Les formes de piété des Confréries dévotes de Rouen à l'époque moderne - article ; n°3 ; vol.10, pg 283-297

Marc Venard

Description

Histoire, économie et société - Année 1991 - Volume 10 - Numéro 3 - Pages 283-297
Abstract Among the numerous religious confraternities of Rouen in the XVI-XVIII the centuries, only those with a notion of devotion are being studied. Then, from the statutes of these confraternities, we are looking for the acts of piety which are being prescribed or advised to the members. They are pilgrims, fueral prayers and especially deeds of marian piety, and the frequent observance of confession and communion. The most pious confraternities exhort their members to daily prayer and even to mental oration.
Résumé Parmi les très nombreuses confréries de Rouen à l'époque moderne, on a retenu celles qui présentaient un caractère de «dévotion». Puis, à partir des statuts de ces confréries, on a fait apparaître les actes de piété qui sont prescrits ou conseillés aux confrères. Ce sont des pèlerinages, des prières pour les morts, et surtout des gestes de piété mariale et la pratique fréquente de la confession et de la communion. Les confréries les plus dévotes exhortent leurs membres à la prière quotidienne et même à l'oraison mentale.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: HISTOIRE-_ECONOMIE_ET_SOCIETE
• Publié le: 01 janvier 1991
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• Langue: Français
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Extrait

