Mémoires complets et authentiques, sur le sièvle de Louis XIV et la Régence;

Saint-Simon Louis De Rouvroy Duc De 1675-1755

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• Louis XIV

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Extrait

MEMOIRES
DU DUC
DE SAINT-SIMON
IIICOULOMMIRRS. — TYPOGRAPHIE P. BRODARD ET G'«. ':
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MÉMOIRES 1
COMPLETS ET AUTHEN TIor es i
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DE SAINT-SIMON
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SUR LE SIÈCLE DE LOUIS X[V ET LA RÉGENCE
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COLLATIONNÉS SUR LE MANUSCRIT ORIGINAL J
PAR M. CHÉRUEL S
ET PRÉCÉDÉS d'une NOTICE
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PAR M. SAINTE-BEUVE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
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TOME TROISIEME 'S
PARIS V
LIBRAIRIE HACHETTE ET G'
79, BOULEVARD SAINT-GF.P.JIAIN, 70MÉMOIRES
DE SAINT-SIMON.
CHAPITRE PREMIER.
et prise Brisach le de Bourgogne, qui revient à la cour.Siège de par Mgr duc
— Le Portugal se joint aux alliés.— Infidélité du duc de Savoie.— Chan-
gement entier en Espagne; vues de la princesse des Ursins; roules qui la
conduisent à régner en Espagne. — Princesse des Ursins s'empare de la
—reine d'Espagne. — Caraclère de la reine d'Espagne. Princesse des
—Ursins ga'.ne les deux rois.— Caractère de Philippe V. Junte ou des-
pacho devenue ridicule. — Discrédit des deux cardinaux et leur conduite.
— Personnage d'Harcourt. —Artifice de retraite en Italie demandée par la
— sonprincesse des Ursins. — Louville écarté. Aubigny; énorme progrès
— — du despacho.—et sa licence. Retraite des cardinaux. Chute Louville
— d'Eslrées ambassadeur de France.a ordre de revenir tout à fait. Abbé
— avec Orry sous elle et AubignyPrincesse des Ursins règne pleinement
— Valouse — La Roche à l'estampille.— Peu depar elle. et sa fortune.
— Rivas.Fiançois demeurent à Madrid. Chute de
Mgr je duc de Bourgogne , après plusieurs camps , avoit passé le
Le maréchal de Vauban partit de Paris en cadence , le joignitRhin.
peu aprè; , et le 15 août Brisach fut investi. Marsin avoit paru le matin
du même jour devant Fribourg. Le gouverneur, se comptant investi,
brûla ses faubourgs Brisach lui envoya quatre cents hom-
, et celui de
mes de sa garnison et soixante canonniers. Tous deux en furent les
jusqu'audupes . et Brisach se trouva investi le soir. Il tint 6 septembre,
et Denonville. fils d'un des sous-gouverneurs des trois princes, en ap-
garnison,porta la nouvelle, et Mimeur la capitulation. La qui étoit de
quatre mille hommes, étoit encore de trois mille cinq cents qui sor-
tirent par la brèche avec les honneurs de la guerre, et furent conduits
à Rhinfels la défense duc Bourgogne s'acquit
; fut médiocre. Mgr le de
beaucoup d'honneur par son application, son assiduité aux travaux,
avec une valeur simple et naturelle qui n'affecte rien et qui va partout
où il convient, et où il a à voir, ordonner, à apprendre, et qui ney à
s'aperçoit pas du danger. Marsin qui prenoit jour de lieutenant général,
mais que le roi avoit attaché à sa personne pour celte campagne . lui
faisoit souvent là-dessus des représentations inutiles. La libéralité, le
soin des blessés, l'aflahilité et sa mesure suivant l'état des personnes
et leur mérite quitta
, lui acquirent les cœurs de toute l'armée. Il la à
regret sur les ordres réitérés roi, pour retourner en poste à la cour,du
où il arriva le 22 septembre à Fontainebleau On s'étoit bien gardé de
Saint-Simonm l2 LE PORTUGAL SE JOINT AUX ALLIÉS. [1703]
lui laisser entrevoir que la campagne n'étoit pas unie. Le projet du
maréchal de Tallard auroit été embarrassé de sa personne depuis que
roi a borné ces premières têtes del'exemple du l'État à des sièges et à
des campements exempts des hasards des batailles.
manqué, plutôtLe Portugal nous avoit ou nous avions manqué au
avec qui on ne put exécuter ce qu'on luiPortugal, avoit promis de
forces navales pour le mettre à couvert de celles des Anglois. Le duc
le grand seigneur le plusde Cadaval. plus et accrédité du conseil du
roi de Portugal, l'avoit fait conclure. L'exécution en étoit d'autan;
plus essentielle, qu'il étoit clair que les Portugais ne pouvoient point
propresse défendre par leurs forces d'ouvrir leurs ports aux flottes
ennemies. Il ne l'étoit pas moins que l'Espaane ne pouvoit être attaquée
que par le côté du Portugal, et que l'archiduc ne mettre pied
ailleurs pour porter la Rien n'étoità terre guerre. donc plus principaly
que de garder contre lui cette unique avenue, de conserver le conti-
nent de l'Espagne en paix en gardant bien ses ports et ses côtes . et de
une guerre ruineuse et dangereuse en ce pays-là,separgner tan-
dis qu'on en avoit partout ailleurs à soutenir. Les alliés avoient le plus
intérêt à s'ouvrir une diversion si avantageuse,puissant qui déplus
donneroit par mer une jalousie et une contrainte continuelle, dès qu'ils
hiveiuerpourroient faire leur flotte dans le port de Lisbonne, et avoir
liberté dans tous les autres du Portugal. Aussi ne perdirent-ils pasla
de temps à prévenir l'obstacle que nous pouvions mettre , et par lay
l'impuissance d'accomplir à temps notre traité, ilslenteur ou forcèrent
le roi de Portugal à en signer un avec eux. qui pensa plus d'une fois
dans la suite coûter la couronne à Philippe V.
en même temps on s'aperçut de l'infidélitéPresque du duc de Sa-
voie. Phélypeaux , ambassadeur du roi auprès de lui qui avoit le nez
,
fin, en avertit longtemps sans qu'on voulût le croire. Les traités, la
les anciens mécontentements sur le dédommagementdouble alliance ,
Montferrat, la ferme opiniun de Yaudemont qui se gardoit bien dedu
mander ce qu'il en pensoit. la duperie et la confiance si ordinaire de
tout cela rassuroit: Mme de Maintenon ne pouvoit croireVendôme,
coupable le père de Mme la duchesse de Bourgogne: Chamillart, sé-
entraînéduit par les deux généraux, étoit de plus par elle, et le
yeux. A la fin mais trop tard ilsroi ne voyoit que par leurs , s'ouvri-
rent: mais avant de raconter le périlleux remède auquel, pour avoir
trop attendu à croire, on fut forcé d'avoir recours, il faut voir
changement de scène qui arriva en Espagne, et reprendrel'entier y
les choses de plus haut.
suiv.)Si on se souvient de ce que j'ai dit (t. II, p. 246 et de la
princesse des Ursins . lorsqu'elle fut choisie pour être camarera-mayor
de la reine d'Espagne à son mariage . et depuis lors de l'apparente ré-
mari Italie,gence de cette princesse . pendant le voyage du roi sou en
Mme des Ursins vouloit régner eUe pouvoit atteindreon verra que ; n'y
qu'en donnant à la reine le goût des affaires et le désir d'y dominer,
épouseet se servir du tempérament de Philippe V et des grâces de son
au roi en feroitpour un partage du sceptre qui , en laissant l'extérieur ,