Problèmes linguistiques - article ; n°4 ; vol.70, pg 499-521
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Annales de Bretagne - Année 1963 - Volume 70 - Numéro 4 - Pages 499-521
23 pages

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Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 37
Langue Français
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Problèmes linguistiques
In: Annales de Bretagne. Tome 70, numéro 4, 1963. pp. 499-521.
Citer ce document / Cite this document :
Problèmes linguistiques. In: Annales de Bretagne. Tome 70, numéro 4, 1963. pp. 499-521.
doi : 10.3406/abpo.1963.4522
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1963_num_70_4_4522Problèmes
de linguistique
F. Falc'hun, L'Histoire de la Langue Bretonne d'après la Géo
graphie Linguistique, Presses Universitaires de France, 22 F.
L'intérêt suscité par la seconde présentation de cet ouvrage,
dont une édition ronéotypée avait paru en 1951, est dû aux
additions importantes dont l'auteur a enrichi son travail, et
auxquelles, depuis plusieurs mois, il donne une grande dift'u-
sion : elles portent sur l'origine même de notre breton, et ten
dent à montrer que la langue celtique qui se parle encore en
Basse-Bretagne n'est pas un apport des envahisseurs britto-
niques, mais bien une survivance du gaulois.
F. Falc'hun revient ainsi à la théorie que Joseph Loth avait
écartée, celle qui fut soutenue par l'auteur (1) de la Préface
du Dictionnaire Breton de Dom Le Pelletier (1752), par Eloi
Johanneau, le défenseur passionné des Poèmes d'Ossian
(1807), par La Villemarqué (1847), Albert Travers (1909, 1911),
Camille Vallaux (1925) : s'appuyant surtout sur les missions de
Saint Magloire, de Saint Germain d'Auxerre, de Saint Loup de
Troyes, de Sidoine Apollinaire, ils pensent que la langue qui
se parlait en Armorique au 4 et 5e siècles, avant l'arrivée des
Brittoniques, différait très peu de celle parlée en Grande-Bretag
ne, et que cette langue était le gaulois, qui s'y est perpétué
jusqu'à nos jours.
Aurélien de Courson, dans les Prolégomènes du Cartulaire
de Redon (1863), pensait avoir démontré que le gaulois avait
totalement disparu au 4e siècle, et c'est cette théorie que l'auto
rité de Joseph Loth a fait admettre au monde savant. Peut-on
dire que la conviction de notre celtisant, conviction qu'il a
conservée jusqu'à sa mort (v. n. 4), était fondée sur « une inter
prétation unilatérale de faits équivoques » (H.L.B., p. 37) ? Il
est permis de penser qu'il avait honnêtement fait le tour de
l'autre hypothèse, qu'il connaissait parfaitement ; il reconnaiss
ait d'ailleurs qu'elle n'avait rien d'invraisemblable, et c'était
(1) Le nom de Dom Le Pelletier est à remplacer, dans HLB, p. 35,
n. 1, et p. 159, par celui de Dom Ch. Taillandier. PROBLÈMES DE LINGUISTIQUE 500
aussi l'opinion de Georges Dottin : « L'idée de considérer le
breton comme une forme moderne du gaulois n'avait rien de
paradoxal, tant qu'on ignorait la parenté étroite du breton et
du gallois et l'histoire des invasions bretonnes en Armorique »
(Langue Gauloise, p. 16). Peut-être y a-t-il lieu d'ajouter aux
arguments opposés par Loth et Dottin l'habituelle exagération
de ceux qui ont la surprise de se voir compris des habitants
d'un pays différent : on entend couramment que nos marchands
d'oignons conversent sans difficulté avec les Gallois et les Ecoss
ais — et même avec les Anglais — , comme nous avons entendu
que tel ou tel Allemand, pendant l'occupation, parlait le breton
« aussi bien que vous et moi ». Il est permis de croire que
les biographes de nos vieux saints ont fait, avec la même bonne
foi, des exagérations analogues.
Mais si F. F%Jc'hun a repris cette hypothèse, ce n'est pas
seulement à cause des arguments de ceux qui l'ont soutenue
avant lui, bien qu'il les cite longuement ; il apporte une argu
mentation nouvelle, qu'il expose en des additions dont cette
édition est parsemée, et surtout en un chapitre très dense sur
l'ancienneté des deux types d'accentuation bretonne (pp. 158-
180).
