Les cpàp  ou « codes de conduite » khmers. II. Cpâp  prus - article ; n°1 ; vol.63, pg 313-350
39 pages
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Les cpàp' ou « codes de conduite » khmers. II. Cpâp' prus - article ; n°1 ; vol.63, pg 313-350

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1976 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 313-350
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Philip N. Jenner
Pou-Lewitz
VI. Les cpàp' ou « codes de conduite » khmers. II. Cpâp' prus
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 63, 1976. pp. 313-350.
Citer ce document / Cite this document :
Jenner Philip N., Pou-Lewitz. VI. Les cpàp' ou « codes de conduite » khmers. II. Cpâp' prus. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 63, 1976. pp. 313-350.
doi : 10.3406/befeo.1976.3890
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1976_num_63_1_3890CPAP' LES
OU «CODES DE CONDUITE» KHMERS
il
CPAP' PRUS
PAR
Philip N. JENNER & Saveros POU
INTRODUCTION
Sources :
p. Cpàp' 1-13. phseň-phseň, Phnompenh, Institut bouddhique, 1970, 4e édition, 1)
2) Cpàp' prus, Phnompenh, Seng Nguon Huot, 1965.
3)prus toy pandit mai, Phnompenh, But Neang, 2e édition, 1959.
Le Cpàp' prus ou « Code de conduite pour les jeunes gens » se range
parmi les longs textes de cpàp' connus de nous. Il contient 1.896 mots
qu'on peut réduire à 653 éléments lexicaux et ses 96 strophes com
prennent 298 rimes.
En outre il porte la signature de son auteur dans le colophon. Il
s'agit d'un pandit nommé Mai, pandit étant bien entendu pris au sens
populaire développé dès le khmer moyen de « hommes cultivés ayant
acquis instruction et sagesse au cours d'un ou de plusieurs stages au
monastère » (cf. IMA).
Bien que le cpàp' ne porte pas de date, un simple coup d'œil nous
renseigne sur son âge relatif, ce qui est corroboré par le résultat de notre
analyse rimique (21,8 %)1. Il s'agit d'un cpàp' thmï ou «moderne»,
appellation explicitement mentionnée par l'auteur dans la strophe 1.
Il est assez typique de son genre pour nous inciter à le faire connaître
immédiatement après le plus « ancien » des cpàp' cas'. Le thème n'a
point d'originalité et pandit Mai lui-même ne s'en vante pas. Au contraire
il semble se réjouir de l'occasion qui lui est donnée de reprendre des
sujets d'exposé de morale pratique connus à travers deux cpàp1
(1) Voir Cpâp' kerti kul, BEFEO LXII, 1975, p. 370-71. 314 PHILIP N. JENNER ET SAVEROS POU
« anciens », à savoir Cpâp1 kerti kâl1 et Cpâp' кип eau, sujets relatifs à
la vie quotidienne qu'on peut grouper en deux catégories : économie
domestique et morale individuelle. Mais comme on le verra plus loin,
pandit Mai n'est point un simple plagiaire car il fait preuve de vertus
personnelles et de dons littéraires indéniables.
Avant de passer à l'analyse du texte, il est bon de faire une remarque
cpâp1 relative prus au est titre très du clair cpâp1 car en le comparaison cpâp1 est censé avec être son destiné contenu. aux Le « jeunes libellé
gens » (prus) comme il ressort de la plus grande partie du texte. Mais
un coup d'œil plus attentif révèle un long moment d'hésitation de la
part de l'auteur, sur la question de savoir à qui il doit adresser ses conseils.
En d'autres termes, dès la strophe 2 il déclare son intention d'« exhorter
garçons et filles » (pralau damn prus srl). Il continue dans la st. 3 par
une remarque générale sur la difficile position des « êtres, hommes ou
femmes » (manuss doh srï prus) et, lorsqu'il rappelle à ses auditeurs dans
la st. 6 cette règle élémentaire de répondre poliment à leurs interlocu
teurs, il utilise les deux termes de réponse, pâd pour les hommes et cas
pour les femmes. De là jusqu'à la st. 52, les conseils à première vue
peuvent s'appliquer à tout le monde, et l'on ne saurait vraiment pas
faire de distinction si l'auteur n'avait pris la peine de rappeler à plusieurs
reprises à ses auditeurs de tenir compte de l'avis et de l'opinion des
femmes de la maisonnée. Seule la deuxième partie du texte (st. 52-96)
est un discours sans équivoque destiné aux hommes. Le problème qu'on
peut poser, sans pourtant espoir de le résoudre, est le suivant : qui a
attribué le titre Cpâp' prus à notre texte? Est-ce pandit Mai lui-même
qui, après avoir tergiversé un peu, aurait conclu qu'après tout il tenait
à s'adresser aux jeunes gens? Ou bien est-ce un groupe d'« écoliers »
postérieurs qui voulait faire ressortir la portée de ce cpâp1 par rapport
aux cpâp1 srï ou « codes pour les filles »? L'intérêt d'une telle question
rappelle ce que nous avons déjà souligné dans une étude antérieure2,
à savoir qu'il faudrait éviter de prendre les titres des cpâp1 au pied de la
lettre, car ils semblent tous, pour des motifs divers, avoir été donnés
aux textes ultérieurement aux dates de leur composition.
