Bernard Chavance, La fin des systèmes socialistes  ; n°4 ; vol.26, pg 178-187
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1995 - Volume 26 - Numéro 4 - Pages 178-187
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Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Ramine Motamed-Nejad
Bernard Chavance, La fin des systèmes socialistes
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 26, 1995, N°4. pp. 178-187.
Citer ce document / Cite this document :
Motamed-Nejad Ramine. Bernard Chavance, La fin des systèmes socialistes. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest.
Volume 26, 1995, N°4. pp. 178-187.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1995_num_26_4_2769Revue des livres
Bernard Chavance, La fin des systèmes socialistes, Paris, l'Harmattan,
1994, 224 p.
Le dernier ouvrage de Bernard Chavance (B. C.) témoigne avec force de
la continuité de sa démarche et de la ténacité de l'effort qui parcourt
l'ensemble de son œuvre théorique. En effet, en ces temps où, de plus en
plus, la réflexion sur les enjeux cruciaux des transformations actuelles des
économies de type soviétique (E.T.S.) s'efface devant le foisonnement inces
sant des analyses conjoncturelles et factuelles, le livre de B.C. dessine, à
l'inverse, une perspective théorique tout entière tournée vers la compréhens
ion des fondements des transformations récentes des sociétés d'Europe cen
trale et orientale. Pour ce faire, l'auteur élabore une approche méthodologique
et une problématique, qui conjuguent une importante critique de la littérature
à une construction positive, articulée autour de plusieurs thèses fortes et
novatrices.
Effectivement, au plan méthodologique tout d'abord, B.C. s'inscrit dans le
cadre de la théorie de la régulation dont il est l'un des premiers (sinon le pre
mier) à avoir mobilisé les concepts pour l'étude de la dynamique et de la crise
des E.T.S. Mais il ne s'agit pas pour l'auteur de transposer, sans autre forme de
procès, les notions élaborées par l'école de la régulation, telles que le rapport
salarial, le régime d'accumulation ou encore le mode de régulation, à des
espaces économiques et sociaux a priori différents des économies capitalistes
occidentales. Au contraire, conscient des spécificités des de type
soviétique, B.C. enrichit les outils conceptuels de la théorie de la régulation par
un schéma d'interprétation plus large, qui intègre notamment les apports des
approches historique, institutionnaliste et comparative. Ce qui lui permet
d'appréhender les déterminants différenciés du fonctionnement, de la crise et
des réformes économiques des pays de l'Est, depuis le début du premier plan
quinquennal en U.R.S.S. (à la fin des années 1920) jusqu'à nos jours, grâce à
de multiples comparaisons entre l' ex-URSS et la Chine (pp. 17-32, 99-148) ou
encore entre l'Albanie, la Bulgarie, la Hongrie, l'ex-R.D.A., la Roumanie et
l' ex-Tchécoslovaquie (pp. 69-98, 173-218).
C'est à travers le prisme d'une telle démarche méthodologique qu'il faut
apprécier ensuite la problématique qui préside à l'ouvrage. Celle-ci s'articule
autour de trois pôles principaux qui composent la trame des trois parties du
livre. Ainsi, dans un premier temps, l'auteur procède au déchiffrement des pro
priétés systémiques des économies centralement planifiées. Dans un deuxième
temps, il entreprend de percer à jour les limites des réformes économiques des
années 1980 et, partant, les racines de la crise présente des E.T.S. Sur la base
de cette démarche, il s'efforce, dans une troisième étape, de rendre intelligibles
les enjeux de la transition actuelle des sociétés d'Europe centrale et orientale.
Loin d'épuiser la totalité des propositions développées par B.C., les lignes
suivantes adoptent une lecture transversale, nécessairement sélective et part
ielle, afin d'exposer, en les discutant, les deux axes essentiels, l'un analytique,
l'autre théorique, qui cimentent l'ouvrage.
