Les relations sino-soviétiques, de la création des communes populaires à la conférence des « 81 » - article ; n°1 ; vol.11, pg 60-88
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Description

Revue française de science politique - Année 1961 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 60-88
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claude Cadart
Les relations sino-soviétiques, de la création des communes
populaires à la conférence des « 81 »
In: Revue française de science politique, 11e année, n°1, 1961. pp. 60-88.
Citer ce document / Cite this document :
Cadart Claude. Les relations sino-soviétiques, de la création des communes populaires à la conférence des « 81 ». In: Revue
française de science politique, 11e année, n°1, 1961. pp. 60-88.
doi : 10.3406/rfsp.1961.392608
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1961_num_11_1_392608Les Relations Sino-Soviétiques
de la création des communes populaires à la conférence des "81
CLAUDE CADART
LE texte dont on trouvera ci-dessous la première partie est un
essai de mise au point sur la question des relations sino-
soviétiques pendant les trente mois qui s'écoulent entre la
création des communes populaires en Chine, au début de l'été
1958, et la réunion de la conférence des dirigeants de 81 partis
communistes et ouvriers à Moscou, au début de l'automne 1960.
Il a été écrit au moment même où avait lieu la conférence des 81.
On a voulu voir dans le long document qui fut publié à l'issue
de cette conférence — la déclaration des 81 — l'expression d'un
triomphe du point de vue soviétique sur le point de vue chinois,
ses passages les plus « durs » étant alors présentés soit comme
des concessions de pure forme aux préférences de Pékin, soit
comme le fruit de l'évolution naturelle de la politique de Khrouchtc
hev. Nous ne partageons pas cette opinion. La déclaration des 81
est à notre avis l'expression d'un compromis entre les points de
vue soviétique et chinois, et d'un plus solide qu'il ne
paraît à première vue.
Il est incontestable que les intéressés ont eu un certain mal à
élaborer ce compromis. Une simple conférence, au reste, ne sau
rait permettre de surmonter définitivement des désaccords d'ordre
idéologique dont les causes sont fort complexes. Et il est à peu
près certain qu'il faudra du temps aux deux grands du camp social
iste pour réussir à régler toutes leurs difficultés. Mais il y a tout
lieu de penser qu'ils y parviendront.
Nous chercherons à justifier cette opinion dans la seconde part
ie du présent essai, qui concernera principalement les aspects posit
ifs de l'alliance sino-soviétique et les perspectives d'harmonisation
économique entre les deux pays (*).
(*) La seconde partie de cette étude paraîtra dans un prochain numéro
de la Revue.
60 Relations Sino- Soviétiques Les
Du début de l'automne 1949 à la fin du printemps 1958, de la
naissance de la République populaire de Chine, en d'autres termes,
au « tournant » du « bond en avant », des communes populaires
et de ce que l'on pourrait appeler la « ligne anti-impérialiste offen
sive », en Chine, dans la perspective d'une accélération de l'éman
cipation des peuples opprimés de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amér
ique latine, les relations sino-soviétiques semblent avoir été assez
heureuses.
En traitant la Chine populaire presque comme une égale, en
signant avec elle les célèbres accords du 14 février 1950, l'U.R.S.S.
de Staline s'était en quelque sorte rachetée du scepticisme dont elle
avait fait preuve, de 1945 à 1948, quant aux chances du triomphe
du communisme en Chine. En faisant intervenir la Chine popul
aire dans la partie qui se joua à Moscou au lendemain de la mort
de Staline, en signant avec elle, surtout, les accords du 12 octobre
1954, l'U.R.S.S. de Khrouchtchev s'était rachetée, elle aussi, de
ce que l'aide soviétique avait pu avoir d'un peu humiliant pour
la Chine, sous Staline, dans la double mesure où cette aide avait
été liée à la mise en place des compagnies mixtes et où le nombre
de ces compagnies mixtes avait été particulièrement élevé au Xin
jiang (Sin-Kiang) 1. Les difficultés de l'alliance, en un mot, avaient
toujours pu être surmontées assez vite pour qu'elles ne donnent pas
lieu à discussion publique. On pouvait les deviner. A peine l'avait-
on fait qu'elles n'existaient plus.
