Les prénoms de nos ancêtres
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Choix de prénomination aux 17e et 18e siècles dans la sénéchaussée de Gourin

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Publié le 10 septembre 2013
Nombre de lectures 128
Langue Français

Extrait

1Les prénoms de nos ancêtres


Nommer un enfant n’est jamais un acte anodin. Longtemps avant la naissance, on en
discute, on dresse des listes que l’on épure peu à peu jusqu’à l’accouchement, jusqu’à ce qu’il ne
reste plus qu’un ou deux noms au final, selon que le nouveau-né sera fille ou garçon. La plupart
du temps, on optera pour un nom que l’on souhaite plutôt original, sans qu’il le soit trop quand
même, mais dans tous les cas, le choix sera fait par les parents. Et c’est là sans doute la différence
majeure entre nos comportements modernes et ceux de nos ancêtres pour qui le nom était
d’abord quelque chose qui se transmet avant d’être quelque chose qui se choisit.

e eNous allons voir ici les principales étapes de l’attribution d’un nom aux 17 et 18 siècles,
de la désignation des parrains et marraines à la cérémonie du baptême. Ce sera aussi l’occasion
d’évoquer brièvement la mode des noms multiples – phénomène marquant de la période – et les
effets sur la prénomination des décisions prises au concile de Trente en 1563. Nous avons choisi
d’étudier en particulier le secteur de l’ancienne sénéchaussée de Gourin, qui correspond à
2l’actuelle Cornouaille morbihannaise augmentée de la commune finistérienne de Leuhan.





1 e Cet article reprend dans ses grandes lignes une communication donnée à Lorient le 20 mai 2012 au 10 salon
de l’UGBH. Je renouvelle ici mes remerciements aux différentes associations généalogiques de la région pour
leur participation et leur soutien, et plus particulièrement le Cercle Généalogique Sud-Bretagne du Morbihan, le
Centre Généalogique et Historique du Poher, le Centre Généalogique du Finistère et le Centre Généalogique
des Côtes d’Armor.
2
Pour une présentation plus complète, je renvoie à mon mémoire de Master : Les choix de prénomination dans
e ela sénéchaussée de Gourin aux 17 et 18 siècles, Université de Rennes 2, 2012
1 Jusqu’à la Révolution française, les individus n’étaient pas désignés par leurs noms et
prénoms mais par leurs noms et surnoms. Nous conserverons donc ici la terminologie de l’époque. Le
nom est le nom de baptême, le nom personnel auquel on a adjoint à la fin du Moyen Age un surnom
devenu nom patronymique héréditaire. Cette primauté du nom de baptême sous l’Ancien Régime
e eest encore manifeste dans les listes nominatives des 17 et 18 siècles, notamment dans les tables
des registres paroissiaux, présentées la plupart du temps selon l’ordre alphabétique des noms de
baptême. La pratique a ainsi pour effet de mettre davantage l’accent sur l’individu plus que sur sa
lignée familiale.



Parrainage et prénomination



Si aujourd’hui le nom est généralement choisi bien avant la naissance, ce n’était pas
e eencore le cas aux 17 et 18 siècles. Premièrement parce que l’attribution publique du nom était
l’une des fonctions attitrées des parrains et marraines à qui il revenait de nommer le nouveau-né
pendant la cérémonie du baptême. Secondement parce que l’usage défendait aux parents de
3choisir les parraines et marraines avant la naissance de l’enfant. Dans la pratique, le nom était
donc choisi généralement le jour du baptême, soit que le père s’en remettait au choix de ses
compères et commères, soit qu’il trouvait un arrangement avec eux pour attribuer un nom à sa
convenance. Comme nous constatons généralement dans les statistiques un taux de transmissions
4 e ehomonymiques de l’ordre de 80 à 90% au cours des 17 et 18 siècles, il n’est pas exagéré de dire
qu’à cette époque le choix du parrain augurait presque toujours du choix du nom.


