Penser la démocratie moderne avec, et contre, Carl Schmitt - article ; n°1 ; vol.42, pg 83-96
15 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Penser la démocratie moderne avec, et contre, Carl Schmitt - article ; n°1 ; vol.42, pg 83-96

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
15 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française de science politique - Année 1992 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 83-96
Cet article se propose de prendre Carl Schmitt comme « révélateur » pour mettre en évidence le rôle constitutif que joue le pluralisme dans la démocratie moderne, entendue comme nouvelle forme politique de société. Les critiques que Schmitt adresse au libéralisme nous permettent de reconnaître les points de défaillance de la démocratie libérale, mais aussi le moyen de les surmonter. Contrairement à Schmitt qui voit dans le conflit qui existe entre la logique démocratique de l'identité et la logique libérale du pluralisme la preuve du caractère inviable de la démocratie libérale, on peut envisager qu'il s'agit là non d'une contradiction mais d'une tension qui est spécifique à la démocratie moderne et y voir la condition de possibilité d'un pluralisme démocratique.
Thinking about modern democracy with, and against, Carl Schmitt
Carl Schmitt is here viewed as a revealer who helps to highlight the constitutive role that pluralism plays in modem democracy, understood as a new political form of society. Schmitt's criticism of liberalism enables us to recognize the shortcomings of liberal democracy as well as the means to overcome them. But unlike Schmitt, who sees in the conflict between the democratic logic of identity and the liberal logic of pluralism the proof of the unviable character of liberal democracy, one can consider that this is not a contradiction but a tension specific to modem democracy, and to see in it the enabling condition for democratie pluralism.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 62
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Chantal Mouffe
Penser la démocratie moderne avec, et contre, Carl Schmitt
In: Revue française de science politique, 42e année, n°1, 1992. pp. 83-96.
Résumé
Cet article se propose de prendre Carl Schmitt comme « révélateur » pour mettre en évidence le rôle constitutif que joue le
pluralisme dans la démocratie moderne, entendue nouvelle forme politique de société. Les critiques que Schmitt adresse
au libéralisme nous permettent de reconnaître les points de défaillance de la démocratie libérale, mais aussi le moyen de les
surmonter. Contrairement à Schmitt qui voit dans le conflit qui existe entre la logique démocratique de l'identité et la logique
libérale du pluralisme la preuve du caractère inviable de la démocratie libérale, on peut envisager qu'il s'agit là non d'une
contradiction mais d'une tension qui est spécifique à la démocratie moderne et y voir la condition de possibilité d'un pluralisme
démocratique.
Abstract
Thinking about modern democracy with, and against, Carl Schmitt
Carl Schmitt is here viewed as a " revealer " who helps to highlight the constitutive role that pluralism plays in modem democracy,
understood as a new political form of society. Schmitt's criticism of liberalism enables us to recognize the shortcomings of liberal
democracy as well as the means to overcome them. But unlike Schmitt, who sees in the conflict between the democratic logic of
identity and the liberal logic of pluralism the proof of the unviable character of liberal democracy, one can consider that this is not
a contradiction but a tension specific to modem democracy, and to see in it the enabling condition for democratie pluralism.
Citer ce document / Cite this document :
Mouffe Chantal. Penser la démocratie moderne avec, et contre, Carl Schmitt. In: Revue française de science politique, 42e
année, n°1, 1992. pp. 83-96.
doi : 10.3406/rfsp.1992.404277
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1992_num_42_1_404277PENSER LA DEMOCRATIE MODERNE
AVEC ET CONTRE CARL SCHMITT
CHANTAL MOUFFE
AU
les chercher de tant grande fonctionne au que sion permettre ses son socialiste régime afin indiquer naissance toute croient libérale parlementaire cratie la aider union des représentation légèreté borées univers futur libéralisme démocratie la totalitarisme Pour possibilités Une Cette plus revendications élucider fontionnement régime contrairement Il que première forme et il au dont sait entre ne faire que pluraliste des brillants risque Se exclusivement est en de du établir interrogation début nous prééminence aborder moment suffit maintenant et mesurer de on pensée thèses un la urgent capitalisme plus avancer adhésion démocratique deux le parlementaire libérale la leur qui Cela importance peut moins nature bien du permettrait plus régime quelques Le démocratie et sujet difficile comme principes extrêmement libérale centrales aux siècle lui de requiert où temps les cette la être notre sont un en comme mener sur la loin au découvrir énoncé du questionner est idées plus qui faire on postérieure les adversaire question moins démocratie repères niveau nouvelle toujours effondrement est la une réflexion spécifique législatif fait de est-il nous politiques appréhender critiques intransigeants qui re apologie nature venu horizon consister illusion voir gouvernement partir Schmitt coexister les disparates ues de incongru affirment ses du pas annonce et une extrêmement forme été ignorer analyser les quoi de aussi car clair le sur politique limitations adresse mais dégager de absolument viable imaginaire principe effectuée de sociétés la son dans les est le fa exécutif rigoureux on sujet du la démocratie politique Le de et questions uvre on monarchie certains font Carl auteur celui spécificité communisme parle articulation que car le des faire ses victoire signifiant énonciation nouvelle avec du libérales Schmitt pertinentes et un consensus au preuve hétérogènes il où principes du perspectives de parlementarisme que remarquer appartient 19e au est libéraux La le viennent il de pluraliste libéralisme mettre identité définitive Schmitt société perspicace siècle principe parti et caractérisé distance ses démocratiques une la pose démocratie devrait sans de Bien il et adversaires examiner en opposer la est national- inscrire ceux En que il pour entre conces en sont comme déclare semble propre grande éla démo donné valeur pas de est nous effet peut tant on par qui re est en de la le si
83 Chantal Mouffe
dire que ce est pas pour des raisons pratiques de dimensions qui
auraient rendu impossible exercice de la démocratie directe été
instituée la démocratie représentative Dans Parlementarisme et démocra
tie il fait remarquer que si était pour des motifs opportunité pratique
que des personnes de confiance étaient chargées de décider en lieu et
place du peuple cela pourrait tout aussi bien justifier un césarisme
antiparlementaire Ce est donc pas du côté du principe démocratique
de identité il faut chercher la ratio du système parlementaire mais
du côté du libéralisme dont il agit de saisir la cohérence en tant que
système métaphysique global
après Schmitt le principe libéral fondamental autour duquel or
donne tout le reste est que la vérité peut être trouvée partir du libre
conflit des opinions Dans une telle perspective il pas de vérité
définitive et celle-ci devient une simple fonction dans une éternelle
concurrence des opinions 45 La raison être du parlementarisme
apparaît dès lors dans le fait il consiste dans un procès de confron
tation des opinions où peut surgir la volonté politique Ce qui est
essentiel dans le Parlement est donc échange public arguments et
de contrarguments les débats publics et le fait de parlementer pour
autant il est nul besoin de penser déjà directement la démocratie
42)
Après avoir affirmé que aspect représentatif ne provenait pas de la
logique démocratique mais de la métaphysique libérale Schmitt va
ensuite le présenter comme constituant élément non démocratique de
la démocratie parlementaire En effet il rend impossible identité entre
gouvernants et gouvernés qui est selon lui ce qui définit la démocratie
où sa conclusion il existe une contradiction logée au ur du régime
libéral démocratique puisque le libéralisme nie la démocratie et que la
démocratie nie le libéralisme
Arrêtons-nous un instant sur cette conclusion Ce qui la rend possible
est identification que fait Schmitt entre la démocratie comme sou
veraineté populaire et le principe de identité des gouvernants et des
gouvernés Il affirme que la démocratie consiste dans identité entre la
loi et la volonté populaire et est pour cette raison il considère
elle peut être compatible avec un régime autoritaire écrit-il pas
en effet le bolchevisme et le fascisme sont certes antilibéraux comme
toute dictature mais pas nécessairement antidémocratiques 115
est parce que le libéralisme tend précisément empêcher la réalisation
complète de cette logique de identité il voit une contradiction entre
la logique du libéralisme et celle de la démocratie
Il faut souligner autre part importance de la connexion il
établit entre le principe du gouvernement représentatif parlementaire et
univers intellectuel du libéralisme Les libéraux dit Schmitt ont voulu
fonder la légitimité du système parlementaire sur le rôle crucial de la
discussion publique ils présentent comme le moyen pour arriver la
vérité grâce la dialectique des opinions Une telle idée peut-être pu
Carl Schmitt Parlementarisme et démocratie Paris Le Seuil 1988 41
84 Penser la démocratie
avoir un semblant de crédibilité au 19e siècle mais avènement de la
démocratie de masse moderne définitivement révélé le caractère illusoire
des prétendues fondations intellectuelles de la démocratie parlementaire
ordre libéral parlementaire exigeait en effet de confier la sphère
privée toute une série de questions disruptives concernant la morale la
religion et économie était la condition pour que le Parlement puisse
se présenter comme endroit où les individus mis distance des intérêts
conflictuels qui les opposaient discutent de manière impartiale et arrivent
un consensus rationnel De cette fa on était réalisée homogénéité qui
de avis de Schmitt est requise pour le fonctionnement de tou

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents