Les industries culturelles - article ; n°1 ; vol.5, pg 37-50
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Les Cahiers de la publicité - Année 1963 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 37-50
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Publié le 01 janvier 1963
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Langue Français
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Jean Boniface
Les industries culturelles
In: Les Cahiers de la publicité. N°5, pp. 37-50.
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Boniface Jean. Les industries culturelles. In: Les Cahiers de la publicité. N°5, pp. 37-50.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_1268-7251_1963_num_5_1_4796les Industries
culturelles
populaires Journaliste où depuis il a particulièrement douze ans dans suivi des journaux les pro
blèmes sociaux et culturels, Jean BONIFACE est
actuellement rédacteur en chef adjoint du « Coopé-
rateur de France », organe du Mouvement coopérat
if de consommation, qui tire tous les quinze
jours à 1.200.000 exemplaires. Il a publié récem
ment un ouvrage préfacé par Alfred Sauvy,
Arts de Masse et Grand Public (Editions Ouv
rières), dans lequel il étudie la consommation
culturelle des Français.
Les façons dont les hommes communiquent entre eux sont fort
diverses, elles ont évolué au cours des âges, et se sont compliquées
en passant des civilisations orales à nos sociétés modernes. Les signes
qui transmettent les messages s'incarnent dans le son, la parole, l'image,
le geste. Mais il y a loin de la simple transmission d'homme à homme
directe aux instruments puissants, aux relais gigantesques, aux sys
tèmes devant lesquels nous nous trouvons aujourd'hui.
Comment ils sont produits, comment ils sont diffusés, c'est là un
vaste sujet dont il ne sera possible ici que de donner un aperçu. Cette
brièveté comporte au moins un intérêt, celui de faciliter la comparai
son entre les cinq grands moyens de diffusion de masse et de montrer
en raccourci, à côté de nombreuses différences, de nombreuses simi
litudes, tenant autant à leurs structures qu'aux caractères généraux
des sociétés.
Ce sont ces similitudes que nous voudrions dégager. Et la plus essent
ielle à notre avis est qu'à l'échelle même de ces sociétés, les messages
sont maintenant produits et diffusés d'une manière industrielle. Cette
vérité, apparemment banale, mérite d'être creusée. Au départ, on
verra que l'édition, la presse, le cinéma, la radio et la télévision sont
des industries comme les autres, structurées, outillées, approvisionnées
comme les autres, que leur fabrication, leur financement, leur vente
sont soumis aux mêmes impératifs que les autres. A l'arrivée, on verra
37 qu'elles ont des caractères spécifiques. Ce qu'elles fabriquent et vendent
en série est un message humain, ce n'est pas un simple objet manuf
acturé. D'où une ambiguïté et une tension très particulières. D'où
également la division de cet article : une première partie qui décrit
les structures des grands moyens de communication, une seconde qui
étudie leur production, leur financement et leur concentration et
enfin une troisième partie formant une sorte de conclusion et traitant
des problèmes originaux des industries culturelles.
I LES STRUCTURES
Nous constatons tout d'abord que les moyens de diffusion sont de
gros consommateurs de matières premières et d'énergie. Ils dépendent
autant de leur approvisionnement en papier, en pellicules, en bandes
magnétiques et en électricité que de la fécondité des artistes, des
auteurs et des journalistes, c'est-à-dire en premier lieu des industries
papetières, chimiques et électriques.
Faim de papier.
Il suffit de rappeler que le désir de savoir beaucoup et vite est
représenté de nos jours comme une faim de papier. Les peuples qui
arrivent à l'indépendance veulent du pain pour vivre, mais aussi du
papier pour diffuser l'instruction et les nouvelles. Aussi la consom
mation de papier a-t-elle doublé en moins de trente ans dans le monde,
passant de 8 millions de tonnes en 1938 à 16 millions en 1962 (1).
Le taux de croissance atteint son maximum dans les pays industrialisés
où il est de 7 à 10 % par an. En France, la presse qui en 1951 avait
consommé 300.000 tonnes de papier, en a eu besoin en 1962 de plus
de 600.000 (2), soit le double en dix années.
