Les relations commerciales entre Bordeaux et la Russie au XVIIIe siècle - article ; n°2 ; vol.23, pg 197-219
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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1982 - Volume 23 - Numéro 2 - Pages 197-219
Giliane Besset, Commercial relations between Bordeaux and Russia in the 18th century.
In the 18th century, Bordeaux was renowned throughout the world for its wines; but it was also a port in full expansion which, on the one hand, maintained its activity as a warehouse and functioned as a redistributor of goods throughout the whole of northern Europe, and, on the other hand, developed new links with countries that until then were not included in the usual commercial circuits, in particular, with Russia.
It is Peter I who took the initiative of establishing closer contacts between Bordeaux and Russia. This policy was inspired in the first place by the desire to compete with the Dutch fleet and, if possible, to supplant it in the domain of wine transport. But it was too early as yet and in spite of the presence of the Russian consul in Bordeaux, the experience ended in a total failure.
As a matter of fact, it is during the reign of Catherine II that really solid connections were to be developed between Russia and Bordeaux, marked in 1767 by the nomination of a Russian consul in that city, whose mission it was to encourage Russian navigation directed towards this port. Later on, the increased demand of Russia for colonial products and wines, the growing interest of Bordeaux tradesmen for commercial exchange with Russia and the constant arrival of Russian boats contributed to maintain relations between Russia and Bordeaux, in spite of the protectionist policy of the government and the predominance of the Hanseatic League and of Holland in the international commercial circuit. The lasting character of these relations is demonstrated by the fact that the Russian government maintained a consul in Bordeaux until 1914.
Giliane Besset, Les relations commerciales entre Bordeaux et la Russie au XVIIIe siècle.
Bordeaux était au XVIIIe siècle une ville renommée dans le monde entier pour ses vins ; mais c'était aussi un port en pleine expansion qui, d'une part, confirmait son rôle d'entrepôt et de redistributeur des produits dans toute l'Europe du nord et, d'autre part, se créait des liens nouveaux avec des pays jusqu'alors en dehors des circuits commerciaux habituels et, en particulier, avec la Russie.
C'est à Pierre 1er que revient l'initiative du rapprochement entre Bordeaux et la Russie, dictée avant tout par le désir de concurrencer et même de supplanter la flotte hollandaise dans le transport des vins. Mais il était encore trop tôt, et, malgré la présence d'un consul russe à Bordeaux, cette expérience se soldait par un échec total.
En fait, c'est sous Catherine II que des liens vraiment solides allaient se nouer, avec tout d'abord la nomination d'un nouveau consul russe à Bordeaux en 1767, chargé d'encourager la navigation russe dans ce port. Par la suite, la demande accrue de la Russie en produits coloniaux et en vins, l'intérêt grandissant d'une partie du négoce bordelais pour les possibilités de commerce avec ce pays et la venue de plus en plus régulière de bateaux russes à Bordeaux entraînaient (malgré une protection gouvernementale tardive et la place toujours prédominante de la Hanse et de la Hollande dans les réseaux commerciaux internationaux) le rapprochement durable de Bordeaux et de la Russie, puisque le gouvernement russe allait maintenir un consul russe dans cette ville jusqu'en 1914.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 37
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Giliane Besset
Les relations commerciales entre Bordeaux et la Russie au
XVIIIe siècle
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 23 N°2. Avril-Juin 1982. pp. 197-219.
Citer ce document / Cite this document :
Besset Giliane. Les relations commerciales entre Bordeaux et la Russie au XVIIIe siècle. In: Cahiers du monde russe et
soviétique. Vol. 23 N°2. Avril-Juin 1982. pp. 197-219.
doi : 10.3406/cmr.1982.1944
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1982_num_23_2_1944Abstract
Giliane Besset, Commercial relations between Bordeaux and Russia in the 18th century.
In the 18th century, Bordeaux was renowned throughout the world for its wines; but it was also a port in
full expansion which, on the one hand, maintained its activity as a warehouse and functioned as a
redistributor of goods throughout the whole of northern Europe, and, on the other hand, developed new
links with countries that until then were not included in the usual commercial circuits, in particular, with
Russia.
