industrie 2.
Son ascension économique pendant la période coloniale
L'immigration chinoise en Indonésie est fort ancienne. Lorsque les
Hollandais arrivent à Java à la fin du xvi* siècle, ils y trouvent des
commerçants chinois déjà installés. Ils apprécient vite leur esprit d'en
treprise, leur acharnement au travail et utilisent leur connaissance du
pays. « II n'y a personne qui nous serve mieux que les Chinois ; on ne
saurait en amener trop à Batavia », déclare J.P. Coen, premier gouver
neur général de la Compagnie des Indes orientales 3. Du xvn' au xxe
siècle, les Chinois contrôlent un nombre croissant d'activités que les
Hollandais ne peuvent assurer eux-mêmes et servent ainsi d'interméd
iaire entre les occupants européens et la population indigène. Ils domi
nent le commerce, achètent les produits d'exportation, les acheminent
jusqu'aux ports et vendent à l'intérieur du pays les articles importés
de l'étranger. Ils jouent aussi le rôle de prêteurs d'argent. Entre 1860
et 1930, on en fait venir un grand nombre comme ouvriers sur les
plantations et dans les mines. A la fin de l'époque coloniale, ils sont
souvent contremaîtres ou employés de bureaux. Cette situation privi
légiée leur donne une place à part dans la société des Indes néerland
aises, mais elle comporte des revers : obligation d'habiter certains
quartiers, d'obtenir un permis pour voyager. Elle provoque le ressen
timent profond des Indonésiens, qui, se sentant traités en inférieurs,
détestent les Chinois sans les craindre autant que les Hollandais ; des
émeutes antichinoises éclatent dès cette époque 4.
Montée d'un nationalisme chinois
Au début du siècle, les événements de Chine et l'arrivée d'une vague
de nouveaux immigrants (de femmes notamment, ce qui rend beaucoup
moins fréquents les mariages inter-ethniques) provoquent en Indonésie
2. Voir la très bonne étude de Skinner (G. William), pp. 97-118, in:
McVey (Ruth) éd., Indonesia, New Haven, HRAF press, 1963, 600 p.
3. Cité dans McTurnan Kahin (George), Nationalism and Revolution
in Indonesia, Ithaca (N.Y.), Cornell University Press, 1952, p. 8.
4. Pour la période coloniale, on se reportera à l'ouvrage classique de
Purcell (Victor), The Chinese in Southeast Asia, 2" éd., London, Oxford
University Press, 1965, pp. 383-492. Revue Française de Science Politique 740
un puissant mouvement pan-chinois. Des écoles chinoises sont ouvertes,
des associations chinoises créées qui visent à promouvoir la culture
chinoise, à unifier la communauté chinoise et à obtenir pour elle certains
avantages 5. Les Hollandais, alarmés, accèdent à. certaines demandes,
ouvrent des écoles hollando-chinoises (1908) et lèvent les restrictions
portant sur le lieu de résidence (1919).
Au mouvement nationaliste chinois, s'oppose, dès ce moment, un
mouvement nationaliste indonésien : en 1912, le Sarekat Islam est créé
d'abord pour défendre les intérêts des Javanais contre la domination
croissante des Chinois dans l'industrie du batik.
Attitude de la Chine
La Chine commence à s'intéresser aux Chinois d'outre-mer dès la
fin du xixe siècle. En 1909 une loi chinoise stipule que tout individu
né de parents chinois est Chinois (selon le jus sanguinis) . A quoi les
Hollandais opposent en 1910 une loi fondé sur le jus soli et qui consi
dère que toute personne née aux Indes néerlandaises est « sujet néer
landais ». Dès lors se trouve posé le problème de la double nationalité.
De leur côté, les Chinois d'Indonésie ne restent pas indifférents
à ce qui se passe en Chine. Leur prospérité matérielle leur permet
d'accorder une aide financière au parti révolutionnaire qui renverse la
dynastie mandchoue en 1911 et qui va, pensent-ils, rendre à la Chine
toute sa grandeur. A son tour, le gouvernement de Tchang Kaï-chek
s'efforce de stimuler le nationalisme des Chinois d outre-mer en créant
des branches locales du Kuomintang. Pendant la guerre avec le Japon,
les Chinois d'Indonésie contribuent à l'emprunt de guerre lancé par
la Chine 6.
Attitude de la minorité chinoise
pendant la lutte pour V indépendance
Prise dans le conflit entre les Hollandais et les Indonésiens, la com
munauté chinoise tente d'éviter de prendre parti mais sans y réussir.
Une partie, jugeant dangereux pour ses intérêts le départ des Européens,
coopère avec les Hollandais. Une minorité aide la jeune République,
mais non sans en tirer bénéfice. On assiste alors à de violentes attaques
populaires contre les Chinois. La Chine lance un appel pour leur pro
tection aussi bien aux Pays-Bas qu'à la République d'Indonésie, mais
sans beaucoup de résultats.
5. Voir Williams (Lea E.), Overseas Chinese Nationalism. The genesis ol
the Pan-Chinese movement in Indonesia 1900A916, Glencoe (111.), Free Press,
1960, xiv-235 p.
6. Purcell (Victor), op. cit., pp. 466-467. C on flits Internationaux 741 Les
Les sentiments antichinois des Indonésiens
L'indifférence ou l'hostilité des Chinois pendant la guerre d'ind
épendance donne ainsi un nouvel argument aux sentiments anti chinois,
déjà si largement répandus dans la population indonésienne. Mais ces
sentiments sont surtout un héritage de la pé

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