Plastique votive et imagerie dionysiaque : à propos de deux ex-voto de Vulci - article ; n°1 ; vol.98, pg 7-36

Olivier Decazanove

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1986 - Volume 98 - Numéro 1 - Pages 7-36
Olivier de Cazanove, Plastique votive et imagerie dionysiaque : à propos de deux ex-voto de Vulci, p. 7-36. Deux ex-voto vulciens sont examinés : un support de thymiaterion à l'effigie de Lycurgue monokrepis (du dépôt de la porte nord), une statue juvénile assise flanquée d'une panthère, représentant un «Hercule bacchant», et provenant d'un local (le «sacello» d'Ercole») conçu à l'imitation d'un monument chorégique. Ces œuvres, qui relèvent de l'imagerie dionysiaque, réélaborent toutes deux des modèles notoires de la grande plastique grecque et tranchent ainsi sur la production de série des donaria contemporains, y compris de ceux du culte bachique.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MELANGES_DE_L-ECOLE_FRANCAISE_DE_ROME
• Publié le: 01 janvier 1986
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Extrait

Olivier de Cazanove
Plastique votive et imagerie dionysiaque : à propos de deux ex-
voto de Vulci
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 98, N°1. 1986. pp. 7-36.
Résumé
Olivier de Cazanove, Plastique votive et imagerie dionysiaque : à propos de deux ex-voto de Vulci, p. 7-36.
Deux ex-voto vulciens sont examinés : un support de thymiaterion à l'effigie de Lycurgue monokrepis (du dépôt de la porte nord),
une statue juvénile assise flanquée d'une panthère, représentant un «Hercule bacchant», et provenant d'un local (le «sacello»
d'Ercole») conçu à l'imitation d'un monument chorégique. Ces œuvres, qui relèvent de l'imagerie dionysiaque, réélaborent toutes
deux des modèles notoires de la grande plastique grecque et tranchent ainsi sur la production de série des donaria
contemporains, y compris de ceux du culte bachique.
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Cazanove Olivier de. Plastique votive et imagerie dionysiaque : à propos de deux ex-voto de Vulci. In: Mélanges de l'Ecole
française de Rome. Antiquité T. 98, N°1. 1986. pp. 7-36.
doi : 10.3406/mefr.1986.1490
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1986_num_98_1_1490AVANT ROME L'ITALIE
OLIVIER DE CAZANOVE
PLASTIQUE VOTIVE ET IMAGERIE DIONYSIAQUE :
À PROPOS DE DEUX EX-VOTO DE VULCI*
On dispose, pour l'étude des cultes de Vulci, d'une documentation
archéologique relativement abondante1. Cette connaissance a encore été
augmentée, à partir de la fin des années cinquante, par la découverte de
plusieurs dépôts votifs, dans la cité et sur son territoire2. Au nombre de
ces cultes, il en est un - celui de Dionysos - que diverses recherches
récentes ont mis particulièrement en relief : des dédicaces vasculaires à
Fufluns Paxies VelcWi3, toute une série de frontons figurés4, sans parler
du répertoire de la peinture de vases et de la gravure de miroirs5, attes-
* Au terme de ce travail, mes remerciements vont à la Surintendante P. Pelag
atti et à la D.ssa A. M. Sgubini Moretti de la Surintendance aux Antiquités de
l'Étrurie méridionale, qui ont généreusement mis à ma disposition archives et
matériel ; à J. C. Fenwick, professeur au Département de biologie de l'Université
d'Ottawa qui a obligeamment conduit une expertise sur un quadrupède vieux de
vingt-deux siècles; à C. Virlouvet, de l'École française de Rome. Cette étude a
d'abord été présentée sous forme de conférence au Dpt of Classical Studies, Uni
versity of Ottawa, le 4.12. 1984.
1 A. Hus, Vulci étrusque et étrusco-romaine, Paris, 1971, p. 101 et suiv; 168 et
suiv.
2 Cf., en dernier lieu, S. Costantini, dans La romanizzazione dell'Etruria : il ter
ritorio di Vulci [Cat. d'exposition, Orbetello], Milan, 1985, p. 74.
3 M. Cristofani, M. Martelli, Fufluns Paxies. Sugli aspetti del culto di Bacco in
Etruria, dans SE, XL VI, 1978, p. 119-133.
4 Fronton et tympans de sarcophages de la nécropole de Cavalupo, modèle
réduit de la porte nord : P. Zancani Montuoro, F. E. Brown, // faro di Cosa in ex
voto a Vulci'} dans RIASA, 3e sér., 2, 1979, p. 5-29; antepagmentum de l'édicule de
Ponte Rotto : M. J. Strazzulla, dans Civiltà degli Etruschi [Cat. d'exposition, Flo
rence], Milan, 1985, p. 381 ; et peut-être un fronton - ou une frise - avec l'apothéos
e de Sémélé : F. -H. Massa-Pairault, Recherches sur l'art et l'artisanat étrusco-itali-
ques à l'époque hellénistique (BEFAR, 257), Rome, 1985, p. 177-178.
5 Cf. p. ex., à la fin de l'époque archaïque, la production du «peintre du Silène»
(L. Hannestadt, The followers of the Paris Painter, Copenhague, 1976, p. 34 et
suiv.); vers 410 av. J.-C, le miroir de Berlin avec Fufluns et Semla (G. Battaglia, Lo
specchio vulcente con Dioniso e Semele, dans Rend. Line, VI, 1930, p. 275-290).
MEFRA - 98 - 1986 - 1, p. 7-36. OLIVIER DE CAZANOVE 8
tent la popularité dont jouissent, à Vulci, le dieu et son cortège. On vou
drait présenter ici deux autres de ces documents relatifs au culte diony
siaque et qui sont pratiquement inédits. Il s'agit d'ex-voto fictiles dont
l'iconographie exceptionnelle tranche sur la production de série, le carac
tère stéréotypé de la grande masse des donaria d'époque républicaine.
Le dépôt vulcien de la porte nord, qui n'est encore à ce jour que par
tiellement publié6, a livré un nombre important de terres cuites votives
consistant, dans leur grande majorité, en représentations d'enfants, em
maillotés ou non. Si, pour l'éditeur de la stips, ce type de matériel couvre
un arc chronologique assez vaste (du début du IIe siècle av. J.-C. jusqu'au
règne de Domitien), il convient sans doute de resserrer cette fourchette
vers le haut, les autres ex-voto présents se laissant plutôt dater dans la
première moitié du IIe siècle av. J.-C. (têtes janif ormes et de donateurs7).
Outre les statues d'enfants (et quelques-unes d'adultes) et les têtes, le
dépôt a livré quelques statuettes de type «Tanagra», un très petit nombre
d'ex-voto anatomiques8, enfin trois modèles réduits d'édifices qui ont été
largement commentés9. Il ne sera donc pas question ici de la plus connue
de ces maquettes de terre cuite, un petit temple pseudo-périptère sur le
fronton duquel s'affrontent symétriquement les figures à-demi allongées
de Dionysos et de sa parèdre, Ariane ou à la rigueur une mènade10. Cet
6 S. Paglieri, Una stipe votiva vulcente, dans RIASA, n.s., IX, 1960, p. 74-96.
7 M. Calvani Marini, dans SE, 36, 1968, p. 186.
8 S. Paglieri, art. cit., p. 82 et 92; il possible cependant {ibid., p. 77 et suiv.) que
la fosse votive de la porte nord doive être mise en rapport avec le proche sanctuai
re extra-urbain du «Fosso dell'Osteria» où fut au contraire retrouvée, à partir de
1929, une série assez consistante d'ex-voto anatomiques : 22 «cœurs» (?), 3 utérus, 1
main, 1 jambe, 1 pied {Taccuini Mengarelli, II, p. 57-58).
9 R. A. Staccioli, Modelli di edifici etrusco-italici, I modelli votivi, Florence,
1968, p. 24-28, avec bibl. précédente (datation proposée : lère moitié du Ier siècle av.
J.-C); P. Zancani Montuoro, art. cit., (2e moitié du IIe siècle av. J.-C).
10 R. Bartoccini, Tre anni di scavi a Vulci (1956-1958), dans Atti del VII Conve
gno di archeologia classica, 2, Rome, 1958, p. 274 et suiv., suivi par S. Paglieri, art.
cit., p. 92 et suiv., et P. Zancani Montuoro, art. cit., p. 24 et suiv., reconnaît Aphrodit
e dans la parèdre de Dionysos. Cette identification est conditionnée par l'iconogra
phie du fronton de Cavalupo {supra, n. 4) et de celui, presque identique, de Pompéi
(O. Elia, G. Pugliese Carratelli, // santuario dionisiaco di S. Abbondio a Pompei,
dans PP, 34, 1979, p. 443-472), où la compagne du dieu est flanquée d'un Èros et
d'un cygne. Mais ces attributs, en tant que symboles erotiques, peuvent faire allu- A PROPOS DE DEUX EX-VOTO DE VULCI 9
ex-voto qui reproduit sans doute, plus ou moins fidèlement, un édifice
réel de Vulci hellénistique, chapelle ou naiskos funéraire11, est un indice
de plus de la faveur dont bénéficient ici le culte et l'imagerie dionysia
ques.
L'édition partielle du dépôt ne fait pas mention d'une autre terre cui
te votive, atypique, aujourd'hui exposée au Musée de la Villa Giulia. Elle
est toutefois signalée incidemment par Fr. Matz dans la somme qu'il a
consacrée aux sarcophages dionysiaques12.
Support plastique de thymiatérion : Lycurgue monokrépis {fig. 1-2).
Rome, VG, n. inv. 59475. Argile beige clair avec quelques inclusions noires.
Hauteur totale: 25,1cm (avec la base, haute de 3,1cm en moyenne); base, lon
gueur : 12,5 cm; largeur : 7,9 cm; évasement supérieur, longueur : 8,7 cm; largeur :
7,7 cm ; évidement ovale, plus grand diamètre au sommet de l'évasement : 6,2 cm.
Le support proprement dit est creux, ouvert en haut et en bas; de plus, un trou
d'évent approximativement circulaire (diamètre moyen : 2,1 cm) s'ouvre sur la face
postérieure arrondie. L'objet semble avoir été exécuté entièrement à la main, aussi
bien le personnage (son visage et ses mains sont sculptés à coups d'ébauchoir) que
le reste du décor (la grappe de raisin est formée de petites pastilles d'argile rapport
ées) et le support (traces de lissage à l'ébauc