Le cpâp1, l'avons-nous dit, est pour la majeure partie adressé aux
jeunes gens appartenant à une société agricole. L'exorde très court
(st. 1-2) invite d'abord les auditeurs à prêter attention à ce qui suit.
Puis un discours plus long (st. 3-51) exprime des principes de conduite
divers, devoirs positifs aussi bien que prohibitions. De la st. 52 à la
st. 93 suit un passage plus homogène qui reprend le thème connu des
« Trois Folies », celles des jeux de hasard, des femmes et de l'alcool,
avec (a) un appendice consistant en un ferme avertissement contre
le danger de se porter garants des dettes des autres (st. 63-67), (b) un
court exposé sur la manière d'interpréter tous les conseils (st. 91-93)
basé essentiellement sur le bon sens et la conscience individuelle.
(1) Ibid.
(2) Voir Ibid., p. 371. « СРАР » OU « CODES DE CONDUITE » KHMERS 315 LES
Les conseils pratiques relatifs aux thèmes du début sont exprimés
sans ordre préétabli et parfois même entremêlés. Ils portent avant tout
sur la politesse et l'importance de l'éducation familiale (st. 6-9),
l'humilité et la modestie (st. 4-5, 13), le juste milieu et la prudence
(st. 10-11, 31-33, 44-51), la propreté, la netteté et la minutie (st. 11-13,
40), la vigilance et l'industrie (st. 11-17, 20-22, 24-30, 34-44), le soin de
la propriété (11-17), l'importance de l'entretien du feu (18-23, 29-30)
et des réserves d'eau (st. 24-25).
Le passage sur les « Trois Folies » bien que reprenant un thème
connu est rendu remarquable par le reflet de la personnalité de l'auteur.
Pandit Mai est un auteur bouddhiste en ce sens qu'il considère le monde
qui l'entoure d'une façon réaliste, faisant le départ entre les « sages »
et les « sots ». Tout en donnant des conseils négatifs ponctués de « Ne
(le faites pas) ! » (кит) énergiques, il fait certaines concessions aux gens
« forts », concessions dangereuses car un auditeur « sot » n'admettra
jamais sa faiblesse, tandis qu'un « sage » hésitera bien avant de se
déclarer « fort ». Ceci ne rappelle-t-il pas la dernière recommandation
du Maître à ses disciples d'être « leurs propres lampes »? En tout cas,
la portée des conseils et exhortations d'un maître aux vues larges, souples
et libérales est pratiquement limitée au cercle fort restreint des gens
« sages », c'est-à-dire ceux qui désirent sincèrement apprendre et
réfléchir.
La langue du cpâp' contribue à ranger le texte parmi les œuvres
modernes plutôt que celles de la période moyenne. Elle ne décèle
presque pas d'« archaïsmes » tant au point de vue du vocabulaire que de
la grammaire, ce qui rend la lecture aisée aux lecteurs modernes. Mais,
c'est avant tout un срйр', c'est-à-dire une œuvre classique qui a ses
racines à l'époque moyenne bouddhique, qui reste fidèle aux grandes
lignes tracées par les remarquables auteurs des cpâp' câs\ Pandit Mai
s'adresse à ses auditeurs sur le même ton que ses prédécesseurs, il
emploie les mêmes tournures d'expression qu'il a apprises de ses maîtres
et qu'il passera lui-même à ses successeurs. Il a hérité des premiers les
grandes lignes de pensée issues de l'amalgame des principes bouddhiques
et des vertus locales et les mêmes notions de valeur qui donnent à la
culture du Cambodge de l'époque moyenne tant de noblesse

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