Formation de la propriété  rurale et rapports fonciers  au Venezuela :  le cas de Portuguesa - article ; n°84 ; vol.21, pg 721-733
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Formation de la propriété rurale et rapports fonciers au Venezuela : le cas de Portuguesa - article ; n°84 ; vol.21, pg 721-733

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Description

Tiers-Monde - Année 1980 - Volume 21 - Numéro 84 - Pages 721-733
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 57
Langue Français

Extrait

Olivier Delahaye
Formation de la propriété rurale et rapports fonciers au
Venezuela : le cas de Portuguesa
In: Tiers-Monde. 1980, tome 21 n°84. pp. 721-733.
Citer ce document / Cite this document :
Delahaye Olivier. Formation de la propriété rurale et rapports fonciers au Venezuela : le cas de Portuguesa. In: Tiers-Monde.
1980, tome 21 n°84. pp. 721-733.
doi : 10.3406/tiers.1980.3974
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1980_num_21_84_3974FORMATION DE LA PROPRIÉTÉ RURALE
ET RAPPORTS FONCIERS AU VENEZUELA :
LE CAS DE PORTUGUESA
par Olivier Delahaye*
Dans la campagne vénézuélienne, le développement capitaliste, qui
peut être source de croissance dans certains secteurs, ne fait que maintenir
la pauvreté : cela est dû aux rapports sociaux existant dans l'ensemble de
la société, que dans ce numéro d'autres ont analysés. Nous étudierons ici
le processus qui détermine au Venezuela les modalités spécifiques
d'accumulation à la campagne : il s'agit de la formation de la propriété
foncière agricole et de ses conséquences sur la rente de la terre dans l'Etat
de Portuguesa (l'un des Etats constituant la fédération vénézuélienne),
plus particulièrement pendant la période actuelle. Nous évoquerons
rapidement les aspects théoriques et historiques qui nous paraissent
indispensables pour expliquer ce procès concret. Puis nous analyserons
successivement les grands traits de la formation de la propriété, la rente
foncière, les luttes pour la terre, et enfin le rôle de l'Etat qui nous paraît
central dans toute réflexion sur la problématique agraire vénézuélienne
actuelle1.
RENTE ABSOLUE ?
Il ne s'agit pas de réaliser ici une synthèse théorique de la rente fon
cière : nous ne nous risquons pas à cette entreprise périlleuse2 et nous
* Professeur à la Faculté d'Agronomie, ucv, Maracay.
1. La plus grande partie des faits analysés provient des archives de la gérance de « tenure
de la terre » de l'Institut agraire national (ian), qui contiennent des données souvent très
fournies concernant chaque terrain acquis ou exproprié par le ian (évolution de la propriété,
transactions antérieures sur le même terrain ou des terrains comparables, etc.). Nous remer
cions vivement les autorités du ian pour la compréhension dont elles ont fait preuve en nous
facilitant l'accès à cette riche information.
2. A laquelle nous nous sommes essayés, comme beaucoup d'autres, dans la première
Revue Tiers Monde, t. XXI, n° 84, Octobre-Décembre 1980 722 OLIVIER DELAHAYE
limitons à une partie de l'édifice conceptuel de Marx, essentielle pour
expliquer notre analyse. Il s'agit de la rente absolue, l'un des éléments les
plus controversés de l'élaboration marxienne : s'agit-il d'un concept
qui n'est explicatif que dans une situation historique particulière (l'Angle
terre au milieu du xixe siècle) ou apporte-t-il des éléments de compré
hension des rapports sociaux liés à la propriété de la terre dans toute
formation sociale capitaliste (par exemple, quand le propriétaire foncier
et le producteur direct sont la même personne) ? Nous nous contenterons
de signaler cette controverse et de formuler notre position : le prix des
produits agricoles, et par conséquent le prix de la terre, reflète en parti
culier les rapports de force caractéristiques d'une situation historique
particulière, impliquant les classes qui participent à la production ou à la
consommation de ces produits. On ne peut nier ce rapport, qui s'exprime
dans une grande variété de situations concrètes, et qui n'appartient pas
à la rationalité du mode de production capitaliste. On peut tenter de
l'expliquer à partir de différents concepts : rente absolue « orthodoxe »
