Les origines de l intendance de Bretagne (suite) - article ; n°2 ; vol.30, pg 298-319
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Annales de Bretagne - Année 1914 - Volume 30 - Numéro 2 - Pages 298-319
22 pages

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Publié le 01 janvier 1914
Nombre de lectures 7
Langue Français
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Extrait

Séverin Canal
Les origines de l'intendance de Bretagne (suite)
In: Annales de Bretagne. Tome 30, numéro 2, 1914. pp. 298-319.
Citer ce document / Cite this document :
Canal Séverin. Les origines de l'intendance de Bretagne (suite). In: Annales de Bretagne. Tome 30, numéro 2, 1914. pp. 298-
319.
doi : 10.3406/abpo.1914.1419
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1914_num_30_2_1419SEVERIX CANAL
LES ORIGINES DE L'INTENDANCE DE BRETAGNE
{Suite)
CONCLUSION
Essayons de résumer brièvement la situation à laquelle
nous sommes arrivés en 1689. A première vue, il n'y a eu
en Bretagne jusqu'à cette époque que 4 ou 5 intendants
séparés les uns des autres par des espaces de temps plus ou
moins longs ; en 1689, il y a plus de 40 ans que l'on n'en a
pas vu dans la province. Néanmoins, si la Bretagne n'a pas
connu le nom depuis près d'un demi-siècle, à tout moment
elle a connu la chose ; d'une part, les commissaires députés
en diverses parties, auxquels il faut rattacher les intendants
comme Maupeou, Lasnier, Goëtlogon, etc. ; les premiers
commissaires du Conseil, d'autre part et parallèlement, ont
préparé la Bretagne à l'avènement des intendants de pro
vince. Ils l'ont habituée à voir des agents extraordinaires du
Roi et ne relevant que de lui, venir s'enquérir de l'état de la
province, lui demander de l'argent, réparer les abus dont elle
souffrait sans ménager personne ; ces commissaires de tous
ordres ont accoutumé les Bretons à voir leurs officiers ordi
naires, même les plus élevés, frappés, ou tout au moins sus
pendus de leurs fonctions. Peu à peu, ces commissaires sont
devenus plus puissants, plus fréquents : il est rare, à certains
moments, qu'un semestre se passe sans que l'on en voit
paraître un. Mais s'ils interviennent plus souvent, avec plus
d'autorité dans les affaires de la Bretagne, c'est que le pou
voir qu'ils représentent, celui du Roi de France, est main
tenant incontesté et a su s'imposer, même par la force, à tous
les sujets de quelque province qu'ils fussent A mesure que LES ORIGINES DE L 'INTENDANCE DE BRETAGNE. 299
grandissait le pouvoir central et, en l'espèce, celui de
Louis XIV, les autorités provinciales s'affaiblissaient à pro
portion, et si autrefois elles avaient pu évincer les intendants
par une opposition énergique, elles savaient que maintenant
cette ne servirait de rien, qu'à accroître peut-être
la sujétion de la Bretagne. Tout ce qui avait intérêt à ne pas
voir les commissaires extraordinaires prolonger leur séjour
jusqu'à devenir permanents a été mis hors d'état de résister :
le Parlement, par la suppression ou tout au moins la; dimi
nution du droit de remontrances et par un long exil de
14 années, a été dompté ; les Etats, auxquels on ai bien fait
entendre que s'ils subsistaient encore, c'était par une pure
grâce du Roi, ne peuvent plus faire entendre qu'une voix
sans force ; la seule arme qu'ils eussent entre les mains,
c'est-à-dire le droit de retarder le vote du don gratuit jusqu'à
ce qu'ils aient obtenu satisfaction, leur a été enlevé ; ils sont
obligés de voter le don dès la première séance et sans dél
ibération ; des réponses sèches et presque toujours négatives
sont en face de leurs doléances. Seul le gouverneur, par son
habileté à ménager le pouvoir central, en évitant de le mé
contenter, en lui prodiguant des assurances d'obéissance et
néanmoins en laissant arriver jusqu'à Paris les plaintes de
la province, afin qu'on put croire qu'elle n'était pas aussi
résignée qu'il y paraissait, seul le gouverneur avait pu être
un obstacle. Mais depuis longtemps déjà, il n'est que rare
ment dans la province ; on l'éloigné sous prétexte de missions
honorifiques ou simplement par désir de le voir à la Cour ;