Marc Venard
Les formes de piété des Confréries dévotes de Rouen à
l'époque moderne
In: Histoire, économie et société. 1991, 10e année, n°3. pp. 283-297.
Résumé Parmi les très nombreuses confréries de Rouen à l'époque moderne, on a retenu celles qui présentaient un caractère
de «dévotion». Puis, à partir des statuts de ces confréries, on a fait apparaître les actes de piété qui sont prescrits ou conseillés
aux confrères. Ce sont des pèlerinages, des prières pour les morts, et surtout des gestes de piété mariale et la pratique
fréquente de la confession et de la communion. Les confréries les plus dévotes exhortent leurs membres à la prière quotidienne
et même à l'oraison mentale.
Abstract Among the numerous religious confraternities of Rouen in the XVI-XVIII the centuries, only those with a notion of
devotion are being studied. Then, from the statutes of these confraternities, we are looking for the acts of piety which are being
prescribed or advised to the members. They are pilgrims, fueral prayers and especially deeds of marian piety, and the frequent
observance of confession and communion. The most pious confraternities exhort their members to daily prayer and even to
mental oration.
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Venard Marc. Les formes de piété des Confréries dévotes de Rouen à l'époque moderne. In: Histoire, économie et société.
1991, 10e année, n°3. pp. 283-297.
doi : 10.3406/hes.1991.1601
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1991_num_10_3_1601FORMES DE PIETE DES CONFRERIES DEVOTES LES
DE ROUEN A L'EPOQUE MODERNE
par Marc VENARD
Résumé
Parmi les très nombreuses confréries de Rouen à l'époque moderne, on a retenu celles qui
présentaient un caractère de «devotion». Puis, à partir des statuts de ces confréries, on a fait apparaître
les actes de piété qui sont prescrits ou conseillés aux confrères. Ce sont des pèlerinages, des prières
pour les morts, et surtout des gestes de piété mariale et la pratique fréquente de la confession et de la
communion. Les confréries les plus dévotes exhortent leurs membres à la prière quotidienne et même
à l'oraison mentale.
Abstract
Among the numerous religious confraternities of Rouen in the XVI-XVIII the centuries, only
those with a notion of devotion are being studied. Then, from the statutes of these confraternities, we
are looking for the acts of piety which are being prescribed or advised to the members. They are
pilgrims, fueral prayers and especially deeds of marian piety, and the frequent observance of confession
and communion. The most pious confraternities exhort their members to daily prayer and even to
mental oration.
Toute confrérie a une intention religieuse. Elle s'est placée sous la protection d'un
mystère divin, ou bien d'un ou de plusieurs saints, à qui elle consacre un autel et dont
elle célèbre la fête. Mais pour mériter le titre de confrérie de dévotion, il lui faut
d'autres caractères, que nous avons essayé de définir dans un article récent1: l'accès
de la confrérie est largement ouvert à tous, ecclésiastiques et laïcs, hommes et
femmes, et pour cela le droit d'entrée est peu élevé ; tous les membres de la confrérie
sont également participants de tous les exercices ; il n'est pas prévu de banquet ; la
confrérie organise des exercices de piété collectifs, directement en rapport avec le
mystère ou le saint qu'elle entend honorer ; enfin la confrérie exhorte ses membres à
accomplir des actes de piété individuelle. C'est à ce dernier point que nous voudrions
nous intéresser ici, en essayant de distinguer les degrés d'implication personnelle qui
sont demandés aux confrères et aux consœurs.
Les pèlerinages
Certaines confréries organisent des pèlerinages, qui ne sont pas nécessairement
reliés à leur saint patron. Voici d'abord une confrérie dont le déplacement se limite à
quelques kilomètres en amont et en aval de Rouen : 284 HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE
«On faira tous les ans deux voyages, où tous les maistres et serviteurs assisteront. Le premier se
faira à la chapelle de Saint Adrian, paroisse de Bellebeuf, le jour de l'octave du St Sacrement Et le
second se faira au couvent des pères Penitens de Ste Barbe, paroisse de Canteleu, le jour de Saint
Denys»2.
De la même façon, la confrérie de Ste Clotilde fait tous les ans un «voyage» aux An-
delys, où se trouve une fontaine miraculeuse dédiée à la sainte3. Telle autre confrérie,
fort ancienne et protégée par la Trinité divine, par la sainte Famille et par huit autres
saintes, entraîne chaque année tous ses membres sur le tombeau de sainte Austreberte
à Pavilly, soit à une vingtaine de kilomètres au N.O. de Rouen4, les confrères de Saint
Firmin, sur la paroisse St-Eloi, «ont coutume d'aller en procession à Saint Firmin
proche Montfort, diocèse de Lisieux»5. Enfin, en 1747, les «associés» de Notre-
Dame-de-Grâce (paroisse St Nicaise) demandent la permission de faire un pèlerinage à
notre-Dame de Bonsecours6, le sanctuaire mariai encore très modeste, dont le XIXe
siècle fera la basilique protectrice de l'agglomération rouennaise.
On remarque sans étonnement que les pèlerinages collectifs des confréries sont à
court rayon d'action. Ils ne dépassent pas la journée de marche aller-retour. Mais
n'oublions pas que beaucoup d'anciennes charités encourageaient de leurs aumônes et
de leurs suffrages les pèlerinages lointains aux grands sanctuaires de chrétienté7.
Nous retrouvons cela, en termes archaïques, dans une confrérie déjà citée qui faisait
tous les ans des «voyages» collectifs à St Adrien et à Ste Barbe :
«Item si quelqu'un de ladite confrérie a dévotion de faire les voyages de Rome, de Jerusalem, ou de
St Jacques en Galice, la confrairie l'aydera de la somme de vingt sols s'il en a besoin et s'il a
deuement payé ses deniers annuels. Et en outre on célébrera une basse messe à son intention. On
donnera la somme de dix sols à ceux qui fairont le voyage de St Main»**.
C'est qu'on attend de ce pèlerin qu'il gagne pour ses confrères, et qu'il leur rap
porte à son retour, un trésor de grâces et d'indulgences.
Mais il y a aussi des confréries dans lesquelles le pèlerinage est préalable à
l'admission. La plus ancienne me paraît être une confrérie de Saint Jacques (paroisse
St- Vivien) : approuvée par l'archevêque en 1537, elle est toujours signalée en 1697 9.
Sous sa dépendance se trouve une confrérie d'anciens pèlerins à deux autres sanc
tuaires d'Espagne, Notre-Dame du Pilier et Saint- Salvateur ; elle est localisée au cou
vent des Dominicains10. Voici encore la confrérie de Notre-Dame de Lorette et Saint
Pierre, dans la paroisse de St-Pierre-du-Châtel, qui réunit «les personnes qui ont fait
le voyage de Nostre Dame de Lorette et de Rome»11. Dans cette catégorie, nous ne
comptons pas moins de quatre confréries pour les anciens pèlerins de Saint Michel.
L'une, dans la paroisse St Vivien, reçoit «ceux et celles qui auront visité et visiteront
les saints lieux tant du Mont Gargan en Italie, province de la Pouille au royaume de
Naples, que du Mont- Saint-Michel en basse Normandie»12. Les statuts prévoient dans
quel esprit de dévotion doivent se mettre les pèlerins qui désireront partir, et de quelle
piété ils devront témoigner à leur retour : LES FORMES DE PIETE DES CONFRERIES DEVOTES DE ROUEN A L'EPOQUE MODERNE 285
«Item ceulx et celles qui auront fait desdits voyages pourront eux faire enregistrer au cathalogue de
ladite confrairie, le jour de leur entrée seront confessez et communiez, feront prières à Dieu pour
l'exaltation de n(ot)re mere Ste Eglise, extirpation des heresies, pour la paix generalle entre les
princes chrestiens, et accroissement de la maison royalle».
Dans la paroisse Saint- Jean, en 1606, six prêtres, les trois marguilliers et dix-huit
autres laïcs se sont réunis pour fixer un règlement «que pour l'avenir désirons estre
observé entre nous ayant faict le voyage du Mont-Saint-Michel et visité le saint
lieu»13.
Dans la confrérie Saint Michel de la paroisse Saint Maclou, on se contente
d'exiger des maîtres qu&