Ma découverte de l Amérique - article ; n°1 ; vol.65, pg 75-90
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Ma découverte de l'Amérique - article ; n°1 ; vol.65, pg 75-90

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Description

Communication et langages - Année 1985 - Volume 65 - Numéro 1 - Pages 75-90
C'était il y a 30 ans : André Conquet révélait aux Français l'existence de deux concepts inconnus ici, qu'il avait découvert aux U.S.A. : la lecture rapide et la lisibilité. A court terme, cela ne lui valut que les sarcasmes d'une intelligentsia parisienne solidement ancrée dans ses préjugés. A moyen terme, ces révélations furent à l'origine de recherches fécondes sur l'apprentissage et le perfectionnement de la lecture et sur l'efficacité de l'écriture. Les caractéristiques assez mécanistes et béhavioristes des méthodes américaines d'alors ont été depuis corrigées par des conceptions plus mentales et plus globales des processus de lecture et d'écriture. Mais c'est précisément le mérite des systèmes riches — et de leurs propagateurs — de se révéler ouverts à des évolutions possibles. F. R.
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Publié le 01 janvier 1985
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Langue Français
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Extrait

André Conquet
Ma découverte de l'Amérique
In: Communication et langages. N°65, 3ème trimestre 1985. pp. 75-90.
Résumé
C'était il y a 30 ans : André Conquet révélait aux Français l'existence de deux concepts inconnus ici, qu'il avait découvert aux
U.S.A. : la lecture rapide et la lisibilité. A court terme, cela ne lui valut que les sarcasmes d'une intelligentsia parisienne
solidement ancrée dans ses préjugés. A moyen terme, ces révélations furent à l'origine de recherches fécondes sur
l'apprentissage et le perfectionnement de la lecture et sur l'efficacité de l'écriture. Les caractéristiques assez mécanistes et
béhavioristes des méthodes américaines d'alors ont été depuis corrigées par des conceptions plus mentales et plus globales des
processus de lecture et d'écriture. Mais c'est précisément le mérite des systèmes riches — et de leurs propagateurs — de se
révéler ouverts à des évolutions possibles.F. R.
Citer ce document / Cite this document :
Conquet André. Ma découverte de l'Amérique. In: Communication et langages. N°65, 3ème trimestre 1985. pp. 75-90.
doi : 10.3406/colan.1985.1721
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1985_num_65_1_1721DÉCOUVERTE MA
DE L'AMÉRIQUE
par André Conquet
C'était il y a 30 ans : André Conquet révélait aux Français l'existence de
deux concepts inconnus ici, qu'il avait découvert aux U.S.A. : la lecture
rapide et la lisibilité. A court terme, cela ne lui valut que les sarcasmes d'une
intelligentsia parisienne solidement ancrée dans ses préjugés. A moyen
terme, ces révélations furent à l'origine de recherches fécondes . sur
l'apprentissage et le perfectionnement de la lecture et sur l'efficacité de
l'écriture. Les caractéristiques assez mécanistes et béhavioristes des
méthodes américaines d'alors ont été depuis corrigées par des conceptions
plus mentales et plus globales des processus de lecture et d'écriture. Mais
c'est précisément le mérite des systèmes riches — et de leurs propagat
eurs — de se révéler ouverts à des évolutions possibles. F. R.
« La vérité ne triomphe jamais,
mais les opposants finissent par mourir. »
Lancinant, ce propos désabusé me taraudait l'esprit, tandis que F.
Richaudeau me demandait cet article pour Communication et langa
ges. « Pourquoi ne pas mettre noir sur blanc les souvenirs de votre
voyage aux Etats-Unis, en 1 953 ? C'est toute une époque qui revi
vrait, inconnue de beaucoup, surtout des plus jeunes. » Pourquoi
pas, en effet ? Nous avions souvent parlé de ce qu'il représentait
pour moi : une amitié s'était forgée au cours de ces échanges pas
sionnés. Je promis !
UNE BOURSE DU DEPARTEMENT D'ETAT
J'avais, à la demande de l'attaché culturel américain, posé ma can
didature à l'une de ces bourses d'études que le département d'Etat
réservait alors à ceux qu'il appelait, drôlement, leaders and special
ists. A la rigueur, je pouvais mériter les deux qualificatifs... Direc
teur général des Ateliers-écoles de la Chambre de commerce de
Paris, j'avais la responsabilité de quelque 3 500 jeunes gens et jeu
nes filles, répartis dans sept établissements. 53 métiers y étaient
enseignés, dont la sanction était le C.A.P. : des de l'aiguille
à ceux de l'alimentation, en passant par ceux du cuir, du bâtiment, Lisibilité
de l'automobile, du fer, du bois, etc. J'avais justifié ma demande en
faisant valoir la variété de mes intérêts et de mes attentes, comme
de mes curiosités très précises dans certains domaines, dont...
l'enseignement de la lecture. C'était l'époque où, déjà, un certain
nombre de « missions de productivité » étaient revenues d'Améri
que, porteuses d'enseignements, de découvertes et... de décept
ions parfois.
DEUX MOIS D'AVENTURES QUOTIDIENNES
Je partis, à la date fixée, le 1 9 avril 1 953 et revins le 1 9 juin, avec
un assez fort excédent de bagages, constitué surtout de livres et de
brochures, qu'il était alors impossible de trouver en France. Les
« appareils » devant être commandés à mon retour.
Sur place, j'allais chaque jour, stimulé par ma curiosité, qui compens
ait le trac que j'éprouvais en rencontrant tous les jours des person
nes nouvelles. De découvertes en découvertes, j'étais un peu acca
blé par la diversité et la complexité du monde américain, en général,
de celui des reading teachers, en particulier, dont je ne pouvais sup
poser, habitué au monde scolaire et universitaire français, qu'il était
si étonnamment riche de personnalités bien différentes. A qui comp
arer chez nous ces professeurs de reading (elementary et advanc
ed), ces professeurs de corrective, ou remedial reading, ces con
sultants, auteurs d'ouvrages spécialisés, fabricants d'appareillages
sophistiqués, ces bibliothécaires portant un intérêt tout particulier
aux manières de lire de leurs « clients » (jeunes, personnes du 3e
âge, malades, déficients ou dépressifs, etc.).
A mon retour, j'eus l'idée de demander un rendez-vous au Docteur
Simon, l'adjoint et l'ami de Binet, avec qui il avait établi les fameux
tests de mesure de l'intelligence qui portent leurs noms. Je savais
qu'il était très âgé, mais qu'il s'intéressait toujours aux choses qui
l'avaient passionné toute sa vie. Je lui fis un compte rendu de mon
voyage, singulièrement en matière des recherches et travaux sur la
lecture. Il le suivit avec une attention soutenue. Puis il me regarda
avec un triste sourire : « Comment avons-nous pu, me dit-il, nous
laisser devancer à ce point ? » C'est qu'il avait bien connu Javal,
io « un ingénieur comme vous », ajouta-t-il, en me confiant son livre
^ fondamental, la Physiologie de la lecture et de l'écriture 1 . Il avait lui-
o> même poursuivi des expériences prometteuses, dans des écoles pri-
§> maires, vers 1 908, avec une des ces collaboratrices, Mlle Régnier. Il
■2 avait pressenti, grâce à des outils de mesure très simples — chrono-
S mètres et métronomes — l'intérêt de notions comme la vitesse de
c lecture (mais oui, en 1 908 I) qu'il appelait « débit », la cadence du
♦= mouvement des yeux, etc. Expériences qu'on s'était empressé
2
£ 1 . Qui vient d'être réédité, grâce à cet exemplaire précisément, aux Editions RETZ,
§ par F. Richaudeau, dans la collection « Les classiques des sciences humaines »,
O 1979. découverte de l'Amérique 77 Ma
d'abandonner. J'appris avec peine, quelques mois après, que le Dr
Simon, que j'aurais volontiers entretenu à nouveau de l'état de mes
travaux, tant son premier accueil avait été chaleureux, était décédé
peu de temps après ma visite.
UNE LONGUE AVENTURE PEDAGOGIQUE
II est généralement admis en France, et les réactions favorables pro
voquées récemment par les déclarations de M. Chevènement sur
l'enseignement de la lecture à l'école primaire le prouvent à l'év
idence, que c'est dans celle-ci qu'on apprend à lire. Je ne sache pas,
encore aujourd'hui, qu'il y ait des postes prévus dans l'enseigne
ment secondaire, a fortiori dans le supérieur, pour des spécialistes
de la Reading proficiency. Qui oseraient d'ailleurs les occuper, sans
risquer « la mise en boîte » des collègues ? Aux Etats-Unis, il n'en
va pas de même. Aussi, indépendamment des méthodes utilisées et
des manuels correspondants, quel ne fût pas mon étonnement de
constater, après quelques semaines, qu'à tous les niveaux d'ense
ignement il y avait un enseignement de la lecture adapté. De niveau
croissant et complexifié bien sûr, depuis les cours de l'enseigne
ment primaire jusqu'à ceux des freshmen 2 en passant par ceux des
High Schools. Et je ne parle pas — ce qui fut une découverte pour
moi passionnante, étant donné la flexibilité des méthodes d'appro
che — de tous ces cours astucieux proposés (

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