It is Peter I who took the initiative of establishing closer contacts between Bordeaux and Russia. This
policy was inspired in the first place by the desire to compete with the Dutch fleet and, if possible, to
supplant it in the domain of wine transport. But it was too early as yet and in spite of the presence of the
Russian consul in Bordeaux, the experience ended in a total failure.
As a matter of fact, it is during the reign of Catherine II that really solid connections were to be
developed between Russia and Bordeaux, marked in 1767 by the nomination of a Russian consul in
that city, whose mission it was to encourage Russian navigation directed towards this port. Later on, the
increased demand of Russia for colonial products and wines, the growing interest of Bordeaux
tradesmen for commercial exchange with Russia and the constant arrival of Russian boats contributed
to maintain relations between Russia and Bordeaux, in spite of the protectionist policy of the
government and the predominance of the Hanseatic League and of Holland in the international
commercial circuit. The lasting character of these relations is demonstrated by the fact that the Russian
government maintained a consul in Bordeaux until 1914.
Résumé
Giliane Besset, Les relations commerciales entre Bordeaux et la Russie au XVIIIe siècle.
Bordeaux était au XVIIIe siècle une ville renommée dans le monde entier pour ses vins ; mais c'était
aussi un port en pleine expansion qui, d'une part, confirmait son rôle d'entrepôt et de redistributeur des
produits dans toute l'Europe du nord et, d'autre part, se créait des liens nouveaux avec des pays
jusqu'alors en dehors des circuits commerciaux habituels et, en particulier, avec la Russie.
C'est à Pierre 1er que revient l'initiative du rapprochement entre Bordeaux et la Russie, dictée avant
tout par le désir de concurrencer et même de supplanter la flotte hollandaise dans le transport des vins.
Mais il était encore trop tôt, et, malgré la présence d'un consul russe à Bordeaux, cette expérience se
soldait par un échec total.
En fait, c'est sous Catherine II que des liens vraiment solides allaient se nouer, avec tout d'abord la
nomination d'un nouveau consul russe à Bordeaux en 1767, chargé d'encourager la navigation russe
dans ce port. Par la suite, la demande accrue de la Russie en produits coloniaux et en vins, l'intérêt
grandissant d'une partie du négoce bordelais pour les possibilités de commerce avec ce pays et la
venue de plus en plus régulière de bateaux russes à Bordeaux entraînaient (malgré une protection
gouvernementale tardive et la place toujours prédominante de la Hanse et de la Hollande dans les
réseaux commerciaux internationaux) le rapprochement durable de Bordeaux et de la Russie, puisque
le gouvernement russe allait maintenir un consul russe dans cette ville jusqu'en 1914.GILIANE BESSET
LES RELATIONS COMMERCIALES
ENTRE BORDEAUX ET LA RUSSIE
AU XVIIIe SIÈCLE
Bordeaux, qui de tout temps fut une ville largement ou
verte au négoce en raison de sa situation géographique et
de la richesse de son terroir, connut au XVI Ile siècle un
développement commercial sans précédent (1). Les raisons en
furent multiples, liées à la fois au formidable essor économique
qui marqua ce siècle et à un contexte plus limité, le gonfle
ment d'une ville déjà commerçante aux dimensions d'un port
international.
En effet, si jusqu'au début du XVI Ile siècle, Bordeaux
ne tira surtout profit que de la vente à l'étranger de ses
vins (mais aussi de ses autres produits régionaux tels que
les eaux-de-vie, le vinaigre, les prunes séchées du Rouergue
et de la Moyenne-Garonne, le miel et la résine des Landes),
à partir de 1717, date à laquelle le port reçut l'autorisation
d'armer des vaisseaux pour les colonies (2), négociants,
armateurs et consuls s'appliquèrent à multiplier les liaisons
commerciales entre Bordeaux, les îles françaises d'Amérique
et l'Europe du nord. C'est ainsi qu'en 1786 le port assurait
environ la moitié des réexportations de produits
coloniaux vers le nord, devenant par là même un véritable
"entrepôt de l'Europe" (3).
