Médias et développement socio-culturel : pour une approche pluraliste. - article ; n°1 ; vol.47, pg 10-22
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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1988 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 10-22
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

François Chevaldonné
Médias et développement socio-culturel : pour une approche
pluraliste.
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°47, 1988. pp. 10-22.
Citer ce document / Cite this document :
Chevaldonné François. Médias et développement socio-culturel : pour une approche pluraliste. In: Revue de l'Occident
musulman et de la Méditerranée, N°47, 1988. pp. 10-22.
doi : 10.3406/remmm.1988.2205
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1988_num_47_1_2205 Illustration non autorisée à la diffusion
Dessin : Dahou, in Révolution africaine, Alger, 17 janvier 1986. Introduction
François Chevaldonné
MÉDIAS ET DÉVELOPPEMENT SOCIO-CULTUREL
POUR UNE APPROCHE PLURALISTE
L'intérêt du public, au moins dans les nouvelles classes moyennes, s'investit volont
iers dans les sujets relatifs au Tiers monde. Il semble ainsi qu'à côté des médec
ins sans frontières ou d'un intégrisme qui est toujours celui des autres, les thèmes,
qui concernent plus particulièrement cinéma, industries culturelles et médias bénéf
icient d'une sorte d'engouement médiatique, organisés en motifs qui n'ont cessé
de se renouveler dans les trois ou quatre décennies écoulées.
Sans doute ont-ils l'avantage de fournir au discours quelques oppositions bien
tranchées, autour desquelles celui-ci peut fonctionner de façon «performante». Celle,
par exemple, entre les clichés de la technologie de pointe comme métaphore de
la modernité occidentale et les ressources que peuvent fournir à celle-ci les autres
cultures du monde, pour le nécessaire renouvellement dont on sait depuis E. Morin
qu'il constitue la contradiction motrice des industries culturelles. Ou, si l'on pré
fère, entre les richesses de ces patrimoines rendus brusquement disponibles théo
riquement à l'humanité entière, par la reproduction mécanique et électronique,
et d'autre part les processus de décomposition et de banalisation dans lesquels les
engage la diffusion mondiale des programmes et des normes.
Cet intérêt s'est jusqu'à présent traduit sur le plan académique et scientifique
par des études raisonnablement nombreuses, notamment pour les pays arabes (cf.
bibliographie du présent volume)1. Mais il faut constater que les travaux concer
nés sont pour l'essentiel monographiques, ou unidimensionnels. Tantôt le cadre
se limite à un média (Bachy, 1978; Kandil, 1987; Maherzi, 1980; Varis, 1985),
à un genre (Boulanger, 1975; Stolz, 1983), à un pays ou une région (Abbas, 1980;
Akhchichine et Naji, 1982; Al-Musawi, 1983; Chevaldonné, 1981; Houidi et Najar,
ROMM 47, 1988-1 12 / F. Chevaldonnê
1983; O'Brien, 1979); tantôt l'approche privilégie les structures technico-
administratives (Abou Bakr et Kandil, 1984; Pigé, 1965), les processus économi
ques (Masmoudi, 1975), plus fréquemment les contenus explicites des messages
(Berrah et al., 1981, 1987; Bourges, 1978; Fanon, 1968; Thoraval, 1987). Rare
ment sont prises en compte, parce que les plus difficiles d'accès, les conditions
socio-culturelles de production et surtout de réception.
Or la complexité des processus qu'il s'agit d'analyser devrait imposer des approches
croisées : comparatives, étant donné la diversité des situations, et surtout multi-
disciplinaires, aucun chercheur n'étant en état à l'heure actuelle de dominer les
méthodes et les problématiques de toutes les spécialités impliquées. Il n'est pas
sans intérêt de noter, parmi les premiers essais de regroupement dans cette orien
tation, plusieurs numéros spéciaux de la Revue Tiers Monde (Mignot-Lefebvre, 1979,
1987). Pour le monde arabe lui-même, une telle démarche ne s'est pas encore manif
estée, et le présent ouvrage est une tentative dans ce sens.
Tentative forcément imparfaite. Tous les médias, toutes les régions de ce monde
divers y sont représentés, sinon toujours avec le même poids (4 sujets portant sur
l'ensemble des pays arabes). Il en va de même pour les disciplines : s'y croisent
sémiotique, linguistique, sociologie, sciences juridiques et politiques, mais nous
aurions aimé bénéficier d'autres apports, notamment en économie. Quoi qu'il en
soit, le lecteur pourra vérifier sans peine que les deux grands courants théoriques
qui se partagent le champ de la recherche en communication sont équitablement
représentés : sans doute parce qu'il existe entre «critiques» et «empiriques», notam
ment pour ceux de ces derniers qui sont issus des sociétés concernées (et l'on notera
que 7 contributeurs sur 10 sont dans ce cas), un bon nombre de points d'accord
minimum sur les options qu'implique le rapport quotidien aux médias dans les
pays dominés.
Tel quel, ce premier essai fait apparaître des convergences significatives autour
de quelques axes de réflexion que l'on peut sommairement tracer ainsi :
- Importance des déterminations historiques dans le fonctionnement actuel du champ
des médias,
- Diversité des situations, et problèmes complexes d'articulation entre cette diversité
et la recherche de l'unité,
- Interactions entre l'expansion des nouvelles technologies et l'évolution plus générale
vers la mondialisation,
-entre ces deux processus et le recul des secteurs publics, dans le cadre
de la crise mondiale,
- Insuffisance actuelle des études sur la réception, qui seules permettraient une
approche plus fine des conséquences et des significations réelles des évolutions
en cours.
1 . La mise en place et la structuration du champ des médias
II est de moins en moins soutenable de se contenter d'imputer, comme on ne
l'a que trop fait, toutes les difficultés actuelles à l'héritage colonial; mais pour
autant on ne saurait faire l'économie d'une analyse sérieuse de cet héritage, avec
toutes ses implications présentes. Ainsi D. Boyd rappelle comment le lancement
d'émissions radio en arabe par les Italiens et les Britanniques, respectivement en Médias et développement I 13
Libye et au Moyen-Orient (et il en fut de même au Maghreb, cf. Pigé, 1965), s'expli
que bien moins par un souci de ménager une place, même modeste et dominée,
à la culture nationale, que par les antagonismes entre les puissances colonisatrices
elles-mêmes, auxquels la pression croissante des mouvements nationalistes à la veille
de la deuxième guerre mondiale conférait de nouvelles dimensions. Il montre éga
lement comment le développement de l'édition de livres et de la radio dans les
territoires sous contrôle répondait d'abord aux besoins de communication internes
du milieu colonial, de même qu'il a déjà été mentionné pour les cinémas (Cheval-
donné, 1975) et par le auteur pour les premières installations de télévision
apparues dans le monde arabe (Boyd, 1982). Celles-ci s'adressaient aux person
nels américains des grandes bases pétrolières de l'ARAMCO et des aérodromes
stratégiques : Wheelus, Dhahran.
Ainsi, pendant plusieurs décennies (un demi-siècle pour le cinéma dans certains
cas extrêmes comme l'Algérie) les structures de production et de diffusion, la pro
grammation, se sont organisées en fonction d'un certain type d'audience et de
besoins. Il est rare que les formes présentes résultent uniquement d'une demande
des publics actuels. Même après transmission (souvent partielle et excluant les
secteurs stratégiques), les installations, les normes de fonctionnement, les conte
nus, les instances de formation, restent marqués par la force d'imposition des modèles
antérieurs, dans une mesure et avec des conséquences qui restent à étudier.
L'un des corollaires importants devrait en être une appréhension suffisamment
nuancée des relations entre les pouvoirs politiques actuels et les médias. S'il n'est
que trop abondamment vérifié que les formes étatiques d'organisation des moyens
de grande diffusion, dans les pays que nous étudions ici, correspondent en général
à des gouvernements autoritaires et favorisent un contrôle de l'information de plus
en plus mal supporté (cf. ici D. Boyd, H. Kandil, B. Mostefaoui), il est essentiel
pour bien comprendre les processus à l'œuvre d'y distinguer, dans certains cas,
la part de reconduction des dispositifs trè

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