Rodrigue de Villandrando (deuxième article). - article ; n°1 ; vol.6, pg 197-238
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1845 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 197-238
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1845
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jules Quicherat
Rodrigue de Villandrando (deuxième article).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 197-238.
Citer ce document / Cite this document :
Quicherat Jules. Rodrigue de Villandrando (deuxième article). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 197-
238.
doi : 10.3406/bec.1845.451828
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1845_num_6_1_451828-г: í l .--
RODRIGUE
DE VILLANDRANDO.
(Deuxième article.)
Les registres des comptes et dépenses de l'hôtel de ville d'Or
léans prouvent qu'en 1436, au mois d'avril, des gens apparte
nant à Rodrigue de Villandrando, sinon Rodrigue lui-même ,
logèrent à Sully-sur-Loire ( l ) , hébergés sans doute , et peut-être
appelés par le seigneur de la Trémouille , qui vécut toujours
dans une parfaite intelligence avec les capitaines espagnols , et
qui usa de leurs services au point de ne pouvoir s'acquitter envers
eux, qu'en faisant entrer Salazardans sa famille (2). Toutefois on
ne peut attribuer l'excursion de Sully qu'à un détachement ; car
il est certain que le fort des compagnies donna cette année dans le
Limousin, contre les partisans anglais qui infestaient les régions
inférieures de cette province. Là, comme à l'ordinaire , les rou
tiers servirent le roi sans être payés bien régulièrement ; ce qui
fut cause qu'à un moment donné, ils se retirèrent de devant
l'ennemi, pour aller chercher dans la huche du paysan leur
pain et leur solde. Cette opération eut lieu vers le temps des
vendanges ; mais elle ne s'exécuta pas si bien que Rodrigue n'y
(1) Registre de 1435-1436, à la bibliothèque d'Orléans : « A. Regnault Brune, le
mercredi, jour de Saint-Marc (25 avril 1436), pour despense faicte en son hostel pour
faire boire Mons. le prévost d'Orliens et maistre Simon Compains, secrétaire du roy
nostre sire, qui assemblèrent chex ledit Regnault, pour monstrer à aucuns des procu
reurs certaines lectres que Mgr. de Suli avoit envoyées à Mgr. le chancellier d'Orliens
pour lesRodigoys qui estoient à Suli. Pour ce 2 s. 4 d. p. »
(2) Par le mariage de ce capitaine avec Marguerite, sa fille naturelle. Le contrat est
du 31 octobre 1441 ,et les grands services rendus par Salazar audit La Trémouille
y sont allégués. Cabinet g énéul. de la Biblioth. du roi, dossier Salazar.
[• [Deuxième série.) 14 . 198
subît encore un affront pareil à celui des Ponts-de-Cé. Soit con
naissance insuffisante des lieux, soit confiance trop grande en la
terreur qu'inspirait son nom, il voulut faire passer devant Limog
es les équipages d'une de ses divisions. Il s'engagea donc sans
précaution entre la Tienne et les coteaux , lorsque les habitants
avaient barricadé tous les chemins et passages en avant des fau
bourgs , de sorte qu'arrivé là , il lui fallut ou revenir sur ses
pas, parce qu'il n'était pas en force pour avancer quand même ,
ou prendre son chemin par la traverse, au milieu des vignes dont
la côte est couverte autour de Limoges. De deux mauvais
partis il choisit le pire en ordonnant le passage à travers les
vignes. Là ses charrettes s'empêtrèrent sans pouvoir avancer,
et ses hommes , occupés autour des roues et des chevaux , ne pré
sentèrent bientôt plus que' des groupes disséminés et confus.
Alors les paysans qui s'étaient réfugiés dans Limoges sortirent
et s'avancèrent en masse dans toutes les directions, de manière
à cerner tout ensemble hommes et voitures : ce qui leur réussit
à merveille , car leur nombre les rendit maîtres de tout sans
coup férir, et ils n'eurent qu'à faire sauter les toiles des char
rettes pour reprendre chacun , soit leurs propres effets , soit
l'équivalent de ce qu'ils avaient perdu durant la campagne. Les
routiers interdits non-seulement se laissèrent prendre leur bu
tin, mais consentirent encore à lâcher les prisonniers qu'ils
emmenaient avec eux : facilité rare de leur part , mais
firent payer cher aux premiers que le sort amena sous leurs
coups au sortir de ces fourches caudines (l).