marxienne, rente absolue variable3, exploitation des paysans — dans une
économie paysanne4, etc. On peut lui refuser l'appellation de « rente
absolue ». Mais il est impossible de nier ses expressions concrètes. C'est
l'analyse de celles-ci, dans une situation particulière, qui constitue le fil
conducteur d'une partie essentielle de notre travail. Nous continuerons
donc à l'appeler (provisoirement peut-être) rente absolue, probablement
pour des raisons de commodité, et dans le sens très général : « expression
dans le prix de la terre des rapports sociaux liés à la propriété foncière la formation sociale étudiée » (en exceptant évidemment les rapports
liés à la proximité des marchés et à la fertilité différentielle naturelle ou
provoquée, traduits dans les rentes différentielles).
QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES
L'histoire du Venezuela est, jusqu'à l'irruption du pétrole, celle de
la formation de la propriété foncière5. Evoquons rapidement ses grands
traits, ainsi que les bouleversements apportés par le « roi pétrole »6.
partie de la thèse : Rente foncière et formation de la propriété de la terre au Venezuela (3e cycle,
iedes, Paris I, 1979), qui contient une bibliographie détaillée à laquelle nous renvoyons tant
pour l'aspect théorique que pour l'analyse concrète.
3. Voir à ce sujet, O. Delahaye, op. cit., p. 134 et sq.
4.à ce sujet A. Mollart, Paysans exploités, pug, 1978, p. 127 et ss.
5. De nombreux auteurs analysent en détail cette position centrale de la propriété de la
terre dans l'histoire du Venezuela. Citons Carlos Irazabal, German Carrera Damas, Federico
Brito Figueroa, etc.
6. Suivant l'expression de Domingo Alberto Rangel. PROPRIÉTÉ RURALE ET RAPPORTS FONCIERS 725
1) La formation de la propriété foncière
depuis la conquête jusqu'à l'apparition du pétrole
Le Venezuela est resté un pays agricole pendant toute cette période :
plantations esclavagistes sous le régime colonial, apparition de nouveaux
liens de dépendance paysanne avec l'extension du café (parallèlement à
l'extension de l'esclavage) au xixe siècle, agriculture de subsistance ou
produisant pour le marché interne qui s'est introduite dans les pores du
latifundio (ce sont, à l'intérieur du domaine, les conucos, cultivés par les
esclaves ou par les peones ; à l'extérieur, ce sont des formes de petite
production).
La propriété foncière se constitue par occupation des terres publiques7
ou de celles des communautés indigènes, par les latifundistes, « conquis
tadores », puis planteurs sous la colonie, caudillos militaires triomphants
dans les luttes successives du xixe siècle et des premières années du
xxe, ou cliques de l'entourage des dictateurs. Cette occupation a souvent
gardé un caractère d'usurpation, des traits de violence, de force militaire.
Dès les premières années de la colonie ont existé de nombreux méca
nismes par lesquels l'Etat régularisait les situations ainsi créées : « compos
itions » sous la colonie, « avoirs militaires » et concessions de terrains
baldios, au xixe siècle.
Les tentatives sporadiques de la couronne (voulant éviter la forma
tion d'une féodalité foncière créole trop puissante), ou de l'Etat répu
blicain (prétendant parfois imposer une rationalité bourgeoise, ou satis
faire dans une certaine mesure la demande de terres des esclaves et
peones, soldats des guerres du xixe siècle) pour contrôler de plus près
ces processus, échouèrent. L'établissement d'un cadastre des terres
publiques, la limitation de la concentration de la propriété foncière, la
protection des terres des communautés indigènes, restèrent des intentions
proclamées de temps en temps, mais ne furent jamais appliquées. L'ineffi
cacité de l'appareil d'Etat a joué un rôle central dans ces « échecs »
successifs : il faut souligner le caractère fonctionnel de cette inefficacité
dans le procès de formation de la propriété tout au long de cette période.
La mainmise par les latifundistes sur les organes étatiques locaux (en
particulier des cabildos, jouant le rôle de conseils municipaux) et les fonc
tionnaires correspondants (juges, teneurs des registres de propriété,
géomètres, etc.), a enrayé les velléités de contrôle du pouvoir central.
7. Ce so

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