Note sur la notion d état dans la pensée de Ah mad Ibn Abi Ad -d Iyaf, réformateur tunisien du XIXe siècle (1804/5-1874) - article ; n°1 ; vol.8, pg 141-170
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Note sur la notion d'état dans la pensée de Ah'mad Ibn Abi Ad'-d'Iyaf, réformateur tunisien du XIXe siècle (1804/5-1874) - article ; n°1 ; vol.8, pg 141-170

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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1970 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 141-170
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Béchir Tlili
Note sur la notion d'état dans la pensée de Ah'mad Ibn Abi Ad'-
d'Iyaf, réformateur tunisien du XIXe siècle (1804/5-1874)
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°8, 1970. pp. 141-170.
Citer ce document / Cite this document :
Tlili Béchir. Note sur la notion d'état dans la pensée de Ah'mad Ibn Abi Ad'-d'Iyaf, réformateur tunisien du XIXe siècle (1804/5-
1874). In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°8, 1970. pp. 141-170.
doi : 10.3406/remmm.1970.1085
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1970_num_8_1_1085NOTE SUR LA NOTION D'ETAT
DANS LA PENSÉE DE AHMAD IBN ABI AD'-D'IYAF,
RÉFORMATEUR TUNISIEN DU XIXe SIÈCLE
(1804/5 - 1874)
Ici s'impose un détour, qui, trop long, ne sera pas fait. Il faudrait
en effet examiner, en préalable à toute approche de la notion d'Etat dans la
pensée et l'oeuvre de B. Diyâf , la question de la naissance et du dévelop
pement de la pensée réformiste libérale tunisienne du XIXème siècle, celle
des traits sociologiques majeurs de cette pensée socio-politique ou culturelle ,
celle de ses nouveautés et de ses récupérations, tout comme celle des diver
ses influences orientales et occidentales sur cette pensée réformiste. Il fau
drait aussi examiner la lexicologie politique de l'époque, le vocabulaire socio-
politique pour déterminer le fonctionnement de la notion d'Etat dans ses con
textes politiques, son enrichissement d'associations nouvelles, et pour dé
gager les autres notions auxquelles se relie ce terme. Il faudrait enfin que
l'investigation de cette notion se développe essentiellement sur deux plans ,
celui de l'histoire de la société arabo-musulmane en général, tunisienne en
particulier et celui des idées, des représentations et des idéologies que s'est
donnée d'elle-même cette société.
C'est dire que l'approche de cette notion requiert une étude globale
et approfondie, que nous ne pouvons pas ébaucher dans le cadre de cette
note. Nous nous contenterons donc dans ce qui suit d'une première lecture
cavalière des traits démarcatifs de la notion d'Etat, de ses configurations ,
de ses sens et de ses implications, pour déterminer sa place dans le champ
lexical et sémantique dessiné pour le vocabulaire socio-politique de l'époque .
Mais auparavant, introduisons en peu de mots la vie de B. Diyâf et son rôle
dans la vie politique de la province tunisienne d'alors. Cela peut éclairer ,
partiellement du moins, sa discussion des mérites et des défauts respectifs
des divers régimes politiques.
1 - B. DIYÂF : EXPERIENCE DU POUVOIR ET HISTOIRE
Zaytûnien, la culture de B. Diyâf a été d'ordre traditionnel. On n'en
saurait certes douter. Mais ses aptitudes particulières incontestables ont fait
de ce zaytûnien, dont le maître le plus eminent a été le chaikh ar-Riyâhl ,
plus qu'un juriste. Sa bonne mémoire, son sens critique, son désir de con
naissance et de vérité l'ont très vite conduit au coeur des affaires de la B. TLILI 142
province (1827). Nonobstant le refus de son père, refus justifié par le sort
dramatique dont il fut la victime, B. Diyâf ne déclina pas toutefois les char
ges gouvernementales. La chancellerie beylicale lui permettait en effet non
seulement d'exercer ses talents d'écrivain, mais aussi d'être bien informé
de la trame de l'existance mouvementée de la province. Ayant été ainsi d
irectement au service de quatre gouverneurs généraux, B. Diyâf a acquis une
connaissance précise des différents rouages du pouvoir et de son exercice.
Sa position au gouvernement lui permettait non seulement d'intervenir eff
icacement dans la vie politique du pays, mais également de consolider le mou
vement de réformes.
Incontestablement, B. Diyâf a participé activement à la formation et
au développement du groupe de réformateurs tunisiens. Il a été en effet en
relation avec nombre d'hommes politiques et d'enseignants des deux foyers
de pensée tunisienne, et avec des lettrés et des réformateurs ottomans qui
se sont signalés au cours du XIXème siècle. En particulier, B. Diyâf a été
en rapport avec le chroniqueur al-Bâji al-Mas'ûdî, les chaikhs ar-Riyâhi ,
Bayram, B. al-Khûja, Gâbâdû, 'Umar b. ach-Chaikh, le général Husayn,
le général Rustum, le colonel Calligaris, Joseph Raffo, fAbd al-1 Aziz bû'Attûr
Fâris ach-chidyâq, Khayr ad-Dln, at'-T'aht'âwl, et tant d'autres encore. Sa
correspondance avec entre les années 1854 et 1857, au mo
ment où celui-ci était à Paris, puis à Londres -dont une partie vient d'être
publiée à Tunis- éclaire en effet d'un jour nouveau le rôle de B. Diyâf dans
le mouvement de la nahda1
Le mérite de B. Diyâf n'est pas ainsi aussi mince que certains se
raient tentés de le croire ou de le faire croire. Plusieurs missions délica
tes lui ont été en effet confiées ; aussi bien auprès du gouvernement central ,
successivement en mai 1831, et en mars 1842, qu'auprès des personnalités
religieuses et politiques de la province tunisienne. Il s'en est souvent acquitté
honorablement, en visant essentiellement l'intérêt général de la province et
de l'Empire. Faudrait-il rappeler que la question de la nécessité de l'appli
cation des réformes en Tunisie ait été largement débattue à Istanbul, en
1842, entre B. Diyâf et les hommes d'Etat turcs ? Le profond respect et la
grande admiration de B. Diyâf pour le chaikh al-Islâm'Arif, partisan con
vaincu des Tanz' imtit, sont incontestables3 . Conseiller du bey réformateur
Ahmad, qu'il accompagna d'ailleurs à Paris, en 1846, B. Diyâf, tout comme
son maître le chaikh Ibrahim ar-Riyâhl, ne ménageait jamais, en effet, de
formuler à l'égard de la politique beylicale les critiques les plus acerbes
et les plus virulentes. Sa position particulière lui permettait d'ailleurs d'en
treprendre de telles initiatives audacieuses, sans encourir trop de risques,
1. M. S. Mzali vient de contribuer à l'explication du rôle de B. Diyâf dans le mouve
ment de la nahda tunisienne, et par suite à la compréhension d'une période de l'existence mou
vementée de la province tunisienne à la veille du Protectorat, en publiant une partie des let
tres de B. Diyâf à son ami Khayr ad-Dln. Voir à ce sujet M.S. Mzali : ffat'a'tq tûnùalyya,
min rast'll tbn ibt ad-D'lybf. Tattma li-Ith'ùf ahl az-Zamûn. (Documents tunisiens, de la
correspondance de Ibn Abl ad-Diyaf, appendice à sa chronique), Tunis, Maison Tunisienne
d'Edition, 1969. Voir aussi : M.S. Mzali : La situation de la Tunisie à la veille du Protect
orat. D'après les lettres de Conti à Khereddine et d'autres documents inédits. Tunis, 1969.
2. B. Diyâf ilth'&f, Tunis, 1964, VI, pp. 13-30. D'ETAT DANS LA PENSEE DE AH'MAD IBN AD'-DTYAF. 143 NOTION
dans une période où les beys disposaient, sans contrôle, du droit de vie ou
de mort de leurs sujets. Au cours du voyage effectué en France, il ne s'était
pas privé, du reste, d'attirer l'attention de Ahmad Bey sur les multiples
aspects de la civilisation et de la culture occidentales, et d'insister sur la
nécessité de l'institution d'un régime libéral dans la province tunisienne .
Cette visite lui a également suggéré de nombreuses observations intéressantes
sur le progrès et les institutions de la France. Il ne s'y est pas toutefois
trop attardé, car il a renvoyé ses lecteurs aux ouvrages célèbres de
at'-T'aht'âWÎ et de Ach-chidyâq3. En bref, de par ses charges officielles, et
par suite de ses rapports avec nombre de personnalités politiques et de
lettrés, B. Diyâf a effectivement contribué à diffuser l'idée de réforme aussi
bien dans le milieu gouvernemental que dans celui de la az~Zaytûna.
L'effort et la contribution de B. Diyâf au mouvement de la nahda tu
nisienne sont de ce fait évidents. De plus, c'est lui qui a été chargé de rédi
ger, en une nuit, le texte du Pacte Fondamental. Il a collaboré aussi à la
rédaction et à la discussion du texte de la constitution de 1861. Il a été en

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