Prolégomènes à l étude de la formation du christianisme - article ; n°1 ; vol.4, pg 267-305
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1978 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 267-305
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monsieur René Nouailhat
Prolégomènes à l'étude de la formation du christianisme
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 4, 1978. pp. 267-305.
Citer ce document / Cite this document :
Nouailhat René. Prolégomènes à l'étude de la formation du christianisme. In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 4, 1978. pp.
267-305.
doi : 10.3406/dha.1978.2950
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1978_num_4_1_2950PROLÉGOMÈNES A L'ÉTUDE
DE LA FORMATION DU CHRISTIANISME
Le projet de cette étude pourrait paraître bien ambitieux : poser
quelques points de repère pour une histoire de la formation du christianisme .
Il ne concurrence cependant aucune introduction aux encyclopédies sur l'his
toire de la religion chrétienne. Il n'apporte pas une autre version des faits à
côté de tant d'auteurs prestigieux, qui se sont déjà tant contredits. Б ne révèle
aucun papyrus inédit, aucune inscription nouvelle.
La réflexion poursuivie ci-dessous voudrait préciser quelques questions
méthodologiques relatives à notre connaissance des origines chrétiennes.
Même en s'en tenant à ce niveau des problèmes de méthode, ses implications
sont lourdes de conséquence. Elles peuvent contribuer à réorienter les pers
pectives d'ensemble de notre compréhension du phénomène chrétien.
La connaissance chrétienne du christianisme, celle qui vient de la pré
sentation faite dans les catéchismes ou les prédications religieuses, est sans
doute l'obstacle principal à une juste manière d'aborder le problème des
«origines». Les croyants se représentent habituellement le christianisme
comme un phénomène unique, un mouvement homogène, monolithique, né
à partir de Jésus-Christ ; ce mouvement se serait peu à peu diversifié pour
donner naissance à des déviations qualifiées par l'Église d'«hérésies», et déta
chées en «sectes» . Les incroyants adoptent souvent cette perspective, même
s'ils la ponctuent de points d'interrogation quant à notre savoir sur Jésus-
Christ et quant au bien-fondé de l'attitude de l'Église.
Mais c'est pratiquement aux seuls chrétiens qu'est revenu le monopole
de la diffusion des recherches sur le christianisme. Non qu'il n'y ait eu, autour
des travaux d'E. Renan, Loisy, Couchoud, un grand courant rationaliste qui,
avec P. Alfaric et С Guignebert, a profondément contribué au renouvelle
ment de la problématique. Ces travaux n'ont cependant pas eu dans l'opinion
l'impact suffisant. Ils n'ont pas modifié la manière dont les chrétiens con
çoivent en général la formation de leur religion.
La répercussion, au plan universitaire, de la séparation de l'Église et de
l'État en France a accusé une «mise à l'écart» du secteur des origines chré
tiennes par rapport au champ des religions de l'Antiquité.
Cette séparation s'inscrivait pourtant dans une tradition historique
progressiste - cf. les précédents de 1793 et de la Commune de Paris - dont les
chrétiens n'ont pas fini de prendre toute la mesure, notamment en ce qui
concerne l'émancipation de l'analyse politique par rapport aux convictions
et aux considérations religieuses. Mais le contexte idéologique de la grande
rupture de 1905 favorisait un repliement de l'Église sur elle-même ; les théor
ies séculières et les doctrines «modernistes» ne risquaient que trop, aux yeux
des autorités religieuses, de contaminer une Église soucieuse de maintenir,
dans ses formes anciennes, l'intégrité de son «dépôt». Du côté laïc, 268 R.NOUAILHAT
l'anticléricalisme charriait souvent d'autres exclusives : puisqu'il s'agissait d'en
finir avec le pouvoir de la «calotte», on ne fit pas le détail.
Depuis lors, nombre d'études, au sein même de l'Église, ont développé
une riche critique. Un certain nombre de problèmes théoriques ont été sou
levés, en particulier par ceux qui restaient les plus soucieux de resituer les
questions relatives aux origines chrétiennes dans leur milieu historique. Mais
Fhyper-surveillance d'une orthodoxie réprimante a eu, dans les rangs catho
liques, des effets ruineux. Quand les recherches n'étaient pas bridées par
l'autocensure des théologiens, des exégètes ou des historiens astreints à
respecter les directives de leur Église, bien peu de choses en filtraient pour
l'éducation des fidèles. Et la diffusion d'une connaissance moyenne du chris
tianisme s'est réduite aux clichés d'un catéchisme infantilisant (1)*.
Les commentaires sur la religion chrétienne sont donc restés, le plus
souvent, des commentaires chrétiens. On devine les implications d'un tel
redoublement. L'historien pouvait laisser au théologien ou à l'exégète le soin
d'interpréter les arcanes d'une Révélation dont il était entendu qu'elle échapp
ait à son champ d'investigation. Et le théologien ou l'exégète pouvait se
passer de toutes les exigences de la recherche historique puisque son domaine
était «tout autre». Nombre de commentaires ont été marqués par cette
attitude religieuse qui, présupposant une vérité métahistorique et transcen
dante, se situe d'emblée aux antipodes d'une recherche véritablement histo
rique . Il n'est pas besoin de s'attarder sur les conséquences d'un tel dualisme
qui a contribué, sur ce sujet des «origines chrétiennes», à maintenir des posi
tions an -historiques et obscurantistes. Toute une littérature, généralement
qualifiée de «spirituelle», en serait l'illustration dans bien des pieuses devant
ures.
Se libérer des séquelles de cette attitude n'est pas immédiat. Chacun
s'accorde à dire qu'il faut, certes, «resituer» les origines chrétiennes dans un
contexte historique plus large. L'étude du judéo-christianisme apparaît alors
inséparable de la connaissance du milieu de fermentation des grandes religions
universalistes : le judaïsme rabbinique et le christianisme, mais aussi le mani
chéisme et plus tard l'Islam. Pris à ce niveau de généralité, le phénomène
chrétien apparaît assez spectaculaire : après un commencement dérisoire, la
religion du Christ gagne tout le monde méditerranéen et s'impose bientôt
comme une force politique de premier plan dans l'Empire romain. L'inter
prétation religieuse invoque alors le miracle et appelle le surnaturel à la res
cousse. Ce qui permet de court -circuiter la longue, patiente et difficile
enquête sur les conditionnements historiques et d'éluder les questions sou
levées par une connaissance plus concrète de la réalité : attitude frileuse et
négative qui consiste à loger Dieu, ou ses puissances, dans les insuffisances du
savoir scientifique. Le parti de l'autruche relève souvent d'une politique de la
peur qui cherche à préserver dans l'ombre ce qui ne peut plus supporter la
clarté d'un débat.
La recherche d'une problématique des commencements du christi
anisme s'impose à l'historien soucieux de rigueur scientifique. Elle s'impose
aussi au chrétien qui n'a pas oublié que la foi qui anime ses convictions est
d'abord historique, qu'elle repose sur l'histoire d'un peuple et non sur quel
ques vérités métaphysiques tombées du ciel. Les plus grands théologiens
catholiques l'ont d'ailleurs toujours rappelé avec force. Ainsi récemment
Y. Congar : «J'estime que tout doit être abordé historiquement. Je ne crois
* Voir notes p. 298. D'HISTOIRE ANCIENNE 269 DIALOGUES
pas m'être détourné de la théologie, comme j'ai pu être tenté de le penser à
une certaine époque, parce que j'ai cherché à l'aborder historiquement. Tout
est absolument historique, y compris la personne de Jésus-Christ» (2).M.-D.
Chenu écrit en ce sens : «Oui, la foi est une adhésion, une communion à la
parole de Dieu, mais précisément cette parole m'a été donnée dans l'histoire,
elle s'est écoulée, de siècle en siècle, dans l'histoire de l'humanité, depuis
Abraham jusqu'à J&#

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