Publications de l'École française de Rome - Année 1986 - Volume 90 - Numéro 1 - Pages 175-184Le document judiciaire permet de considérer la condition féminine dans les classes modestes qu'on ne se préoccupait guère de connaître à cet égard. Condition juridique minorisée de principe, mais à laquelle les convenances de dot généralisées dans le Midi et la substitution en faveur de la veuve, fréquente après 1750, apportent une amélioration. Mais justement le chiffre de la dot, élevé pour les filles de riches familles qui assurent ainsi leur subsistance, plutôt symbolique pour les filles de mince origine, établit pour les unes l'autonomie, pour les autres la stricte dépendance. Si le rôle maternel est apprécié, les tâches serviles la réduction au domestique, les familiarités nécessaires tendent à exclure les femmes de l'honneur et même de l'honnêteté des relations, quand toutefois leur sociabilité et leur volubilité leur assurent la maîtrise du bruit public. Leur minorité perpétuelle fait reconnaître le droit du mari à la correction modérée, exercée surtout dans les classes populaires par esprit disciplinaire, par humeur ou par entraînement à la violence dans un milieu qui ne prête guère attention aux plaintes des femmes. D'où, à l'extrême, ces martyres endurés parfois jusqu'à la mort par des épouses que ne protègent ni la vigilance de leur propre famille ni l'obligation de décence sociale ni la crainte de rétorsions juridiques. 10 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.