Réflexions sur l histoire de l éducation dans le Haut Moyen Âge (Ve-XIe siècles) - article ; n°1 ; vol.50, pg 17-38
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Réflexions sur l'histoire de l'éducation dans le Haut Moyen Âge (Ve-XIe siècles) - article ; n°1 ; vol.50, pg 17-38

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Description

Histoire de l'éducation - Année 1991 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 17-38
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Riché
Réflexions sur l'histoire de l'éducation dans le Haut Moyen Âge
(Ve-XIe siècles)
In: Histoire de l'éducation, N. 50, 1991. Éducations médiévales. L'Enfance, l'École, l'Église en Occident. Ve-XVe
siècles. pp. 17-38.
Citer ce document / Cite this document :
Riché Pierre. Réflexions sur l'histoire de l'éducation dans le Haut Moyen Âge (Ve-XIe siècles). In: Histoire de l'éducation, N. 50,
1991. Éducations médiévales. L'Enfance, l'École, l'Église en Occident. Ve-XVe siècles. pp. 17-38.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hedu_0221-6280_1991_num_50_1_2492SUR UHISTOIRE RÉFLEXIONS
DE VÉDUCATION DANS LE HAUT MOYEN ÂGE
(Ve -XIe SIÈCLES)
par Pierre RICHE
Il y a quarante ans cet article aurait été difficile, sinon imposs
ible, à écrire. En effet, ceux qui travaillaient alors sur l'histoire de
l'éducation dans le Haut Moyen Âge et même au Moyen Âge,
étaient rares. Bien lointaine était l'époque où, entre 1880 et 1914,
s'étaient multipliés les ouvrages sur ce sujet, ceux de Clerval sur les
écoles de Chartres (1895), de Picavet sur Gerbert (1897), d'Aspin-
wall sur les écoles de la Province de Sens (1904), de Roger sur
L'enseignement des lettres classiques d'Ausone à Alcuin (1905), etc.
À l'étranger, en Allemagne, en Italie, en Belgique, en Suisse, l'essor
de l'enseignement public conduisait également des historiens à
s'interroger sur ce qui se passa au Moyen Âge (1).
Puis ce fut, du moins en France, le grand silence. Nous laissions
aux historiens des autres pays le soin de s'occuper de l'histoire des
écoles médiévales. Il suffit de citer les noms d' Anglo-Saxons :
Rand, Haskins, Sandys, Laistner, Rashdall, de Hongrois : d'Irsay, A.
Gabriel, de Canadiens : Paré, Brunet, Tremblay, d'Allemands :
Schniirer, Patzelt, pour constater que le terrain était bien occupé (2).
Settimana - Settimane di studio del centro italiano di studi sull'alto medioevo,
Spolète.
1. Citons, entre autres, les livres de F. Specht : Geschichte des Unterrichtswe-
sens in Deutschland von den âltesten Zeiten bis zur Mitte des dreizehnten
Jahrhunderts, Stuttgart, 1885 ; G. Manacorda : Storia della scuola in Italia, vol. I : //
Medio Evo, Milan, 1913 ; U. Berlière : « Les Ecoles abbatiales au Moyen Âge »,
Revue bénédictine, 6, 1889, pp. 499-51 1 ; G. Robert : Les Écoles et l'enseignement de
la théologie pendant la première moitié du XIIe siècle (thèse de Fribourg), Paris,
1909.
2. On leur doit, entre autres, J.E. Sandys : A History of Classical Scholarship,
vol. I, Cambridge, 1921 ; M.L. Laistner : Thought and Letters in Western Europe
AD. 500 to 900, Londres, 1931 (2e éd., 1957) ; Ch. H. Haskins : The Renaissance of
the Twelfth Century, Cambridge (Mass.), 1927 ; H. Rashdall : The Universities of
Europe in the Middle Ages, 3 vol., Oxford, 1895 (nlle éd. par F.M. Powicke et A.B.
Emden, Oxford, 1936) ; E. Patzelt : Die Karolingische Renaissance, Vienne, 1924 ;
Histoire de l'éducation - n° 50, mai 1991
Service d'histoire de l'éducation
I.N.R.P. 29,rued'Ulm - 75005 Paris 18 Pierre RICHE
Bien rares étaient les Français qui s'aventuraient, tel le chanoine
Glorieux, dans le monde de l'enseignement médiéval. Pour le Haut
Moyen Âge, il n'y avait personne. D'ailleurs, le Haut Moyen Âge
était pour beaucoup une époque « maudite » et impropre à toute pro
duction intellectuelle. Il suffit de lire ce qu'en dit en 1927 Ferdinand
Lot (3). Il avait été précédé par la décadence du Bas Empire,
s'enfonçait dans la nuit mérovingienne et se terminait par les « ter
reurs de l'an mille ». À peine la Renaissance carolingienne passait-
elle pour une éclaircie dans ce ciel désespérément noir.
