Les multiples d'or, de l'avènement de Dioclétien à la mort de Constantin. Essai de classement métrologique - article ; n°14 ; vol.6, pg 49-82

Bastien (Pierre)

Description

Revue numismatique - Année 1972 - Volume 6 - Numéro 14 - Pages 49-82
P. Bastien, Les multiples d'or, de Vavènement de Dioclétien à la mort de Constantin. Essai de classement métrologique. — Dioclétien adopte en 286 Yaureus au 1 /60 de livre. Les multiples de cette unité semblent s'ordonner en trois systèmes : 2 1/2, 5 et 10 aurei ; 2, 4 et 8 aurei ; 1 1/2, 3 et 6 aurei. En revanche Yaureus lourd frappé sous les Tétrarchies ne correspond pas à un multiple d'un aureus 1/4 mais bien à une espèce taillée au 1/50 de livre. Il s'agit d'une monnaie de fête émise à l'occasion des largesses impériales. Après la création du solidus apparaissent deux systèmes de multiples : 1 1/2, 3 et 6 solidi ; 4 1 /2 et 9 solidi. Les doubles solidi ne s'intègrent dans aucun système. En effet, les multiples de 4 et de 8 solidi décrits par certains numismates restent hypothétiques. Enfin, au-delà de 9 solidi l'extrême rareté des exemplaires connus ne permet aucun classement. Des aurei au 1/60 de livre, et non des multiples d'un solidus 1/4, continuent à être frappés durant le règne de Constantin. Ces Festaurei remplacent les aurei au 1/50 de livre de la période précédente. Cet essai de classement métrologique est basé sur les poids d'environ 400 multiples et monnaies de fête.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_NUMISMATIQUE
• Publié le: 01 janvier 1972
• Nombre de lectures: 37
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Pierre Bastien
Les multiples d'or, de l'avènement de Dioclétien à la mort de
Constantin. Essai de classement métrologique
In: Revue numismatique, 6e série - Tome 14, année 1972 pp. 49-82.
Résumé
P. Bastien, Les multiples d'or, de Vavènement de Dioclétien à la mort de Constantin. Essai de classement métrologique. —
Dioclétien adopte en 286 Yaureus au 1 /60 de livre. Les multiples de cette unité semblent s'ordonner en trois systèmes : 2 1/2, 5
et 10 aurei ; 2, 4 et 8 aurei ; 1 1/2, 3 et 6 aurei. En revanche Yaureus lourd frappé sous les Tétrarchies ne correspond pas à un
multiple d'un aureus 1/4 mais bien à une espèce taillée au 1/50 de livre. Il s'agit d'une monnaie de fête émise à l'occasion des
largesses impériales. Après la création du solidus apparaissent deux systèmes de multiples : 1 1/2, 3 et 6 solidi ; 4 1 /2 et 9
solidi. Les doubles solidi ne s'intègrent dans aucun système. En effet, les multiples de 4 et de 8 solidi décrits par certains
numismates restent hypothétiques. Enfin, au-delà de 9 solidi l'extrême rareté des exemplaires connus ne permet aucun
classement. Des aurei au 1/60 de livre, et non des multiples d'un solidus 1/4, continuent à être frappés durant le règne de
Constantin. Ces Festaurei remplacent les aurei au 1/50 de livre de la période précédente. Cet essai de classement métrologique
est basé sur les poids d'environ 400 multiples et monnaies de fête.
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Bastien Pierre. Les multiples d'or, de l'avènement de Dioclétien à la mort de Constantin. Essai de classement métrologique. In:
Revue numismatique, 6e série - Tome 14, année 1972 pp. 49-82.
doi : 10.3406/numi.1972.1018
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_1972_num_6_14_1018Pierre BASTIEN
LES MULTIPLES D'OR,
DE L'AVÈNEMENT DE DIOCLÉTIEN
A LA MORT DE CONSTANTIN
Essai de classement métrologique
II y a bien longtemps que le caractère de multiples a été reconnu
aux monnaies d'or de module et de poids supérieurs à l'unité.
F. Lenormant distinguait les petits multiples, biniones ou terniones
de Valérien, Gallien et leurs successeurs ainsi que les doubles solidi
émis de Constantin à Honorius, qu'il considérait comme des espèces
destinées à la circulation journalière, et les opposait aux multiples
plus importants, qu'il assimilait à des médailles commémoratives
ou honorifiques offertes par l'empereur et destinées à être conser
vées par leurs bénéficiaires1. Plus récemment J. M. С Toynbee a
repris cette thèse, admettant que les petits multiples de 1 y2 et
2 solidi ont dû circuler, contrairement aux pièces plus lourdes,
témoignages de la faveur impériale, qui étaient thésaurisées2. Les
deux auteurs, comme d'ailleurs tous ceux qui ont traité du problème
des multiples, citent les textes bien connus des Scriptores Historiae
Augustae et de Grégoire de Tours, établissant que les gros « médaill
ons » d'or ont été offerts comme cadeaux. Le premier, extrait de la
Vie de Sévère-Alexandre, raconte que cet empereur fit fondre les
multiples d'or émis par Élagabal, estimant qu'un prince devait
limiter ses largesses à des monnaies de moindre valeur et écarter
