Politique antitrust et politique de la concurrence dans le contexte européen - Seconde partie : les politiques anti-trust aux États-Unis et en Europe - article ; n°1 ; vol.60, pg 7-28
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Revue d'économie industrielle - Année 1992 - Volume 60 - Numéro 1 - Pages 7-28
This paper aims a putting the anti-trust or competition policies, and particulary the European competition policies and the observed evolutions in the right perspective. Taking a very long view, i.e. going as back in the past as possible, the article shows that the recent history of antitrust policy is the history of modern State and of its internal contradiction. On the other hand, the comparative analysis, highlights the specificity of the way the European Community is approaching these issues.
Cet article vise à resituer les législations antitrust ou de la concurrence, en particulier la législation concurrentielle communautaire et les évolutions que l'on observe à cet égard, dans le temps et dans l'espace. Prenant une vue très longue des choses, c'est-à-dire en remontant aussi loin que possible, dans le passé, l'article montre que l'histoire de la législation de la concurrence reflète celle de l'État et de ses contradictions. Par ailleurs, l'analyse comparative permet de faire ressortir la spécificité des approches adoptées en Europe.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Patrizio Bianchi
Politique antitrust et politique de la concurrence dans le contexte
européen - Seconde partie : les politiques anti-trust aux États-
Unis et en Europe
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 60. 2e trimestre 1992. pp. 7-28.
Abstract
This paper aims a putting the anti-trust or competition policies, and particulary the European competition policies and the
observed evolutions in the right perspective. Taking a very long view, i.e. going as back in the past as possible, the article shows
that the recent history of antitrust policy is the history of modern State and of its internal contradiction. On the other hand, the
comparative analysis, highlights the specificity of the way the European Community is approaching these issues.
Résumé
Cet article vise à resituer les législations antitrust ou de la concurrence, en particulier la législation concurrentielle communautaire
et les évolutions que l'on observe à cet égard, dans le temps et dans l'espace. Prenant une vue très longue des choses, c'est-à-
dire en remontant aussi loin que possible, dans le passé, l'article montre que l'histoire de la législation de la concurrence reflète
celle de l'État et de ses contradictions. Par ailleurs, l'analyse comparative permet de faire ressortir la spécificité des approches
adoptées en Europe.
Citer ce document / Cite this document :
Bianchi Patrizio. Politique antitrust et politique de la concurrence dans le contexte européen - Seconde partie : les politiques
anti-trust aux États-Unis et en Europe. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 60. 2e trimestre 1992. pp. 7-28.
doi : 10.3406/rei.1992.1420
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1992_num_60_1_1420Patrizio BIANCHI
POLITIQUE ANTITRUST ET POLITIQUE
DE LA CONCURRENCE
DANS LE CONTEXTE EUROPÉEN (1)
SECONDE PARTIE : LES POLITIQUES ANTITRUST
AUX ÉTATS-UNIS ET EN EUROPE
UNE RECONSIDERATION DE L'EXPERIENCE AMERICAINE
Le développement d'une législation antimonopole spécifique a trouvé dans
l'expérience américaine un accueil, que Stigler (1982) qualifie de froid, voire
hostile, de la part des économistes académiques. Cette réaction était due en réalité
à l'écart existant entre les intérêts de la science économique, telle qu'elle apparaiss
ait à la fin du siècle passé, et du mouvement politique qui s'affirmait en Améri
que pendant la même période.
La science économique avait progressivement substitué à l'analyse du proces
sus de monopolisation - i.e. la tentative de réduire par des moyens plus ou moins
acceptables collectivement, la multiplicité des centres de décisions présents sur le
marché — l'analyse d'une situation dans laquelle une telle multiplicité était sup
posée ne pas exister « naturellement » ; cette dernière hypothèse avait été progres
sivement justifiée par des arguments de nature exogène, tendant à exclure de l'uni
vers analytique non seulement l'État, mais aussi les conflits inhérents au capita
lisme même. La théorie économique du monopole, telle qu'elle résultait de l'inte
rprétation des principes analytiques de Cournot par la doctrine anglaise d'inspira
tion millienne, ne laissait pas d'espace pour traiter des phénomènes de monopolis
ation, pourtant essentiels dans l'histoire américaine.
(1) Traduit de l'italien par C. Longhi et P. -M. Romani (Latapses, CNRS, UNSA). La première part
ie et la bibliographie de cet article sont parues dans le n° 56 de la Revue d'Économie Industrielle.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 60, 2e trimestre 1992 7 En fait, les théories ricardiennes fondées sur la rareté des terres cultivables, et
donc sur une répartition du revenu tenant compte des rentes tirées du contrôle
d'un facteur rare, ont eu peu d'influence sur le développement culturel et polit
ique américain. Les fondements de la culture américaine se retrouvent plutôt dans
l'évolutionnisme spencérien et dans l'historicisme allemand (Dorfman, 1955 ;
Coats, 1960 ; Bronfenbrenner, 1985 ; Mason, 1982).
On doit en effet à Spencer la diffusion d'un darwinisme social, visant à justifier
le conflit entre individus en tant que processus naturel de sélection du plus fort,
c'est-à-dire du plus apte à survivre dans un contexte social donné. Spencer se fait
ainsi le défendeur infatigable d'un laisser-faire fondé explicitement sur le droit
du plus fort. C'est à travers ce prisme qu'on relut Smith et sa vision d'une « main
invisible », entendue comme un conflit entre rivaux, qui, en l'absence de légit
imation institutionnelle des positions de privilège, aurait conduit de toutes façons
à la sélection des plus aptes.
À l'idéologie spencérienne s'opposa toutefois dans la dernière partie du siècle
un courant de pensée, qui bien que prenant appui sur l'évolutionnisme darwinien,
donna au contraire consistance à un mouvement progressiste né dans les années
suivant la Guerre civile. Pierce, James, Dewey tendaient ainsi à considérer tout
le corps de la nation américaine comme sujet complexe de l'évolution, et donc
penchaient pour l'émergence d'un rôle actif de l'autorité étatique pour « frapper »
ceux qui faisaient obstacle à ce processus de croissance collective.
La pénétration de l'École historique allemande dans le contexte politique et éc
onomique américain contribua fortement à la consolidation de ce courant. On a
largement souligné le poids de ce courant de pensée dans l'organisation des études
économiques des principaux centres universitaires et dans la fondation de l'Ame-
rican Economie Association (Mason, 1982 ; Dorfman, 1955 ; Tobin, 1985).
L'influence historiciste se manifestait aussi bien dans la méthodologie, par l'accent
mis sur le besoin d'analyser une réalité largement méconnue, que sur le contenu,
le poids reconnu aux institutions et au rôle positif de l'État pour promouvoir les
conditions générales dans lesquelles se développe l'activité économique.
On retrouve ainsi à cette époque les racines d'une opposition entre les deux âmes
du pays, qui s'affrontent encore aujourd'hui dans le développement des idées et
des politiques aux États-Unis. D'un côté un mouvement conservateur fondé sur
la matrice spencérienne de la reconnaissance du droit du plus fort, avec un État
qui assume le rôle de gendarme veillant à la correction des comportements, sans
toutefois disposer de comportements propres alternatifs, susceptibles de se subs
tituer aux comportements des individus en conflit ou de les modifier. De l'autre
un mouvement progressiste, qui au contraire met en évidence comment l'évolu
tion de la nation américaine dans son ensemble se fonde sur la possibilité conti
nue d'entrée de nouveaux sujets et donc sur la conviction que des positions de
dominance peuvent être en soit un motif de blocage de ce processus collectif de
croissance ; émerge ainsi un rôle de l'État comme agent positif nécessaire au pro
grès collectif comme le soulignait l'article premier des statuts de l'American Eco
nomie Association (Tobin, 1985).
Du reste, les deux âmes ont aussi des attitudes traditionnellement différentes
quant au rapport entre étendue du marché et aire de souveraineté. Tandis que le
8 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 60, 2e trimestre 1992 conservateur tend à soutenir que le marché s'étend au delà de l'aire mouvement
de souveraineté nationale, se faisant entre autre promoteur d'une politique exté
rieure expansionniste, le mouvement progressiste reste entièrement tourné vers
l'intérieur, et tend ainsi non seulement à faire coïncider aire de souveraineté et
marché, mais soutient cette position par une attitude protectionniste, et parfois
isolationniste.
Le résultat de cette dialectique fut, à la fin du dix-neuvième, la poussée d'une
grande préoccupation pour l'affirmation de coalitions d'intérêts, identifiées par
le processus de croissance des trusts ; l'extension progressive du trust pétrolifère
conduit par Rockfeller, qui en 1879 contrôlait 95% de l'activité totale de raffi
nage, advint du reste à travers des pratiques intimidatrices, si bien que l'âme pro
gressiste et l'âme conservatrice se rejoindront pour demander une action publi
que : simple renf

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