Des journaux importants peuvent se permettre de s'approvisionner
directement auprès des papeteries, dans lesquelles certains comme le
groupe Prouvost, ont d'ailleurs des intérêts. Les deux tiers d'entre eux
passent en fait par le canal d'une Union de Coopératives, dites « La
Société Professionnelle des Papiers de Presse » (S.P.P.P.), qui stocke
et revend. Concentré au stade de gros, le papier-journal l'est également
à la production, puisqu'il provient pour 80 % de trois sociétés. La
seule usine du Grand Couronné assurerait le tiers de la production
française. Les importations en provenance de Scandinavie et du
Canada ne représentent que le sixième de notre consommation (3)
(1) Dont 7 pour les Etats-Unis,
(2) Une centaine de mille en papier luxe et le reste en « papier de presse ».
A titre indicatif, le groupe Franpar consomme par an 90.000 tonnes; le « New-York
Times » 240.000 tonnes. Pour plus de détails, voir : Bernard Voyenne, « La Presse
dans la Société contemporaine» (Armand Colin, 1962).
(3) Mais nous importons plus de 60 % des pâtes à papier utilisées par nos
papeteries.
38 et, en dépit des nuages de l'avenir, notre industrie papetière est floris
sante, ses débouchés assurés et croissants.
1.000.000 de km de films.
L'industrie chimique est aussi un gros fourniseur des Moyens de
Masse, et particulièrement sous forme de pellicules. Le total de notre
consommation en 1962 est impressionnant : 320.000 km de films en
16 mm, un million de km de films en 35 mm (4), plus de trois fois
la distance de la terre à la lune. Le cinéma est le plus gros client,
la R.T.F. se satisfaisant de 6.000 km, auxquels elle ajoute 76.000 km
de bandes magnétiques et 13.000 disques souples (chiffres 1960).
En prodiguant ces chiffres, nous avons voulu montrer à quel point
les techniques de diffusion sont enracinées dans l'économie et n'atte
ignent les esprits qu'à travers la matière et l'énergie. Bien plus import
ant est cependant le travail d'élaboration intellectuelle et de diffusion,
c'est-à-dire de l'outillage, de l'appareil commercial et de la main-
d'uvre.
Des rotatives aux caméras.
Il est difficile d'évaluer le capital immobilisé par exemple dans
les imprimeries. Leur matériel est considérable et très coûteux : une
rotative approche du milliard d'anciens francs, une linotype vaut
une dizaine de millions, les nouveaux procédés d'impression en couleur
ont un prix de revient astronomique.
Aussi les locations de service que doivent régler aux imprimeurs,
éditeurs et journaux sont-elles considérables. A moins qu'ils soient
eux-mêmes propriétaires, ce qui est rare dans l'édition (5), mais plus
fréquent dans la presse : les grands quotidiens possèdent leur impri
merie, c'est à la fois le secret de leur solidité et de leurs limites.
Auprès de ces grands parcs à machines qui débitent le livre, le
journal et le magazine, l'outillage du cinéma, de la radio et de la
télévision semble ultra-léger. Il n'en est pas moins extrêmement coû
teux, étendu et diversifié; studios pour la radio au nombre d'une
centaine, pour la télévision au nombre d'une quinzaine, les uns et
les autres insuffisants, plateaux pour le cinéma au nombre d'une
quarantaine, matériel électrique, électronique, photographique, mécan
ique, cars de reportage, caméras, vidéos, télécinéma, laboratoires,
ateliers de montage et plus encore peut-être, infrastructure pour
diffuser vite et partout les images et les sons.
Qui dit messages dit en effet transmission des messages. On les
fabrique en série pour qu'ils atteignent la plus grande masse possible,
(4) Deux firmes (Kodak et Bauchet) monopolisent la production française. Un
contingent assez faible provient de l'étranger.
(5) 5 % des éditeurs, dont Larousse qui est tout de même un géant.
39 le plus vite possible. La radio et la télévision bénéficient du privilège
de gagner instantanément le cur de millions de foyers. Encore faut-
il un équipement adéquat. La radio française a construit une centaine
de stations d'émission et 55 centres. La télévision est plus exigeante
encore, ses on

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