Quelques manuscrits de provenance rémoise - article ; n°1 ; vol.90, pg 337-353
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1929 - Volume 90 - Numéro 1 - Pages 337-353
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 5
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Demaison
Quelques manuscrits de provenance rémoise
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1929, tome 90. pp. 337-353.
Citer ce document / Cite this document :
Demaison Louis. Quelques manuscrits de provenance rémoise. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1929, tome 90. pp. 337-
353.
doi : 10.3406/bec.1929.448868
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1929_num_90_1_448868QUELQUES
MANUSCRITS DE PROVENANCE RÉMOISE
La bibliothèque de Reims possède peu de manuscrits inté
ressants pour l'histoire de la poésie française au moyen âge.
Sa riche collection de manuscrits a été formée surtout par
les fonds des anciens établissements religieux, chapitres,
abbayes de la ville, qui ne donnaient guère accès dans leurs
bibliothèques à ces œuvres profanes.
L'Église pourtant ne se montrait pas défavorable aux
poèmes qui célébraient les exploits des héros et permettait
d'accueillir les jongleurs qui les récitaient1. L'auteur d'Ay-
meri de Narbonne, en se portant garant, dès son entrée en
matière, de la valeur morale de son œuvre, déclare qu'on
peut l'entendre « en abaie et en religion », voire même « en
caresme et en tote sesson », et que les gens sages n'ont pas
lieu de la proscrire :
Ja ne la doit defîandre sages hon2.
On constate, en effet, que la littérature des chansons de
geste était très familière aux lettrés du xne et du xnie siècle,
appartenant au clergé séculier aussi bien qu'aux ordres rel
igieux. Il en était ainsi en Champagne. Gui de Basoches,
chanoine de Ghâlons, et Aubri, moine de l'abbaye de Trois-
Fontaines, montrent dans leurs écrits une connaissance éten
due des heroice cantilene. Certains chroniqueurs monastiques,
— celui de Waulsort, par exemple, — ont fait à ces chansons
de nombreux emprunts et les ont traités comme des rense
ignements historiques.
On peut supposer qu'ils étaient initiés surtout par la tra-
2e 1.édit., Voy. t. un I, p. pénitentiel 203. Cf. t. du II, xme p. 209 siècle et suiv. cité par L. Gautier, Épopées françaises,
2. V. 54-56 et 58. 338 QUELQUES MANUSCRITS DE PROVENANCE RÉMOISE
dition orale, par des récits qu'ils recueillaient de la bouche
des jongleurs. Avaient-ils aussi des sources écrites, des ma
nuscrits à leur disposition? On n'en a point conservé de
traces et ces manuscrits font généralement défaut dans les
bibliothèques des abbayes. Il est possible, du reste, qu'ils
aient disparu plus tard, dans les temps modernes, lorsqu'on
les jugeait inutiles et qu'on n'en appréciait plus la valeur1.
Les manuscrits de nos anciens poèmes que nous possédons
aujourd'hui proviennent ordinairement de riches amateurs,
de bibliothèques seigneuriales.
A Reims, au moyen âge, il devait y avoir des bibliophiles
dans la société laïque. La vie littéraire y était très active au
xnie siècle. En 1260, un ménestrel y compose un agréable
récit où la fantaisie se donne libre cours. On a conservé les
noms et les oeuvres de trouvères rémois, Eustache, Roland
de Reims et Robert la Chièvre. Les romans en vogue trou
vaient des lecteurs parmi les bourgeois. Un arrêt du Parl
ement du 9 janvier 1367 nous en fournit un curieux témoi
gnage. Cet arrêt réforme une sentence du bailli de Reims,
rendue dans un procès entre Ponsard Larrabis, prévôt et
vicomte de Reims, et Etienne Chosset, maire de la Couture, à
l'occasion d'une rixe qui s'était passée en la Couture, dans les
limites de la juridiction du susdit maire 2. Celui-ci était accusé
d'être intervenu trop brutalement et d'avoir commis des
excès dans la répression de cette querelle. Dans sa défense, il
rapporte que la dispute avait provoqué un rassemblement et
1. Des feuillets de parchemin, restes d'un manuscrit dépecé du xive siècle,
contenant des fragments des Tournois de Ghauvenci de Jacques Bretel, ont été
employés comme gardes dans la reliure du ms. 1007 de la bilbiothèque de Reims,
provenant du chapitre de cette ville.
2. Varin, Arch, administratives de Reims, t, III, p. 306-317. La rixe avait été
causée par un certain Jaquet de Ludes, neveu de Marguerite, femme de Ponsard
Larrabis, qui, dans la soirée du dimanche après la fête de la Purification de
Notre-Dame, en l'année 1361 (v. st. ; 6 février 1362), au sortir d'un repas de
noces, avait placé des jantes de roues préparées par des charpentiers (ganterios
carpentariorum) en travers de la voie publique pour faire tomber les passants.
Il avait pris fort mal des observations que des voisins s'étaient permis de lui
faire à ce sujet ; de là une dispute où il avait frappé certains de ces gens à coups
de couteau, et même blessé légèrement le maire, Etienne Chosset, qui était venu
pour le rappeler à l'ordre. Etienne avait voulu arrêter le délinquant, mais Mar
guerite avait résisté et pris la défense de son neveu ; il était accusé d'avoir alors
frappé gravement et injurié cette femme. Le bailli de Reims l'avait condamné
à payer 80 livres parisis à Ponsard, à faire amende honorable à genoux, en la
Couture, « in loco ubi dicte verberaciones ac injurie dicte Margarete facte fue-
rant », et à accomplir, en expiation, un pèlerinage à Notre-Dame de Liesse. L'ar
rêt du Parlement modère notablement cette peine. QUELQUES MANUSCRITS DE PROVENANCE RÉMOISE 339
un grand tumulte. En entendant les cris, il était sorti hors de
sa maison, où il lisait alors un livre appelé en français ro-
mant : « . , . de quorum clamore dictus Stephanus, qui tune in
domo sua unum librum legebat, vocatum gallice romant, ad
dictum locum accesserat... »
C'est ainsi que les gens lettrés savaient alors se distraire
par la lecture des oeuvres d'imagination.
Nous avons des exemples de manuscrits de chansons de
geste qui, à diverses époques, ont appartenu à des Rémois.
C'est de Reims que semble provenir le manuscrit de la chan
son de Raoul de Cambrai, du xine siècle, conservé aujour
d'hui à la Bibliothèque nationale (fonds français 2493). « Le
feuillet de garde, écrit A. Longnon1, placé au commencement
du manuscrit, est formé d'un fragment de minute d'un acte dé
signant nominativement un grand nombre de bourgeois de
Reims, et dont l'écriture semble appartenir à la seconde moit
ié du xine siècle. Cette particularité indique, selon toute
apparence, que le manuscrit de Raoul de Cambrai était vers
cette époque dans les mains d'un habitant de cette ville. —
L'origine de cet acte, ajoute-t-il, nous paraît démontrée par
la mention de Perrot, « filius quondam marescalli de Barbas-
« tro », et d'un autre personnage, « morantem in Barbastro ».
Barbastrum désignait certainement ici la rue du Barbâtre,
l'une des voies les plus importantes de l'ancien Reims. La
mention d'un chanoine de l'abbaye de Saint-Denis de Reims
et celle d'un autre chanoine de Saint-Timothée de la même
ville viennent aussi à l'appui de cette opinion2. »
Un manuscrit de la chanson de Bovon de Hanstone, du
1. Raoul de Cambrai, chanson de geste publiée par P. Meyer et A. Longnon,
Introd., p. lxxix.
2. Ibid., n. 1. — Cette pièce est fort effacée, couverte de ratures et en partie
illisible. Voici les noms que j'ai cru pouvoir y déchiffrer : « Rouceleti dicti de...
archid(iaconi) . . . Foubert . . . Genrrici matricularii et Stephani dicti B Perroti. . .
marescalli de Barbastro, Terrici Grossi (?), auct. off(icialis)... Sancti... moran
tem in Barbastro... Theobaldum dictum... Gerardi Alorré auct. archid(iaconi)...
relicte Jaqueti dicti Halluin, executores testamenti Agnetis fllie quondam...
relictam Clarenbaudi quondam... Poncardi quondam... canonici Sancti Dyoni-
sii Remensis... domini Symonis canonici Sancti Thimothei Remensis. » M ares -
callus est peut-être un nom propre. Alorré est un nom rémois. Un Richier Ha-
louré est mentionné en 1328 dans le registre de la taille du sacre de Philippe VI
(Varin, Arch, administratives de Reims, t. II, p. 544). Les noms suivants sont
inscrits au verso du feuillet : Anjorrans de Mons (écriture du xme siècle) ; Rena-
tus (écriture beaucoup plus récente). Tous ces personnages me sont inconnus. 340 QUELQUES MANUSCRITS DE PROVENANCE RÉMOISE
xiue si&

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