La dynamique des interrelations politiques : le cas du sultanat de Zinder (Niger) - article ; n°154 ; vol.39, pg 367-386
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La dynamique des interrelations politiques : le cas du sultanat de Zinder (Niger) - article ; n°154 ; vol.39, pg 367-386

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cahiers d'études africaines - Année 1999 - Volume 39 - Numéro 154 - Pages 367-386
Résumé La question de l'origine et du développement de l'État a été profondément renouvelée par les thèses de N. Elias sur la socio-génèse de l'État occidental. Loin cependant de devoir être cantonnées au seul Occident, il semble que ses analyses peuvent être fécondes pour la compréhension d'autres types de formations étatiques. L'exemple en est donné avec le sultanat de Zinder (Niger), dont l'expansion massive et continue jusqu'au coup d'arrêt imposé par le colonisateur peut être expliquée par l'analyse des interrelations personnelles au sein de la cour et du jeu de pouvoir qui y prend place. Dans ce cadre, si la comparaison entre les deux dynamiques permet de dégager un invariant dont la généralité reste à tester, elle offre surtout des possibilités de compréhension et d'explication d'un certain nombre de différences morphologiques entre les systèmes politiques.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Mounier
La dynamique des interrelations politiques : le cas du sultanat
de Zinder (Niger)
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 39 N°154. 1999. pp. 367-386.
Résumé
La question de l'origine et du développement de l'État a été profondément renouvelée par les thèses de N. Elias sur la socio-
génèse de l'État occidental. Loin cependant de devoir être cantonnées au seul Occident, il semble que ses analyses peuvent être
fécondes pour la compréhension d'autres types de formations étatiques. L'exemple en est donné avec le sultanat de Zinder
(Niger), dont l'expansion massive et continue jusqu'au coup d'arrêt imposé par le colonisateur peut être expliquée par l'analyse
des interrelations personnelles au sein de la cour et du jeu de pouvoir qui y prend place. Dans ce cadre, si la comparaison entre
les deux dynamiques permet de dégager un invariant dont la généralité reste à tester, elle offre surtout des possibilités de
compréhension et d'explication d'un certain nombre de différences morphologiques entre les systèmes politiques.
Citer ce document / Cite this document :
Mounier Pierre. La dynamique des interrelations politiques : le cas du sultanat de Zinder (Niger). In: Cahiers d'études africaines.
Vol. 39 N°154. 1999. pp. 367-386.
doi : 10.3406/cea.1999.1315
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1999_num_39_154_1315Pierre Mounier
La dynamique
des interrelations politiques
le cas du sultanat de Zinder Niger
II près de vingt ans en préfa ant Les Huers Evans-Pritchard 1994)
Dumont menait contre anthropologie politique une attaque extrême
ment vive et pour le moins paradoxale dans cet ouvrage considéré par
beaucoup comme fondateur de la discipline appuyant sur opposition
entre sociétés holistes et sociétés individualistes il reprochait aux anthro
pologues de faire preuve ethnocentrisme en isolant un type activités
dans des sociétés holistes qui par définition englobent ordre politique leur propre ordre social En un mot selon lui activité
étant comprise comme recherche individuelle du pouvoir ne peut être
isolée dans les sociétés non occidentales dans la mesure où ces sociétés
ne connaissent pas individualisme anthropologie politique est plus
dès lors une discipline sans objet sauf projeter sur autres sociétés
une idéologie qui ne est développée en Occident Il faut croire que
opinion de Dumont était et est toujours largement partagée car près
de trente ans après extraordinaire développement connu la discipline
les études portant sur les systèmes politiques exotiques ou non sont
hui comparativement peu nombreuses Si on examine de plus près
histoire de cette science récente un certain nombre de caractéristiques
intéressantes se dégagent on apercevra notamment que depuis African
political systems parmi les systèmes politiques étudiés ce sont très majo
ritairement les sociétés non étatiques qui ont polarisé le feu de attention
des anthropologues Dès lors se dessine une distribution des tâches recou
vrant un partage du monde pour le moins révélateur aux sociologues
juristes et politologues le soin analyser le fonctionnement de tat
abordé uniquement dans sa version occidentale1 aux anthropologues le
soin étudier les sociétés exotiques considérées presque exclusivement
comme des sociétés non étatiques Les tats exotiques sont quant eux
considérés hui comme la propriété de plus en plus exclusive des
historiens ou des orientalistes Cette partition disciplinaire pour consé-
Rationnelle-bureaucratique si on préfère
Cahiers tudes africaines 154 XXXIX-2 1999 pp 367-386 PIERRE MOUNIER 368
nence de laisser en friche la problématique de la naissance et du déve
loppement de Etat qui anima pourtant les plus riches heures de la
discipline
Le contexte socio-culturel des recherches en sciences sociales toujours
intimement lié aux idéologies dominantes du champ intellectuel explique
pas nécessairement cette désaffection regarder de plus près les termes
du débat qui fleurit jusque dans les années 1970 on finit par se demander
si celui-ci était pas arrivé une sorte impasse consulter les derniers
ouvrages traitant de la question Claessen Skalnik 1978) on est vite
confronté une série de théories juxtaposées dont aucune ne emporte
sur autre en généralité en tout cas Il est clair en effet que Wittfogel
Lowie Oppenheimer ou Engels ont construit leur modèle partir de
situations historiques particulières non généralisables On conviendra
hui que si apport heuristique de telles théories est indéniable
leur confrontation est quelque peu vaine tant il paraît clair que de nom
breuses situations historiques particulières et différentes ont pu donner
naissance en plusieurs endroits du globe et des périodes différentes
des formations étatiques Plus profondément le recul permet hui
de mieux comprendre ce qui les rassemble et les handicape tout la fois
toutes les perspectives susdites ont pour point commun de considérer
tat comme une forme de gouvernement ce qui renvoie apone de
sa définition dotée une origine chronologique induite i.e causée par
un ou plusieurs facteurs qui lui préexistent Plusieurs remarques imposent
ici la question de la définition de tat comme forme particulière de
gouvernement opposée la segmentante partiellement perdu de sa
pertinence notamment depuis les travaux Southall 1965 par exemple
Par ailleurs considérer tat comme une réponse organisationnelle une
évolution sociale ou technique qui le précède est en nier la nature
même dans la mesure où ce qui le caractérise est un mouvement
autonomisation et de différenciation des fonctions politiques par rapport
au reste de la société Dès lors la question de origine de tat posée
en termes chronologiques partir de quand peut-on dire il Etat
est probablement illusoire Après avoir introduit artificiellement une rup
ture dans le flux temporel observateur tente de renouer le fil une
chaîne de causalité il lui-même rompue
Dans cette perspective approche adopte Norbert Elias 1969)
étrangement ignorée sur ce sujet par les anthropologues semble plus
féconde et propice au renouvellement de la problématique La socio-genèse
de tat plus un moment précédant tat est saisie comme un procès
prozess) une dynamique plutôt que comme un aboutissement On sait
que le moteur de cette dynamique Elias le situe dans le phénomène de
compétition ouverte entre unités socio-politiques de même niveau
application de son intuition fondamentale une genèse des processus et
structures sociales induite par interaction entre des individus ayant ni
voulu ni prévu les conséquences de leurs actes Il nous semble que cette LA DYNAMIQUE DES INTERRELATIONS POLITIQUES 369
perspective loin de devoir être cantonnée la dynamique de Occident
comme le proclame édition fran aise de son ouvrage Elias 1975) peut
être utilisée fructueusement dans analyse autres systèmes politiques
condition de prendre en compte les variations du contexte socio-
économique fournissant la base une formalisation possible des relations
politiques
Située 800km est de Niamey et 200km au nord de Kano
Zinder est de par son importance la deuxième ville du Niger Ancienne
capitale de la colonie elle était au moment de la colonisation fran aise
au début du siècle le centre politique et économique du Damagaram
alors en pleine expansion depuis le début du xixe siècle Comme dans les
hausa bakway2 on trouve donc une monarchie centralisée islamisée
dont activité essentielle et le mode existence se définissent par la
guerre prédatrice de Latour 1982 est sur le fonctionnement de cette
cour centrale constituée du souverain särki et de sa coar fadawa)3 que
porte notre étude
Composition de la cour de Zinder
on 1913 le lieutenant Brunot Commandant de cercle en poste
Zinder tente de décrire le fonctionnement de la cour du sultan avant la
colonisation est soas la forme un organigramme il en appréhende
organisation
Nobles diyan Serki
Yacoudima prince héritier
Tchiroma rempla ait le sultan la tête de ses troupes quand ce dernier
en prenait pas lui-même le commandement
Galadima chargé de donner investiture aux chefs nommés par le
sultan
gouverneur de provinces
Tarno chargé de recueillir impôt des teinturiers et tisserands
Barma petit-fils du sultan Marafa cha

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents