Les médecins - article ; n°4 ; vol.9, pg 881-900
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Description

Revue française de science politique - Année 1959 - Volume 9 - Numéro 4 - Pages 881-900
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Jacqueline Pincemin
Monsieur Alain Laugier
Les médecins
In: Revue française de science politique, 9e année, n°4, 1959. pp. 881-900.
Citer ce document / Cite this document :
Pincemin Jacqueline, Laugier Alain. Les médecins. In: Revue française de science politique, 9e année, n°4, 1959. pp. 881-900.
doi : 10.3406/rfsp.1959.403030
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1959_num_9_4_403030Médecins Les
JACQUELINE PINCEMIN et ALAIN LAUGIER
// faut approcher la politique et la médecine
et les mettre toutes deux dans la voie des
sciences expérimentales. — Claude Bernard.
La médecine moderne, scientifique et sociale
Dans tous les pays développés, l'organisation libérale de la médec
ine, qui s'était épanouie au début du xixe siècle avec l'affirmation
politique de la bourgeoisie, s'est vue progressivement mise en cause
par l'effet de deux évolutions simultanées, l'une scientifique et
technique, l'autre sociale, qui ont transformé à la fois les buts de
la médecine et ses conditions d'exercice 1. Les découvertes scienti
fiques, qui se multiplient à un rythme accéléré depuis la fin du
siècle dernier, ont rendu la médecine de soins efficace, technique
et coûteuse, et ont entraîné la naissance de la médecine prévent
ive, médecine par nature collective et autoritaire. La reconnais
sance du droit à la santé, inscrit dans la plupart des constitutions
contemporaines, a imposé à l'Etat le devoir de définir une poli
tique sanitaire et de dégager les ressources permettant de la mener
1. Voir: Péquignot (Henri), «La médecine moderne, scientifique et
sociale», Impact, science et société V (4), décembre 1954, pp. 219-277; du
même auteur : Eléments de politique et d'administration sanitaires, Paris, Expans
ion scientifique française, 1954, 263 p. Laroque (Pierre), Réflexions sur le
problème social. Evolution ou révolution, Paris, Les Editions sociales françaises,
1953, surtout pp. 69-74 ; du même auteur : Les grands problèmes sociaux con
temporains, Paris, Les Cours de droit, 1957-1958, pp. 90-123.
881 Jacqueline Pincemin et Alain Laugier
à bien, tandis que, pour remédier à l'insuffisance financière des
individus face au coût croissant des soins et pour réaliser autant
que possible l'égalité des chances devant la médecine, il a dû
mettre sur pied ou encourager des systèmes divers d'assurance-
maladie. Cette évolution a modifié à la fois la place et les carac
tères de la médecine de cabinet : par le rôle toujours croissant
joué par les hôpitaux dans l'administration des soins (les hôpitaux
n'étant plus réservés aux indigents mais s'ouvrant à toutes les
catégories de la population), par le développement d'un salariat
médical (principalement dans des tâches de prévention, mais aussi
dans des tâches de soins), par la différenciation en praticiens et
spécialistes, par l'apparition à côté de la tâche technique du pra
ticien d'une tâche administrative, qui lui donne une responsabilité
très précise d'ordonnateur (selon une terminologie que générale
ment il abhorre) de budgets publics ou semi-publics, enfin par
l'intervention de tiers, contrôleurs et parfois payeurs, entre le médec
in et le malade. Mais c'est aussi la situation du corps médical
qui a changé : autrefois travailleurs isolés œuvrant sans auxiliaires
techniques, les médecins forment aujourd'hui l'élément moteur d'un
véritable secteur économique autonome qu'on a proposé d'appeler
« l'industrie sanitaire », industrie en pleine expansion.
Si tous les pays développés se sont trouvés en matière médicale,
en face des mêmes problèmes, ils ne les ont pas résolus d'une
manière uniforme. Sauvegarder l'indépendance technique et morale
des médecins et la liberté des malades est affaire de tâtonnements
et de tempéraments nationaux. Formules de liberté et formules d'or
ganisation s'affrontent, s'éliminent, ou coexistent. La France fait
partie des pays, rares en Europe occidentale, qui n'ont pas aban
donné l'exercice libéral de la médecine. Cela donne au corps médic
al français une physionomie complexe et des réactions particulières.
Unité et diversité du corps médical français
Les docteurs en médecine diplômés d'une Faculté française et de
nationalité française ont le monopole de l'exercice de la médecine
en France. Ces conditions strictes d'accès à la profession médi
cale en font un groupe social numériquement bien défini, et inte
llectuellement homogène. En effet, si les concours hospitaliers et
882 Médecins Les
universitaires dégagent une élite professionnelle, l'unité du diplôme
de docteur en médecine 2, délivré à la fin d'études supérieures d'une
durée minimum de sept années, fonde le sentiment d'appartenir à
un groupe privilégié d'intellectuels, à la fois hommes de science
et hommes de pratique, qui, dès les premières années d'études, ont
été affrontés aux problèmes humains de leur future profession.
L'unité du débouché renforce l'unité du diplôme : cependant, par
rapport au nombre total des médecins formés par les treize Facultés
et les onze Ecoles de médecine, la proportion de ceux qui n'exercent
pas la médecine, soit qu'ils n'aient aucune activité professionnelle,
soit qu'ils se consacrent à la politique, à la littérature, à la recherche
scientifique non médicale ou au commerce..., est loin d'être négli
geable. On peut évaluer le nombre des médecins vivants, exer
çant ou ayant exercé, à plus de 47 000 s : plus de 42 000 médec
ins inscrits aux tableaux de l'Ordre 4, plus de 2 500 médecins rece
vant les prestations de la Caisse autonome de retraite des médecins,
2 400 médecins militaires, et les diverses catégories de médecins
fonctionnaires qui ne sont pas inscrits à l'Ordre (principalement
inspecteurs de la Santé et professeurs agrégés non patentés). En
2. Les mesures dérogatoires sont exceptionnelles ; elles ne portent que sur
les validations de situations nées des événements militaires et sur l'exercice
de la médecine dans certains communes frontalières régies par des conventions
internationales et des conventions de réciprocité.
3. Etudes récentes de démographie médicale : Bourgeois-Pichat (J-),
« Etude démographique du corps médical », La Retraite, bulletin de la Caisse
autonome de retraite des médecins français, juin 1953, octobre 1953, décembre
1953. Magnin (E.), Lavier (Georges), Debray (Jean-Robert), Berlioz (Charles),
Barthe (René), Guéniot (Maurice), Compte rendu de la Commission inter
ministérielle de démographie médicale, dans Bulletin de l'Ordre des médecins,
mars 1954. Theil (Pierre), «Essai sur la pléthore et ses aspects socio-écono
miques», Annales de médecine praticienne et sociale 11 (138, 139, 140, 141,
142, 144), juin, juillet, août, septembre, octobre, décembre 1955. Du même
auteur : « La pléthore médicale », Bulletin du Conseil départemental de l'Ordre
de la Seine, juin 1956. Laugier (Alain), «La démographie médicale, problème
économique», Problèmes, n° 29, septembre 1955. Chasteland (Jean-Claude),
Laugier (Alain), «Corps médical et expansion de la médecine», Esprit 25 (2),
février 1957, pp. 209-226. Laugier (Alain), Rôsch (Georges), «L'espace médi
cal français», Supplément au Concours médical, n° 13, 30 mars 1957; n° 17,
27 avril 1957; n° 21, 25 mai 1957; n° 43, 26 oct. 1957; n° 52, 28 déc. 1957.
4. Les statistiques de l'Ordre national des médecins indiquaient au 1er jan
vier 1957, 42 239 médecins inscrits aux tableaux (Informations statistiques, Sup
plément au Bulletin officiel de l'Education nationale, septembre 1957). Les sta
tistiques fiscales donnent, pour 1956, 30 318 médecins imposés sur des bénéfices
non commerciaux, c'est-à-dire ayant une activité libérale vraie: cf. Laugier (A.),
Rôsch (G.), Chasserant (M.), 

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