Lieux de mémoire révolutionnaire et communion républicaine - article ; n°1 ; vol.24, pg 3-16
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Lieux de mémoire révolutionnaire et communion républicaine - article ; n°1 ; vol.24, pg 3-16

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1989 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 3-16
Revolutionary memory places and republican communion, Odile Rudelle.
In the debates occasioned by the Bicentennial celebrations one can see the awakening of an old obsession : how to leave Terror behind and found a democracy capable of preventing its return. France's national memory has ratified the idea of a Republic founded by schooling. But the memorial triumph of a de Gaulle in the France of 1989 suggests that this consensus is over : thanks to the institutional achievements of the Fifth Republic, the Republic which has triumphed gradually is that founded on the Constitution, at the risk of creating some embarrassment for the Bicentennial.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 0
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Odile Rudelle
Lieux de mémoire révolutionnaire et communion républicaine
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°24, octobre-décembre 1989. pp. 3-16.
Abstract
Revolutionary memory places and republican communion, Odile Rudelle.
In the debates occasioned by the Bicentennial celebrations one can see the awakening of an old obsession : how to leave Terror
behind and found a democracy capable of preventing its return. France's national memory has ratified the idea of a Republic
founded by schooling. But the memorial triumph of a de Gaulle in the France of 1989 suggests that this consensus is over :
thanks to the institutional achievements of the Fifth Republic, the Republic which has triumphed gradually is that founded on the
Constitution, at the risk of creating some embarrassment for the Bicentennial.
Citer ce document / Cite this document :
Rudelle Odile. Lieux de mémoire révolutionnaire et communion républicaine. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°24,
octobre-décembre 1989. pp. 3-16.
doi : 10.3406/xxs.1989.2181
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1989_num_24_1_2181:
LIEUX DE MÉMOIRE
RÉVOLUTIONNAIRE
ET
COMMUNION RÉPUBLICAINE
Odile Rudelle
Derrière les fastes du Bicentenaire sur crise dans son déroulement ou dans sa post
git encore la vieille question de la vio érité2.
lence révolutionnaire. Comment sortir de
la Terreur et fonder une démocratie qui O MEMOIRE ET VIOLENCE
empêcherait son retour ? Après lecture
Tout le monde comprend que la mémoire du récent livre de Bronislaw Baczko,
de la Révolution se heurte moins au proOdile Rudelle détaille le combat séculaire
blème de la violence « en soi » qu'au scandale entre la République de l'Ecole et celle
de principes de Raison et de Progrès qui, de la Constitution dans la mémoire na
loin d'installer la Concorde, ont conduit au tionale. Jusqu'à l'arrivée, soutient-elle,
système de la Terreur. L'histoire de la Réd'un de Gaulle qui aurait été notre Wash
volution, le souvenir transmis aux jeunes ington...
générations, conduit donc à affronter la plus
vieille question de la politique qui est celle Evoquer les « lieux de mémoire r de l'usage et de la place de la violence. Avec
évolutionnaire », s'interroger pour sa l'obligation de faire la différence entre la voir où se situe leur correspondance
violence qui libère et celle qui opprime, celle dans les sentiments de communion républi qui fonde ou celle qui détruit, sans oublier
caine nourris par nos contemporains, signifie le risque fatal de l'inversion des rôles si les
que l'on quitte le terrain historique des faits opprimés, devenant oppresseurs, se mettent
concrets, pour préférer le domaine symbol à incarner la faiblesse d'une Justice incapable ique des « imaginaires sociaux » 1 et des
de rompre le cycle de la vengeance et de la représentations mentales. Représentations
répression.
héritées, représentations reconstruites, et En cette année 1989 qui célèbre le Bid'autant que le fait initial est lointain,
centenaire de la Révolution française, il faut complexe, susceptible d'interprétations
contradictoires selon que l'on regarde la
2. Cet article est la transcription d'une communication
orale faite le 19 mai 1989 à l'Université de Paris IX dans le
cadre du « colloque du Bicentenaire » « La Révolution de 1789 1. D'après le titre du livre de Bronislaw Baczko, Paris,
Payot, 1984. Sur le même sujet, le maître livre reste Maurice et les Français d'aujourd'hui : patrimoine commun et carrefour
Halbwachs, Les cadres sociaux de la mémoire, La Haye, Mouton, des passions » organisé sous la direction de Jean Rivière (voir
F« Avis de recherches » dans ce numéro). 1975 (rééd.) ODILE RUDELLE
dire très clairement que le problème de la Refus qui permettait de surmonter l'obstacle
mémoire de la violence révolutionnaire est présent de la réalité de la violence par un
aussi vieux que la Révolution. Le 19e siècle transfert vers l'avenir dans ce que Bronislaw
l'a si peu ignoré qu'il est au cœur de tous Baczko, Mona Ozouf et bien d'autres ap
les débats politiques1. Et c'est plutôt le 20e pelleront « l'utopie pédagogique » 3. C'est
siècle qui en a transformé les données en donc l'école de la République qui sera char
produisant des excuses qui, d'abord ci gée, non seulement d'instruire le peuple,
rconstancielles, ont ensuite été banalisées au mais encore de lui enseigner la mémoire
point de devenir des justifications. A vraie de la Révolution. Telle fut l'œuvre de
l'époque, c'est la consternation qui domine la Troisième République, République « en
avec, très vite, le désir de briser la chaîne seignante » s'il en fût. C'est aussi ce qui est
de la culpabilité. Au lendemain des massacres en train de changer sous nos yeux, puisque,
de septembre 1792, par exemple, il n'y a à l'insu des autorités, les Français ont entamé
pas une voix à l'Assemblée pour approuver une immense réorganisation de leur mé
ce déchaînement aveugle2. Le sentiment moire. Toujours centrée sur la Révolution,
elle est en train de changer son point d'angénéral est celui de la honte, d'une honte
mêlée de crainte si on songe au silence de crage, de s'éloigner de l'école, longtemps
Danton, le ministre de la Justice. Et deux gardienne exclusive, pour aller investir la
ans plus tard, au lendemain du 9 Thermidor, Constitution, enfin devenue la règle générale
qui est (comme le dira plus tard Jules Ferry) capable d'imposer sa discipline à l'ensemble
un « sursaut de la clémence nationale », surgit des citoyens.
la question qui est celle de toutes les commém Avant d'entreprendre l'histoire de ce
orations de la Révolution ; celle du premier voyage, il faut saluer les maîtres qui ont
Centenaire de la République triomphante de renouvelé l'histoire de la Révolution, dans
1889, comme celle de notre Bicentenaire qui son déroulement chronologique aussi bien
en est encore à découvrir les vertus apaisantes que dans la reconstruction dont elle a été
de la démocratie constitutionnelle : comment l'objet. C'est grâce à eux que l'on peut
faire pour sauver la mémoire de la Révolut comprendre la différence qui sépare le climat
ion, et dissocier l'épisode terroriste de l'œuvre de la commémoration du premier Centenaire,
politique ? En d'autres termes, comment de celui de notre Bicentenaire. Présidé par
séparer « les principes » et les pratiques ? Sadi Carnot, le petit-fils du grand Lazare
C'est la République thermidorienne qui a qui est alors panthéonisé, le premier Cen
inventé la première solution ; solution qui tenaire avait été militant, tout orienté vers
sera si bien intégrée par la France républi la célébration d'un passé qui permettait de
caine que ses origines thermidoriennes en justifier le présent de la République parle
mentaire qui, en outre, était en train de seront oubliées ; et si, aujourd'hui, il est
possible de le saisir, c'est qu'en réalité elle mener sa contre-offensive victorieuse contre
est en train de mourir sous nos yeux. La le boulangisme. Un siècle plus tard, la
solution consistait à stigmatiser la violence, commémoration est plus historicisée, ce qui
à en refuser la responsabilité, de façon à est normal. Mais, faute d'avoir trouvé ce
transférer la culpabilité sur « l'Ancien Ré lien affectif direct, alors représenté par la
gime », seul responsable de la « barbarie » famille Carnot, elle est aussi plus distanciée.
d'un peuple qui n'avait pas été éduqué. Et dans cette distance, s'installe le non-dit
du destin de la République française au 20e
siècle. 1. François Furet en fait la ligne directrice de sa Révolution,
Paris, Hachette, 1988.
2. Cf. Mona Ozouf, L'école de la France, Paris, Gallimard
1984, en particulier « Guerre et Terreur dans le discours 3. Bronislaw Baczko, Comment sortir de la Terreur. Thermidor
révolutionnaire, 1792-1794», p. 109-127. et la Révolution, Paris, Gallimard, 1989. MÉMOIRE RÉVOLUTIONNAIRE ET COMMUNION RÉPUBLICAINE
O LES « LIEUX DE MEMOIRE » : tous avaient essayé. Et lui-même de conclure
VOYAGES ET OUBLIS, que ce m

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents