Relation de Jean de Chambes, envoyé du roi Charles VII auprès de la seigneurie de Venise, 1459. - article ; n°1 ; vol.3, pg 183-196
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Relation de Jean de Chambes, envoyé du roi Charles VII auprès de la seigneurie de Venise, 1459. - article ; n°1 ; vol.3, pg 183-196

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1842 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 183-196
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1842
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Relation de Jean de Chambes, envoyé du roi Charles VII auprès
de la seigneurie de Venise, 1459.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1842, tome 3. pp. 183-196.
Citer ce document / Cite this document :
Relation de Jean de Chambes, envoyé du roi Charles VII auprès de la seigneurie de Venise, 1459. In: Bibliothèque de l'école
des chartes. 1842, tome 3. pp. 183-196.
doi : 10.3406/bec.1842.451651
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1842_num_3_1_45165117-
RELATION
DE
JEAN DE CHAMBES,
ENVOYÉ DU ROI CHARLES VII
AUPRÈS DE LA SEIGNEURIE DE VENISE.
1459.
Personne n'ignore le projet de croisade qui occupa si vivement l'Eu
rope après la prise de Constantinople par les Turcs ; mais il s'en faut de
beaucoup qu'on tienne le fil de toutes les intrigues qui firent échouer
cette entreprise.
Dès le premier moment , le pape et le duc de Bourgogne avaient man
ifesté sincèrement l'intention d'agir , l'un pour venger l'outrage fait à
la religion, l'autre, à ce qu'il disait, pour soutenir la gloire de la che
valerie. La peur joignit l'empereur Frédéric III à ces deux champions
décidés du culte et de l'honneur des chrétiens. Quant aux autres puis
sances, elles étaient trop occupées de leurs questions intérieures pour
songer sérieusement aune expédition lointaine; mais comme, pour se jus
tifier aux yeux des peuples, elles ne pouvaient faire autre chose que
d'approuver hautement la croisade, tout en promettant leur concours,
elles multiplièrent les négociations secrètes et mirent enjeu tous les ar
tifices qui pouvaient rendre raccord de l'Europe impossible. La France
eut le rôle principal dans cette opposition diplomatique.
A la vérité on s'était comporté maladroitement à l'égard de la France. 184
En 1458 , lorsque le duc de Bourgogne et l'empereur avaient jeté entre
eux les premières bases de la confédération , l'un et l'autre se déclarant
tout d'abord les chefs de la croisade, ils avaient disposé des ressources
de l'Europe comme si tous les royaumes de l'occident eussent été leurs
fiefs. Ils s'étaient arrogé droit d'assigner l'Angleterre, l'Espagne, la
France, à comparaître sous les armes pour le mois d'avril 1459 (.1). De
pareils termes durent offenser le roi Charles VII , surtout venant de Fré
déric III , qui était la risée de tout le monde, et de Philippe de Bour
gogne, qui affectait à tout propos d'oublier ses devoirs envers la couronne
de France. yEneas Sylvius, élevé au siège pontifical, vint aigrir encore
ce légitime ressentiment par ses dédains à l'égard du clergé et du gou
vernement français. Les choses en étaient à ce point, lorsque s'ouvrit le
concile de Mantoue, où le pape s'était imaginé qu'il renouvellerait l'én-
thousiasme suscité autrefois àCIermontpar son prédécesseur Urbain IL
L'histoire fait mention du mauvais accueil que les délégués de Charl
es VII reçurent à Mautoue (2). Elle ne parle pas d'une autre ambassade
que le même prince avait envoyée simultanément à Venise pour y con
trecarrer les mesures prises par le concile. Cefait,ignoré jusqu'ici, résulte
des documents qui font l'objet de la présente notice ; ce sont deux lettres
écrites en octobre et en novembre 1459, l'une de Venise, l'autre de
Mantoue , par un seigneur poitevin , chef de l'ambassade , nommé Jean
de Chambes. Elles ont été trouvées aux Archives du royaume par notre
confrère M. Eugène de Stadler, et transcrites par lui d'après une copie
authentique du quinzième siècle (3).
Quoique ces pièces ne soient pas une relation officielle de l'ambas
sade à Venise, cependant elles laissent deviner par quelques-uns de leurs
termes quel était l'objet des négociations entamées de ce côté par le roi
de France. On y voit le doge condamner implicitement les dispositions
prises pour la croisade, par ces mots qu'il prononce en parlant de Charl
es VII, que c'est le roy des roy s et très chrestien, et que nul ne puet
sans luy. Plus loin le chef de la république est représenté comme pre
nant l'intérêt le plus vif au succès de l'expédition de Jean de Galabre .* et
aussy me a mandé que Naples et tout le pays estoient en murmur et
près de se mectre en armes pour la venue de monseigneur de Cala-
(1) Voyez la chronique de Mathieu d'Escouchy, chap. 125.
(2) « De la part d'icellui pape furent très-petitement receus, et de soy il leur dist
aucunes choses qui sambloient à plusieurs cardinaulx et autres grans seigneurs estre
peu honnorables et desquelles il se deust bien avoir passé. » Ibid. ch. 127.)
(3) Arch, du roy. , section historique , K. 69. 185
bre; et prisa fort le sens et valliance deldit monseigneur de Cala-
bre , etc. Or , l'invasion du royaume de Naples était le grand moyen sur
lequel Charles VII avait compté pour jeter la confusion dans l'Italie. Jean
de Calabre, parti de Gênes le 4 octobre 1459, était allé prendre terre
à Castelmare de Vulturne, et les barons napolitains n'attendaient que
son débarquement pour se déclarer tous en sa faveur. Le doge était i
nformé de ces projets: en même temps qu'il donnait audience à Jean de
Chambes, il avait auprès de lui les ambassadeurs du prince de Ta-
rente (t), chef de la conspiration montée contre le roi de Naples. Si l'on
rapproche de tous ces indices l'aveu fait plus tard par les historiens (2) ,
que la seigneurie de Venise s'était engagée à fournir chaque année
80,000 ducats à la maison d'Anjou, tant que durerait la guerre contre
Ferdinand d'Aragon, il devient évident que cette puissance était d'ac
cord avec Charles VII pour détruire les plans de la confédération ita
lienne, quoique la république, aussi bien que le roi de France, eût à Man-
toue des ambassadeurs qui protestaient de son zèle pour la paix de la
chrétienté. Peut-être était-ce pour négocier l'emprunt annuel des 80,000
ducats, que Jean de Chambes avait été envoyé auprès du doge Pascal
Malipiero.
Nous n'avons que fort peu de renseignements à donner sur ce Jean de
Chambes ou de Jambes, dont nos deux lettres portent la signature. Dans
les titres, il s'intitule « chevalier, seigneur de Montsoreau, conseiller et
premier maistre d'hostel du roy, capitaine et gouverneur de la Rochelle,
capitaine de Nyort et de Talemont sur Gironde (з). »Le chroniqueur Mat
hieu d'Escouchy (4) nous apprend qu'en 1453 il fut délégué en même
temps que le seigneur de Torcy et le sénéchal de Poitou, pour régler avec
les députés de Bordeaux les clauses de la capitulation de cette ville.
Louis XI l'employa aussi comme négociateur dans la guerre du bien pu
blic (b).ïl s'était marié dans la maison de Chabot. Deux de ses filles sont
devenues célèbres dans l'histoire : l'une pour avoir été la maîtresse du
duc de Guyenne, après la mort du vicomte de Thouars son mari -y l'au
tre, parce qu'elle épousa Philippe de Comines.
Il ne nous a point été possible de déterminer quel est le personnage
à qui Jean de Chambes adresse sa relation, et qu'il appelle son compère.
D'après le post-scriptum de la première lettre, où il dit, je vous prie que
(1) Voyez ci-après, page 188.
(2) D. Calmet, hist, de Lorraine, t. N, p. 860.
(3) Cabinet des titres de la Bibl. royale, au nom Chambes.
(4) Chronique de Mathieu d'Escouchy, chap. 68
(5) Ms. delà Bibl. royale, Brienne, n° 196 — Mém. de Comines, pr. t. II, p. 519. 186
par cinquante mille foys me recommandés à madame la gêner aile , on
peut supposer que ce compère était un général des aides ou des finances ;
mais il y avait quatre receveurs généraux des finances et sept préposés
à la justice des aides. Quand même nous posséderions les noms de tous
ces fonctionnaires , nous ne saurions lequel choisir.
I.
Monsieur mon compère , je me recommande à vous tant et de
si bon cuer comme je plus puis. Et vous plaise savoir que mon
seigneur le cardinal d'Avignon (1) m'a envoyé deux de vos lettres
par lesqueles m'escrivés Talée de monsieur le général devers le
Roy , et plusieurs autres choses. De tout vous remercie, et en r
écompense vous scriptz de nos novelles.
Et premeyrement , au partir d'Ast on

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