Historique du problème du Méridien origine en France. - article ; n°4 ; vol.32, pg 289-304
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Revue d'histoire des sciences - Année 1979 - Volume 32 - Numéro 4 - Pages 289-304
RÉSUMÉ. — La plupart des cartographes français du XVIe siècle prirent pour méridien origine le méridien de l'Ile de Fer (archipel des Canaries). Louis XIII en 1634 rendit obligatoire son utilisation. Les astronomes de l'Académie des Sciences, fondée en 1666, parvinrent à préciser la position du méridien de Paris, qui supplanta peu à peu celui de l'Ile de Fer. Finalement la France adopta en 1911 le méridien de Greenwich, mais conserva celui de Paris pour ses cartes topographiques.
SUMMARY. — In the 16th century, most French cartographers used the meridian of the Ferro Island (Canary Islands) as a zero meridian. In 1634 Louis XIII decreed its obligatory usage as such. The astronomers of the Académie des Sciences, founded in 1666, succeeded in measuring more exactly the meridian passing through Paris, which, from that time, began to supplant that of the Ferro Island as a point of origin for geodesic measurements. It was only in 1911 that France adopted the Greenwich meridian, although that of Paris was retained for French topographical maps.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 112
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME LUCIE LAGARDE
Historique du problème du Méridien origine en France.
In: Revue d'histoire des sciences. 1979, Tome 32 n°4. pp. 289-304.
Résumé
RÉSUMÉ. — La plupart des cartographes français du XVIe siècle prirent pour méridien origine le méridien de l'Ile de Fer
(archipel des Canaries). Louis XIII en 1634 rendit obligatoire son utilisation. Les astronomes de l'Académie des Sciences, fondée
en 1666, parvinrent à préciser la position du méridien de Paris, qui supplanta peu à peu celui de l'Ile de Fer. Finalement la
France adopta en 1911 le méridien de Greenwich, mais conserva celui de Paris pour ses cartes topographiques.
Abstract
SUMMARY. — In the 16th century, most French cartographers used the meridian of the Ferro Island (Canary Islands) as a zero
meridian. In 1634 Louis XIII decreed its obligatory usage as such. The astronomers of the Académie des Sciences, founded in
1666, succeeded in measuring more exactly the meridian passing through Paris, which, from that time, began to supplant that of
the Ferro Island as a point of origin for geodesic measurements. It was only in 1911 that France adopted the Greenwich meridian,
although that of Paris was retained for French topographical maps.
Citer ce document / Cite this document :
LAGARDE LUCIE. Historique du problème du Méridien origine en France. In: Revue d'histoire des sciences. 1979, Tome 32
n°4. pp. 289-304.
doi : 10.3406/rhs.1979.1638
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1979_num_32_4_1638du problème Historique
du Méridien origine
en France
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Sciences, fondée en 1666, parvinrent à préciser la position du méridien de Paris,
qui supplanta peu à peu celui de l'Ile de Fer. Finalement la France adopta en 1911
le méridien de Greenwich, mais conserva celui de Paris pour ses cartes topogra
phiques.
SUMMAR Y. — In the 16th century, most French cartographers used the meridian
of the Ferro Island (Canary Islands) as a zero meridian. In 1634 Louis XIII decreed
its obligatory usage as such. The astronomers of the Académie des Sciences, founded
in 1666, succeeded in measuring more exactly the meridian passing through Paris,
which, from that time, began to supplant that of the Ferro Island as a point of origin
for geodesic measurements. It was only in 1911 that France adopted the Greenwich
meridian, although that of Paris was retained for French topographical maps.
La question du Méridien origine des cartes et des globes ter
restres peut être étudiée d'un point de vue mystique (orientation
du monde, omphalos), mathématique (coordonnées astronomiques
et géographiques, forme du globe terrestre), technique (déclinaison
magnétique) ; politique enfin (lignes de démarcation, limites des
eaux territoriales, problème de l'heure).
On n'abordera ici que l'aspect géographique, tel qu'il a été
envisagé en France à travers les siècles. Néanmoins ces différents
points de vue ont parfois débordé les uns sur les autres, et compli
quèrent ainsi la solution de chacun d'eux. On notera donc ces
empiétements au passage. D'autre part, pour bien marquer l'évo
lution, on laissera le plus possible la parole aux textes les plus
frappants qui jalonnent celle-ci.
Voici la définition du terme méridien dans la langue savoureuse
du pilote du Havre Jacques Devault (1583) :
Rev. Hist. Set, 1979, xxxii/4 rhs — 10 290 Lucie hagarde
« Méridien est une ligne qui se imagine de l'un des polies du monde
à l'autre et passe droict par dessus nostre teste auquel le soleil en y arr
ivant faîct midy à tous ceulx qui habittent desoubz icelle ligne » (1).
Le grand astronome Laplace écrit plus clairement en 1824 :
« Le premier méridien, grand cercle qu'on se figure décrit sur le
globe terrestre pour compter de là les degrés de longitude » (2).
Ce sont les coordonnées géographiques, latitude et longitude,
qui permettent de placer avec exactitude un lieu sur une carte,
au point d'intersection de ces deux coordonnées. C'est ce que fait
remarquer le mathématicien Oronce Fine (1543) :
« Pour ce que sans la vraye longitude et latitude desdictz lieux il est
impossible scavoir leur situation et distance et conséquëment faire
aucune carte géographique ou hydrographique qui soyt bonne et vallable
soyt des terres fermes ou des isles nouvellemët trouvées et descouvertes
par la diligente navigation des modernes et recens hydrographes » (3).
Rappelons que nous devons aux Grecs et en particulier à
Eratosthène cette notion des coordonnées : la latitude qui se
compte sur un grand cercle passant par les pôles, de 0° à 90° de
l'Equateur à chaque pôle, la longitude qui se compte sur l'Equateur
de 0° à 360° ou à 180° Ouest ou Est à partir d'un des grands cercles
à déterminer : ce grand cercle est appelé le méridien origine (c'est-à-
dire origine des longitudes). Ces coordonnées ont été systématisées
et appliquées par Ptolémée (ne siècle) : le texte de sa Géogra
phie consiste presque exclusivement en une nomenclature de
coordonnées.
Tout le problème réside donc dans le choix d'un de ces grands
cercles, comme le constatait le P. Fournier en 1643 dans son
Traité d'hydrographie, au livre XII :
« Le Monde étant rond, il n'y avait pas plus d'occasion de mettre
le premier Méridien en un lieu qu'en un autre. Toutefois afin que les uns
et les autres s'entendissent, il a esté à propos de déterminer quelque
endroit par lequel on tirast le premier Méridien » (4).
(1) Jacques Devault, Premières œuvres de J. Devault, pilote, Le Havre, 1583.
Ms p. 7 (bn, Dép. des mss).
(2) P. -S. de Laplace, Précis ďhistoire de l'astronomie. Exposé du système du Monde,
Paris, 1824, p. 342.
(3) Oronce Fine, L'art et manière de trouver certainement la longitude..., Paris,
1543, Ms p. 2 (bn, Dép. des Mss).
(4) Le P. G. Fournier, Traité d'hydrographie, 2e éd., Paris, 1667. Livre XII,
p. 425. du problème du Méridien origine en France 291 Historique
Ptolémée prit pour origine le grand cercle passant par les îles
Canaries, sans préciser quelle île, car il les a placées du Nord au
Sud sur le même méridien : de cette extrémité du Monde connu
alors, il a compté les degrés d'Ouest en Est. Remarquons qu'il a
compté les degrés en sens inverse du mouvement apparent du
Soleil, ce qui ne manqua pas de créer une difficulté quand on en
vint à étudier le problème de l'heure. Remarquons aussi que ce
méridien de Ptolémée est un méridien théorique et qu'en fait
Ptolémée a effectué tous ses calculs à partir du méridien d'Alexand
rie (en fixant à 60° la distance entre les deux — chiffre très
exagéré). On retrouvera cette notion de deux méridiens, l'un de
compte, l'autre d'observation (c'est-à-dire astronomique).
On sait que la longitude d'un lieu est représentée pratique
ment par la différence d'heure entre l'heure de ce lieu et celle du
lieu pris pour origine : avant l'invention de chronomètres exacts,
on était contraint d'utiliser des procédés astronomiques complexes.
Au Moyen Age, sur les cartes synthétiques du Monde, il n'était
pas question de marquer les coordonnées, mais seulement les cl
imats ou les zones — de même sur les cartes musulmanes. La redé
couverte de Ptolémée à partir du xve siècle, et concurremment
les débuts de la navigation hauturière et les progrès de la carto
graphie terrienne imposèrent l'utilisation de la longitude malgré
les grandes difficultés techniques auxquelles on se heurtait pour
la calculer.
Si les cartes nautiques portèrent assez tôt une échelle de lati
tude, il semble qu'à part le globe de Behaim (sur lequel est tracé le
méridien des Canaries), la première carte nautique sur laquelle
on ait marqué un méridien origine soit une des feuilles de l'Atlas
dit Miller attribué au cartographe portugais Lopo Homem et daté
de 1519 (méridien approximatif de la Grande Canarie) (5).
Le choix du premier méridien se compliquait alors du problème
de la déclinaison magnétique q

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