El Morro, une page d histoire sur un rocher du Nouveau-Mexique - article ; n°1 ; vol.21, pg 159-167
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1929 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 159-167
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Etienne B. Renaud
El Morro, une page d'histoire sur un rocher du Nouveau-
Mexique
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 21 n°1, 1929. pp. 159-167.
Citer ce document / Cite this document :
Renaud Etienne B. El Morro, une page d'histoire sur un rocher du Nouveau-Mexique. In: Journal de la Société des
Américanistes. Tome 21 n°1, 1929. pp. 159-167.
doi : 10.3406/jsa.1929.3664
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1929_num_21_1_3664■
.

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EL MORRO,
UNE ' PAGE ( -. - SUR D'HISTOIRE UN .'." '
ROCHER DU NOUVEAU-MEXIQUE,
Par Etienne B. RENAUD.
(Planches I-II).
Zuni, le premier lieu occupé par les Espagnols dans la région des
Pueblos, quand Goronado y vint en 1540, est un village indien des plus
pittoresques et des mieux préservés de l'influence américaine. Il est situé
à plus de 70 kilomètres au sud de Gallup, la dernière ville du Nouveau-
Mexique, à l'ouest, sur la route du Colorado à la Californie. Zuni était
•aussi l'objectif ultime d'un voyage archéologique que j'ai entrepris avec
■deux dé mes étudiants pendant l'été de 1926. .
Le 14 juin, nous quittions ce village très curieux par un temps magnif
ique. Le soleil resplendissait dans un ciel de turquoise et nous étions
tous heureux d'avoir pu nous procurer quelques spécimens intéressants
<le la céramique historique et moderne de Zuňi. Près de 42 kilomètres
de route tortueuse à travers ía « Reservation indienne » nous amenèrent
■au village de Ramah où « rancheros » et « cowboys » allaient et venaient
■à cheval. Puis le chemin commença à gravir un plateau de roc gris à
pauvre végétation et sans arbre. Nous savions qu'à une soixantaine de
kilomètres à l'est de notre point de départ, nous devions atteindre
le but de notre première étape. Comme mon automobile cahotait sur
les pierres entre les buissons bas, nous aperçûmes tout à coup la masse
imposante d'Inscription Rock.
C'est un énorme bloc, presque vertical et haut d'environ 65 mètres, de
grès dont les teintes vont de l'ocre jaune au brun foncé avec une colora
tion dominante d'un rouge chaud qui contraste avec le bleu pur du ciel,
le vert sombre des pins qui s'abritent à ses pieds, et le gris verdâtre du
plateau. Les éléments au cours des siècles ont érodé ce roc majestueux }
-coupant ses flancs de lignes et fissures perpendiculaires, crénelant le
sommet et lui donnant à distance cet aspect de château-fort massif qui 160 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
lui valut le nom si bien choisi par lequel les Espagnols toujours le dési
gnèrent sur leurs cartes et dans leurs écrits : « El Morro », la forteresse.
C'est encore son nom officiel, mais les Américains, bien plus souvent
l'appellent « Inscription Rock ». Moins pittoresque et descriptive, c'est
cependant une désignation appropriée, car ce qui rend cet énorme monol
ithe si célèbre et si remarquable, ce sont précisément les inscriptions histo
riques qui couvrent la. partie lissée par le vent et la pluie à la base de ce
Gibraltar indien. Là, sur le rocher rougeâtre, se groupent, se pressent
ou s'étalent les étranges « escrituras », comme les appellent les Mexic
ains, inscriptions, datées et signées de cinq des premiers gouverneurs
espagnols, d'officiers et soldats et des ■'« padres.» franciscains. Parfois
elles fraternisent avec les pétroglyphes indiens profondément incisés dans
la pierre à des époques plus ou moins anciennes.
El Morro est donc dans toute l'acception et la force du terme un
monument naturel et historique de grand intérêt, un monument unique au
Nouveau Monde, où conquérants, explorateurs et missionnaires ont laissé
un souvenir indélébile de leurs passages en ces temps lointains et trou
blés.
Situé sur la première route de la colonie, le fameux « Zuni-Acoma
Trail », qui allait du quartier général de Coronado au village indien
d'Acoma, perché au sommet d'un rocher semblable, El Morro était un
lieu indiqué pour une étape de repos. Une compagnie entière pouvait
s'abriter du soleil, de la pluie, du vent et des ennemis, dans une enco-
gnure du côté sud où se trouve justement l'eau si nécessaire aux voya
geurs en ces pays secs et chauds. Là, on était à l'abri des embuscades,
et des surprises, car la vue y domine le vaste plateau aride et rocail
leux. Les pins ne se rencontrent qu'à l'approche immédiate du rocher
et offrent une ombre tant désirée par les anciens voyageurs qui avaient
fait 100 kilomètres à cheval en venant d'Acoma ou 60 s'ils arrivaient de
Zuňi. C'était un endroit excellent pour un camp à couvert de la tempête
et des attaques, avec de l'eau pour les hommes et les animaux et de
l'herbe suffisante pour les montures et les bêtes de somme. On y pouvait
soutenir un siège, et une poignée de soldats, du haut de cette forteresse
naturelle, pouvait s'y défendre sans peine tant que duraient munitions
et provisions. Les Espagnols vigilants n'y craignaient ni les Pueblos
malcontents, ni les Apaches maraudeurs. C'était donc un lieu connu des
Blancs dès les premières années de leur occupation du pays, un endroit
de prédilection où l'on pouvait se reposer sans crainte. Il n'est donc pas
étonnant qu'à loisir capitaines et moines y gravèrent leurs noms, la date
de leur passage et parfois même l'objet de leur mission, paragraphes
authentiques et uniques écrits d'année en année par les héros mêmes de
ces temps déjà lointains. ■
.