Pourtant, en 1940, paraissait un livre sur Les écoles de la fin du
VIIIe à la fin du XIIe siècle. Emile Lesne en avait fait le cinquième
tome de Y Histoire de la propriété ecclésiastique en France, publiée
dans les « Mémoires et travaux des facultés catholiques de Lille ».
Pour cette raison et parce qu'il paraissait pendant la guerre, ce
remarquable ouvrage d'érudition, qui remplaçait avantageusement le
vieux travail de L. Maître (4), n'eut pas le succès mérité. Même sort
fut attribué à la thèse de M.-M. Dubois sur le grammairien anglo-
saxon jElfric (5), soutenue en 1943 et, ô scandale, écrite par
une femme !
Enfin, après cette longue « traversée du désert », un livre parais
sait qui devait devenir un classique et susciter de nouvelles études. Il
s'agit de Y Histoire de l'éducation dans l'Antiquité d'Henri Marrou
(1948) (6). L'auteur, qui avait bien vu qu'il n'y avait pas de césure
entre Antiquité et Moyen Âge, sa thèse de doctorat et ses travaux
postérieurs le montrent, terminait son livre par un chapitre sur
l'apparition des écoles chrétiennes de type médiéval et un épilogue
G. Schnûrer : Kirche und Kultur im Mittelalter, 3 vol., Paderborn, 1924-29 (trad, fir.,
Paris, 1935) ; G. Paré, A. Brunet, P. Tremblay : La Renaissance du XIIe siècle. Les
écoles et l'enseignement, Paris-Ottawa, 1933 [refonte complète de l'ouvrage de
Robert cité n. 1]. Devenu professeur au Medieval Institute de l'Université de Notre
Dame (Indiana), A.L. Gabriel y a lancé la collection « Texts and Studies in the
History of Mediaeval Education ».3. Cf. P. Riche : Préface à la 4e éd. de F. Lot : La
Fin du monde antique et le début du Moyen Âge, Paris, 1989.
4. Les Écoles episcopates et monastiques en Occident avant les Universités
(768-1180) ; cette thèse de l'École des Chartes de 1864 a été réimprimée en 1924
(« Archives de la France monastique », XXVI), preuve de la faiblesse de notre pro
duction en cette matière à l'époque.
5. M.-M. Dubois : /Elfric sermonnaire, docteur et grammairien, Paris, 1942.
6. La 6e édition de ce livre date de 1965. Il a été traduit en italien (1950), anglais
(1956), allemand (1957), grec (1961), espagnol (1965), polonais (1969), portugais
(1969). L'éducation dans le Haut Moyen Âge 19
sur « la fin de l'école antique ». C'était comme une invitation à
poursuivre son uvre. Encouragé par Louis Halphen qui, à la fin de
sa carrière, s'intéressait aux problèmes de l'école et des universités
(7), et évidemment par Henri Marrou, je consacrai ma thèse à
Education et culture dans l'Occident barbare, VIe- VIIIe siècles.
Cette thèse eut raison du scepticisme de quelques bons maîtres de
Sorbonne et n'a pas encore trop vieilli, ce qui d'ailleurs n'est pas un
bon signe pour les recherches en ce domaine (8).
Contrairement à ce que Roger avait fait, j'envisageais tout ce qui
regarde l'enseignement, l'éducation et l'enfant dans ces siècles dits
« obscurs ». La relecture des sources permettait de dire que l'enfant,
surtout dans le monde monastique, était l'objet d'attention et de
compréhension, ce qui s'opposait aux idées que Philippe Ariès avait
présentées avec un si grand talent que beaucoup s'en étaient empar
és (9). Lorsque, d'autre part, Ariès écrivait : « la civilisation médiév
ale avait oublié la païdéia des Anciens et elle ignorait encore l'édu
cation des modernes. Tel est le fait essentiel, elle n'avait pas l'idée
de l'éducation », beaucoup le suivaient. Tel manuel d'histoire de la
pédagogie paru en 1949 consacrait 13 pages sur 375 au Moyen Âge
(10). Dans le Traité des sciences pédagogiques de 1971, le Moyen
Âge est mieux représenté - 100 pages sur 509 - mais l'auteur s'inté
resse plus à l'évolution de l'enseignement et de la culture qu'à la
pédagogie de ce qu'il appelle « l'interminable millénaire » (1 1).
7. L. Halphen : « Les origines de l'université de Paris », in Aspects de
l'Université de Paris, Paris, 1949, pp. 9-27. En 1939, Halphen avait fait à l'Académie
des inscriptions et belles-lettres une « lecture » sur Guibert de Nogent et son péda
gogue.
8. Publié par les Éditions du Seuil, en 1962, ce livre a été réédité et r

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