Les verbes faire, laisser, voir, etc - article ; n°3 ; vol.1, pg 72-89
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Description

Langages - Année 1966 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 72-89
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R.w. Langacker
Les verbes faire, laisser, voir, etc
In: Langages, 1e année, n°3, 1966. pp. 72-89.
Citer ce document / Cite this document :
Langacker R.w. Les verbes faire, laisser, voir, etc. In: Langages, 1e année, n°3, 1966. pp. 72-89.
doi : 10.3406/lgge.1966.2345
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1966_num_1_3_2345R. W. LANGACKER
LES VERBES FAIRE, LAISSER, VOIR, etc.
1. Les objectifs de cet article sont très limités. Je n'ai pas
l'intention de présenter une description complète de la syntaxe
des verbes faire, laisser, voir, entendre, sentir, etc. Je veux simple
ment décrire certains mécanismes de base qui joueraient un rôle
essentiel dans une telle description. L'analyse, je l'espère, sera
approfondie plutôt qu'exhaustive. On écartera donc toutes sortes
de complications pour examiner les cas les plus simples, où ces
mécanismes se voient le plus clairement.
Deux questions théoriques assez intéressantes vont se poser
•au cours de cette discussion. L'une se rapporte à la suggestion
faite par Noam Chomsky qu'une phrase ambiguë syntaxiquement
doit être pourvue par la grammaire de deux structures différentes
(au moins). Autrement dit, la grammaire generative d'une langue
doit rendre compte de l'aptitude du sujet parlant à comprendre une
phrase donnée d'au moins deux manières, laissant à part la possi
bilité d'ambiguïté lexicologique. Par exemple, puisque (1) est
ambiguë, une grammaire complète du français devrait engendrer
cette phrase de deux manières :
(1) Je ferai porter la lettre à Marie.
Il y a vraiment deux phrases ayant la structure superficielle (1).
La première serait dérivée d'une structure pareille à celle qui est
à la base de (2); la deuxième, d'une pareille à celle qui
est à l'origine de (3).
(2) Je ferai porter la lettre par Marie.
(3) Je la à Marie par le messager.
Par extension de cette condition qu'a proposée Chomsky, on exige
qu'une phrase non ambiguë ne soit engendrée que par l'application 73
d'une seule série de règles. Nous allons rencontrer un cas où, pour
satisfaire à cette exigence théorique, il faudrait compliquer la
grammaire.
La deuxième question théorique qui se pose concerne les
phrases au sujet desquelles on ne peut pas arriver à un jugement
définitif de grammaticalité. Pour prendre un exemple spécifique,
(4) est certainement correcte, tandis que (5) est douteuse.
(4) Je lui ferai examiner la maison.
? (5) Je le la
Pour celui qui accepte ou rejette la phrase (5) sans aucune hési
tation, il n'y a pas de problème : la description de son dialecte
doit comprendre (5) ou non, selon le cas. Mais pour celui qui ne
sait tout simplement pas si (5) est correcte, le problème devient
intéressant. Comme dans n'importe quelle science, les données ne
sont jamais sans erreurs, sans cas douteux. Les phénomènes observés
sont d'habitude trop variés, trop nombreux pour qu'ils nous
mènent d'eux-mêmes à une théorie acceptable qui en rende compte.
Au contraire, il faut une pour organiser les données, pour
juger quels phénomènes sont importants et lesquels sont plutôt
périphériques. Ceci vaut évidemment pour la linguistique descrip
tive. S'il y a beaucoup de phrases douteuses du genre de (5), il
existe un ensemble de cas clairs, de suites de mots qui sont ou
grammaticales ou non grammaticales sans aucun doute. On peut
donc écrire une grammaire (une théorie des phrases bien formées
d'une langue) pour rendre compte correctement de ces cas clairs.
La description accomplie, on peut l'employer pour juger les cas
douteux. Par exemple, si les règles les plus simples pour les phrases
clairement grammaticales énumèrent (5) aussi bien que celles-ci,
nous pouvons conclure que (5) est grammaticale. Sinon, nous pou
vons conclure que (5) est incorrecte.
2. On commence par adopter une série de règles syntagma-
tiques bien simplifiées. Elles décrivent une structure syntagmatique
de base qui suffît à notre analyse transformationnelle. Cette struc
ture abstraite doit être formulée de telle sorte que les transfor
mations, qui produisent les structures dérivées qu'interprète la
phonologie, soient aussi simples que possible; une transformation
sert à convertir un « arbre syntagmatique » en un « arbre syntag
matique dérivé ».
