Les journaux spirituels en france du xvi
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Extrait

Les journaux spirituels en France du XVI e au XVIII e siècle *
1
 La recherche dont je présente ici les grandes lignes porte sur l’intersection de deux ensembles :  1) la forme « journal », définie comme une série de traces datées , c’est-à-dire une pratique de notations qui s’étend dans le temps : une notation unique, comme le Mémorial de Blaise Pascal, daté du 23 novembre 1654 « depuis environ dix heures jusques environ minuit », n’est pas à proprement parler un journal ;  2) l’écriture spirituelle, qui traite des rapports de l’homme avec Dieu.  Ma démarche risque de paraître réductrice : c’est coucher l’immensité des écritures spirituelles (que l’on pense à la série touffue des volumes de l’abbé Brémond sur L’Histoire littéraire du sentiment religieux en France ) sur le lit de Procuste de la forme « journal ».  Pour limitée qu’elle soit, cette démarche est néanmoins éclairante, parce qu’elle pose deux problèmes importants :  a) du point de vue de l’écriture spirituelle : dans quelle mesure l’écriture d’un journal peut-elle aider au salut de l’âme ? Le journal est-il du côté de Dieu ou du côté du Diable ? Peut-on conseiller à quelqu’un d’en tenir un ? Faut-il que le journal soit surveillé , c’est-à-dire encadré par une direction de conscience ? Et que doit-il contenir ?  Les réponses à ces questions, on le verra, ont pu varier selon les confessions et selon les époques.  b) du point de vue du journal et de son histoire : quel rôle le journal spirituel a-t-il joué dans le développement de la pratique du journal ? Faut-il le considérer comme origine du journal intime qui est apparu un peu partout en Europe à la fin du XVIII e siècle ? Si la religion a eu une influence sur l’apparition d’une écriture intime, est-ce par le biais du journal spirituel, ou par d’autres voies ? En d’autres termes, le journal intime est-il fils ou cousin du journal spirituel ? Les facteurs historiques qui ont transformé la notion de personne et l’expression individuelle à la fin du XVIII e siècle ont-ils agi à la fois sur la religion et sur les pratiques d’écriture ordinaire ?  Je tourne à dessein la question dans tous les sens. Georges Gusdorf et d’autres m’ont reproché d’avoir minimisé les origines religieuses des écritures du moi. Sensible à ce reproche, j’ai voulu aller sur le terrain voir ce qu’il en était. Ce qui m’amène à ajouter une troisième intersection pour définir l’objet de mon étude :  3) « en France » : Georges Gusdorf me reprochait aussi, dans les notes véhémentes de son beau livre, de ne pas savoir l’allemand. C’est un de mes grands regrets. Mais sa remarque m’a conduit à penser que mon manque de sensibilité à l’origine religieuse de l’écriture autobiographique tenait peut-être, autant qu’à un préjugé personnel, à une situation nationale. Essayez de trouver dans une bibliothèque, pour la période classique (XVI e -XVIII e  siècle) un journal spirituel écrit en langue française qui ait été publié à l’époque : vous n’en trouverez aucun . Essayez même d’en trouver qui ait été publié plus tard : vous n’en trouverez pratiquement pas. En Allemagne ou en Angleterre, la situation est bien différente. *PublicationoriginaledansProblématiques de l’autobiographie , n° 33 de Littérales  (Université Paris X-Nanterre), 2004, p. 63-85.
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