Note de synthèse - article ; n°1 ; vol.79, pg 65-78
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Description

Revue française de pédagogie - Année 1987 - Volume 79 - Numéro 1 - Pages 65-78
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marc Monteil
Note de synthèse
In: Revue française de pédagogie. Volume 79, 1987. pp. 65-78.
Citer ce document / Cite this document :
Monteil Jean-Marc. Note de synthèse. In: Revue française de pédagogie. Volume 79, 1987. pp. 65-78.
doi : 10.3406/rfp.1987.1480
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1987_num_79_1_1480REVUE FRANÇAISE DE PÉDAGOGIE N° 79, avril-mai-juin 1987, 65-78
Savoirs psycho-sociaux et éducation : les relations entre
NOTES DE SYNTHÈSE groupes, la dissonance cognitive
Si la psychologie sociale théorique et expérimentale a élaboré beaucoup de
modèles qui peuvent être utiles pour éclairer certaines pratiques pédagogiques force
est de constater néanmoins la faiblesse de son impact sur l'école et ses ressortis
sants. Sans vouloir entamer ici une analyse approfondie des éventuelles raisons
susceptibles d'aider à la compréhension de la faiblesse de cette audience, nous
voudrions, cependant, formuler deux remarques liminaires à notre propos sur la
présentation de deux domaines théoriques et expérimentaux de la psychologie so
ciale.
La première de ces remarques a trait à la méthode expérimentale et à son
utilisation en sciences humaines. Pour beaucoup de praticiens de l'éducation, les
situations dans lesquelles se déroule une expérimentation peuvent apparaître par
trop artificielles pour qu'on en puisse généraliser les résultats. Dès lors ce réduction-
nisme (réel mais qu'il convient d'assumer si l'on veut faire de la science) peut
présenter un caractère redhibitoire pour une éventuelle prise en compte des résultats
produits par voie expérimentale. Les praticiens auraient alors tendance à se tourner
vers des approches plus globalisantes, à haute valeur ajoutée interprétative, qui
semblent souvent s'adapter facilement aux réalités éducatives. Or, nous semble-t-il,
à trop privilégier l'utilisation de modèles spéculatifs totalisants on peut manquer à
repérer nombre d'éléments relatifs aux multiples occurrences du champ éducatif. Des
modèles totalisants aux explications totalitaires la frontière est certes marquée, et
son franchissement éventuel n'implique pas, à l'inverse de celui du fleuve Styx, un
impossible retour ; cependant, nombre de dogmatismes s'alimentent à leurs sources,
et ceci d'autant plus facilement que dans certains cas la luxuriance notionnelle
s'accompagne de suffisamment d'imprécisions pour permettre d'éviter une confrontat
ion à la prédiction. Par leur portée apparemment plus restreinte les travaux de genre
expérimental — dont nous ne disons évidemment pas qu'ils sont les seuls utiles et
les seuls valides pour informer des pratiques — sont, soit peu connus, soit délaissés
avant même d'avoir pu faire l'objet d'une lecture attentive. Les chercheurs portent
une part non négligeable de responsabilité dans ces conduites d'évitement des
modèles et systèmes psycho-sociaux en vigueur aujourd'hui dans la communauté
scientifique. En effet trop peu d'efforts sont faits pour s'adresser aux praticiens de
l'éducation, comme si le champ des pratiques scolaires, qui sert souvent de support
à l'étude des processus spécifiques permettant aux individus de participer aux
rapports sociaux, n'était pas envisagé comme heu possible de restitution des savoirs
produits dans les situations de type laboratoire.
La seconde remarque que nous souhaitons formuler porte sur la difficulté réelle
et majeure, rencontrée par le praticien dans l'exercice complexe de son activité. Que
peuvent, en effet, signifier pour lui et son action les différents enseignements de la
psychologie sociale ?
Dans l'étude d'un processus spécifique un effet, apparemment simple, suscepti
ble de médiatiser une dynamique psychosociale, est décomposé en plusieurs étapes
différentes ; à chacune d'elles des paramètres de plusieurs natures peuvent modifier
le déroulement du processus. Or, quels sont les poids respectifs de ces paramètres
dans une réalité socio-éducative concrète ? Il conviendrait de les connaître précisé
ment pour être assuré que l'effet se produira. Le chercheur, lui, crée, « fabrique » des
situations optimalement définies pour que cet effet puisse avoir lieu. Dès lors ces qui sont souvent autant de conditions d'expériences, permettent de cont
rôler, de maîtriser, de faire varier la valeur des facteurs ou paramètres susceptibles
65 « jouer » sur la production de l'effet. Cette pratique de recherche dont la légitimité de
est reconnue a permis d'élaborer de nombreux modèles de la psychologie sociale.
S'il en est ainsi pour le chercheur, il en va tout autrement pour le praticien, impliqué
qu'il est dans un vécu complexe et multiforme. Dès lors quelle signification peut-il et
doit-il accorder aux enseignements issus de la psychologie sociale sur l'identité
sociale et les rapports inter-groupes, sur la dissonance cognitive, pour ne citer que
les théories locales dont la présentation constituera le corps de cet article ? A
l'évidence aucune théorie considérée isolément ne peut fournir la garantie de la
réussite d'une action éducative par essence infiniment complexe. Aussi, pour le
praticien s'agira-t-il le plus souvent de concevoir des démarches qui prennent en
compte différents modèles disponibles. Dès lors, me semble-t-il, il convient de
défendre l'idée, comme a pu le faire Doise dans un papier déjà ancien (Doise, 1981),
de la promotion d'un éclectisme permettant aux praticiens d'emprunter à différents
modèles ce qu'ils peuvent avoir de meilleur quand ils sont conciliables. Cet éclec
tisme « guidé par la connaissance de ces systèmes et de ces modèles permettra aux
agents sociaux de mieux comprendre leur participation aux dynamiques sociales et
de devenir ainsi plus autonomes dans l'infléchissement des déterminismes sociaux »
(Doise, Ibid, p. 44). Cette position à laquelle je me réfère et que je défends n'a pas
pour but de faire naître un quelconque consensus entre différents systèmes théori
ques, en en appelant à un praticien idéal typique, de surcroît scientifiquement
vertueux, mais bien de faciliter une démarche en direction d'un travail d'articulation
de différents niveaux d'explication (Doise, 1982) dans la recherche théorique et dans
ses applications pratiques. Il me semble, en effet, que cette voie est la seule
possible pour faire reculer les vérités au statut quasi-ontologique des idéologies et
les comportements et langages de bois que le plus souvent elles gouvernent.
Au carrefour des praticiens que la Revue Française de Pédagogie a institué il me
paraît utile qu'une voie de circulation entre théories et pratiques continue à s'ouvrir
sans pour autant que le carrefour devienne impraticable. C'est la raison pour laquelle
je me propose d'essayer de présenter deux théories locales de la psychologie sociale
susceptibles de constituer des éléments pour l'élaboration d'un nécessaire éclec
tisme.
I. - LES RELATIONS ENTRE GROUPES
Dans le domaine des relations qui s'établissent à l'école entre élèves et groupes
d'élèves tout praticien a été amené, à un moment ou un autre de son activité, à
constater, par exemple, des manifestations soit d'opposition entre groupes, soit de
forte cohésion à l'intérieur d'un même groupe. Les phénomènes de différenciations,
les discriminations inter ou intra-groupes sont, en effet, singulièrement visibles à
l'intérieur d'une communauté d'élèves (mais pas seulement) et ceci même pour un
observateur peu attentif. Or cette problématique des relations de groupes et en
groupe est un élément important de la recherche psycho-sociale. Les travaux de
Doise (1976, 1979, 1982, 1984, 1985) constituent, parmi d'autres, un courant impor
tant de cette ligne de recherche ; je voudrais ici en proposer à travers leur genèse
une courte synthèse pour favoriser une réflexion sur ces phénomènes dits de
groupes, souvent vécus par l'observateur ou l'acteur comme liés à des dynamiques
un peu mystérieuses.
a) Un peu d'histoire contemporaine
Pour comprendre l'état actuel de la

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