Les habitants d Évreux et le repeuplement d Arras en 1479 - article ; n°1 ; vol.84, pg 284-297
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Les habitants d'Évreux et le repeuplement d'Arras en 1479 - article ; n°1 ; vol.84, pg 284-297

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1923 - Volume 84 - Numéro 1 - Pages 284-297
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1923
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Stein
Les habitants d'Évreux et le repeuplement d'Arras en 1479
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1923, tome 84. pp. 284-297.
Citer ce document / Cite this document :
Stein Henri. Les habitants d'Évreux et le repeuplement d'Arras en 1479. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1923, tome 84.
pp. 284-297.
doi : 10.3406/bec.1923.448694
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1923_num_84_1_448694LES
HABITANTS D'ÉVREUX
ET LE
REPEUPLEMENT D'ARRAS EN 1479
On connaît les circonstances dans lesquelles Louis XI, après
avoir exilé en masse les habitants d' Arras suspects de fomenter
une insurrection contre lui et de protester contre leur annexion
à la France1,, chercha à infuser dans cette ville un esprit nouveau
en changeant jusqu'à son nom et en y amenant de force, des
citoyens tout à fait étrangers au pays. Le procédé était violent;
la faute fut lourde, et ceux-là même qui se sont montrés le plus
favorables au roi ont blâmé les cruautés d'une répression que la
colère peut expliquer, mais qu'une bonne politique réprouve.
On connaît les événements : expulsion en masse des habitants
(2 juin 1479) ~, convocation d'une assemblée de notables (12 juin),
instructiqn adressée aux principales villes du royaume (21 juin).
De nombreuses familles, recrutées partout, devaient se rendre
à Arras (devenu Franchise), aux frais des municipalités des villes
d'où elles provenaient. Le roi leur promettait des privilèges
et des immunités exceptionnelles. On sait dans quelles circons
tances partirent les colons qu'envoyèrent Troyes3, Lyon4, Or-
1. L'opposition systématique des habitants d' Arras datait du jour où ils
avaient été annexés au royaume de France (1477) et s'augmenta du fait que
les artilleurs français vinrent canonner la ville pour l'obliger à composition.
Chaque fois que les hostilités recommençaient, les Arrageois manifestaient des
sentiments antifrançais.
2. L'exode avait commencé le 15 mai, d'après le journal de Gérard Robert;
la date du 2 juin est celle du gros de l'expulsion, qui avait débuté par les cél
ibataires et les serviteurs.
3. Louis XI et la ville d' Arras, par Th. Boutiot, Troyes, 1867, in-8°, 78 p.
4. Arras et Lyon, par l'abbé A. Sachet {Revue d'histoire de Lyon, 1914,
fasc. 6, et à part, Lyon, 1915, in-8°, 75 p.). HABITANTS D ÉVREUX ET LE REPEUPLEMENT DARRAS EN 1479. 285 LES
leans1, Tours2, Vierzon3, Châteaudun4, Montferrand5 et un
grand nombre d'autres cités du centre de la France0. Il fallait
trois mille ménages : Tours était taxé à cinquante, Orléans à
soixante-dix, Troy es à quarante-huit, et les autres en proportion
sans doute de leur population et de leur activité industrielle7.
Les provinces du Lyonnais, du Beaujolais, du Forez, du Dau-
phiné, d'Auvergne, du Bourbonnais, du Rouergue et du Lan
guedoc devaient fournir vingt marchands et deux cents ouvriers.
Il n'a jamais été question jusqu'ici de la participation de la
Normandie à cet exode obligatoire, et cependant son exclusion
aurait surpris. Gomme les cités voisines sans doute8, Évreux
fut invité à envoyer son contingent de familles, évalué à vingt-
cinq, comme il appert d'un petit dossier inédit qui nous a été
conservé9.
1. Documents découverts aux archives municipales d'Orléans par Veyrier du
Muraud et, utilisés dans la brochure de A.. Laroche indiquée ci-après, note 7.
2.aux archives de Tours par Paul Viol-
let et utilisés dans le même travail.
3. Société historique du Cher, 1896, p. 268-272. Vierzon envoya trois ménag
ers dont un boulanger et un charron.
4. Familles dunoises forcées par ordre du roi d'aller habiter Arras, par
Brossier-Géray {Bulletins de la Société dunoise, t. V, 1888, p. 339-344).
5. Compte de voyage d'habitants de Montferrand à Arras en 4479, par
E. ïeilhard de Chardin, dans Bibliothèque de l'École des chartes, t. LXVII
(1906), p. 13-59.