Le déplacement de l'accent, en gaulois, a fait qu'un même
nom de peuple, ou de chef-lieu de cité, a pu donner deux
noms différents, et F.F. cite de très nombreux doublets, tels
que Berry-Bourges, de Bituriges, Naoned-Nantes, de Namnetes,
Adour-Aire, de Atura, Loudun-Lyon, de Lugudunum, etc..
L'auteur refuse la théorie traditionnellement admise par les
romanistes et les celtisants sur l'évolution de l'accentuation
.gauloise, et croit à une chronologie inverse : l'accent, d'abord
sur la pénultième, a passé sur l'antépénultième. Dans notre
breton actuel, le vannetais, après la chute de la désinence, con
serve la première accentuation (2), celle de ce que l'auteur
appelle le dialecte rural du gaulois. Par ailleurs, sa nouvelle
interprétation de la frontière linguistique entre roman et breton
au ixe siècle, établie par Aurélien de Courson d'après les noms
<ie lieux, lui prouve que le gaulois s'est réfugié en Armorique :
cette limite ne marque pas, comme on l'a cru jusqu'ici, l'avance
extrême du breton vers l'Est ; elle « correspond à une étape
du recul du gaulois en voie de refoulement vers le fond de la
péninsule armoricaine » (H.L.B., p. 160). Pour l'auteur, il n'est
pas concevable qu'une langue importée en Bretagne « ait pro
gressé en pointe vers l'Est en évitant Rennes et Nantes » (ibid.).
Peut-être trouvera-t-on que cette affirmation est aussi péremp-
(2) H.L.B., p. 165, ligne 10 : il faut lire « première » et non
« seconde » . PROBLÈMES DE LINGUISTIQUE 501
toire que celles que F. F. reproche aux disciples et successeurs
d'Aurélien de Courson. L'analyse des cartes linguistiques mont
re que les sinuosités d'une isoglosse peuvent avoir des causes
diverses. Il n'est pas tellement absurde d'imaginer les colons
venus de l'île de Bretagne, peuplades de paysans, progressant
vers Test en contournant les grandes villes, trop bien défendues;
et cette ligne de séparation, avec ses saillants, rappelle, pour
reprendre une comparaison de Kenneth Jackson, certains fronts
de la première guerre mondiale.
On ne peut s'empêcher d'éprouver une certaine inquiétude
devant la rigidité des théories en présence, tant sur la chronol
ogie des deux accentuations gauloises (3), que sur le destin
du gaulois (4) : dans ces deux questions, qui sont d'une extrême
complexité — F. F. en donne une idée lorsqu'il parle de « deux
accentuations excessives entremêlées dans l'espace et le temps »
(H.L.B., p. 169) — il semble qu'il soit possible d'admettre des
nuances.
On notera tout d'abord qu'il paraît difficile de ramener les
accentuations à deux cas extrêmes. L'évolution de l'accentuation
n'a pu se faire que très progressivement ; on a passé insens
iblement d'une étape à une autre, et ces étapes sont aussi nom
breuses que les nuances qu'une oreille exercée peut noter en
franchissant les limites d'une paroisse bretonne : les observa
tions que nous pouvons faire sur l'état actuel de notre langue
montrent qu'une voyelle peut changer, ou disparaître, à la suite
d'une très légère modification dans la force de l'accent, avant
qu'on puisse dire que l'accent a véritablement passé d'une syl-
lable à une autre. Les variantes -awc, -oc, -eue, du même
suffixe, comme les variantes -on, -yon, -en, -yen, d'un autre sont dues à des différences dans l'accentuation (v. Loth,
Chrest., p. 58, K. Jackson, op. c, II, The Accent) : la forme -oc
(3) V. E. Bourciez, Eléments de linguistique romane ; P. Fouché,
Phonétique historique du Français ; Kenneth Jackson, Lunguaye and
History in Early Britain (pp. 682 et 683, n. 1).
(4) Joseph Loth conservait, en 1921, les idées qu'il avait exprimées
en 1883 : « Le breton, écrit-il en rendant compte de La Langue Gaul
oise de Dottin, n'est pas un reste de gaulois, mais bien une impor
tation des Bretons insulaires dont l'immigration a dû commencer dès
le premier tiers du Ve siècle»; et il ajoute — à l'adresse de Dot
tin — : « II est oiseux et illogique de supposer l'existence en Armo-
rique d'un patois gaulois à l'arrivée des Bretons, patois dont il n'y
a par ailleurs aucune trace. » (Revue Archéologique, t. XIII, pp. 117-
118). Peut-être avait-il été amené à durcir son attitude en se voyant
contredit par des gens qu'il considérait comme des ignorants, s'ap-
puyant surtout sur d

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