on songe déjà à cet arrêt de mort des gouverneurs de Bre
tagne, la création des commandants en chef. Ainsi, jamais le
pouvoir royal n'a été aussi fort en Bretagne ; peut-être a-t-il
senti qu'il ne le serait jamais davantage. D'autre part, les
affaires de la province se trouvaient dans un désordre sans
cesse croissant, notamment au point de vue financier ; et ces
désordres étaient d'autant plus fâcheux que la monarchie de
Louis XIV devenait plus besogneuse que jamais. Le moment
était donc venu de river plus fortement par une nouvelle 300 LES ORIGINES DE L'INTENDANCE DE BRETAGNE.
attache la vieille péninsule armoricaine aux destinées de la
Monarchie française, c'est-à-dire, à cette époque, à la France
elle-même. Rien d'étonnant donc qu'au mois de janvier 1689,
on ait appris à la Cour de Versailles que M. Auguste-Robert
de Pomereu était nommé intendant de Bretagne ; à la vérité,
nous l'avons dit, il ne portait que le titre de commissaire
départi pour l'exécution des ordres du Roi W ; c'était adoucir
la médecine pour la province, mais pas plus que la Cour elle
ne s'y trompa, c'était bien un intendant, — au lendemain de
son arrivée la communauté de Rennes lui donna ce nom W-, —
et nul ne songea à lui faire opposition ; quelques semaines
même après sa nomination, le contrôleur général félicitait le
Premier président sur sa bonne intelligence avec l'inten
dant (3).
Notre sujet s'arrêterait donc ici ; nous croyons devoir nous
attarder encore un peu pour achever de montrer qu'à partir
de 1689 les intendants remplacent directement et intégral
ement les premiers commissaires du Conseil. Examinons
donc les rapports de Pomereu et des Etats de Bretagne en
1689.
La session s'ouvrit à Rennes, le 22 octobre. Pour la pre
mière fois depuis de longues années, elle ne fut pas ouverte
par le duc de Chaulnes, gouverneur. En effet, presque au
dernier moment, alors qu'il se trouvait à la Cour, il reçut
l'ordre de partir pour Rome comme ambassadeur auprès du
pape ; en même temps, le Roi nommait commandant en chef
en Bretagne le maréchal d'Estrées. Ainsi en moins d'une
année, c'était deux attaques directes contre l'autorité du
gouverneur ; l'intendant lui enlevait ses pouvoirs civils, le
commandant en chef ses pouvoirs militaires, à l'occasion
même ses prérogatives. Il paraît que le duc de Chaulnes fut
(1) Sa commission se trouve aux Arch. des Aff. étrang., Mémoires et
documents, 997, f° 78. — Pièce justificative n° XVI.
(2) Arch. mun. de Rennes, Registres de délibérations, 18 février 1689.
(3) C 5, 8 juin.. LES ORIGINES DE L'INTENDANCE DE BRETAGNE. 301
navré d>, mais il fallut obéir, et ce fut le maréchal d'Estrées
qui ouvrit la session. Quand il prit place, il avait, selon la
coutume, à sa droite le premier président du Parlement La
Paluère et à sa gauche « M. de Pomereu, conseille* d'Etat
ordinaire, départi par S. M. pour l'exécution de ses ordres
en Bretagne » <2). Les uns et les autres communiquèrent leurs
commissions. Celle de Pomereu, datée du 27 septembre, ne
présente rien de notable ; elle est semblable presque mot
pour mot à celle de Ch. Colbert, que nous avons analysée ;
s'il n'y avait pas l'adresse, absolument rien ne nous indiquer
ait que nous nous trouvons en présence d'un premier com
missaire singulièrement transformé (3). La commission du
second commissaire Lefebvre d'Eaubonne, conseiller au
Parlement de Paris, ne présente rien de particulièrement
intéressant, si ce n'est que la qualification de deuxième
commissaire apparaît pour la première fois officiell
ement M.
Après les allocutions d'usage Pomereu prit la parole,
fort vivement, à sa mode, dit Mme de Sévigné (5>. Il remontra
le zèle du Roi à anéantir l'hérésie, sa générosité à l'égard
du Roi d'Angleterre dépossédé, son soin à défendre ses
peuples. Puis, avec ce que quelques-uns appellent de la
finesse W, et qui nous semble à nous de l'impertinence, il
déclara qu'il était venu de la part de S. M. pour arrêter les
Etats dans leur zèle, les empêcher d'excéder leur puissance
et défendre d'offr

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