6. Angers,. Le Mans, Chartres, Châteaudun, Vendôme, Blois, Orléans, Gien,
Nevers, Bourges, Issoudun, Loches, Châtellerault, Chinon et Sauinur, et un peu
plus tard Romoranlin, Meung-sur-Loire, Beaugency, Sully-sur-Loire, Pithiviers,
entre autres. Quatre villes d'Auvergne, Clermont, Montferrand, Saint-Pourçain
et Cusset, envoyèrent des ménagers qui se retrouvèrent à Lyon et voyagèrent
ensemble. — Le Midi fut également mis à contribution; on en a l'assurance
pour Nîmes, Albi (Revue hist, du Tarn, 1879, t. II, p. 162), Toulouse, mais
dans une proportion très faible, probablement en raison de la distance.
7. « Pensez quel doeil au cœur debvoient avoir autant les uns que les au! très
à l'angoisseux département du lieu de leur nativité et querant estrange patrie
différente à leur nation » (Molinet, édit. Buchon, t. II, p. 195). Pour les détails,
voir A. Laroche, Une vengeance de Louis XI (Mémoires de l'Académie d' Ar
ras, t. XXXVII, 1865, p. 237-356); Paris, Louis XI et la ville d' Arras (ibid.,
2B série, 1867, t. I, p. 133-234); E. Lecesne, Histoire d' Arras (Arras, 1880,
2 vol. in-8°); H. Sée, Louis XI et les villes (Paris, 1891, in-8"), p. 288-290, et
les travaux cités plus haut.
8. C'est à Rouen qu'eut lieu la réunion des commissaires royaux chargés de
la répartition.
9. Bibliothèque nationale, Collection de Colbert-Flandre, ms, 183. — Nous
publions en appendice une partie des pièces qui forment ce dossier. 286 LES HABITANTS d'eVREÜX ET LE REPEUPLEMENT d'aRRAS EN 1479.
Les ménages d'Evreux ainsi désignés pour s'expatrier se com
posaient de deux bouchers, Guillot Lesage et Noël Agasse, d'un
mercier, Colin Lemonnier, d'un tavernier, Pierre Durant, de
deux chaussetiers, Jean Duval et Olivier Trigou, d'un couturier,
Jean Jourdain dit Falaise, d'un sellier, Jean Bertrand, d'un
armurier-fourbisseur, Jean Potin, d'un menuisier, Mausse Dela-
mare, d'un peigneur de laines et fabricant de londiers, Jacques
Chevalier, d'un tisserand, Etienne Texier, d'un foulon, Jean
Martin, de deux drapiers, Michelet Lemonnier et Regnault Fré-
tart, d'un industriel exerçant à la fois les métiers de drapier,
foulon, tondeur et laveur, Jean Le Diacre, et de neuf autres dont
les professions ne nous sont pas connues1. Accompagnées par
un délégué de la ville, ces familles partirent d'Evreux le 5 juil
let sur quarante-neuf charrettes qui les transportaient, elles et
leurs bagages, passèrent par Abbeville et arrivèrent à Franchise
le 162; leur « manager », Marguerin Thierry, y demeura plu
sieurs semaines pour s'entendre avec les commissaires royaux
et installer dans leurs nouveaux logis les ménages dont on lui
avait confié la surveillance3. Chevaux et charrettes avaient
pour conducteurs des individus que l'on avait réquisitionnés,
deux par deux4, dans toute la campagne avoisinante, et notam
ment à Caër5, Aviron, Guichainville, Sassey, Sacquenville,
Tournedos, Fauville6, La Croisille7. Un sergent de La Bonne-
ville8, nommé Jacques de Montmirail, avait été chargé, moyen
nant 12 livres, de rechercher charretiers et charrettes dans les
1. Du moins savons-nous les noms de Jean Costart, Antoine Rivet, Colin
Duvaucel, Thomas Taupin, Michel des Ventes, Guillaume Lenormant et Jean
Gallois, qui reçurent chacun cent sous pour « subvenir à leurs affaires et
nécessités »; ce qui semble indiquer une condition sociale inférieure aux mar
chands et industriels qui viennent d'être nommément cités.
2. Les ménagers d'Auvergne n'arrivèrent que le 2 août.
3. Pendant ce temps, un des commissaires de l'artillerie royale, Guillaume
Rossignol, était chargé de conduire d'Evreux à Châlons soixante chevaux et
vingt-cinq charrettes « pour aller à Ghâlons et y charger partie de l'artillerie
et la conduire selon le bon plaisir du roi »; il recevait six écus d'or pour ce
déplacement.
4. Chaque groupe de deux toucha huit livres deux sous six deniers d'i
ndemnité.
5. Commune de Normanville, canton d'Evreux.
6. Tous canton d'Evreux.
7. Canton de Conches (Eure).
8. Même canton. HABITANTS d'ÉVREUX ET LE REPEUPLEMENT d'aRIVAS EN 1479. 287 LES
différentes paroisses de la vicomte d'Évreux, et d'accompagner 1
toute la caravane jusqu'à Fra

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