Photographie et société dans l Espagne de Franco (Publio Lopez Mondéjar)  ; n°81 ; vol.15, pg 160-167
9 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Photographie et société dans l'Espagne de Franco (Publio Lopez Mondéjar) ; n°81 ; vol.15, pg 160-167

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
9 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Réseaux - Année 1997 - Volume 15 - Numéro 81 - Pages 160-167
8 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 97
Langue Français

Extrait

Françoise Denoyelle
Photographie et société dans l'Espagne de Franco (Publio
Lopez Mondéjar)
In: Réseaux, 1997, volume 15 n°81. pp. 160-167.
Citer ce document / Cite this document :
Denoyelle Françoise. Photographie et société dans l'Espagne de Franco (Publio Lopez Mondéjar). In: Réseaux, 1997, volume
15 n°81. pp. 160-167.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1997_num_15_81_2897ration entre journalistes destinées à se pro Une autre limite du travail de Charron
téger des contrôles de leurs hiérarchies tient à ce qu'il vaut par sa force de syst
rédactionnelles et de l'influence des élus. ématisation davantage que par sa teneur
radicalement innovante. Le lecteur familIl explore les diverses stratégies par le
squelles les journalistes construisent des ier de la littérature sur la sociologie du
journalisme retrouvera - et l'auteur les cite réseaux d'informateurs capables de les
avec érudition et probité - des problématlibérer du tête à tête obligé avec leurs
sources parlementaires. L'analyse se clôt iques et des analyses développées ailleurs
sur une réflexion synthétique relative aux par Tunstall, Tuchman, Molotch et Lester,
modes de gestion du conflit entre acteurs. en France par Rieffel ou Legavre. L'obser
La mise à plat de ce système d'action vation interdit de présenter « La product
ion de l'actualité » comme le livre qui n'épuise pas l'apport du livre de Jean
Charron. L'ouvrage est à la fois plus riche révolutionnerait la sociologie du journal
et plus touffu. Au fil des pages et des inci isme. Elle ne doit pas pour autant en faire
dentes, il apporte des éclairages souvent sous-estimer les mérites. Il s'agit là d'une
très intéressants sur les représentations de des meilleures contributions en langue
leur rôle par les journalistes, les difficultés française dans la littérature scientifique sur
d'un vrai journalisme d'investigation, les le journalisme, tant par la cohérence et la
paradoxes du scoop comme forme d'a finesse de ses analyses, que parce qu'elle
ccomplissement professionnel qui aboutit offre à son lecteur - et notamment aux
aussi en bien des cas à se faire « mal voir » jeunes chercheurs - le moyen de se famil
des pairs. iariser avec toute une boîte à outil théo
Ce sont paradoxalement ces enrichisse rique qui ne se limite nullement aux
ments du cadre initial d'analyse qui peu modelés du Centre de Sociologie des
vent susciter l'insatisfaction du lecteur. Organisations, mais englobe le meilleur de
Charron donne parfois l'impression d'hési nombreux apports anglophones.
ter à sortir de son schéma emprunté à Cro-
• Jean CHARRON : La production de zier et Friedberg, au risque de ne pas
l'actualité; une analyse stratégique des exploiter toute la richesse des pistes et
ouvertures de sa recherche. La réflexion relations entre la presse parlementaire et
les autorités politiques au Québec. Boréal, sur le journalisme d'investigation, les
1994, 447 pages. remarques sur l'apport possible du modèle
de la dissonance cognitive dans les ten
sions entre représentations du rôle et vécu
professionnel de journaliste... tout cela Photographie et société
suggérait des possibilités de développe dans l'Espagne de Franco
ments plus systématiques, plus riches qui
restent cantonnés aux limites de bonnes de Publio Lopez MONDÉJAR
disgressions. Une remarque identique peut par Françoise DENOYELLE
s'appliquer aux bonnes pages qui exposent
la façon dont les journalistes parlement En 1986, un sondage réalisé à l'occasion
aires finissent par être prisonniers d'une du cinquantenaire de la guerre civile révèle
forme ď habitus politicien (faut-il dire de que près de 25 % des Espagnols interrogés
« crétinisme parlementaire » ?) qui les approuvent toujours le coup de force de
pousse à décoder les dossiers à la seule Franco contre la république. Depuis, le fra
aune des rivalités propres aux appareils de nquisme a rejoint l'Histoire, les archives
parti, sans toujours chercher à analyser les publiques et privées se sont ouvertes. Histor
enjeux de fond. La contribution de ces iens, critiques, anciens opposants lèvent peu
représentations à une solidarité de vue à peu la chape de plomb qui occulte un passé
entre associés rivaux de la politique et du proche mais absent des programmes sco
journalisme pouvait alimenter de plus laires espagnols et qui reste inconnu ou très
amples réflexions. mal connu de la génération post-franquiste.
— 160 Photographie et société dans l'Espagne de geuse, entre les mains d'une escouade de
Franco répond à un triple objectif : rendre coiffeurs à la blouse blanche impeccable.
accessible au public une iconographie offi Le mur arbore une devise dont l'ironie :
« Una gran Espaňa de libre » n'est pas sans cielle ou censurée, analyser les rapports
qu'entretient la photographie avec la réalité rappeler celles qui surplombaient les camps
sociale, politique, culturelle et idéologique nazis. En vis-à-vis de cette photographie un
du pays, esquisser une histoire de la photo cliché anonyme, « Prisonniers politiques
graphie de la fin de la guerre civile à l'avène dans l'ancien pénitencier de Puerto de
ment de la démocratie. Santa Maria » (1948), montre des centaines
Plus de deux cents photographies, pour la de prisonniers alignés dans la cour de la pri
plupart inédites, dressent, avec le recul, un son, crâne rasé, le visage fermé. Mais cette
réquisitoire subtil ou violent contre le photographie est l'une des rares du livre. En
régime en place. De la photographie, ano 1938, la loi Serrano Suner organise la cen
nyme, de deux bambins faisant le salut fas sure. En photographie la tâche est confiée à
ciste devant une affiche « Franco-Caudillo la Section de de la direction
de Dios y de la Patria. El primer vencedor générale de la presse et de la propagande.
en el mondo del bolchevisma en los campos L'orthodoxie nationale catholique allie
de batalla » (1939) à celle de Francese obsession de la moralité et respect intrans
Simo : « Retrait de symboles franquistes » igeant des principes fondamentaux du
(1976), tout semble dit et le franquisme régime.
n'être qu'une parenthèse, un accident de Après la victoire militaire des reporters
l'Histoire sauf que les deux bambins ont prestigieux comme Centelles, les frères
maintenant environ quanrante-cinq ans. De Mayo prennent le chemin de l'exil. Pour des
la première période du franquisme peu raisons évidentes la réalité sociale de l'E
d'images émergent. L'Inauguration du spagne est bannie de la photographie qui
monument aux « Caidos » à Lorca de Pedro s'arc-boute sur des formes pictorialistes
Menchon (1940) montre assez bien l'état depuis longtemps rejetées en Europe et aux
d'esprit de la population. Unis dans un salut États-Unis mais qui correspondent parfait
fasciste militaires et sympathisants sont ement au nationalisme culturel régnant : exal
massés sur la petite place ou aux balcons tation de la race, de la tradition, recherche du
d'une maison bourgeoise mais la rue pittoresque légnifiant et pseudo-documenta
débouchant sur la place est totalement vide ire où les mœurs s'enracinent dans des pra
et les fenêtres désertes. Un camp triomphe, tiques religieuses emphathiques, où les
l'autre se terre chez lui s'il n'est en prison. rituels sont prétexte à la célébration des tradi
Au printemps 1939, plus de cent mille pr tions alliant le sabre et le goupillon. Une pho
isonniers politiques sont détenus dans les tographie, révérencieuse et fasciste, glorifie
vingt-neuf prisons de Madrid et le ministère la nouvelle bourgeoisie au pouvoir. José Ortiz
de la Justice reconnaît officiellement Echagiie le plus eminent des pictorialistes,
165 000 « morts violentes » en 1951. De la fervent d'une photographie interprétative
répression on trouve peu d'images, censure porteuse des « valeurs éternelles » si chères
oblige. Sur une photographie de propa aux préposés des services de presse et de pro
gande « Salon de coiffure de la prison de pagande, achève sa monumentale tétralogie
Portier », Madrid (1941), Martin Santos (1956) commencée en 1933 (1). Probable
Yubero, l'un des reporters officieux du nou ment à son corps défendant il est annexé par
veau régime

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents