De la communication animale à
la communication linguistisque
et discursive humaine
Anne Reboul
Institut des Sciences Cognitives
L2C2
CNRS, Lyon
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1Contraintes de la
comparaison entre
comportements animaux
et humains
2Les écueils de la comparaison
Deux tentations
interpréter un comportement animal dans les termes
que l’on utiliserait pour un comportement humain (à
tort ou à raison);
Conséquence: sous-évaluation du comportement animal;
refuser d’appliquer au comportement animal les
notions que l’on utiliserait pour le comportement
humain, tout en les appliquant sans réserve au
comportement humain.
Conséquence: sous-évaluation du comportement animal et
sur-évaluation du comportement humain.
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3Le canon de Morgan
Le souci d’une base de comparaison
objective apparaît dès les débuts de la
psychologie comparée et donne lieu au
canon de Morgan:
En aucun cas nous ne pouvons interpréter une action
comme le résultat de l’exercice d’une faculté mentale
supérieure, si elle peut être interprétée comme le
résultat de l’exercice d’une faculté d’un ordre inférieur
sur l’échelle psychologique.
Morgan, 1894, 53.
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4Application du canon de Morgan
Ce canon doit s’appliquer de façon
uniforme:
Si on l’applique au comportement animal, il faut
l’appliquer de façon identique au comportement humain,
et donc, n’attribuer, dans un cas comme dans l’autre, au
comportement considéré, une explication en termes
d’une “faculté mentale supérieure” que si une explication
en termes d’une “faculté inférieure” ne semble pas
possible.
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5Interprétation du canon de
Morgan
Le canon de Morgan soulève
des questions évidentes:
Comment faut-il interpréter les expressions:
faculté mentale supérieure,
faculté mentale inférieure,
échelle psychologique?
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6Intentionnalité
Le terme d’intentionnalité a été introduit à la
fin du XIX° siècle par le philosophe
autrichien Franz Brentano qui a emprunté à
la philosophie médiévale le terme d’intentio
qui était intimement lié à la notion de
représentation (être à propos de quelque
chose).
Brentano en fait la caractéristique des états
mentaux.
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7Hiérarchie des systèmes
En 1983, Dennett introduit une hiérarchie
des systèmes intentionnels, directement
dirigée vers la communication, animale ou
humaine.
La hiérarchie est basée sur un principe
simple: la légitimité qu’il peut y avoir à
attribuer à un organisme des états mentaux
(= représentations) et le degré de
complexité de ces représentations.
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8Hiérarchie et complexité
Un système intentionnel de 1° ordre a des croyances et des
désirs et il est donc légitime de les lui attribuer:
x croit que [p]
Un système intentionnel de 2° ordre a des croyances et des
désirs sur des croyances et des désirs:
x croit que [y veut que p]
Un système intentionnel de 3° ordre a des croyances et des
désirs sur des croyances et des désirs de 2° ordre:
x croit que [y veut que x croit que p]
etc.
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9Une différence qualitative
La différe majeure apparaît
entre les systèmes intentionnels de 1° et de
2° ordre:
x croit que [p]
x croit que [y veut que (p)]
Le passage de l’un à l’autre suppose
l’apparition d’une capacité méta-
représentative:
la capacité à insérer une représentation dans
une autre représentation.
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