Pendant que ces choses se passaient aux portes de Limoges ,
le capitaine avait son esprit ailleurs, préoccupé qu'il était d'une
nouvelle et grande entreprise, pour laquelle il venait de recevoir
des propositions. Il s'agissait ďaller conquérir le siège episcopal
d'Albi, disputé entre deux compétiteurs, dont le moins méritant,
quoique le mieux fondé en droit , se trouvait , pour l'instant ,
avoir le dessous. Cette grave affaire demande à être exposée en
quelques mots depuis son origine.
En 1434, lorsque Bernard de Casilhac venait d'être élu évê-
que d'Albi par la majorité du chapitre, l'évèque de Chartres,
Eobert Dauphin, des Dauphins d'Auvergne, accourut avec des
(l) Bonaventure de Saint-Amable, Histoire de- saint Martial, part. III, p, 701
Annales manuscrites du Limousin , par Roussaud. 199
recom mandations du roi et de tousles princes du sang, acheta,
au prix de quinze cents écus d'or, les chances du candidat de la
minorité, et, nanti de ces suffrages, alla chercher l'agrément du
pape, qui ne lui manqua pas, attendu que Casilhac, député au
concile de Bâle, avait fait reconnaître ses droits par cette assemblée
tenue en dépit de Rome. La commune d'Albi prit parti pour
l'élu du chapitre, et , malgré ses bulles , Eobert Dauphin de
meura forclos de son diocèse. Cela dura une année entière, au
bout de laquelle la popularité de Casilhac succombant à de
sourdes menées, Eobert Dauphin s'installa sur ses débris. Ce
lui-ci resta à son tour en possession pendant un an ; puis, au bout
de ce ferme, comme si son autorité était établie à tout jamais, il
eut l'imprudence de s'absenter, à l'indicible joie de son adversaire
qui revint au nom du concile, et qui, aidé de ses nombreux pa
rents, escorté d'une armée, pourvu de bombardes et de canons,
occupa militairement sa métropole et son église. C'est alors que
Bobert Dauphin, appuyé par le duc de Bourbon auprès de Bo-
drigue de Yillanclrando, lui offrit six mille écus, deux places fortes
en nantissement et les fruits de la guerre, s'il voulait tenter de
lui ravoir Albi (1).
Le comte de Bibadeo approcha d'Albi en grande puissance,
avec une armée de sept à huit mille chevaux. Méprisant la petite
tactique dés Casilhac, qui avaient abattu les maisons isolées autour
de la ville pour en démasquer les abords, il compléta leur ou
vrage en livrant aux flammes un magnifique hôpital qu'ils avaient
laissé debout (2). C'était leur faire entendre qu'il ne leur pro
curerait pas, comme ils semblaient l'espérer, le plaisir de brûler
leur poudre contre lui. En effet, il tint la ville bloquée plutôt
qu'assiégée, et lui donna, bien loin de la portée de son artillerie,
le spectacle de ses manœuvres à lui, Bodrigue. S'étant emparé
d'abord du château de Lescure (3), au moyen duquel il eut le
libre passage du Tarn, il répandit sur les deux rives du fleuve
(1) Yaissete, IV , p. 485. —Plaidoiries de Luillier pour Casilhac, prononcées au
parlement de Paris le 10 juillet 1438 et le 1er septembre 1439. 'Voyez le registre crimi
nel, n. 23, aux Archives du royaume, section judiciaire.
(2) Rapiout, dans son plaidoyer pour Robert Dauphin (Reg. criminel 23 , audience
du 27 avril 1439), dit en parlant des Casilhac : « Aussi boutèrent le l'eu en ung hospital
et en tous les faulxbouigs afiin que on ne s'y logeast ; » mais Luillier, dans sa réplique,
du 1er septembre, établit péremptoirement que l'hôpital fut brûlé par Rodrigue.
(3) Sur Pierre de Lescure.. Vaissele , p. 489.
14. 200
sa nombreuse cavalerie, exercée de longue main à réduire en dé
serts les contrées fertiles et populeuses. Bientôt ceux d'Albi
ne purent voir sans soupirer le réseau des incendies s'éten
dre à l'horizon, atteindre de proche en proche leurs oliviers
et leurs vignes : ce qui diminua sensiblement le crédit de ceux
qui soutenaient l'évêque. Le palais episcopal d'Albi était alors
une vaste forteresse occupant toute la plate-forme du monticule
auquel la ville est adossée. Cette place s'appelait la Berbié ; qui
avait la Berbié, maîtrisait la commune : mais les Casilhac n'eu
rent pas cet avantage, parce que, n

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