Les règles de l’exception : la régulation (du) politique au Mali et au Niger, The rules of exception : the regulation of politics in Mali and Niger
587 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les règles de l’exception : la régulation (du) politique au Mali et au Niger, The rules of exception : the regulation of politics in Mali and Niger

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
587 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Sous la direction de Dominique Darbon
Thèse soutenue le 24 juin 2011: Bordeaux 4
Si les grandes coalitions gouvernementales sont parvenues à stabiliser la trajectoire politiquemalienne, les interventions militaires au Niger (1996, 1999, 2010) ont en revanche marqué leshésitations politico-prétoriennes à l’oeuvre et leurs conséquences sur le processus transitionnelglobal. Parce qu’elles répondent à plusieurs facteurs, les « formules » politiques et militaires derégulation des champs appellent par conséquent une réflexion plus générale sur : (i) le rôle del’histoire, des ressources et des stratégies dans la fixation des choix (institutionnels) despossibles ; (ii) les contextes globaux qui ordonnent les « logiques et mythologiques »d’interaction et participent à une délimitation, objective (i.e. « spontanée ») et subjective (i.e.stratégique), des solutions adaptées de gestion politique. Ce travail visera plus spécifiquement àcomprendre les « décloisonnements » stratégiques qui, dans des conjonctures non routinières,appellent la mobilisation de ressources objectivées et valorisées d’action, autorisent de largesregroupements (coalitions post-transitionnelles au Mali, collusions « transectorielles » oupolitico-militaires au Niger) et permettent finalement de tranquilliser la trajectoire politique deces Etats.
-Partis politiques
-Transition démocratique
-Consolidation démocratique
-Consensus gouvernemental
-Régime militaire
-Coup d’Etat
-Conjonctures critiques
-Mali
-Niger.
Whereas oversized coalitions successfully stabilized the Malian political path, the recurrentmilitary Coups in Niger (1996, 1999 and 2010) focused more on the politico-praetorianwonderings and their consequences for the transitional process. Then, the political and militarymodes of administration in Mali and Niger question: (i) the role of history, strategic resources andpolitical strategies in defining the institutional means of regulation; (ii) the general contextsshaping the “logics and mythologies” of interaction and defining the well-suited models ofpolitical control. This work will more specifically aim at understanding the strategic“decompartmentalization” which, first, orders the mobilization of objectivised and valorisedresources, then allows oversized groupings (post-transitional coalitions in Mali, “transectorial” orpolitico-military collusions in Niger) and finally reassure the political trajectories of those Stateswithin uncertain conjunctures.
-Political parties
-Democratic transition
-Consolidation
-Governmental consensus
-Military regime
-Military Coup
-Critical conjunctures
-Mali
-Niger.
Source: http://www.theses.fr/2011BOR40013/document

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Université de Bordeaux
Sciences Po Bordeaux
Ecole doctorale de Science Politique de Bordeaux

Les Afriques dans le monde (LAM/UMR 5115)


Les règles de l’exception :
La régulation (du) politique
au Mali et au Niger

THESE POUR LE DOCTORAT EN SCIENCE POLITIQUE
Sous la direction de M. Dominique DARBON
Présentée et soutenue publiquement par
Grégory CHAUZAL
24 JUIN 2011

Membres du jury :
- M. Dominique DARBON, Professeur, Sciences Po Bordeaux ; directeur de thèse.
- M. Pierre ENGLEBERT, Professeur, Panoma College, Claremont, Californie – USA ;
rapporteur.
- M. Gilles MASSARDIER, Maître de conférences en Science politique, ENS-Université de
Lyon 2.
- M. Hubert PERES, Professeur, Université de Montpellier 1.
- M. Mahaman TIDJANI ALOU, Professeur, Université Abdou Moumoun à Niamey - Niger ;
rapporteur.






à M.
2 REMERCIEMENTS
Ce travail n’aurait certainement pas vu le jour sans l’enthousiasme, la patience et les
stimulations de mon directeur, M. Dominique Darbon. Sa vision de mon travail, ses orientations
et ses corrections ont constitué des apports inestimables. Qu’il en soit ici chaleureusement et
sincèrement remercié. Ma gratitude va également à Céline Thiriot, dont les conseils ont constitué
des encouragements précieux tout au long de ces années, ainsi qu’à Virginie Baudais pour son
soutien et sa présence depuis le début. Je tiens également à remercier l’ensemble des chercheurs
et doctorants du CEAN/LAM et de l’Association des jeunes politistes de Bordeaux. Enfin, un
grand merci à tous les personnels de l’IEP de Bordeaux (Karine Jenart, Chantal Chaussy,
Françoise Meynard, Christiane Andren, Maris-Françoise Palueau, Christine Cazenave et, bien
évidemment, Maryse Ducournau).
Sur le terrain, mes recherches doivent beaucoup aux familles Guindo (Mali) et Koïta
(Niger) qui m’ont accueilli et qui ont su, grâce à leur bonne humeur et leur patience, effacer mes
doutes et transformer ces séjours en expériences inoubliables. A mes amis au Mali et au Niger :
Baba, Keïta de Keïta, Attaher, Gogo, Ina, Maya, Zoukoff, Bobby, Dadi, Lalia, Boubacar,
Moussa, Vieux (longue vie à « IKK » !), Ikali, Omar, Sékou. Un grand merci à Birama Diakon
qui m’a accueilli à la FLASH et qui a partagé sa connaissance des milieux politiques avec moi.
Au Niger, je remercie particulièrement M. Abderahamane Mayaki, dont mes développements sur
le CNDP doivent énormément, ainsi que M. Tidjani Alou et l’ensemble de l’équipe du LASDEL.
Je tiens enfin à remercier l’ensemble des responsables politiques et « civils » au Mali et au Niger
qui ont accepté de me recevoir et de répondre très librement à mes questions.
A mes collègues, amis et trigrammes parisiens préférés : OPL, EMN, ELR, JSA, LBN,
PMI, GBS, AMX, CRT, DND, ALN, JAO, DAY, LRA, ABL, Apolline, Marie-Noëlle, Lolo,
Guillaume, Pierre-Antoine et Etienne. Mes remerciements vont aussi (et bien évidemment) à tous
mes amis : Marion, François, Jean, Juju, Ben, Nathalie, Manon, Norbert, Claire, Camille, Claire,
Bianu, Guilaine, Cynthia, Kolia, Caroline, Kim, qui m’ont supporté et qui ont patienté – sans se
décourager ! – au cours de ces longues années. A Isaline et Aurélie (et leur alter ego, Gaston et
Ben), dont la présence et l’amitié ont été d’un réconfort inestimable. A Virginie, à qui je dois
d’avoir commencé et mené à bien ce travail. Merci pour l’inspiration, les corrections, les terrains
en binôme et les articles ! « What’s next ? »…
Enfin, je remercie tout particulièrement mes grands-parents, mes parents (bravo pour les
corrections et une spéciale dédicace pour le sommaire !), ma sœur, mon beau-frère, mes nièces et
neveu. Ce travail leur doit tout, et sans doute un peu plus.
3 INTRODUCTION GENERALE

