L utilisation du positivisme - article ; n°45 ; vol.12, pg 84-106
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Revue néo-scolastique - Année 1905 - Volume 12 - Numéro 45 - Pages 84-106
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Publié le 01 janvier 1905
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Langue Français
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Extrait

Edgar Janssens
L'utilisation du positivisme
In: Revue néo-scolastique. 12° année, N°45, 1905. pp. 84-106.
Citer ce document / Cite this document :
Janssens Edgar. L'utilisation du positivisme. In: Revue néo-scolastique. 12° année, N°45, 1905. pp. 84-106.
doi : 10.3406/phlou.1905.1874
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1905_num_12_45_1874Mélanges et Documents,
L'UTILISATION DU POSITIVISME*).
L'observation en a déjà été faite, les divers genres littéraires
sont, de nos jours, imprégnés de préoccupations philosophiques.
Et sous ce rapport il n'est point, dans l'histoire de la littérature
française, de période comparable à celle où nous vivons. Dans le
roman, E. Zola s'efforçait, en ses derniers livres, de répandre des
doctrines sociales. Dans le camp opposé, M. P. Bourget tâche à
démontrer, par l'action pathétique de VÉtape ou d'un Divorce, les
idées traditionnalistes de Bonald et de Le Play. Au théâtre,
MM. Brieux et Hervieu jugent les institutions et les divers milieux
de la société contemporaine. Mais c'est particulièrement la critique
littéraire qui donne naissance à des thèses de philosophie, parfois
à tout un système. M. Emile Faguet ne se borne plus à écrire
des monographies originales et délicatement nuancées sur les
grands écrivains français. Il s'intéresse aux questions politiques
et aux doctrines sociales. M. J. Lemaître dépouille les allures
souples et ondoyantes où il se plaisait à faire briller avec aisance
les faces multiples de son beau talent. Le dilettantisme n'est plus
de mise et les beaux jours du « renanisme » ont décliné. L'auteur
des Contemporains s'est lancé dans les agitations politiques et veut
faire prévaloir un> idéal social. M. Brunetière, depuis bientôt dix
ans, travaille à dégager sa pensée philosophique et l'on a pu voir
l'auteur des Etudes critiques sur l'Histoire de la littérature fran
çaise se doubler du philosophe et de l'apologiste de la « Renais
sance de l'Idéalisme » et de « l'Œuvre de Calvin ».
*) Ferdinand Brunetière, Sur les chemins de la croyance. Première étape :
L'Utilisation du Positivisme. Paris, Perrin, 1905.
Eè... l'utilisation dû positivisme 85
Celte évolution est d'ailleurs naturelle, croyons-nous, au genre
littéraire où se sont distingués, avec des dons fort divers, quoique
tous remarquables, les trois célèbres critiques dont nous venons de
parler. Le critique, lorsqu'il juge les ouvrages « bien écrits », ne
peut pas se borner à en faire l'histoire et à émettre à leur sujet
une appréciation purement littéraire. Il se place aux divers points
de vue d'où l'on peut envisager une œuvre. Il parle successivement
en philologue, en savant, mais aussi en philosophe, voire en théo
logien — s'il n'est tout cela en même temps. « Tout ce qui est
d'intelligence générale et intéresse l'esprit humain, écrivait déjà
Sainte-Beuve, appartient de droit à la littérature. » Or, le critique
est inévitablement amené à grouper en système les principes géné
raux au nom desquels il juge une œuvre littéraire — et avant tout,
c'est là faire de la philosophie. Aussi bien le besoin de synthèse
est une loi de notre esprit.
Il n'est donc point étonnant que l'éminent critique de la Revue
des Deux-Mondes élève — après de célèbres prédécesseurs, Taine
et Renan — un édifice doctrinal. Ce qui caractérise l'œuvre philo
sophique de M. Brunetière, c'est que les diverses théories en con
vergent vers l'établissement du catholicisme. Sa philosophie sera
surtout une apologétique.
De son apologie du catholicisme, l'on ne possédait jusqu'à présent
qae des exposis fragmentaires : d^s articles d'une attachante origi
nalité ou des discours d'une dialectique nerveuse, qui avaient
marqué autant d'étapes de son acheminement vers Rome et de son
adhésion courageuse et noble au Credo catholique/Avec l'Utilisation
du Potitivisme, l'éminent académicien commence le développement,
en volumes, de ses idées apologétiques ; il évite ainsi le défaut que
peut présenter un exposé nécessairement bref et les présente dans
l'ampleur du cadre qu'elles requièrent et dans un ensemble systé
matique.
Des influences fort diverses semblent être intervenues dans la con
version de M. Brunetière et dans la constitution de sa philosophie
complexe, aux aspects multiples et variés. « Pascal, écrit M. Victor
Giraud, me paraît — avec George Eliot, Auguste Comte et Darwin —
l'une des grandes influences qu'il a, je ne dis pas subies, mais
acceptées, mais recherchées, mais aimées » '). A cette liste nous
nous permettons d'ajouter Emmanuel Kant, dont M. Brunetière
semble avoir subi l'action, soit directement par la lecture des
l) Victor Giraud, La Philosophie religieuse de Pascal et la pensée contem
poraine, p. 46. Paris, Bloud, 1904. 86 E. JANSSENS
Deux Critiques, soit indirectement, par exemple par l'intermédiaire
de Ch. Renouvier qu'il connaît et cite en plusieurs endroits ').
Auguste Comte contribua puissamment à la formation de la philo
sophie ou mieux des idées philosophiques de M. Brunetière. Avant
V Utilisation du Positivisme, l'on pouvait déjà noter maints discours
du célèbre conférencier, où apparaissaient des idées chères, à
l'auteur du Cours de Philosophie positive. Dans son discours sur
les Motifs d'espérer), prononcé en 1901, il préconisait la « chris-
tianisation du positivisme » 8) et la constitution .d'un « positivisme
chrétien »'). « Oui, s'écriait-il, pensons... et disons ce que nous
voudrons du en général, et d'Auguste Comte en parti
culier ; mais, comme chrétiens et comme catholiques, ne mécon
naissons ni la solidité de leur point de départ, ni la valeur de leur
méthode, ni la portée de quelques-unes au moins de leurs conclu
sions et précisément les plus générales et les plus positives»5).
Dans le présent ouvrage que nous analysons, M. Brunetière a
voulu compléter l'œuvre ébauchée dans la conférence et tâché
d'incorporer à la philosophie et à l'apologétique chrétiennes les
vues qui lui semblent justes et les idées qui lui paraissent vraies
du fondateur du Positivisme. M. Brunetière, philosophe, est surtout
polémiste ; il prend place dans le groupe de ceux qui pensent contre
quelqu'un ou quelque chose, groupe d'ailleurs nombreux, où se
trouvent des penseurs illustres, tel le prince des docteurs scolas-
tiques, saint Thomas d'Aquin. L'éminent directeur de la Revue des
Deux-Mondes, dans sa carrière de critique, a souvent combattu,
avec une vaillance peu commune et un acharnement obstiné, part
iculièrement deux erreurs : le « subjectivisme » et la « religion de
la science ».
Il a poursuivi, sous toutes ses formes et dans toutes ses con
séquences, le « subjectivisme » qui n'est autre chose, pour lui, que
« l'excès ou l'exagération du sens propre et individuel » 6).
Il l'a critiqué, en littérature, dans le Romantisme qui selon sa
définition est « avant tout, en littérature et en art, le Irioinphe de
^ 1) Voyez, notamment, F. Brunetière, Discours de combat, V> série: Le
besoin, de croire, pp. 319 et 320 en note, et L' Utilisation du Positivisme, pp. 9, 181
et 168.
2) F. Brunetière, Discours de combat, 2e série : Les motifs d'espérer. Confé
rence faite à Lyon le 24 novembre 1901.
3) Ibid-, p. 188.
4) Ibid., p. 189.
5) Sur les chemins de la croyance. L'Utilisation du Positivisme, p. 9.
fl) Ibid. l'utilisation du positivisme 87
l'individualisme, ou l'émancipation entière et absolue du Moi » ').
Il l'attaque, en philosophie, dans la philosophie de Fichle qui lui
semble imprégner beaucoup plus la pensée contemporaine que le
criticisme kantien '-), et particulièrement dans l'éclectisme cartésien
et la méthode psychologie] ue des Victor Cousin et des Jules Simon.
« Ne recevoir aucune chose pour vraie, disait-il dans un de ses
retentissants di

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