L Idée de l Être (suite) - article ; n°23 ; vol.31, pg 257-279
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1929 - Volume 31 - Numéro 23 - Pages 257-279
23 pages

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Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 27
Langue Français
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Extrait

P. De Munnynck
L'Idée de l'Être (suite)
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 31° année, Deuxième série, N°23, 1929. pp. 257-279.
Citer ce document / Cite this document :
De Munnynck P. L'Idée de l'Être (suite). In: Revue néo-scolastique de philosophie. 31° année, Deuxième série, N°23, 1929. pp.
257-279.
doi : 10.3406/phlou.1929.2543
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1929_num_31_23_2543X
L'IDÉE DE L'ÊTRE
(Suite *)
II
L'Idée de l'Être dans la Vie volontaire
Par la connaissance intellectuelle nous sommes ce que
nous connaissons. « Intellect us fit dmnia », voilà encore un
adage qui ne livre pas toujours, même à certains esprits
avisés, toutes les richesses qu'il voile un peu en les révélant.
Pour se convaincre que nous sommes ce que nous connais
sons, il suffit de considérer un instant ce qu'implique la
« conscience » . Elle ne se définit assurément pas ; les des
criptions les plus révélatrices sont encore, non seulement
inadéquates, mais trompeuses. Cependant nous savons ce
qu'est la conscience ; nous le savons si bien qu'à certains
égards c'est plutôt le non-conscient qui aurait besoin d'ex
plication.
Elle implique assurément, au moins dans sa forme
supérieure, la mainmise sur elLe-même. Nous ne pouvons
pas savoir que l'homme est animal raisonnable, que la
science de Dieu est la cause de son objet, sans savoir que
nous le savons. S'il n'en était pas ainsi, nos recherches
continueraient à l'infini ; car nous ne saurions jamais que
l'intelligence a conquis sa fin, la vérité évidente. Par le
*) Voir Revue Nio-Scolastique de Philosophie, mai 1929, pp. 182-203.
1 258 P. De Munnynck
fait même que nous savons quelque chose, nous savons que
nous le savons, nous avons conscience de le savoir ; la con
naissance intellectuelle par un retour complet et spontané
sur elle-même, s'appréhende et se possède elle-même.
Or il est clair qu'en se possédant par la conscience, elle
ne peut posséder que ce qu'elle est. Et par la connaissance,
elle possède incontestablement son objet. Elle est donc cet
objet. L'intelligence est une potentialité infinie qui peut
devenir tout, qui est tout ce qu'elle connaît. La terre et le
ciel s'étalent autour de nous ; nous saisissons intellectue
llement le temps et l'éternité. Tout cela est nôtre ; tout cela
est nous ; et la connaissance apparaît comme un enrichi
ssement de notre être. Qu'on y réfléchisse ; et l'on se con
vaincra que le progrès intellectuel est la marche continue
vers F être infini de Dieu. Mais n'anticipons pas.
« Operari sequitur esse ». On a fait de multiples usages
de ce dicton au point que sa formule est devenue lourde de
sens, et même un peu équivoque. On lui voit attribuer,
dans les manuels et les publications courantes, quatre signi
fications, connexes sans doute, mais cependant distinctes.
1. On peut vouloir dire que l'opération est postérieure à
l'être, qu'elle suppose l'être. C'est très vrai, et en ce sens
l'adage est opposé au dynamisme radical, à celui qu'on
attribue à Heraclite, et à celui que Bergson a formulé de
nos jours. Analysez l'opération, vous y trouverez certain
ement l'être; et c'est ce que Kant montre très bien à propos
de sa catégorie de substance faussement conçue. — Anal
ysez l'être comme tel, en lui-même, et vous n'y trouverez
certainement pas l'opération. Kant encore le savait, et il
en conclut faussement que le principe de causalité est syn
thétique, quoique a priori.
2. « Operari sequitur esse » veut dire en second lieu que
l'être entraîne nécessairement l'opération, qu'il n'y a pas
d'être sans devenir. Et dans l'ordre des êtres finis, c'est
certain. L'adage est dirigé contre Parménide et les Eléates,
captivés par l'opposition de l'être et du non-être, dont la Vidée de l'Être £59
doctrine admirable de la puissance réelle nous a définitiv
ement affranchis.
3. On dit encore que « operari sequitur esse » dans ce
sens que l'opération est proportionnée à l'être. De cette
manière on passe de l'être à l'ordre des essences, des déter
minations d'être. L'assertion est d'ailleurs évidente, surtout
si l'on admet que toute détermination est une limite de
l'être. Puisque l'opération résulte nécessairement de l'être,
à autant d'être, c'est-à-dire à tel être doit suivre telle opé
ration.
4. Enfin dans l'usage de ce dicton on passe parfois à
l'ordre de connaissance ; et l'on veut dire qu'on juge de
l'être d'une chose par ses opérations : une opération étant
donnée, il faut en conclure qu'elle résulte de tel être. C'est
encore évident ; c'est même un peu tautologique, puisque
nous ne jugeons des choses que par leurs opérations.
C'est le deuxième et le troisième sens — ce dernier
n'étant d'ailleurs qu'un corollaire du précédent, — qui nous
intéressent. Il n'est pas d'être qui n'ait son opération. Tout
être tend à plus d'être, ce qui implique le devenir. On peut
étendre cette assertion à tous les ordres d'être, depuis la
simple réalité que nous saisissons dans l'idée abstraite, à
travers l'actualité idéale, jusqu'à celle que donne l'exis
tence. Il ne faut même pas s'arrêter devant la sur-actualité
divine ; mais dans cet ordre des abîmes s'ouvrent devant
nos pas ; et nous nous heurtons à des mystères si déconcert
ants, que nous ne pouvons pas nous risquer sur ce terrain.
Tenons-nous-en modestement à la réalité finie. Elle est
limitée ; elle est déterminée ; mais elle l'est dans l'ordre
d'Etre. Par là même, parce qu'elle est de l'être enfermé
dans des limites, elle semble tendre à plus d'être. Sa limite
même semble indiquer une puissance à l'expansion. Nous
pourrions insister sur ce point ; mais bornons-nous à des
données plus palpables.
L'être déterminé n'existe pas par soi ; sa réalité propre,
et même son actualité idéale n'implique pas l'actualité !Ë60 P. De Munnynck
existentielle. Elle reçoit l'existence. Elle ne reçoit assuré
ment pas plus de réalité ; mais elle est transportée, — non
par elle-même, — dans un autre ordre d'être. S'il nous
était possible d'analyser ici le principe de causalité, nous
constaterions que ce transfert dans l'ordre existentiel est
dû à l'actuel par essence, à ce que nous appelons Dieu.
C'est Dieu qui actue les êtres d'une ombre de son actualité.
Dieu est ainsi « cause » de l'existence. Or toute cause,
opérant par elle-même, — et il serait absurde d'imaginer
que Dieu puisse opérer par autre chose que par lui-même, —
toute cause opérant par elle-même opère et ne peut opérer
que pour elle-même. Elle opère, en effet, par une tendance
qui lui est propre, qui trouve en quelque sorte sa fin, —
disons très anthropomorphiquement « sa satisfaction » —
dans l'effet. C'est donc en dernière analyse pour lui-même
que Dieu donne librement l'existence à certaines réalités. —
Les théologiens sont plus expéditifs dans cette démonstrat
ion : tout existe pour Dieu ; ou suivant une formule banale
mais éminemment suggestive : pour la « gloire » de Dieu.
L'être actuel des choses n'est donc pas leur but. Elles
existent pour leur cause, pour Dieu. Elles doivent donc,
suivant leur nature, se diriger vers Dieu, et quel que soit
le mystère que recèle cette formule, elles doivent, d'une
manière ou d'une autre, atteindre Dieu.
Atteindre Dieu ! Tout est donc en marche vers l'Infini.
Cela implique le devenir se greffant sur l'être. Parce qu'une
chose particulière est, elle doit devenir en vue de sa fin
divine. Devenir implique le nouveau, l'expansion de l'être,
et par conséquent la causalité, l'opération. L'être entraîne
do

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