Michaelis et l archéologie française - article ; n°1 ; vol.120, pg 261-271
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Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1996 - Volume 120 - Numéro 1 - Pages 261-271
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gérard Siebert
Michaelis et l'archéologie française
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 120, livraison 1, 1996. pp. 261-271.
Citer ce document / Cite this document :
Siebert Gérard. Michaelis et l'archéologie française. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 120, livraison 1, 1996.
pp. 261-271.
doi : 10.3406/bch.1996.4597
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1996_num_120_1_4597/ • 261 BCH 120 (1996)
Michaelis et V archéologie française
Λ h mémoire d'Ulrich Hausmann
Les trois dernières décennies du XIXe siècle et les premières années du nôtre ont été
marquées, pour l'archéologie allemande et pour l'archéologie française, par une intense
activité et par de grandes découvertes sur les chantiers d'Olympie, de Délos et de Delphes.
Le bruit et la fureur qui, sur toile de fond politique, ont quelquefois accompagné la
concurrence entre deux nations rivales risquent de détourner l'attention d'autres faits qui,
cent ans après, paraissent plus considérables : les publications des uns et des autres, l'élabo
ration de méthodes de travail et de systèmes de pensée. Pendant cette période historique
Michaelis fut un témoin et, en maintes circonstances, un acteur. L'intérêt de son témoi
gnage tient à la personnalité de l'homme et à l'envergure du savant, du professeur, de l'a
dministrateur aussi dont l'influence a été souvent déterminante dans les hautes instances de
l'Université et hors de l'Université. Ce témoignage prend, en outre, un relief plus singulier
en raison du poste stratégique que Michaelis a occupé entre 1872 et 1906, l'année de sa
retraite : celui de professeur à l'Université de Strasbourg.
hg. ι À 37 ans, Michaelis s'était fait un nom dans le milieu international de l'archéologie
classique. Il avait, à partir de 1857, publié quelque quatre-vingts articles (courtes notes ou
études substantielles) dans les domaines les plus variés des sciences de l'Antiquité1. Son Par-
thenon venait d'être édité à Leipzig (1871). En Angleterre il avait, depuis les années '60,
entrepris des voyages d'études et noué des relations qui devaient conduire à l'imposant cata
logue des Ancient Marbles in GreatBntain (1882). Dès 1874 il faisait partie de la Direction
centrale de l'Institut archéologique de Berlin, dont il devait écrire l'histoire2. Le professeur
qui prenait possession de la chaire créée pour lui à la nouvelle Kaiser- Wilhelms Universitat
de Strasbourg était parfaitement préparé à la tâche qu'on lui assignait : contribuer, avec
d'autres, à construire sur la rive gauche du Rhin une brillante vitrine de la science all
emande3. Le baron von Roggenbach, ancien ministre des Affaires Étrangères du Grand-
Duché de Bade, l'organisateur et le financier, avait su recruter une pléiade de jeunes univers
itaires de valeur, notamment dans les disciplines des sciences de l'Antiquité et de l'histoire
de l'art4. L'ancien corps professoral des Facultés napoléoniennes avait, dans sa quasi-totalité,
quitté Strasbourg pour Nancy5. Le projet de création à Strasbourg d'une université interna
tionale, avec des chaires occupées conjointement par des savants allemands et des savants
français, « où l'esprit allemand et l'esprit français rivaliseraient sur le terrain pacifique des
sciences et des arts », relevait alors d'une utopie futuriste, tant la Kaiser Wilhelms Univers
itat devait servir d'instrument politique de germanisation de l'Alsace6. Il va de soi que,
GÉRARD SIEBERT — MICHAEUS ET L'ARCHÉOLOGIE FRANÇAISE 262 CENT CINQUANTENAIRE EFA
pour Michaelis, l'attrait principal de son nouveau poste était ailleurs. À Tubingen, entre
1865 et 1872, il était professeur de philologie en même temps que directeur du Musée
archéologique de l'Université et de sa collection de moulages7. À Strasbourg, von Roggen-
bach lui offrait non seulement une chaire d'archéologie — avec la perspective de se consa
crer sans partage aux monuments de l'Antiquité classique dont la passion lui avait été inspi
rée par son oncle O. Jahn, passion fortifiée par le voyage en Grèce en compagnie de son ami
A. Conze et par les séjours romains — , mais aussi la possibilité de créer son propre musée,
ex nihilo, avec des moyens considérables et avec une grande liberté d'action8. De tout cela
Michaelis fit un usage magnifique. Il transposait à Strasbourg le modèle de XMtertumswis-
senschafi que G. Perrot enviait alors à Paris9, en associant à une bibliothèque spécialisée une
rg. 2 et 3 importante photothèque et un musée de moulages de sculpture antique. De surcroît, il
tallait les collections dans les espaces les plus vastes et les plus beaux du Palais universitaire
construit entre 1878 et 1884. Il faut ajouter que, pour la forme même du palais, son amé
nagement, son décor, l'intervention de Michaelis, conseiller du baron von Roggenbach et
président du jury du concours d'architectes, a été décisive. Certains choix antiquisants sont
les siens : le rouge Pompéi des murs sur lesquels se détachaient les plâtres ; les mosaïques de
sol à l'imitation des pavements d'Ostie ; les fresques, avec leur bestiaire fabuleux inspiré de
l'École de Raphaël ; les citations harmonieusement associées du Palazzo Pompéi de Vérone,
de la Villa Garzoni de Pontecasale, de l'avant-corps central du petit Trianon10. En associant
la renaissance italienne et le classicisme français, Michaelis marquait son refus de tout natio
nalisme artistique, une attitude qui, on le verra, sera presque toujours la sienne dans le
domaine de la science11. Son successeur Paul Perdrizet pouvait à juste titre lui rendre cet
hommage : « L'Institut d'Archéologie Classique de l'Université de Strasbourg est l'œuvre
d'un grand savant et d'un galant homme »12.
Avant d'examiner les publications de Michaelis et ses comptes rendus d'ouvrages,
pour tenter de préciser ses relations avec l'archéologie française, il convient de rester quelques
instants encore à Strasbourg. Des collègues français, on l'a vu, les nouveaux universitaires
n'en trouvèrent plus sur place. Avec la ville les relations étaient difficiles, surtout dans les
années qui suivirent le siège et l'annexion, et sans doute plus particulièrement pour les
personnalités allemandes les plus en vue, quand elles exerçaient, par exemple, les fonctions de
recteur13. En revanche, par-dessus la ligne bleue des Vosges, le dialogue n'était pas rompu.
Michaelis a été élu en 1903 correspondant de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, mais sa collaboration avec l'Institut ne semble pas avoir été très active. Deux mois
avant sa mort, en 1910, il avait adressé à ses confrères une notice, lue par S. Reinach, « sur
un nouveau plan d'Athènes, de l'an 1687», où il étudie un document qui venait d'être
retrouvé à la Bibliothèque Saint-Marc de Venise14. À la séance du 19 août, A. Bouché-
Ledercq, informant l'Académie du décès de Michaelis, en retrace brièvement la carrière et
l'œuvre scientifique, dont il apprécie les mérites de façon un peu restrictive et non sans
quelque embarras15. En Sorbonne, l'autorité du modèle allemand dans le domaine des
sciences de l'Antiquité était reconnue depuis longtemps. Passons sur les plaintes misérabil
istes dont G. Perrot accompagne l'exposé de ses conditions de travail à l'intention des lec- 2*3 BCH 120 (1996) /
Flg. 1. — Portrait photographique d'A. Michaelis.
Rg. 2. — Vue de l'aula du Palais universitaire de Strasbourg; on peut distinguer des moulages en place dans les galeries de l'étage.
GERARD SIEBERT — MICHAEUS ET L'ARCHÉOLOGIE FRANÇAISE 264 CENT CINQUANTENAIRE EFA
teurs de la Revue des Deux Mondes16. La chaire d'archéologie classique venait d'être créée
(1876) et son deuxième titulaire, Maxime Collignon (1883), est déjà beaucoup mieux loti
dans la Nouvelle Sorbonne construite par H. P. Nénot entre 1881 et 1901. Il y dispose
d'une galerie de moulages et la reconnaissance de la jeune discipline y est particulièrement
solennelle : la statue allégorique de l'Archéologie figure parmi celles qui ornent le faîte de la
façade de la rue des Écoles ;

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