1. F. Lenormant, Sur le poids des médaillons d'or impériaux, dans R.N., 1867,
p. 127 et 128 et La monnaie dans V antiquité, Paris, I, 1897, p. 11 et 12.
2. J. M. С Toynbee, Roman Medallions, Numismatic Studies, n° 5, A.N.S.,
New York, 1944, p. 22 et 23. 50 PIERRE BASTIEN
celles qui représentaient dix, trente, cinquante et même cent
aurei1. Le second décrit les pièces d'or d'une livre envoyées à
Chilpéric par Tibère Constantin2. Il faut néanmoins discuter
les affirmations de l'Histoire Auguste, dont une autre phrase
attribue à Sévère-Alexandre l'émission de tiers ďaurei'6. Les
multiples d'Élagabal et les tiers de Sévère-Alexandre n'ont proba
blement jamais été frappés. Ces monnaies doivent être contempor
aines de la date de publication de l'ouvrage, que la critique moder
ne situe à la fin du ive siècle, sinon au début du ve siècle.
Les gros « médaillons » d'or, rares avant Dioclétien vont se
multiplier sous le règne des Tétrarques et de leurs successeurs. Ils
sont thésaurises avec les aurei et les solidi comme le prouvent,
par exemple, trois des principales trouvailles d'or d'Occident :
Helleville, Beaurains et Sicile4. La différenciation entre les petits
multiples qui circulent et les gros qui sont amassés découle d'une
vue inexacte de la situation monétaire à la fin du 111e siècle et au
cours du ive siècle. Dioclétien, malgré ses efforts pour imposer un
aureus de poids stable, convertible en argentei, en monnaies
argentées (qu'on appelle, faute d'en connaître la dénomination
exacte nummi ou plus souvent folles) et en néo-antoniniani, a
échoué dans son entreprise. Les émissions d'or et d'argent sont
restées insuffisantes par rapport aux émissions de monnaies
argentées. Les prix ont augmenté et les monnaies de métal précieux
ont dépassé leur valeur en deniers, fixée lors de la réforme de 2945.
Comme le note J.-P. Callu, l'Édit du Maximum de 301 enregistre
l'échec de Dioclétien en taxant au même prix l'or monnayé et le
1. S.H.A., Alex. Sev., 39, 9 et 10, éd. E. Hohl, Teubner, Leipzig, I, 1927, p. 281 et
282. On connaît un odonio et un binio de Sévère-Alexandre. Cf. F. Gnecchi, / Meda-
glioni Romani, I, Milan, 1912, p. 4 et 5, pi. 1, 9 et 10.
2. Gregor. Turon., Hist. Franc, VI, II, éd. R. Poupardin, Paris, 1913, p. 208 et 209.
3. S.H.A., Alex. Sev., 39, 7, p. 281.
4. Pour la trouvaille de Helleville, cf. E. Babelon, La trouvaille monétaire de Hellev
ille (Manche) en 1780, dans Mélanges Numismaiiques, 4e série, Paris, 1912, p. 155 à
186, article déjà paru dans Bull. Soc. des Antiq. de Normandie, t. XXVIII, 1906-1912,
p. 11 à 50 et la R.N., 1906, p. 160 à 189 ; pour la trouvaille de Beaurains, cf. P. Bastien,
Médaillons et monnaies du Trésor de Beaurains (dit ď Arras), dans Bull, de la Soc.
Acad. des Antiq. de la Morinie, XIX, 1959, p. 161 à 184, où se trouve l'essentiel de la
bibliographie ; pour la trouvaille de Sicile, cf. R. A. G. Carson, Gold medallions of the
reign of Maxentius, dans vol. II, Alii, Congresso Internazionale di Numismatica, 11-
16 sept. 1961, Rome, 1965, p. 347 à 352, pi. XXVII. Rappelons que la trouvaille
publiée par J. Lafaurie, Trésor d'un navire romain trouvé en Méditerranée, dans R. N.,
1958, p. 79 à 104, se compose de 6 octonio (ou plus vraisemblablement de 6 multi
ples de 7 aurei y2, soit de 36 scrupules) de Claude le Gothique et de 35 aurei, émis
du règne de Gallien à celui d'Aurélien.
5. A. H. M. Jones, The later Roman empire 284-602, Oxford, I, 1964, p. 61. DOR 51 MULTIPLES
lingot de même poids et en décrochant les aurei et les argentei du
reste du système monétaire1. Dans des conditions la tendance
devait être à la thésaurisation de l'or.
La création du solidus par Constantin avait pour but de doter
l'empire d'une unité indiscutée quant à son titre et d'une taille
plus précise par rapport à la livre que celle de Yaureus2. A cet
égard la réforme de Constantin semble avoir réussi3 mais il n'est
pas certain que les solidi aient jamais été échangés sans pesée
préalable. Pour Th. Mommsen les paiements en or sous Constantin
se faisaient au poids et les lingots régulièrement contrôlés étaient
généralement acceptés4. La nomination sous Julien de vérifica
teurs5, puis la création des exagia solidi permettront ultérieurement
une surveillance plus efficace des transactions. D'ailleurs les varia
tions d'échange entre les solidi et les autres monnaies ont abouti
au fait que le public « achetait » les solidi plus qu'il ne les « chang
eait», situation contre laquelle ont réagi sans succès les empereurs
du ive siècle6. Ainsi les particuliers, sous Constantin comme sous
les Tétrarques, devaient thésauriser l'or et ne l'utiliser le plus
souvent que pour des opérations importantes ou le paiement des
impôts. Pour les multiples la preuve de ces échanges nous est
donnée par la faible u