Le double échec, enfin, de l'effort soviétique de déstalinisation
1. Pour la transcription des noms chinois très connus des Français, nous
avons adopté la en usage en France à l'heure actuelle dans les
ouvrages et dans les périodiques de grande diffusion, lorsqu'elle correspond à
peu près à la traditionnelle française (E.F.E.O.). Lorsqu'elle n'y
correspond pas du tout, comme dans le cas de l'abominable « Chou Enlai »,
qui nous est venu de la transcription traditionnelle anglaise (Wade) acceptée
sans discussion depuis quinze ans par des journalistes trop pressés, nous avons
rétabli la transcription traditionnelle française : « Tcheou En-lai » (pour « Chou
Enlai»), « Lieou Chao-K'i » (pour « Liu Shao-Chi»), etc.
Pour la des noms chinois plus ou moins bien connus des
Français, des noms de provinces chinoises en particulier, nous avons adopté
la transcription « Pinyin », mise au point par les Chinois eux-mêmes il y a
quatre ans, mais en prenant soin de l'accompagner de la transcription tradi
tionnelle française, entre parenthèses.
Pour la transcription des noms chinois pratiquement totalement inconnus
des Français, nous avons adopté sans remords la transcription « Pinyin ». Cette
transcription, en effet, a toutes les chances de devenir la transcription inter
nationale de l'avenir, dans la mesure où c'est la seule qui puisse mettre enfin
d'accord entre eux les spécialistes non chinois des choses de la Chine.
61 Claude Cadart
en Europe centrale, en 1956, et de l'effort chinois de libéralisation
en Chine même, au cours de la première moitié de 1957, avait
fortement contribué au rapprochement des deux pays. Et ce ra
pprochement avait trouvé son expression la mieux achevée dans la
déclaration d'unité, c'est-à-dire dans le document qui fut publié à
l'issue de la conférence des représentants des douze partis commun
istes et ouvriers des pays socialistes réunis à Moscou du 14 au
16 novembre 1957 et, par extension, dans le manifeste pour la paix
qui fut adopté par la conférence des représentants de 64 partis
communistes et ouvriers réunis à Moscou du 16 au 19 novembre
1957.
Mao Tse-toung lui-même était venu à Moscou pour participer
à ces deux conférences, dont la réunion coïncida avec les fêtes du
quarantième anniversaire de la Révolution d'Octobre et, surtout,
avec le lancement des deux premiers satellites artificiels de la
Terre (Spoutnik I : 4 octobre. Spoutnik II : 3 novembre). Le succès
sans précédent que venait de remporter l'U.R.S.S., tant sur le plan
de la course à l'espace que sur celui de ce que l'on appelait alors
la course à l'arme absolue, effaçait dans une certaine mesure les
mauvais souvenirs des événements de Hongrie (octobre-novembre
1956) et du « virage en épingle à cheveu » du « mouvement de rec
tification du style » en Chine, le Zheng Feng (début de l'été 1957).
Il annonçait, en tout cas, un changement dans le rapport des forces
en présence dans le monde, il marquait le « début d'une nouvelle
ère historique ». Ce fut à propos des spoutniks que Mao Tse-toung
lança, à Moscou, en novembre 1957, le slogan que la Chine entière
n'a jamais cessé, depuis, de crier de toutes ses forces : « Mainten
ant, le vent d'Est l'emporte sur le vent d'Ouest ».
Avec la déclaration d'unité, la solidarité sino-soviétique atteignit
son point culminant. Plus aucune ombre, ou presque, ne subsistait
entre les deux pays. Et l'on pouvait se laisser aller à penser que,
pour la première fois dans l'histoire, la thèse selon laquelle il est ainsi dire mécaniquement impossible qu'un grave désaccord
se produise entre deux Etats socialistes commençait à se vérifier.
Rien ne prouve, d'ailleurs, que cette thèse soit inexacte. Et nous
pensons même que la Chine et l'U.R.S.S. se réentendront aussi
bien qu'en novembre 1957 d'ici quelques années. Mais il est de
fait que 1' « idylle &#

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