Contentons-nous de dire qu'une phrase (P) est constituée d'un
syntagme nominal (SN) et d'un syntagme verbal (SV). 74
(RSI) P > SN + SV
Par exemple, dans (6), je est le syntagme nominal tandis que le
syntagme verbal, c'est donne les renseignements à Marie.
(6) Je donne les renseignements à Marie.
Nous divisons le syntagme verbal en un auxiliaire (AUX)
et un verbe principal.
(RS2) SV > AUX -f- VP
L'auxiliaire se compose d'un indicateur de temps et de personne
(TMPS).
(RS3) AUX > TMPS
Dans une description plus comprehensive, il faudrait inclure aussi
le choix facultatif de avoir -f- é ou de être -f- é, é étant l'élément
qui forme le participe passé du verbe qui le suit К
Le verbe principal comprend le verbe (V) et trois éléments
facultatifs 2.
(RS4) VP > V (SN) (à+SN) (COMP)
Le premier syntagme nominal est l'objet direct. La suite à + SN,
c'est l'objet indirect. Le complément (GOMP) domine un symbole
abstrait (c) qui marque l'endroit où une transformation va insérer
une phrase subordonnée.
(RS5) COMP > с
Finalement, en ce qui concerne le syntagme nominal, nous
dirons simplement qu'il peut être constitué par l'article défini plus
un nom (N), par un pronom (PRON), ou par un nom propre
(PROPRE).
le + N
(RS6) SN PRON
PROPRE
D'après (RS1-RS6), la structure de base de (6) est la su
ivante (I).
1. Cf. l'analyse de l'auxiliaire anglais proposée par Chomsky dans Syntactic Struc
tures (Mouton, 1957).
2. Il faudrait justifier le choix de cet ordre d'éléments, ce que je ne fais pas ici.
Si on supposait un autre ordre dans la structure de base, il serait nécessaire de changer
les détails de certaines des transformations que je propose. Pourtant, les grandes
lignes de l'analyse ne seraient pas modifiées. 75
(I)
PRON
Le choix du verbe dépend du contexte syntaxique 3. Par exemple,
on ne pourrait pas substituer exister à donner dans cette struc
ture, puisque le verbe exister exclut la présence de tout objet.
*(7) J'existe les renseignements à Marie.
L'astérisque indique que (7) n'est pas grammaticale.
3. Maintenant, nous allons examiner trois règles transfor-
mationnelles qui sont nécessaires indépendamment de toute consi
dération des verbes faire, laisser, voir, etc. Cependant, il se fait
que ces mêmes règles jouent un rôle important dans l'engendre-
ment de certaines phrases complexes comportant ces verbes.
Voyons ce qui arrive dans les phrases où les objets du verbe
sont des pronoms. Nous ne considérons que les pronoms non réflé
chis de la troisième personne.
(8) Jean aime Marie.
*(9)la.
(10) Jean l'aime.
(11)obéit à Marie.
*(12) Jean à elle.
(13)lui obéit.
(14) Jean donnera le livre à Marie.
*(15) le à elle.
(16) Jean le lui donnera.
Évidemment, on a besoin dans la grammaire d'une règle qui trans
porte un objet pronominal (ou une suite d'objets pronominaux)
3. Voir Noam Chomsky, Aspects of the Theory of Syntax (M. I. T. Press, 1965). 76
de sa position après le verbe et l'insère devant le verbe dans l'auxil
iaire. Cette règle doit pouvoir opérer sur les suites d'éléments
PRON, à H- PRON, et PRON + à -f PRON pour produire (10,
13, 16) au lieu de (9, 12, 15), et elle doit être obligatoire *.
(T5) Mise en place
X, TMPS, V, (PRON) (à) PRON, Y
1, 4 + 2, 3, 5
12 3 4 5
OÙ 1 Ф0.
Obligatoire.
X et Y représentent n'importe quelle suite d'éléments, y inclus
zéro (0), à moins qu'on ne spécifie autrement. 4 + 2 indique que
les éléments du terme 4 sont adjoints à côté de ceux du terme 2.
Pour prendre un cas concret, la structure (II) est engendrée
par les règles syntagmatiques.
P
SN
I
PROPRE AUX
(П)
Jean TMPS donner il
12 3 4 5
T5 traduit la structure (H) en la structure dérivée (III).
4. Les transformations sont numérotées d'apr

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