.
PAGE D HISTOIRE SUR UN ROCHER DU NOUVEAU MONDE 161 UNE
En tout,* une cinquantaine d'inscriptions ont été reconnues, dont 28
anciennes inscriptions espagnoles soigneusement relevées par M. Evon
Z. Vogt, gardien ou curateur en charge de « El .Morro National Monu
ment », établi par divers décrets du Congrès américain dont le dernier,
en date du 18 juin 1917, protège 240 acres comprenant aussi des restes
archéologiques intéressants.
La première inscription, irrégulièrement tracée sur le roc, est celle de
Fig. 7. — Inscription gravée en mémoire du passage du Gouverneur don Juan de Oiîate,
le 16 avril 1606, à so л retour d'un voyage d'exploration au Golfe de Californie.
Don Juan de Oňate, gouverneur du Nouveau-Mexique, fondateur de la
« Villa de la Santa Fé de San Francisco ». Il fît halte en cet endroit le
16 avril 1606, à son retour d'un voyage d'exploration au Golfe de Cali
fornie qu'il appelle la Mer du Sud. Ses trois lignes s'enchevêtrent avec
un pétroglyphe anthropomorphique plus ancien, d'origine indienne
(fig. 7). - ; La seconde en date est une belle inscription finement -■■ gravée où se ., lit
sans difficulté 29 juillet 1620, Elle se rapporte à un gouverneur qu'on
n'a pas réussi à identifier avec certitude. Plusieurs noms, dont quelques-
uns surmontés d'une croix, comme l'inscription même, accompagnent les
cinq lignes d'élégante écriture. J'ai pu déchiffrer de gauche à droite :
Joseph Erramos Diego, Diego Nuňez Bellido, Grabyel Sapata, Bartolomé
Société des Américanistes de Paris. 11 •
162 SOCIÉTÉ DES AMÉIUCANIŠTES DE PARIS
Naranjo et Bartolomé Lopes Romero (PI. I). Cotte inscription remar
quable est généralement attribuée au capitaine-général Manuel de Silvu
Nieto qui amena les premiers missionnaires à ITawikuh, un des anciens
villages des Zuni. C'est à son retour qu'il laissa trace de son voyage en
tenues pompeux sur le flanc d'El Morro. C'est neuf ans et douze jours plus
tard que furent gravées d'une main sûre les lignes de forme poétique où
nous lisons sans peine le nom de Don Francisco Manuel de Silva Nieto,
9 août 1629 (PI. II, B). Accolé à la même année, nous voyons aussi pr
ofondément incisé le nom de Juan Gosales (probablement Gonzales)
(PI.. II, A). ...'.-
Fig. 8. — Inscription de lîanion Garzia Jiildo en route pour Zufiii en juin 1709.
Puis un officier, Arellano Lujan, mentionne simplement: « Ils ont passé
le 23 mars 1632 pour venger la mort du Père Letrado ». Il fait allusion
au voyage qu'il iit avec des soldats

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