L apparition cartographique des monts Tumuc-Humac - article ; n°1 ; vol.2, pg 14-24
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1898 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 14-24
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1898
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Langue Français

Extrait

Gabriel Marcel
L'apparition cartographique des monts Tumuc-Humac
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 2, 1898. pp. 14-24.
Citer ce document / Cite this document :
Marcel Gabriel. L'apparition cartographique des monts Tumuc-Humac. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 2,
1898. pp. 14-24.
doi : 10.3406/jsa.1898.3310
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1898_num_2_1_3310L'APPARITION CARTOGRAPHIQUE DES MONTS Т1Ш-Ш1АС
GABRIEL MARCEL
Nous nous sommes souvent demandé quelle était la plus
ancienne carte, quelle était la première relation qui fît ment
ion de ce nom singulier Tumuc-Humac. En d'autres termes,
à quel voyageur doit-on la révélation de cette chaîne importante
qui délimite à Test le bassin du Maraňon et en sépare les
fleuves et les cours d'eau qui se jettent dans l'Atlantique? Il
semble à première vue que l'entrée de cette chaîne de mon
tagnes dans la nomenclature géographique soit tout à fait mo
derne.
« L'origine du mot Tumuc-Humac, dit Coudreau,est des plus
obscures. Ce nom d'apparence péruvienne ou mexicaine ne
peut trouver aucune etymologie acceptable dans les langues
des tribus indiennes de la contrée. Les PP. Grillet et Béchamel
qui, en 1674, approchèrent de ces montagnes centrales ne
leur donnent point encore ce nom qui doit dater du milieu du
xvme siècle1. »
Tels sont les termes dont se sert celui qui connaît le mieux
cette chaîne importante, non seulement pour Га voir parcourue
1. Aperçu général sur les Tumuc-Humac [Bulletin delà Société de géo
graphie de Paris, 1893, p. 32). LES MONTS TUMUC-HUMAC 15
et pour en avoir dressé la première carte sérieuse, mais pour
avoir lu. et étudié tout ce qui a paru sur la région qu'elle tra
verse.
En 1 889, Goudreau qualifiait encore de mystérieux, de bizarre
et d'inexpliqué ce nom de Tumuc-Humac1. Cette chaîne avait
été pour notre compatriote, Grevaux, un véritable aimant et
rien ne l'aurait pu détourner de l'exploration qu'il s'en pro
mettait. « Je pars, écrivait-il au ministre, pour ces fameuses
montagnes du Tumuc-Humac, qui sont, depuis deux siècles,
le rêve des voyageurs américanistes2. »|Et dans le récit qu'il
publia un peu plus tard il s'écrie : « Je suis plein d'enthou
siasme à l'idée que, dans trois jours, j'arriverai au sommet
d'une chaîne de montagnes que nul n'a traversée avant moi.
Il faut que j'atteigne ce but, dussé-je succomber en y arri
vant3 .»
loin4 : « Les eminences formées Puis il ajoute un peu plus
de roches, granitiques sont la continuation de la chaîne de
montagnes que les géographes appellent Tumuc-Humac ou
Gumuc-Humac, tandis que les Indiens la qualifient quelquef
ois du nom de Goumou-Goumou; ils l'appellent ainsi du
nom du palmier coumou (Œnocarpus bac aba) dont le fruit
noir écrasé dans l'eau chaude donne un suc de la couleur du
café au lait très recherché par les indigènes. On voit dans le
Maroni, un peu en aval du village de Gotica un saut qui porte
le même nom. Nous trouvons également le nom de Gumu-
Gumu servant à désigner une montagne qui se trouve dans
1. Compte rendu des séances de la Société de géographie de Paris,
1889, p. 258.
2. Saint- Arroman, Les missions françaises, t. I, p. 218.
3. Tour du monde, 1879, lep semestre, p. 385.
k.Tour du 1880, 2e p. 70. 16 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES DE PARIS
la Guyane anglaise, entre les sources de l'Essequibo et du rio
Branco. »
De ce qui précède il résulte que Grevaux n'était pas bien
certain de l'orthographe et delà prononciation de ce vocable :
Tumuc-Humac, et l'explication qu'il en donne ne.se réfère
qu'à l'une de ses prononciations.
Il faut bien le dire, les géographes qui avaient placé, fort à
l'aventure, cette chaîne sur leurs cartes n'étaient pas d'ac
cord entre eux. Pour les uns, c'est le Tumunucaraque ; pour
les autres, Tumucuraque ou Tumucurague; certains l'appel
lent sierra de Parime ; plusieurs ne font que l'indiquer sans
la nommer.
Parmi ces derniers se trouve d'Anville. Sa carte de l'Amé
rique méridionale parue en 1758 n'en fait pas mention, l'expli
cation des sources de sa carte qu'il a publiée dans les Mémoires
de V Académie des sciences estségalement muette et l'on peut
en conclure, quand on se rappelle à quel consciencieux érudit
on a affaire, que le nom de Tumuc-Humac était inconnu
auparavant.
Un de nos confrères qui a fait son domaine personnel des
études d'histoire coloniale et particulièrement de l'histoire de
la Guyane, M. Henri Froidevaux, me remettait Гап dernier
quelques notes sur le sujet qui m'occupe aujourd'hui. Il
résultait de ses recherches que, pour lui, le nom altéré des
Tumuc-Humac ne commence à paraître sur les cartes qu'à
partir de la seconde édition de l'atlas des deux Amériques de
Buchon, en 1825. Encore ce nom, qui figure sur la carte de
la Guyane aux sources du Surinam sous la forme Tamucu-
rague, ne se retrouve-t-il pas sur la carte générale : PI. I. Les
deux Amériques, ni sur la carte du Brésil.
Les relations publiées vers 1830 dans le Bulletin de la Sô- LES MONTS TUMUG-HUMAG 17
ciétè de géographie ou les Annales des voyages, des explora
tions effectuées par Le Prieur ou par Adam de Bauve ne font
pas plus mention des Tumuc-Humac que le Précis de la géo
graphie de Malte-Brun ou lès Notices (officielles) sur les colo
nies françaises publiées en 1838, par le Ministère.
Ce n'est qu'en 1842 que le nom de la chaîne des Tumuc-Hu
mac fait sa véritable entrée dans la nomenclature géographi
que avec Y Abrégé de géographie Universelle de Malte-Brun et
l'année suivante avec la réimpression des Notices officielles
sur les colonies françaises que nous avons citées plus haut. A
partir de cette époque ce vocable a droit de cité et on le re
trouve sur toutes les cartes et dans tous les traités ou précis
de géographie.
Nos recherches, assurément plus approfondies que le sujet
ne paraîtrait en valoir la peine, s'il n'était toujours important
de fixer un point de l'histoire delà géographie, nous ont per
mis de compléter et de rectifier certaines des conclusions aux
quelles était arrivé. notre confrère et ami, M. Froidevaux, à la
suite d'études d'ailleurs hâtives et incomplètes, il s'en rendait
bien compte, et qu'il n'avait entreprises qu'à ma sollicitation
et pour mettre au point ce qu'on savait sur la question.
Les PP. Jean Grillet et François Béchamel dont nous avons
parcouru la relation1 et qui pénètrent en 1674 jusque dans le
voisinage des Tumuc-Humac, n'ont pas d'expression particu
lière pour désigner cette chaîne de hauteurs. Soixante-cinq ans
1. Ils remontèrent l'Aprouague et parvinrent sur le Camopi chez les
Acoquas. Le Père y vit des Aramisas qui sont, dit-il, dans la même
longitude où les cartes mettent la partie orientale du lac Parime. Ce
journal a paru au tome III de la Relation de la rivière des Amazones tra
duite par feu M. de Gomberville..., sur Г original du P. Christophe ďA-
cuňa,... — Paris, G. Barbin, 1682, 4 vol. in-12.
No 5. 3 SOCIÉTÉ DES AMERICANISTES DE PARIS 18
plus tard, les explorateurs La Jeunesse et Saint-Julien1 parvin
rent jusqu'à ces montagnes, mais ils ne paraissent pas, eux
non plus, avoir connu le mot Tumuc-Humac, bien qu'ils aient
traversé ces montagnes.
Dans son Aperçu général sur les Титис-Нцтас, où il r
ésume tout ce que l'on savait sur cette cordillère, M. Goudreau
regrette que la relation du Dr Patris qui pénétra jusqu'à son
commencement, soit perdue. « Pililipou, dit-il, est une mon
tagne historique, C'est le premier sommet des Tumuc vu par un
Européen2. »
Ceci n'est pas exact puisqu'on vient de voir que La Jeu
nesse et Saint-Julien y étaient parvenus les premiers. Quant
aux missionnaires, ils n'arrivèrent jamais aussi près des
Tumuc-Humac.
Le Dr Patris, médecin botaniste, à la fin de 1766 ou plutôt au
commencement de 1767, parvint le premier sur les flancs de
la mystérieuse chaîne, à cette montagne Pililipou que les Rou-
couyennes appelaient alors Tripoupou3. [Il est imposs

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