Rome aux cinq régions ? - article ; n°2 ; vol.97, pg 785-797
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1985 - Volume 97 - Numéro 2 - Pages 785-797
Jean-Marie Pailler, Rome aux cinq régions ?, p. 785-797. Traditionnellement, on se représente un passage direct, sous Auguste, de la division servienne de Rome en quatre régions, restée immuable pendant la République, à la «Rome aux quatorze régions». En réalité, la crise de croissance urbaine et les inquiétudes qui assaillent Rome pendant et après la deuxième guerre punique paraissent avoir déterminé dès cette époque des changements importants. En 212, en 198, en 186 av. J.-C, des mesures de défense et de police urbaine, notamment contre les incendies nocturnes et les menées de pérégrins récemment établis à Rome, témoignent de modifications progressives. Avec l'action de quin-quévirs chargés suae quisque regionis, la lutte contre les bacchanales consacre l'existence d'une «cinquième région» située uls Tiberim, ancêtre de la quatorzième région augustéenne.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Jean-Marie Pailler
Rome aux cinq régions ?
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 97, N°2. 1985. pp. 785-797.
Résumé
Jean-Marie Pailler, Rome aux cinq régions ?, p. 785-797.
Traditionnellement, on se représente un passage direct, sous Auguste, de la division servienne de Rome en quatre régions,
restée immuable pendant la République, à la «Rome aux quatorze régions». En réalité, la crise de croissance urbaine et les
inquiétudes qui assaillent Rome pendant et après la deuxième guerre punique paraissent avoir déterminé dès cette époque des
changements importants. En 212, en 198, en 186 av. J.-C, des mesures de défense et de police urbaine, notamment contre les
incendies nocturnes et les menées de pérégrins récemment établis à Rome, témoignent de modifications progressives. Avec
l'action de quinquévirs chargés suae quisque regionis, la lutte contre les bacchanales consacre l'existence d'une «cinquième
région» située uls Tiberim, ancêtre de la quatorzième région augustéenne.
Citer ce document / Cite this document :
Pailler Jean-Marie. Rome aux cinq régions ?. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 97, N°2. 1985. pp. 785-
797.
doi : 10.3406/mefr.1985.1478
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1985_num_97_2_1478JEAN-MARIE PAILLER
ROME AUX CINQ RÉGIONS ?
Implicitement admise ou affirmée de manière expresse, une vulgate
veut que le partage de Rome antique en « régions » ait connu deux phases,
et deux seulement : aux quatre « régions serviennes » se serait directement
substituée, par la grâce du génie organisateur d'Auguste, «Rome aux qua
torze régions». Ce redécoupage de la cité s'insérait dans un important
ensemble de réformes pratiques et administratives, par lesquelles le pre
mier empereur cherchait à apporter aux problèmes de YUrbs les réponses
trop longtemps éludées par la République finissante.
Cette présentation courante s'appuie sur le fait que nulle trace d'un
remodelage des districts de la cité ne semble être attestée pour la très
longue période intermédiaire. En réalité, à considérer les documents de
près, on s'aperçoit qu'aucun des textes républicains qui font allusion aux
« quatre régions serviennes » ne décrit explicitement une réalité contempor
aine. Tous concernent la tradition, voire le mythe de fondation de ce
découpage (les Argées et leurs sanctuaires) - ainsi que sa signification
rituelle et politique, appréhendée à travers le phénomène immmuable des
«tribus urbaines»1.
À l'inverse, la lecture des rares et précieux témoignages textuels
concernant la ville de Rome à la fin du IIIe et au début du IIe siècle av.
J.-C. conduit à s'interroger : un certain nombre de mesures d'urbanisme,
mais surtout de défense, de police et de lutte contre les incendies, prises
au cours de ces années troublées, n'illustrent-elles pas une première
modification importante de la situation «servienne», à la fois en ce qui
concerne le nombre des régions de Rome et l'organisation des magistrat
ures de «police urbaine»? Ces mesures ne répondent-elles pas déjà, com
me plus tard celles d'Auguste, à la fois à la croissance de Y Orbs et aux
1 Ces textes sont commodément rassemblés dans les Fontes ad topographiam . . .
pertinentes de G. Lugli et al., I, Rome, 1952, p. 75-78. Le plus important et le plus
détaillé est de loin celui de Varron, L. /., V, 41-54, dont la perspective archaïsante
est évidente.
MEFRA - 97 - 1985 - 2, p. 785-797. JEAN-MARIE PAILLER 786
maux et dangers internes engendrés par cette croissance et par les ci
rconstances qui l'entourent? De cette série, nous retiendrons trois épiso
des, de nature et d'intérêt inégaux, datables respectivement de 217-212,
198, 186 av. J.-C.
Pendant la deuxième guerre punique, avec la présence d'Hannibal
sur le sol italien, le problème des fortifications de Rome est posé à plu
sieurs reprises. Dès 217, le nouveau dictateur Fabius Maximus et son maît
re de cavalerie, à peine élus, sont chargés par le sénat ut muros turresque
urbis firmarent et praesidia disponerent quibus locis uideretur2. En l'a
bsence de données topographiques plus précises, il n'y a rien là que de
normal et d'adapté aux circonstances. Mais cinq ans plus tard, en 212, les
comices sollicités par le préteur urbain créent des quinqueuiri mûris tur-
ribusque reficiendis3. Les derniers mots de cette formule ne sont pas une
nouveauté, puisque dès 353, après la fin des opérations militaires saison
nières, reliquum anni mûris turribusque reficiendis consumptum (. . .) est*.
En revanche c'est la première fois qu'apparaît un collège de cinq hom
mes chargés de cette mission.
Pourquoi cinq? Le texte n'en dit rien, et l'on peut évidemment imagi
ner que la répartition des tâches entre eux se soit faite par type d'édifices
ou de travaux, ou même que les quinquévirs aient opéré collectivement,
sans division systématique du travail5. Toutefois dans la deuxième hypo
thèse le nombre élevé de responsables peut surprendre, tandis que la pre
mière se heurte au manque ordinaire de prise en compte des compétenc
es «techniques», chez les Romains, pour la mise en place de cette sorte
de magistrats inférieurs. Il paraît donc au moins aussi naturel de songer
à une distribution géographique, et dans ce cas il faut bien rendre compte
du chiffre cinq. À moins de retenir un découpage abstrait et géométrique,
indifférent aux divisions traditionnelles de la cité, on est donc amené à
2 Tite-Live, XXII, 8, 7.
3XXV, 7, 5.
4VII, 20, 9.
5 Sur l'importance du chiffre 5 comme expression organisée de la totalité
romaine à la fin du IIIe et au début du IIe siècle av. J.-C, cf. Pailler, Lieu sacré et
lien associatif dans le dionysisme romain de la République, dans les actes à paraître
de la table ronde «L'association dionysiaque dans les sociétés anciennes», Rome,
mai 1984. ROME AUX CINQ RÉGIONS ? 787
supposer la reconnaissance de facto d'un cinquième quartier. Si tel est
bien le cas, s'agit-il de l'Aventin, dont plusieurs indices paraissent mont
rer qu'il a été fortifié et intégré définitivement à la ville à la fin du IIIe
siècle, peut-être même en 217?6 Ou faut-il plutôt y voir un secteur situé
au-delà du Tibre, par exemple la colline du Janicule dont la défense a
toujours (selon la légende, depuis Ancus Marcius7) représenté un enjeu
militaire, politique et psychologique important pour Rome?8 Sans pou
voir répondre à toutes ces questions, ni trancher entre les diverses conject
ures, on doit admettre que les unes et les autres balisent une piste de
recherche intéressante, sur laquelle les lendemains de la deuxième guerre
punique permettent de placer de nouveaux jalons.
C'est d'abord la conjuration de Setia, en 198, et la grande peur née de
cette révolte d'esclaves qui ont failli s'emparer de Préneste9. Les Romains
craignent que les prisonniers et otages carthaginois n'aient été à l'origine
du complot, et que cela n'ait des suites parmi les populations allogènes de
Rome : itaque et Romae uigiliae per uicos seruatae iussique circumire eas
minores magistratus, et triumuirt carceris lautumiarum intentiorem custo-
diam habere iussi10.
L'expression «magistrats inférieurs», réservée à des responsables de
la police urbaine, semble être un terme d'extension assez lâche qui tantôt
embrasse, tantôt (c'est le cas de la dernière citation) exclut les triumuiri.
Il n'y a pas à s'en étonner, s'il est vrai d'une part qu'il s'agit là de person
nages secondaires dont la liste exacte ne nous est fournie par aucune
6 Cf. sur ce point G. Lugli, / monumenti antichi, III, Rome, 1938, p. 548-549 (cf.
ibid., Il, p. 136-137). Il est remarquable aussi qu'en 184 les censeurs Caton et Flac-
cus fassent aménager des égouts in Auentino et in aliis partibus qua nondum erant
(Tite-Live, XXXIX, 44, 5) : comme si ces quartiers avaient été récemment rattachés
à Rome. Il reste que des vestiges de la «muraille servienne»

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