S’intéresser aux modalités contemporaines de régulation politique en Afrique
subsaharienne, c’est analyser le pouvoir sahélien à l’aune de son hybridité, c'est-à-dire de sa
nature à la fois historique, normative, stratégique, contrainte et projetée. Si les qualificatifs pour
rendre compte de cette réalité sont nombreux, ils témoignent, la plupart du temps, de raccourcis
pratiques qui contribuent à négliger les dimensions multiples à l’œuvre dans les choix (ou non-
choix) politiques de régulation.
Le Mali et le Niger n’ont pas échappé à cette « loi du genre ». Avec le coup d’Etat
nigérien du 18 février 2010, la responsabilité du commandant Djibo dans le renversement du
président Tandja a ainsi pu être, tantôt rapportée au rôle naturellement putschiste des militaires, à
la (nouvelle) preuve d’une inadéquation des référentiels démocratiques importés ou, au contraire
(et plus marginalement), à l’attachement des acteurs, civils comme militaires, aux institutions et
aux mécanismes « réglés » d’interaction. « La démocratie au bout du fusil ». Ainsi en irait-il de la
vie politique au Sud du Sahara, une fois passé ce quarantième parallèle maudit par l’orthodoxie
démocratique. Le consensus politique du président malien, Amadou Toumani Touré, est, lui
aussi, venu discuter les canons des analyses néopatrimonialistes, dont il était supposé marquer la
1
quintessence. L’évergétisme hissé au rang de politique d’Etat ne pouvait, pour certains, marquer
l’enracinement d’une démocratie parfaitement consolidée, mais simplement illustrer les vertus
silencieuses d’un partage méthodique (i.e. global) de la rente. Ce serait néanmoins oublier les
processus de construction stratégique à l’œuvre dans la mise en place de cette large coalition,
ainsi que l’ensemble des « contraintes » objectives ayant prévalu dans la détermination des choix
institutionnels des possibles. Parce que l’on se situe alors toujours dans un processus de
construction ou de consolidation de l’Etat et de ses institutions, il échoit par conséquent de
s’intéresser avant tout aux mécanismes de régulation destinés à stabiliser les équilibres politiques
globaux. C’est seulement à leur étude que la « complexité » stratégique des trajectoires
sahéliennes du pouvoir peut être appréhendée suivant ses multiples dimensions, c'est-à-dire à la
fois comme une dynamique contrainte et construite, et un dénominateur institutionnel acceptable
à l’ensemble des parties, endogènes et exogènes.

1
Entendu traditionnellement comme des « dons faits par un individu à la collectivité ». Dans notre esprit, la notion
recouvrira plus généralement l’ensemble des modalités de partage des ressources mises en œuvre par les chefs de
partis à destination de leurs dépendants ou par le « sommet de l’Etat » à destination de ses (futurs) partenaires
coalitionnels. Voir VEYNE P., Le pain et le cirque. Sociologie historique d’un pluralisme politique, Paris, Seuil,
1976, p. 9.
4
2
1. Les champs politiques maliens et nigériens : entre pluralité sociétale et
normativité sédimentée

Géographiquement proches, historiquement comparables et unis par une même pluralité
sociétale supposée, le Mali et le Niger n’ont cependant pas connu les mêmes trajectoires
politiques. Si le régime malien semble être parvenu à gérer de façon pacifique sa transition
démocratique et ses alternances politiques, le Niger en revanche parut plus « hésitant » quant aux
choix, politiques ou non politiques, de régulation à privilégier. Comment expliquer ces
dissemblances transitionnelles et quelles « leçons » en tirer pour l’analyse de la gestion des
champs politiques « postcioloniaux » en Afrique sahélienne ?

a) Présentation des champs de l’étude

Grand comme deux fois et demie la France (1 267 000 km et 15 millions d’habitants), le
3
Niger constitue aujourd’hui un « ensemble politique dont la cohésion est à l’évidence fragile ». Au plan de
sa démographie, le pays se divise en deux groupes principaux d’inégale importance, les nomades
et les sédentaires. Si les « branchements » entre ces deux entités ont été relativement importants
au cours des siècles, il n’en subsiste pas moins de profondes différences aujourd’hui. Les
premiers – Touaregs (10,6%), Peuls (10,4%), Toubous (0,5%), Arabes (0,3%) – sont les moins
nombreux. Ils se déplacent, au Nord et à l’Es

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents