La région du Fitz-Roy (Andes de Patagonie) - article ; n°4 ; vol.41, pg 667-694
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Description

Revue de géographie alpine - Année 1953 - Volume 41 - Numéro 4 - Pages 667-694
Résumé. — I. Généralités. — Caractères généraux du climat : vents quasi permanents du secteur Ouest, zone de transition rapide, nombreux climats locaux. Historique des explorations. Travail cartographique réalisé par l'auteur. II. Géologie. — Etude des couches sédimentaires et éruptives (Jurassique, Crétacé inférieur); découverte d'une couche calcaire fossilifère. Tectonique de la région : plissements des schistes et ardoises tendres auxquels les porphyres n'ont pas pris part; failles Nord-Sud. Etude de l'intrusion de roches granitiques du Fitz-Roy : stock formé de deux zones concentriques très nettement tranchées, et d'un prolongement laccolithique. III. Morphologie glaciaire. — Moraines et terrasses fluvio-glaciaires. Prolongement des 3e, 4e et 5' systèmes de moraines de Caldenius vers le Nord. Actions éoliennes. IV. Glaciologie. — Depuis 20 ans la plupart des glaciers sont restés stationnaires. Explication de deux exceptions. Aspect superficiel des glaciers dû à la pluie. Une nouvelle explication des «dirt cones». Verglas, givre, neige plâtrée et « neige en choux-fleurs » sur les sommets.
28 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 200
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Louis Lliboutry
La région du Fitz-Roy (Andes de Patagonie)
In: Revue de géographie alpine. 1953, Tome 41 N°4. pp. 667-694.
Résumé
Résumé. — I. Généralités. — Caractères généraux du climat : vents quasi permanents du secteur Ouest, zone de transition
rapide, nombreux climats locaux. Historique des explorations. Travail cartographique réalisé par l'auteur. II. Géologie. — Etude
des couches sédimentaires et éruptives (Jurassique, Crétacé inférieur); découverte d'une couche calcaire fossilifère. Tectonique
de la région : plissements des schistes et ardoises tendres auxquels les porphyres n'ont pas pris part; failles Nord-Sud. Etude de
l'intrusion de roches granitiques du Fitz-Roy : stock formé de deux zones concentriques très nettement tranchées, et d'un
prolongement laccolithique. III.Morphologie glaciaire. — Moraines et terrasses fluvio-glaciaires. Prolongement des 3e, 4e et 5'
systèmes de moraines de Caldenius vers le Nord. Actions éoliennes. IV. Glaciologie. — Depuis 20 ans la plupart des glaciers
sont restés stationnaires. Explication de deux exceptions. Aspect superficiel des glaciers dû à la pluie. Une nouvelle explication
des «dirt cones». Verglas, givre, neige plâtrée et « neige en choux-fleurs » sur les sommets.
Citer ce document / Cite this document :
Lliboutry Louis. La région du Fitz-Roy (Andes de Patagonie). In: Revue de géographie alpine. 1953, Tome 41 N°4. pp. 667-694.
doi : 10.3406/rga.1953.1117
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1953_num_41_4_1117LA RÉGION DU FITZ-ROY
(ANDES DE PATAGONIE)
par Louis LLIBOUTRY
Résumé. ■ — I. Généralités. — Caractères généraux du climat : vents
quasi permanents du secteur Ouest, zone de transition rapide, nombreux
climats locaux. Historique des explorations. Travail cartographique
réalisé par l'auteur.
II. Géologie. — Etude des couches sédimentaires et éruptives (Juras
sique, Crétacé inférieur); découverte d'une couche calcaire fossilifère.
Tectonique de la région : plissements des schistes et ardoises tendres
auxquels les porphyres n'ont pas pris part; failles Nord-Sud.
Etude de l'intrusion de roches granitiques du Fitz-Roy : stock formé
de deux zones concentriques très nettement tranchées, et d'un prolon
gement laccolithique.
III. Morphologie glaciaire. — Moraines et terrasses fluvio-glaciaires.
Prolongement des 3e, 4e et 5' sys>tèmes de moraines de Caldenius vers
le Nord. Actions éoliennes.
IV. Glaciologie. — Depuis 20 ans la plupart des glaciers sont restés
stationnaires. Explication de deux exceptions. Aspect superficiel des
glaciers dû à la pluie. Une nouvelle • explication des «dirt cones».
Verglas, givre, neige plâtrée et « neige en choux-fleurs » sur les sommets.
I. — GENERALITES
1. L'Expédition française au Fitz-Roy.
. Le 2 février 1952, dans la brume et les premières rafales de
grésil du mauvais temps approchant, deux alpinistes français,
Guido Magnone et Lionel Terray, foulaient enfin le sommet d'un
farouche pic des Andes de Patagonie, le Fitz-Roy, à l'issue d'une
lutte ininterrompue de trois jours, à la limite des possibilités
humaines. Le but poursuivi avec obstination par une équipe de 6G8 LOUIS LLIBOUTRY.
huit alpinistes du Club Alpin Français depuis de longs mois était
atteint. Il avait coûté la vie de l'un d'entre eux, le prestigieux varap
peur Jacques Poincenot, stupidement noyé en traversant à gué un
torrent. Le succès de cette expédition, patronnée par la Fédération
Française de la Montagne et le Groupe de Haute Montagne, à la
quelle Son Excellence le Président de la République Argentine,
Général Juan Peron, s'était personnellement intéressé, a eu un
immense retentissement, qui a débordé les milieux alpins. Un film
de 420 mètres en Kodachrome 16 mm., tourné par Georges Strouvé,
un livre rédigé par Louis Dépasse [1], de nombreux articles dans
la grande presse et les revues spécialisées [2] ont raconté les péri
péties de cette aventure.
Cet article expose les résultats scientifiques que j'ai obtenus au
cours de l'expédition. Il peut sembler curieux qu'il ne soit pas
l'œuvre d'un géologue spécialisé. Mais pour un premier défrichage,
il fallait un scientifique polyvalent, également alpiniste, eartoe
graphe et glaciologue.
En réalité c'est toute une expédition scientifique qui aurait été
utile. Il serait très difficile d'obtenir d'un organisme scientifique ou
gouvernemental les sommes très élevées nécessaires, alors qu'une
expédition alpine peut intéresser l'opinion publique et se financer
ultérieurement par des publications et des conférences. Elle peut
de plus obtenir équipement et vivres à tarif réduit, à titre public
itaire. Il est d'autre part douteux que des scientifiques soient allés
creuser une grotte de glace à près de 2800 mètres; or c'est de ce
belvédère que je fis les plus curieuses observations.
Toutefois l'intégration d'un scientifique à une expédition alpine
se heurte à des difficultés psychologiques. C'est pour ne pas défaire
l'esprit d'équipe indispensable au succès de l'entreprise, plus qu'en
vue de l'aide qu'assuraient mes portages, que je restai le plus pos
sible avec mes camarades, au détriment parfois de mes possibilités
d'observation.
2. Emplacement du Fitz-Roy.
Le Fitz-Roy se trouve par 49° 16' de latitude Sud, 73°5' de lon
gitude Ouest, 5 km. à l'Est d'un immense champ de glace qui
s'étend sans interruption entre le Fleuve Pascua (déversoir du Lac
San Martin), et les fiords Peel (du Pacifique) et Mayo (du Lac
Argentino), c'est-à-dire sur 230 km. de long, avec 50 km. de largeur
moyenne. Ce champ de glace qfui noie à moitié un relief pourtant
très énergique est appelé par les Argentins le « Hielo Continental »
(pi. I), c'est-à-dire Glace Continentale. Un autre LA RÉGION DU FITZ-ROY. 669
se trouve plus au Nord, entre le Mont San Valentin et le Fleuve
Baker. Plus au Sud, sitôt passé la vallée transversale inexplorée des
fiords Peel et Mayo, le champ de glace reprend avec les gigan
tesques glaciers Francisco Moreno, Dickson, Grey, Amalia et
Tyndall.
Ce Hielo a en général de 1000 à 2000 mètres d'altitude, et
culmine à 3500 m. dans le Cordon (Chaîne) Mariano Moreno,
27 km. à l'Ouest du Fitz-Roy. Le Fitz-Roy est le deuxième sommet
de la région, avec 3441 m. suivant mes relevés. Ces deux sommets
ont été choisis par la Commission des Limites Argentino-Chilienne
comme sommets frontière (en un temps où la topographie de ces
régions était à peu près inconnue d'ailleurs), la frontière suivant
en Patagonie, en vertu d'un arbitrage du roi d'Angleterre, la plu
part des plus hauts sommets et non la ligne de partage des eaux.
Pratiquement le Hielo Continental Sud est un no man's land.
о. Le climat.
Avant d'aller plus loin, évoquons le climat, principal obstacle
à l'exploration de ces régions.
Le caractère commun à tous les climats de la Patagonie est la
persistance et la violence des vents d'Ouest, ici accrues par la
brusque différence de température entre le Hielo Continental et
la Pampa ensoleillée. Dans la vallée du Rio Electrico, ouverte sur
le Hielo Continental, au niveau du sol, la dernière expédition argen
tine a enregistré certains jours un fond continu de 100 km/h., avec
des rafales de 180 km/h. Ces valeurs sont sûrement dépassées sur
les crêtes du Fitz-Roy. A la Selle (2780 m., au pied de l'angile Sud
du Fitz-Roy), lieu où il est presque toujours difficile de se maint
enir debout, il s'avéra impossible de vivre dans une grotte creusée
dans la glace sur le versant Ouest, à cause des brusques variations
de pression, et il fallut en creuser une nouvelle dans les à-pics du
versant Est.
Dans la zone du Fitz-Roy on peut distinguer :
1° un vent du Nord-Ouest, le plus courant en été, le plus froid,
qui provoque des averses;
2° un vent d'Ouest, qui amène d'abondantes précipitations;
3° un du S-SO, moins fort, tempéré, qui installe le beau
temps. C'est malheureusement le plus rare. Nous eûmes 4 jours
sans vent en un mois d'été

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