Notices sur les manuscrits Petau conservés à la bibliothèque de Genève (fonds Ami Lullin) (suite) - article ; n°1 ; vol.72, pg 279-313
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Notices sur les manuscrits Petau conservés à la bibliothèque de Genève (fonds Ami Lullin) (suite) - article ; n°1 ; vol.72, pg 279-313

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1911 - Volume 72 - Numéro 1 - Pages 279-313
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Hippolyte Aubert
Notices sur les manuscrits Petau conservés à la bibliothèque de
Genève (fonds Ami Lullin) (suite)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1911, tome 72. pp. 279-313.
Citer ce document / Cite this document :
Aubert Hippolyte. Notices sur les manuscrits Petau conservés à la bibliothèque de Genève (fonds Ami Lullin) (suite). In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1911, tome 72. pp. 279-313.
doi : 10.3406/bec.1911.448416
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1911_num_72_1_448416NOTIGES
SUR LES
MANUSCRITS PETAU
CONSERVÉS A LA
BIBLIOTHÈQUE DE GENÈVE
(FONDS AMI LULLIN).
(Suite*.)
Manuscrits français.
Ms. fr. 85 (Petau 184). Guillaume de Tyr. Histoire des
croisades et Continuation anonyme jusqu'en 1229. Traduct
ion française.
Milieu du xve siècle. Flandre. Parchemin. 247 feuillets. 412 sur 300 milli
mètres. Écriture à deux colonnes; réglé à l'encre grise-violette. Peintures;
encadrements; lettrines enjolivées. Reliure basane brune, xvii" siècle, aux
armes, chiffre et devise des Petau; tranche jaspée.
Le style des peintures et certaines particularités dialectales du
texte dénotent à première vue l'origine flamande de ce manuscrit.
Un écusson2 placé dans l'encadrement, au bas du premier feuillet,
nous apprend que ce volume a fait partie, au xve siècle, de la librai
rie d'un membre de la maison de Clèves, selon toutes probabilités
Adolphe de Olèves, seigneur de Ravenstein3, l'un des neveux de
1. Voir Bibl. de l'École des chartes, t. LXX, p. 247 et 471.
2. Écartelé : au 1 et 4 de Clèves; au 2 et 3 de la Mark; en abîme, un écu
écartelé : au 1 et 4 de Bourgogne moderne ; au 2 et 3 de Bourgogne ancien ;
avec un écusson aux armes de Flandre brochant sur le tout.
3. Fils d'Adolphe IV, duc de Clèves, comte de la Mark, et de Marie de Bour- 280 NOTICES SUR LES MANUSCRITS PETAU
Philippe le Bon, duc de Bourgogne, auprès duquel il fut élevé. Un
emblème, composé d'un Q majuscule (ou peut-être un grand 2, ou
encore l'abréviation de et), surmonté d'une couronne et accompagné
de la devise : A iamés, est deux fois répété dans l'encadrement, où
se voit le blason de Clèves-Ravenstein. En regardant très attentiv
ement blason et emblème, on constate que l'un et l'autre ont été
peints à des endroits qui ont subi un grattage minutieux. Sous les
armes de Clèves-Ravenstein, on arrive à distinguer par transpa
rence les traces d'un écu écartelé, dans lequel les armes de La Mark
figuraient aux quartiers 1 et 4. De l'emblème primitif, on n'aperçoit
plus guère que des vestiges indistincts; il devait comporter des
flammes rayonnantes.
Les peintures et la décoration marginale très élégante de ce
manuscrit rappellent les travaux du même genre exécutés pour Phi
lippe le Bon4. Elles sortent certainement de l'atelier d'un des enlu
mineurs qui travaillèrent pour ce prince. Plusieurs artistes ont
coopéré à la décoration du volume : l'un peint des fonds de paysage
tout à fait conventionnels (voir fol. 121, 132, etc.), tel autre observe
attentivement la nature et en exprime les aspects avec un accent de
vérité ; ainsi on reconnaît sans peine les essences d'arbres qu'il s'est
plu à représenter (voir fol. 130 v°, 145, 161 v°). Tel des illustra
teurs rend avec plus de mouvement et de nerf les scènes de bataille
que tel autre, dont les compositions sont ternes et languissantes.
Parmi des images médiocres, on rencontre parfois une excellente
vignette, bien composée et traitée avec un sens exact des valeurs.
Ainsi les deux peintures des fol. 86 v° et 108, où l'on voit le comte
Baudoin recevant la couronne des mains du patriarche de Jérusa-
gogne. On trouve son nom et son blason, identique aux armes décrites
ci-dessus, parmi ceux des chevaliers de la Toison d'or dans la seconde moitié
du xve siècle jusqu'en 1491. Il mourut entre cette date et 1500. Au chapitre
de la Toison d'or tenu en 1500, le nom d'Adolphe de Clèves apparaît sur la
liste des chevaliers récemment trépassés, qu'il s'agit de remplacer.
11 y a lieu d'observer que deux proches parents d'Adolphe de Clèves ont
porté les mêmes armes que lui : son neveu, Engilbert de Glèves, troisième
fils de Jean Ier, duc de Clèves, héritier du comté de Nevers du chef de sa
mère, Elisabeth de Bourgogne, comtesse de Nevers ; puis Philippe de Clèves,
seigneur de Ravenstein, vivant en 1482 (cf. Paul Durrieu, Jacques de Besanç
on, p. 25-26). Le frère aîné d'Adolphe de Clèves-Ravenstein, Jean Ier, duc de
Clèves, portait simplement de Clèves, parti de la Mark.
1. Cf. en particulier, Salomon Reinach, 'Un manuscrit de Philippe le Bon
à Saint-Pétersbourg , dans les Monuments et Mémoires de la fondation Piol,
t. XI. CONSERVÉS A LA BIBLIOTHÈQUE DE GENEVE. 281
lem, Arnoul, sont de charmants tableaux d'intérieur. Les attitudes
variées et expressives des assistants sont très heureusement notées.
La vignette-frontispice est divisée en deux compartiments. Dans
le haut, des scènes de carnage et de violence : ce sont les persécu
tions exercées à Jérusalem par les infidèles contre les chrétiens.
Dans le compartiment inférieur, à gauche, l'entrée de Pierre l'Her-
mite à Jérusalem ; à droite, le même personnage présente au pape
une supplique du patriarche. L'encadrement, composé de fleurs, de
fruits et de rinceaux, est séparé du texte par un bandeau d'or bruni
semé de marguerites.
Ce beau volume resta longtemps dans les Flandres. Au com
mencement du xviie siècle, il appartenait à Charles- Alexandre, duc
de Croy, marquis d'Havre1.
Le texte que donne ce manuscrit était désigné dans la liste de
vente du cabinet Petau sous le titre assez vague de Voyages
d'outre-mer, qui a passé dans le Catalogue de Senebier (p. 359-
361). C'est en réalité une version modernisée, transcrite au xve siècle
dans le dialecte de la Flandre française2, de la traduction française
rédigée au xine siècle de YHistoria rerum in partibus transma-
rinis gestarum par Guillaume de Tyr3. La plupart des noms
propres sont estropiés, soit qu'il faille attribuer ces incorrections
1. Il a fait peindre sur un des feuillets de garde son blason et ses emblèmes
(deux mains sortant de nuages, qui tiennent une banderole marquée de la
lettre W, et, au-dessous de l'écu, un cœur chargé d'un G et transpercé d'une
flèche), accompagnés de sa devise : J'ayme qui m'ayme, de son cri : Je sous-
tiendray Croy, et de son nom avec la date : 1616 (cf. ci-après le ms. fr. 182,
de même provenance). Charles-Alexandre de Croy était né le 21 mars 1581. Il
se distingua à la bataille de Prague et fut tué dans son palais de Bruxelles le
5 novembre 1624 (voir Père Anselme, Hist, généalogique et chronologique,
t. V, p. 644). Il retira le duché de Croy en vertu d'un arrêt du 26 février
1613, après la mort de son cousin et beau-frère, Charles, duc de Croy et
d'Aerschot (1560-1612). Celui-ci était un bibliophile distingué. Il avait hérité
de son grand-père maternel, Georges d'Hallevyn, les goûts littéraires et une
bibliothèque de prix, qu'il se plut à enrichir. Cette librairie, « la plus belle
collection privée qui existât alors en Belgique », fut vendue après la mort de
son propriétaire, en 1614 (cf. Edward van Even, Notice sur la bibliothèque
de Charles de Croy, duc d'Aerschot (161k), dans le Bull, du bibliophile
belge, t. IX (1850), p. 380, 436). On peut se demander si les manuscrits de
Charles-Alexandre de Croy n'avaient pas auparavant fait partie de cette col
lection; mais nous n'en avons pas la preuve.
2. On relève les formes ainchois, prinches, garchon, souspechon, machon, etc.
3. Cf. Guillaume de Tyr, Histoire des croisades, dans le Recueil des histo
riens des croisades, Historiens occidentaux, t. I et II.
1911 19 282 NOTICES SUR LES MANUSCRITS PETAU
aux copistes successifs entre les mains desquels ce texte s'était peut-
être altéré du xine au xve siècle, soit qu'on ait procédé à cette der
nière date à un travail peu soigneux de rajeunissement de la version
primitive.
A partir du livre XXIII, nous avons affaire à la Continuatio

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