C'est donc dans ce cadre d'intense activité que progres
sivement se développèrent entre Bordeaux et la Russie des
relations commerciales directes (sans escale dans les ports
hollandais ou hanséatiques) (4). Si leur naissance s'avéra
être l'oeuvre d'un seul homme, celle de Pierre 1er, en revan
che leur essor s'inséra dans la politique d'ouverture commerc
iale que pratiquèrent, avec réserve toutefois, les successeurs
de Pierre, et en particulier Catherine II (5).
L'INITIATIVE DE PIERRE 1er
Le 11 novembre 1723, Pierre 1er nommait Ivan Ivanovic
Alekseev, lieutenant de vaisseau, "consul de la nation Rus-
sienne dans la ville de Bordeaux" (6). Il était le premier
consul russe nommé en France (7). En fait, le tsar désirait 198 GILIANE BESSET
depuis de nombreuses années déjà établir des relations com
merciales directes avec Bordeaux. La raison en était simple :
"Sa Majesté Tsarienne faisait venir tous les ans dans
les états une quantité de vins rouges et blancs de
consomment." (8) Bordeaux qui s'y
Nous en trouvons la confirmation dans les registres de
congés des navires, conservés aux Archives départementales
de la Gironde et couvrant la période de 1698-1699 à 1715-
1716 (9). Voici le tableau des envois de vins vers le nord
(villes hanséatiques et pays de la Baltique : Danemark, Suède
et Russie) et vers la Russie du 1er octobre 1698 au 30 sep
tembre 1716, avec la part (en %) des commandes russes dans
celles du nord :
Années Vers le nord Vers la Russie %
130 tonneaux 3,6 1698-1699 3 584 tonneaux ii - 1699-1700 9 817 •i 1700-1701 8 553 162 1,9 ii •• 1701-1702 10 560 216 2 ii ii 9 522 1702-1703 387 4 ii и 15 360 642 4,2 1703-1704 ti ■t 20 983 1.2 1704-1705 247 ii ti 1705-1706 9 551 105 1,1 ii it 9 394 100 1706-1707 1,5 ii it 1707-1708 U 554 0,8 93 ii - - 6 615 1708-1709 •i - - 1709-1710 290 •i - — 1710-1711 4 980
ii - — 1711-1712 23 400
it 28 976 290 tonneaux 1 1712-1713 it •i 1713-17U 7 405 216 2,9 it tt 6 761 131 17U-1715 1,9 tt ii 1715-1716 10 524 120 1,1
Mais les vins que recevait la Russie, en ligne directe ou
après escale dans un des ports de la Baltique, étaient plus
ou moins frelatés ; Pierre 1er était parfaitement au courant
de ce phénomène et le trouvait fort désagréable. C'est pour
quoi, après avoir mis fin en 1721 aux longues guerres du
Nord entreprises contre la Suède quelque vingt ans auparavant,
il essaya d'apporter à ce problème, relativement important
à ses yeux, une solution convenable. Il fit donc proclamer le
8 novembre 1723 l'oukase suivant :
"II convient de multiplier nos liaisons commerciales,
et surtout avec la France, pour ses vins (car on ex
porte de là-bas des vins frelatés (me5anye) et mauvais
que l'on nous fait payer très cher), que l'on importera
sur nos bateaux." (10) BORDEAUX ET LA RUSSIE 199
II est en effet important de souligner que la quasi-totalité
des échanges entre Bordeaux et la Russie à cette époque
s'effectuait sur des navires étrangers (le plus souvent hol
landais) (11), et que Pierre 1er fit au terme de son règne
figure de pionnier en armant deux frégates russes pour le
port de Bordeaux. La première, baptisée KronSlot, y arriva
le 23 février 1725 et est restée célèbre dans les annales de
la ville. En 1902, J. Callen écrivait un article presque lyrique
sur le "premier bateau russe à Bordeaux", dont i

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