3 Cf. ALEXANDRE BOUËT, Breiz Izel ou Vie des Bretons de l’Armorique, 1836, édition de 1844, p. 33
4
Il y a « transmission homonymique » lorsque le parrain transmet son nom à son filleul (ou la marraine à sa
filleule).
2
Transmissions homonymiques à Gourin

120%
100%

Joseph
80%
Louis
60%
Pierre
40%
Yves
20%

0%




Lorsque l’on analyse les cas où les parrains et marraines ne transmettaient pas leurs
propres noms, nous nous trouvons la plupart du temps dans l’une des situations suivantes :

• Le père est d’un statut social supérieur à celui du parrain et de la marraine,
• Le nom est une féminisation du nom du parrain (pour une fille) ou une
masculinisation du nom de la marraine (pour un garçon),
• Le père a voulu transmettre son propre nom à son fils,
• Le nom attribué au nouveau-né est celui d’un aîné décédé récemment,
• Le parrain (ou la marraine) a agi par procuration en donnant à l’enfant le nom
d’un membre de sa parenté (conjoint, père ou mère),
• Le nom attribué est celui du saint fêté le jour du baptême (ou un jour
approchant),
• Le nom attribué correspond à un vœu formulé par les parents (exemple : le choix
du nom Marguerite est une référence possible à sainte Marguerite que l’on
invoquait lorsque l’accouchement s’annonçait difficile),
• Le nom attribué correspond à une dévotion particulière du parrain (exemples
fréquents lorsque le parrain est un prêtre).

Il ressort de tout ceci que le choix du parrain et de la marraine était un élément capital du
processus de prénomination et que si les parents tenaient absolument à un nom particulier, ils
avaient intérêt à trouver un parrain ou une marraine qui le portaient déjà.

e Jusqu’à la fin du 16 siècle, la pratique dominante était de désigner deux parrains et une
marraine lorsque le nouveau-né était un garçon, et inversement un parrain et deux marraines
lorsqu’il s’agissait d’une fille. En 1566, le catéchisme du concile de Trente recommanda la
désignation d’une seule personne pour la cérémonie du baptême, afin notamment de limiter les
cas d’affinités spirituelles. Cette prescription ne fut pratiquement jamais suivie telle quelle mais les
parents se contentèrent désormais d’un seul parrain et d’une seule marraine. La nouvelle pratique
etarda à s’implanter en Bretagne : certaines paroisses l’adoptèrent dès la fin du 16 siècle mais
beaucoup d’autres conservèrent le modèle ternaire jusque dans les années 1610.

Un examen attentif des registres de baptême nous permet également de nous rendre
ecompte que les familles recourraient très fréquemment au 17 siècle au parrainage des notables de
3
1610
1630
1650
1670
1690
1710
1730
1750
17705la paroisse. D’une manière générale, plus de la moitié des parrains peuvent être définis comme
notables à cette époque et il arrive quelquefois que certains d’entre eux cumulaient plus d’une
centaine de parrainages (ou marrainages).


Parrainage des notables à Gourin


60%

50%
40%
30%
20%

10%

0%
1610 1630 1650 1670 1690 1710 1730 1750 1770


Le recours intensif au parrainage des notables arrangeait tout le monde : les parrains y
trouvaient un prestige social indéniable au sein de leur communauté et c’était aussi le moyen pour
les parents de nouer des relations d’amitié avec leurs compères et commères, et de favoriser
éventuellement l’ascension sociale de leurs enfants en obtenant une aide à l’éducation en leur
faveur. Ce dernier aspect explique sans doute le recours massif au parrainage des prêtres jusqu’au
edébut du 18 siècle.


Parrainage des prêtres à Gourin


25%

20%

15%

10%

5%

0%
1610 1630 1650 1670 1690 1710 1730 1750 1770


Il est clair que le procédé avait une incidence majeure sur le répertoire onomastique
puisque par l’application de la règle des transmissions homonymiques un petit nombre de
p

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