Présentation - article ; n°1 ; vol.37, pg 3-20
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Description

Langue française - Année 1978 - Volume 37 - Numéro 1 - Pages 3-20
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

R. Chaudenson
Présentation
In: Langue française. N°37, 1978. pp. 3-20.
Citer ce document / Cite this document :
Chaudenson R. Présentation. In: Langue française. N°37, 1978. pp. 3-20.
doi : 10.3406/lfr.1978.4848
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1978_num_37_1_4848Chaudenson, Université française de l'Océan Indien (La Réunion). R.
E.R.A. 583 du C.N.R.S.
PRESENTATION
« Ces gens-là [les Sénégalais], outre la langue du pays, parlent encore
un certain jargon qui n'a que très peu de ressemblance à la langue portu
gaise et qu'on nomme langue créole, comme dans la mer Méditerranée la
langue franque ». Ce texte, extrait du Premier Voyage du Sieur de la Courbe
fait à la côte d'Afrique en 1685, offre la première attestation de l'adjectif
« créole » utilisé pour qualifier la forme « corrompue » d'une langue euro
péenne. L'histoire du mot lui-même est désormais bien connue; R. Arveiller
a établi que « créole », issu de l'espagnol « criollo », était en usage aux
Antilles dès 1670 et qu'il a supplanté en français même la forme savante
« criole ». Le terme a d'abord servi à désigner des individus, blancs ou
noirs, nés aux Iles avant de s'appliquer à la forme particulière de langage
dont ils usaient et que l'on qualifiait généralement de « patois »; l'emploi
de « créole » comme substantif est en tout cas très récent semble-t-il
(Arveiller 1963 : 207). « Créole » marque donc dès l'origine, tant pour les
individus que pour les animaux ou les choses, la spécificité insulaire et
coloniale par rapport à l'Europe ou aux pays d'origine des populations
servi les.
Durant les deux premiers siècles de la colonisation, les parlers créoles
ne retiendront guère l'attention; à peine intéressent-ils ou amusent-ils
quelques voyageurs qui mentionnent parfois ces « français corrompu »
(Labat) ou « mauvais patois » (B. de Saint-Pierre), des missionnaires qui
s'essayent à composer des catéchismes en créole pour mieux évangéliser
les esclaves ou quelque érudit local qui singe en créole les genres littéraires
français (La Fontaine est le modèle le plus prisé et nombre de créoles possèdent leur recueil de fables : Mauricien, Chrétien 1820; Réu
nionnais, Héry : 1828; Martiniquais, Marbot : 1846, etc.). On ne peut pas
ne pas citer parmi les auteurs ayant usé de ces langues, Napoléon Bonaparte
dont une proclamation en créole fut publiée en 1801 aux Antilles. Joséphine
aida-t-elle à sa rédaction? Il est en tout cas piquant de constater que c'est
sans doute là le premier et le seul document officiel en créole de l'admi
nistration française !
Quoiqu'on puisse trouver des territoires où sont parlés des créoles
français sans qu'ils aient jamais appartenu à la France, les aires créolo- 1 ont constitué aux xvne et xvine siècles l'essentiel du domaine phones
colonial français. Le règne de Napoléon Ier et surtout sa chute ont eu pour
conséquence l'abandon de nombreuses possessions passées sous le contrôle
de l'Angleterre sans que ces changements politiques aient toujours entraîné
d'ailleurs les bouleversements linguistiques et culturels qu'on pourrait
supposer.
Etant donné le nombre et la diversité des pays créolophones, leur
dispersion géographique, la pluralité et l'évolution de leurs situations poli
tiques, il paraît nécessaire d'en faire un inventaire et une présentation
rapides et cela d'autant plus que les informations dont on peut disposer
sur ces points sont soit sommaires, anciennes et parfois inexactes
(M. Goodman 1964; I. Hancock in D. Hymes 1971 : 512-20) soit dispersées
et de ce fait difficilement accessibles (Vintilâ-Râdulescu, 1976). Par ailleurs,
nous indiquerons pour chaque cas, lorsque la chose est possible, les ouvrages
de référence les plus commodes. (Ce sont souvent les plus récents et de ce
fait les bibliographies n'en font pas encore mention).
1. Zone américano-caraïbe
1.1. La Louisiane
Française de 1672 à 1763, cédée à l'Espagne jusqu'en 1800, française à
nouveau de cette date à 1803, la Louisiane fut vendue aux Etats-Unis par
Bonaparte.
Le créole français de Louisiane (nommé « Negro-French », « Gumbo »
ou « Gombo ») ne doit être confondu ni avec le « français louisianais »
(« Colonial French ») introduit dans le pays par les premiers colons
français, ni avec l'acadien louisianais (« Cadien », « Cajun », « Acadian
French ») introduit en Louisiane par les Acadiens chassés du Canada en
1755 par les Anglais. Le français acadien est encore utilisé par près d'un
demi-million de locuteurs alors que le créole ne se rencontre que dans le
sud-ouest louisianais et ne serait plus parlé que par quelques dizaines de
milliers de Noirs (80 000).
Les études linguistiques les plus sûres sont celles de Raleigh Morgan;
elles sont malheureusement peu accessibles à l'exception de celles qui ont
été publiées dans Anthropological Linguistics : « Structural sketch of Saint
Martin Creole » 1 (8) : 20-24; « The lexicon of Saint Martin Creole » ibid.
2 (1) 7-29. 1960. L'ouvrage d'Alcée Fortier Louisiana Folktales (1885) a fait
l'objet d'une réimpression récente (Kraus Reprint Co 1972); on peut y
trouver, outre les contes, une dizaine de pages sur le créole lui-même.
1.2. Haïti (autrefois Saint-Domingue)
27 750 km2, 4 750 000 habitants, la république d'Haïti occupe la partie
occidentale de l'ancienne Hispaniolia (une des Grandes Antilles). Le
1. On voudra bien admettre que lorsqu'il est question de « créoles », c'est toujours de créoles français
qu'il s'agit. « Créoles français » est moins précis que « créoles à base lexicale française » mais cette péri
phrase est au fond inutilement compliquée car si la première désignation souligne une parenté génétique qui ne
semble guère contestable, elle n'implique en aucune façon la parenté structurelle et surtout ne menace null
ement « l'autonomie linguistique » de ces parlers.
2. Les cartes sont de M. Rémy (Centre universitaire de la Réunion). о
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ш est la langue nationale quoiqu'il soit parlé sans doute par moins français
de 10 % de la population. L'état est indépendant depuis 1804 (à la suite des
révoltes dirigées par Toussaint-Louverture).
Le créole haïtien comprend plusieurs variétés dont la mieux connue et
décrite est celle de la région de la capitale Port-au-Prince. La création
relativement ancienne de systèmes d'écriture de ce créole fait que c'est
celui qui possède la littérature la plus abondante.
A. Valdman Basic course in Haitian Creole Indiana University, The
Hague, Mouton 1970, 345 p. (Le recours à cet ouvrage paraît plus com
mode et sûr que celui aux travaux toujours cités de Hall (1953) ou D'Ans
(1968) qui demeurent cependant utiles).
Pour le lexique, le dictionnaire le plus complet est celui de J. Faine
récemment publié par G. Lefebvre et qui a vraisemblablement été rédigé
dans les années 40 : Dictionnaire français-créole Leméac, Ottawa, 1974,
487 p. Ti diksyonné kreyol-franse Dictionnaire élémentaire créole haïtien-
français, Editions Caraïbes, Port-au-Prince, Hatier, Paris 1976, 511 p. (Ce
dictionnaire qui propose également un code graphique est l'œuvre d'une
équipe dirigée par A. Bentolila et a été élaboré à partir d'un corpus enre
gistré dans le centre de l'île). On peut par ailleurs regretter que ne soit
toujours pas publié le « Lexique du patois créole d'Haïti » de P. Pompilus.
La littérature orale haïtienne a fait l'objet de publications nombreuses
mais peu accessibles; comme pour toute la zone caraïbe on peut toujours,
faute de mieux, se référer à l'ouvrage d'E.C. Parsons Folklore of the Antilles,
French and English (3 volumes parus successivement en 1933, 1936 et 1943
et récemment réimprimés : Kraus Repr

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