178 Revue des livres
1. Le premier axe, analytique, a trait à la question des fondements écono
miques et institutionnels des sociétés de type soviétique, aux comportements
des différents acteurs qui les composent, aux diverses réformes qu'elles ont
connues et enfin à la crise radicale vers laquelle elles se sont inexorablement
dirigées.
La notion centrale autour de laquelle s'organise cette analyse est celle de
modèle de développement (p. 17, souligné par nous). Selon B.C., « l'expres
sion même de "modèle de développement" possède en général trois dimens
ions : politique (au sens de la "politique de développement"), descriptive et
normative, qui se chevauchent souvent, créant une certaine confusion » (p. 29).
Cette confusion découle, d'après l'auteur, de l'amalgame qu'opèrent, la plu
part du temps, nombre de recherches entre, d'une part, l'aspect descriptif et
positif d'un modèle de développement (celui qui est) et, de l'autre, sa dimens
ion normative (celui qui devrait être). C'est pourquoi B.C. propose de disti
nguer au sein des politiques de développement, parfois élevées au rang de
modèles, cinq niveaux qui doivent être replacés systématiquement dans leur
contexte historique :
« 1) la stratégie proclamée ou affichée par le pouvoir d'État ;
2) la réelle, parfois implicite ou masquée ;
3) le chemin de développement - ou de mal-développement - effectif, suivi
réellement par le système...
4) la rationalisation de (3) et de (1) - (2) ainsi que leur interaction...
5) la perception, en un temps et lieu donnés, de (3) ou de (l)-(2)/(3)... »
(p. 2.9, souligné par B.C.).
Il faut souligner que l'intérêt d'une telle clarification est qu'elle confère à la
notion de "modèle de développement" un pouvoir explicatif double. Elle per
met, en effet, d'isoler dans l'indissoluble complexité des différentes sociétés
de type soviétique le singulier du général, le local du global, l'hétérogène de
l'homogène, bref, les sources de divergence des facteurs de convergence. D'un
côté, en effet, il y a des divergences structurelles comme par exemple entre
l'ex-U.R.S.S. et la Chine car, si le modèle soviétique d'industrialisation a fo
rtement influencé la structuration et l'évolution contemporaines de l'économie
chinoise, il n'a guère éliminé pour autant les caractéristiques locales et natio
nales de celle-ci. Il en est ainsi, d'après B.C., parce que « l'une des spécificités
de l'expérience chinoise, à la différence de celle de l'U.R.S.S., tient à l'alte
rnance quasi-cyclique des stratégies de développement, fortement influencées
par les changements politiques au niveau du pouvoir central » (p. 25). Au
demeurant, ce sont de telles divergences qui sont, en grande partie, à l'origine
des « dynamiques contrastées des réformes économiques en Chine et en
U.R.S.S. » à partir de la fin des années 1980 (p. 123). Effectivement, la
réforme économique en Chine, impulsée à partir de 1979 par Deng Xiaoping,
avait ceci de particulier qu'elle se développa selon un « processus de tâtonne
ment institutionnel » (p. 130), affectant dans un premier temps la périphérie du
secteur industriel (notamment l'agriculture) avant de s'étendre, dans une
179 Revue des livres
deuxième étape, au noyau dur de l'économie, l'industrie lourde. A l'inverse, la
réforme économique russe, promue à partir de 1986 par M. Gorbatchev, s'est
voulue d'emblée "globale", en visant simultanément tous les déterminants
essentiels de l'économie soviétique tels que la planification, l'investissement,
les prix ou encore le crédit (p. 133).
Il découle de ce qui précède qu'en partant, comme nous y invite B.C., des sin
gularités qui spécifient chaque modèle de développement national, on tient non
seulement la clef des différences entre politiques de réforme, mais on accède, en
outre, aux sources des performances économiques profondément antinomiques
qui opposent à l'heure actuelle par exemple la Chine (artisan d'une croissance
économique jamais atteinte jusqu'ici) et la Russie (plongée dans une dépression sans précédent depuis le début des années 1990).
Mais, d'un autre côté, si la notion de modèle de développement permet

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